lundi 17 décembre 2012

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable*********Meddle de Pink Floyd

(à mon père qui me tricotait avec maman au moment de la création de cet album, père décédé aujourd'hui il y a déjà trois ans, et dont je me fais en quelque sorte l'écho de temps à autre sur notre belle planète)

Une fois par mois, un très très personnel musée sonore d'incontournables albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage du temps vous sera offert  sur ce site.

Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.

J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.

Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatres disques sont de mon ADN, j'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits continuellement nouveaux même si les notes restent inchangées. Ils atterrissent tout simplement à des lieux différents selon la météo mentale et physique.

"Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2

Par ordre de création.

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable c'est aussi B.I.B.I. c'est à dire moi.

C'est aussi la terminaison du mot Habibi qui en dialecte irakien veut aussi dire Mon Amour.

Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.

Ce que la musique est très souvent.

Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.

Meddle de PINK FLOYD
1971.

6ème album du groupe de Crouch End, Londres. Le précédent, Atom Heart Mother nous les faisait découvrir symphonique 90 jours avant les premiers essais en studio pour l'album suivant. Mais le band n'avait pas aimé le son d'ensemble ni de l'album à la pochette de vache, ni ceux de la tournée qui avait suivi. Cette tournée les avait laissé dans un creux créatif. L'enregistrement de Meddle serait fait entre janvier et aôut 1971, entre les productions en spectacle. Et à la base se seront d'abord des expériences sonores qui feront naître le projet.

Plusieurs des essais faits par les membres du band sont d'abord fort infructueux. On essaie de faire de la musique avec des objets et plusieurs de ces enregistrements seront retravaillés des années plus tard et utilisés surtout dans The Dark Side of the Moon (le tiroir-caisse de Money, les horloges de Time, les voix qui discutent, etc...) mais aussi sur Wish You Were Here.

Quand Richard Wright créé un son (PING) qui rappelle un bruit de code sous-marin, les membres du band sont estomaqués. Ils tentent de le reproduire mais en seront incapable. Au produit final le ping en question est celui du démo. C'est à partir de cette sensation de goutte qui tombe que l'ocean de la créativité se met en marche.

Storm Thorgeson, le fabuleux concepteur des pochettes du groupe leur propose comme couverture d'album la photo de l'anus d'un babouin. Le band refuse et lui dit qu'à ce compte, une photo d'une oreille sous l'eau (ils sont sous l'effet du sous-marin)serait déjà mieux comme idée. Thorgeson s'éxécutera mais sera déçu du résultat. Pas Pink Floyd. Ce sera la pochette.

Le sous-estimé album qui précédait tout juste le chef d'oeuvre de 1973 montrait déjà de très belles choses. Un David Gilmour de plus en plus présent entre autre. Une trame sonore de film dont les images restent encore à tourner.

Le premier morceau est majoritairement instrumental et ne contient qu'une seule ligne. Il s'agit d'une rare contribution vocale du batteur Nick Mason. One of these days I'm gonna cut you in little pieces. Roger Waters et David Gilmour jouent tous deux de la base sur la pièce. Gilmour dira de la chanson qu'il s'agit du plus bel effort collaboratif d'équipe de l'histoire des 4 personalités.

David Gilmour compose et chante le morceau suivant. Waters en écrit les paroles. Doux, amoureux, faisant référence au jeu du Mahjong, un jeu de société chinois dont les membres du groupe sont tombés amoureux en tournée.  La slide guitar de Gilmour est un délice là-dessus.

La troisième pièce, chantée aussi par Gilmour, intègre les chants des supporters du club de soccer de l'Arsenal F.C. dont Roger Waters est un farouche supporter. Waters troque sa base habituelle pour la guitare acoustique ici. Le chant de la foule est You'll Never Walk Alone de Rodgers & Hammerstein qui est devenu un hymne des clubs de soccer européen.

San Tropez a été composée et est chantée par Waters. Bien qu'il n'y avait pas séjourné encore, il a écrit un petit beat jazzé de ce que pouvait être une journée typique là-bas. Belle ambiance, belle slide guitar de Gilmour et Wright n'est pas désagréable non plus au piano. Cocktail, please.

Seamus est un blues qui met en vedette le chien (Seamus lui-même) du leader d'Humble Pie et des Small Faces, Steve Marriott. Pink Floyd ne l'a jouée qu'une seule fois en spectacle.  Ils avaient rebaprisé la chanson, avaient aussi choisi de jouer de l'harmonica au lieu de chanter, mais la torture imposée au chien était trop lourde. Chanson élue la pire du band par les fans. Moi je suis pas d'accord. Seamus et Mademoiselle Nibs, oui, toutefois.

Le morceau de plus de 23 minutes qui faisait toute la face B et qui est en quelque sorte la genèse de l'album, est un véritable bijou. Seules Atom Heart Mother (par 13 secondes) et les segements combinés de Shine on You Crazy Diamond par trois minutes sont plus longues dans le répertoire du groupe. D'abord appelée Nothing, puis Son of Nothing puis The Return of Son of Nothing, Echoes est le premier pas vers le côté sombre de la lune. Pour la première fois, Waters oriente les textes vers les gens et non vers les effets pyschédéliques, quand même présents sur le morceau. Collage merveilleux de délire sonore des quatre membres du groupe. J'ai personnellement utilisé la portion de 11:21 à 15:09 pour narrer des histoires d'Halloween à des enfants avec beaucoup de succès. Ce qu'on entend vers 18:17 me donne encore des frissons de bonheur aujourd'hui.

Pour envie sous-marine, évasion océanne, plaisir aérien, vives expériences sonores, cocktail hivernal et vents de décembre.

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