samedi 21 mai 2011

Larguer Lars

Europa nous avait révélé un excellent technicien en 1991. J'avais aimé. La technique. Déjà il jasait de nazis.

J'avais encore plus aimé Breaking The Waves, 5 ans plus tard, qui était aussi plein de trouvailles techniques, colorés fort agréablement, interprété magnifiquement par Emma Watson et ses grands yeux verts et musicalement plutôt inspiré dans un découpage presque littéraire de cette histoire de dévouement, de sacrifices, de vulnérabilité et de foi.

J'avais aussi embarqué dans l'essai Les Idiots. Car c'était moins un film qu'un essai. Une improvisation sous le joug du dogme, un concept cérébral pour intellectuel barbant. Les Idiots nous offraient de très généreux acteurs au service d'un réalisateur qui allait devenir de plus en plus la star de ses propres films.

J'ai DÉTESTÉ Dancer in The Dark dès la scène d'ouverture. Déjà, mon cheminent sur Von Trier était commencé. Je sentais qu'il voulait vraiment être la star de ses films et ça m'agaçait.  La scène d'ouverture de Dancer in The Dark est un long plan noir (in the dark) où une musique y est jouée franchement (trop) longtemps. Peut-être voulait-il que nous nous imaginions en train de danser dans le noir. Moi j'ai compris qu'il voulait nous sortir de notre état de "gens-du-quotidien-entrés-dans-une-salle-de-cinéma- pour-y-voir-un-film" pour nous soumettre à son film, une comédie musicale, genre que j'avais oublié à quel point je méprisais (et pourtant j'ai 4 albums de Björk!).

Je me suis accordé le droit de voir Dogville quand même. Et là ça m'a frappé comme une tonne de brique.

Breaking The Waves: l'histoire d'une femme qui, lorsque son mari devient invalide suite à un accident, se livre suivant ses recommandations à d'autres hommes, tout en entretenant une drôle de relation avec Dieu (et les voix dans sa tête).
Dancer in The Dark: l'histoire d'une mère monoparentale qui perd peu à peu la vue, qui sacrifie toute ses économies afin de trouver les fonds pour payer un remède qui sauverait son fils du même problème de cécité et qui sombre dans le désespoir et la folie quand elle se fait voler toute sa fortune.
Dogville: L'histoire d'une jeune femme qui deviendra l'esclave sexuelle etr ménagère de toute la ville...

Entends-je le mot mysoginie?

Dogville, de plus, était un film de 2h58, sans décor, alors que la salle blanche dans lequel évoluait les acteurs était balisée par des marques de papiers collants où on pouvait quelquefois y lire le mot "jardin" ou le mot "groseiller" ou les mots "maison du maire" dans ce que que nous devions y imaginer. Une porte s'ouvrait en faisant semblant d'ouvrir une poignée de porte dans le vide. Du mime. De la merde. Un exercise de style de trop. Il y avait aussi un narrateur absent à l'image, comme si on nous lisait une histoire. Très très très affecté. Mwuoche.

Il a eut le culot de dédicacer ce film a Katryn Cartlidge, actrice décédée trop tôt en 2003 et qui avait joué dans Breaking The Waves.
L'histoire d'une esclave sexuelle, battue par le village? Honorant pour Cartlidge?

Pukapab, c'est là que j'ai largué Lars.

Je n'ai pas vu Manderlay (la suite de Dogville).
N'ai rien voulu savoir d'Antichrist.
Von Trier n'était plus à mon agenda.

Souffrant de graves et interminables dépressions, j'ai compris que Von Trier était malade. Le monde des arts (et le sport) sont de bons refuges pour les gens malades. On peut y transformer ses maniaco-dépressions en talent (Robin Williams, Robert Downey Jr, Sean Penn, Julie Snyder et combien d'autres).

VonTrier n'aime pas les femmes. Ou il les aimes désintégrées. Mises en abimes.
Quand il a fait sa conférence de presse à Cannes cette semaine où il s'est expliqué sur ses sympathies Hitleriennes, il avait à ses côtés les deux actrices de son dernier film, Charlotte Gainsbourg et Kristen Duntz. Cette dernière visiblement affectée par la controverse entourant le réalisateur danois. Charlotte en avait déjà vu, c'est quand même la fille de Serge, mais la vérité est que les deux filles ont menacé Von Trier de ne pas se présenter avec lui en conférence de presse si il ne remettait pas les pendules à l'heure sur son humour de Swastika. Elles avaient le gueule de bois et ça a dû plaire à Von Trier. Il les aime comme ça ses femmes.

Le problème c'est qu'il se déteste probablement aussi. Et sa manière de lutter contre cette haine envers lui-même c'est de jouer la carte de l'arrogance et de poser de telles bombes qu'elles en occulteront son malaise intérieur. Sur pellicule ou au micro. Souvent aux deux places en même temps selon la grandeur du mal-être.

Moi je ne cours plus ses psychanalyses malsaines.
J'ai suffisament des miennes.

Et j'ai encore envie de rire.
L'humour de Von Trier, très peu pour moi.

Von Trier c'est la voiture qui voius dépasse sur l'autoroute à 200 km/h.
C'est aussi la même voiture que vous croisez plus loin, écrasée contre un arbre dans le champs.
Une innocente morte sur le banc des passagers.

Aucun commentaire: