samedi 30 mai 2015

Urbanités

Patrick Watson, Yann Perreau, Beast, Karkwa, Les Dales Hawerchuk, The National Parks, Tricot Machine, Fleet Foxes, United Steel Workers of Montreal, Dany Placard, Loco Locass, Fred Fortin, Socalled...

Qu'on-t-ils tous en commun outre que d'être des artistes de la scène musicale montréalaise?

Cette scène foulée par tous a un jour été celle du Divan Orange sur la Rue St-Laurent. Une salle de spectacles dont le mandat est de promouvoir les musiques émergentes. Ce qu'il font si brillamment depuis 2004 qu'ils ont raflé le prix du meilleur bar/salle de spectacle de l'année en 2008, 2009 et 2010. La CBC radio 3 l'a aussi mise en nomination pour la meilleure salle de spectacle Nord-Américaine en 2009, rien de moins.

Ce sont en moyenne 300 spectacles qu'ils mettent en scène par année. Ils font un sacré boulot dans une salle qui ne contient pas plus de 150 personnes.

Toutefois...dès le départ, un voisin d'en arrière s'est plaint du bruit forcément récurent. On commençait, alors avec les moyens du bord et quelques bouts de ficelles, on a insonorisé le mur du fond. Avec un relatif succès.
En revanche, la voisine du haut, depuis 2009. n'apprécie pas beaucoup le bruit. L'édifice a trois étages. Le premier, c'est la salle de spectacle, les tables, le bar, le resto. Le second, c'était un appartement locatif. Inoccupé depuis un certain temps, ce qui a servi de pièce vide transportant facilement le son au troisième chez la voisine qui voulait le calme. De jour (pour les tests de son) comme de nuit (pour les prestations) elle s'est plainte du bruit causé par les gens du Divan Orange.
Le bruit, ce monstre toujours vivant habitant chaque côté d'une salle de spectacle ou d'une scène.

Chaque plainte a eu droit à une facture de 1250$ envoyée à la coopérative du Divan Orange. Le Divan Orange a accumulé plus de 10 000$ de contraventions avec cette seule plaignante.

Il existe un mythe comme quoi à Montréal (et ailleurs), la musique doit cesser à 23 heures. Dans le cadre d'un spectacle sur scène, oui. Pas à l'intérieur. "la musique ne doit pas s'entendre de l'extérieur des lieux loués" dit clairement le règlement. Ce qui rend pratiquement tout le monde illégal sur l'île. Mais le règlement existe et il est clair.
Ou l'est-il?
Il parle de "l'extérieur".
Un logement au troisième. outre sa galerie, est quand même intérieur non?
Et la rue St-Laurent c'est un peu comme ceux qui se font construire sur le bord de la rivière.
A-t-on vraiment le droit de se plaindre que ça déborde par la suite?
Enfin...

Un autre règlement dit que pour les lieux sonorisés, le volume ne doit pas excéder 98dBA, calculé sur 5 minutes. à trois mètres au niveau du haut-parleur. Les(coûteux) acousticiens ont confirmés à maintes reprises que le Divan Orange était dans les normes.

Le Divan Orange paie 6000$ de loyer mensuellement. Avec plus de 10 000 d'amendes, vous vous doutez qu'ils commençaient à arriver assez "flush". Ils étaient même au bord du trou. D'autant plus que la recommandation unanime était qu'il fallait "mieux" insonoriser et "plus" le faire.

Avec des moyens que la coop du Divan n'a plus.

Il fallait donc trouver un compromis.

La ville de Montréal de Denis Coderre et l'arrondissement du Plateau Mont-Royal de Luc Ferrandez se sont joint pour débusquer 50 000$ pour le précieux Divan Orange et son nouvel investissement en insonorisation.

Et afin de préserver les tympans de madame au troisième...

****************
Plus au Nord, au Nord-Ouest même, à Gatineau, il y a eu tentative et réussite d'épuration toponymique.

Il y a quelque chose d'assez infantile et ombre de malhonnêteté intellectuelle, chez les révisionnistes du genre. J'y reviendrai

Il existe depuis longtemps une rue Alexis-Carrell à Gatineau et à deux coins de rue, depuis peu, une rue Philipp-Lenard. Deux anciens Prix Nobel sur lesquels on a avoué à la ville ne pas avoir fait des tonnes de recherches.

Alexis Carrell, chirurgien visionnaire dit le "Jules Vernes de la chirurgie cardio-vasculaire" a été l'initiateur des découvertes faites sur la suture des vaisseaux sanguins, une méthode si révolutionnaire en 1912 qu'elle est toujours appliquée lors des transplantations de vaisseaux sanguins et d'organes de nos jours. Il s'est intéressé à la culture du tissu et a fait vivre un poulet greffé pendant plus de 30 ans. Lors de la première guerre mondiale, il a développé un traitement des blessures au moyen d'irrigations d'antiseptiques. Il a aussi travaillé avec le pilote Charles Linbdergh dans les années 30, et lui a confectionné une pompe à perfusion capable de maintenir en vie des organes en dehors du corps en leur fournissant sang et oxygène. Une sorte de premier coeur artificiel.  Il a mérité le Nobel de Physiologie à juste titre en 1912. Il était très important dans son domaine et son héritage est grand pour le monde médical.
Toutefois...il était aussi un grand partisan de l'eugénisme...

L'eugénisme est une théorie selon laquelle l'évolution de l'espèce humaine passait par l'élimination des malades mentaux, des handicapés, des sourds, des muets, des aveugles et des homosexuels.

Pas chic.

Philipp Lenard était physicien et une sorte de Valeri Fabrikant de son époque. Il a accusé la plupart de ses collègues de lui voler ses idées. Röntgen, Prix Nobel de Physique 1901,  lui aurait volé ses observations sur les Rayons X. Thomson, Prix Nobel de Physique 1906 aurait fait de même pour sa découverte de l'électron. Albert Einstein aurait pillé ses recherches et découvertes sur l'effet photoélectrique. Mais Lenard devait avoir aussi du bon, car il a raflé le Prix Nobel de Physique en 1905 pour son travail sur les rayons cathodiques.
Pendant la première guerre mondiale, son antisémitisme grandit au point de devenir fervent partisan Nazi. Il sera une figure importante de la ligne politique scientifique (décriée) Nazie. Einstein étant d'origine juive, la plupart de ses théories étaient alors à négliger et il s'appliquait beaucoup à le discréditer publiquement.

Wach!...

Quand ceci est venu aux oreilles des gens de la ville, ils ont choisi de passer au vote des résidents de ses deux rues afin de savoir, maintenant qu'une ombre planait sur ses deux noms, si ils souhaitaient que le nom des rues ne changent.

Bon...

Le premier était français. Le second autrichien. Le lien avec Gatineau? aucun. Déjà c'est particulier. Mais on ne pas les accuser de ne pas avoir les yeux sur le monde.

Mon opinion sur le sujet est clair. J'en ai déjà jasé. Vous pouvez être le plus grand des artistes et le plus parfait salaud des hommes au privé. Quand les gens lisent le nom de ses hommes, ils doivent penser "Prix Nobel, rayons cathodiques, coeur articifiel, greffe d'organes et de vaisseaux".

Les gens sont encore capable de discernement et de mise en contexte.
Vous y étiez en Autriche entre 1914 et 1944?
Vous savez ce que ça vous coûtait de ne pas être Nazi là-bas?
Alors vos gueules les mouettes!

Il ne faut pas juger les gens d'hier sur nos valeurs d'aujourd'hui.

Les résultats du vote ont été contre les souhaits des réviseurs.

Les gens ont voté pour garder les noms.

Trop de troubles à changer un peu partout.
Ces citoyens ne deviendront ni Nazis, ni eugéniste pour autant.

On a bien Amherst et Lionel-Groulx ici non?
On sait faire le discernement. la remise en contexte.
Ils sont de l'histoire du Québec.
Mais on aura jamais Al Capone, Pol Pot ou Hitler comme noms de rue.

Aucun commentaire: