vendredi 1 juin 2012

Léo Bureau-Blouin

"Si la jeunesse se refroidit, le monde entier claquera des dents"
                                                      -George Bernanos

C'était lui qui avait le visage le plus chérubin des quatre mousquetaires de la jeunesse.

Il représentait les plus jeunes aussi, les étudiants du collégial, donc quoi? 17-18-19 ans, quelques jeunes dans la vingtaine. Tout plein qui n'ont pas connu l'expérience d'une relation sexuelle encore. Il était le président et porte-parole de la Fédération Étudiante Collégiale du Québec, la FECQ.

C'est à Ste-Hyacinthe, à l'école St-Joseph (du même nom que ma propre école primaire) qu'il a fait sa scolarité. C'est à cette école secondaire de Ste-Hyacinthe qu'il a trouvé sa voie, et sa voix, lors d'une série de débats oratoires orgnanisée par l'école. Son équipe, dont il était l'incontournable leader, a non seulement été la meilleure mais a aussi remporté le concours régional de débat oratoire.

Il est retourné à l'école secondaire l'an dernier. Pour l'école c'était comme le retour d'une ancienne star sur la glace de ses exploits passés afin qu'on lui retire son chandail. Pour Léo toutefois c'était simplement pour y coordonner une activité. De débat justement. Le sujet improvisé avait été...une hausse des frais de scolarité (!). Par manque de participants et pour la bonne tenue du débat, même si il pensait tout à fait le contraire, il a prit part à l'action du côté de ceux qui étaient en faveur de la hausse...et il a fait gagner son équipe!

Ses parents travaillent tous les deux dans le milieu des arts visuels et contemporains. Ils se sont connus à une époque où le père de Léo dirigeait un collectif de jeunes sans emploi qui voulait mettre fin à une mesure discriminatoire dans le programme d'aide sociale. Cette passion familial pour les arts a fait de Léo un pianiste.

Brillant élève, on lui a fait sauté une année à l'école primaire. Il est donc habitué d'être le plus jeune. Adolescent qui articulait bien sa pensée, il est aussi devenu quelqu'un qui avait une vaste connaissance générale et un bon esprit de synthèse. S'il avait de bonnes notes, il faisait aussi beaucoup de critiques. Il est très intéressé par la philosophie et les années lumières entre autre chose.

C'est dans l'univers froid et rigide du droit à l'Université de Montréal que ce grande sensible compte étudier. Mais comme il est excellent plaideur, ça semble aussi tout ce qu'il y a de plus légitime.

Dans le tourment des 110 derniers jours, Léo- Bureau-Blouin, tout comme ses trois partenaires de table, n'a jamais dérapé. Il a toujours été en contrôle de ses émotions. Et ce même si certains journalistes posaient les questions les plus bêtes, faisaient preuve de condescendance ou de mépris à l'égard de ses doléances. On ne l'a jamais vu piquer une colère même si bien des choses auraient pu justifier une colère noire.

À la table des négociations, face aux caméras, c'était sa face à lui que toutes les mamans, que tous les papas, regardaient en se disant "Si c'était mon fils, j'en serais très fier(e)". C'était le Jean Béliveau du mouvement contestataire étudiant. Je ne doute pas un instant que ses parents soient très fiers de lui. Moi je le serais en tout cas.

Figure de la raisonnabilité en période agitée, on l'a vu récemment dès la sortie des pourparlers avec le sourvernement, en direct, s'adresser à une foule de manifestants, faire un appel au calme, les appeler à se disperser et ne pas faire de chichi.

C'est aujourd'hui le dernier jour de son mandat de présidence de la FECQ. Dommage que ce soit dans le climat d'un autobus ayant fait une 14ème crevaison...

Éliane Laberge, une étudiante de 19 ans du collège de Rosemont, enfile les souliers de son poste à compter de maintenant.

Certains feront surement une petite fête de départ à Léo aujourd'hui car il a travaillé très fort dans les 110 derniers jours et le mérite amplement.

Dommage que rien, rien, rien ne soit encore réglé.

Moi je lui ferais une statue à Ste-Hyacinthe.

Merci Léo.
Au contraire des gens au pouvoir en ce moment, tu transpires l'excellence.

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