mercredi 26 septembre 2012

TGV

Un technicien devait passer pour changer notre modem.

Entre 7 et midi qu'ils disaient. Je n'ai donc pas fait ce que je fais habituellement à cette heure: mon jogging. Je ne voulais pas couper ma demie-heure ni répondre à quelqu'un tout en sueur.

Je me plaisais à croire que ce serait peut-être une technicienne. Ç'est peut-être possible une technicienne. C'est comme les hommes qui veulent se marier, ça n'existe peut-être pas seulement dans les fantasmes des autres. Elle ne serait pas arrivée à 8h00 parce que de 6 à 7h30 elle ferait son Énergie Cardio, ce qui expliquerait cette jolie cuisse galbée comme une montagne qui exciterait les alpénis. Dans les émissions de type CSI et autre ânneries, la technicienne est toujours adorable.

En me brossant les dents, inexplicablement, j'ai mis un peu de pâte à dent sur ma paupière droite. C'est fou ce que c'est dur à enlever de la pâte à dents sur la peau. J'ai frotté comme un damné mais n'ai réussi qu'à me glisser la pâte à dent dans l'oeil, maintenant rougi et gonflé. Comme je suis au coeur de la saison des allergies, j'éternue en parfait demeuré et j'avais déjà les yeux pas mal bouffis. Ça me donnait un drôle d'air. (En revanche, mes explosions d'éternuements ont soigné le hoquet de ma fille avant qu'elle ne parte pour l'école ce matin-là alors qu'elle a trésailli de frayeur quand mon nez a explosé derrière elle).

La technicienne n'arrivait pas. J'ai lu 151 pages d'un livre en contenant 152, ai remarqué que la dernière n'était pas numérotée, me suis demandé si c'était une règle, comme pour la première page, puis l'ai lue aussi.

10h00. Toujours pas de nouvelles. Je déjeune. J'aimerais bien faire mon jogging, prendre ma douche, ne serais-ce que me peigner, j'ai la tête de Yahoo Serious mais non je déjeune avec les mouches.
Récemment un commis d'épicerie a mis SOUS mon panier la litière que je venais d'acheter. Sans m'aviser qu'il l'avait fait. Je n'ai pas remarqué, ai envoyé le panier dans le tas avec les autres et ai perdu mon achat. En revanche, en allant ailleurs, je tombais sur un panier où quelqu'un avait justement lui/elle aussi oublié un sac de patates à l'étage du dessous de son panier. J'étais content, c'était ma revanche, je partais avec un sac de patates impayé.
Mais comme si les lois du karma avaient jugé que c'en était trop, ce sac de patates a pourri dans une armoire chez nous et des MILLIARDS de petites mouches à fruit en sont nées. Depuis c'est l'enfer. Pas moyen de se servir un verre de rouge sans y trouver une mouche dedans.

Mais là, comme ma jolie technicienne n'arrivait pas j'ai décidé de faire du génocide. J'avais bien mis une coupe de vinaigre depuis quelque temps qui avait bien piégé peut-être une vingtaine des ses mouches. Une autre dizaine est restée collée dans du papier collant posé à cet effet. Mais sur des milliards, il en restait encore pas mal...

Armé du cahier des affaires roulé en bâton assassin, je suis parti à la guerre.

Wow...

Je ne sais pas si c'était mon oeil gonflé ou merde mais je n'ai jamais vu un homme aussi poche pour tuer de si petites mouches. Elles sont si petites que je me disais que d'un seul coup je pourrais probablement en tuer entre 5 et 10, mais encore faut-il savoir viser! Je frappais continuellement quelque chose comme un pied ou deux à côté de mes cibles! Au bout de quatre à cinq ratés du genre je me suis faché et suis devenu plus agressif. Résultat j'ai cassé beaucoup de décorations, fait tomber deux pots à fleurs et démoli les 3/4 de la verrière. Il y avait de la vitre partout. Une véritable apocalypse. Et des mouches à fruits un peu partout qui dansaient dans l'air, ahuries.

Ça m'a fait chier tout ça, au sens propre et je suis allé poser mon séant sur le bol. Bien entendu c'est à ce moment, en plein milieu de livraison, que ma jolie technicienne a sonné à ma porte. J'ai accéléré tout ce qui aurait dû être paisible, me suis lavé les mains en fou, ai échappé de l'eau là où on penserait que je me serais pissé dessus, me suis vu dans le miroir et ai eu peur (Christ 'chu vraimment pas peigné!) et l'oeil torve, j'ai couru répondre...à un technicien.

Un vieux technicien slave qui répondait à des questions que je ne posais pas.
"Je n'aurais pas bizouin de le faire sur vos trois zo'dinateurs"
"Nonon je ne serai pas long, je vais prendre 10 minutes"
"Oui il faut attendre que les petites lumières soient vertes"

Pourtant je ne disais rien. Je boudais. Je pensais à la belle technicienne bien en forme qui n'existe que dans les fantasmes. Fuck CSI.

Le technicien a fait un visage de douleur avant de dire:
"C'est quoi cette odeur...?"
"J'ai fais un rôti qui a brûlé" lui ai-je coupé la parole.
Christ j'ai chié deux étages plus haut, calever

Il m'a regardé comme si j'étais un vieil alcoolique. (pFFF! il était nettement plus vieux que moi)
Comment aurait-il pu savoir pour mon alcoolisme anyway.
Les 13 bouteilles vides autour de l'ordi du sous-sol, peut-être...

Quand il est parti on avait notre modem TGV.
Je lui ai flanqué un coup de journal en pleine face avant qu'il ne parte. Je visais une mouche à fruits dans la vitre de l'entrée et il revenait à l'intérieur ayant oublié un outil.

Il n'a pas fait de cas, il me croyait sincèrement saoûl avec mes cheveux en bataille, mon oeil rouge et l'autre bouffi.

Pour légitmiser tout ça j'ai roté longuement quand il a quitté les lieux. En récitant l'alphabet en rot et en me rendant jusqu'à G. J'ai suivi, malgré moi, d'une série de 9 éternuements extraordinairement explosifs.

Ce ne serait pas une bonne journée.
Malgré le TGV.
Pour Très Gratuitement Vulgaire?


Et oui j'ai bien écrit alPÉNIS plus haut.