dimanche 29 mai 2011

Rosa Parks (et une autre résistance légitime)

Après une journée de travail, le 1er décembre 1955 à Montgomery en Alabama, Rosa Parks prit le bus en direction de chez elle vers 18h00.

À 42 ans, elle (et tous les afro-Étatsuniens) avaient souffert toute leur vie de la ségrégation raciale. Dans les autobus, il y avait des sections pour les blancs et des sections pour les gens de couleurs. Rosa Parks s'assoit dans la première rangée réservée aux gens de couleurs. Selon la loi votée de l'endroit, les chauffeurs se réservent le droit de modifier l'aménagement de leur autobus à leur guise. Ce sont les saints patrons de leur machine. Toujours, les chauffeurs blancs arrangent leur autobus en faveur des usagers blancs. Ainsi si il manque des places dans la section réservée aux blancs, les blancs ont discriminatoirement la priorité sur les bancs réservés aux noirs. Très souvent, les noirs doivent sortir de l'autobus, même si ils ont déjà payé, et entrer à nouveau par la porte de derrière pour aller s'y tenir debout. À ce moment, le chauffeur en profite pour ne pas l'attendre et filer pendant qu'il est dehors. La personne de couleur est traitée comme une moins que rien.

De cette manière, en 1943, le chauffeur James F. Blake avait demandé à Rosa Parks de sortir par devant afin d'aller se placer à l'arrière. S'exécutant, Parks a échappé sa sacoche. Voulant la reprendre, elle s'est assise momentanéement sur un banc réservé aux blancs. Ceci a tant enragé le chauffeur que dès que Rosa Parks a mis le pied dehors, il a filé à vive allure vers un autre arrêt, la laissant sur le trottoir.

C'est sans remarquer qu'il s'agissait du même chauffeur que Rosa Parks est entrée dans le bus 12 ans plus tard.

Remarquant 4 passagers blancs debout, Blake demande aux quatres premiers noirs dans la section des gens de couleurs de céder leur siège aux blancs. Trois le font, Rosa Parks, sentant une déterminantion l'envelopper tel une couverture en hiver, se contente de glisser d'un banc près de l'allée au banc près de la fenêtre.
"Ya'll better make it light on yourself and let me have those seats for the white gentlemens over here, why don't you stand up?"
"I don't think I have to stand up"
"Well if you don't stand up, I will have to call the police and have you arrested"
"You may do that" a conclu bravement Rosa Parks.

Rosa Parks a eu une amende de 14 $ qu'elle n'a jamais payé puisque techniquement elle n'était pas en tort. À Montgomery, elle aurait tout de même un casier judiciaire pour cette affaire.

Mais plus important encore, son geste a créé un mouvement de reconnaissance des gens de couleurs, un ruisseau qui deviendra fleuve avec le temps. Un tout petit geste mais qui a eu un impact tout simplement historique. Un an après son geste de résistance, les États-Unis révisaient leurs lois obsolètes et la ségrégation raciale devenait erreur du passé.

En Arabie Saoudite la semaine dernière, Manal Al-Sharif, une jeune femme de 32 ans, a pris le volant d'une voiture. Il ne s'agit pas d'une loi Arabe mais d'un interdit moral. Si une femme doit être en voiture c'est dans une voiture conduite par un homme. Ce n'est pas une loi mais madame a été arrêtée et placée en détention pour son geste. Ce qui tout aussi étrange puisque les femmes là-bas n'ont pas le droit d'entrer dans les postes de police.

Des pages Facebook ont été spontanément créées afin de la soutenir. Pages aussitôt relancées par leur contraire, des hommes voulant faire respecter la coutume et lui souhaitant la prison.

Que cette petite rivière devienne fluviale, comme Rosa a réussit à le faire pour les États-Unis.

Il viendra surement un jour, où elles seront humaines, pas seulement femmes arabes.

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