lundi 27 septembre 2021

La Laisse & Le Nonosse


 Est-ce que je me trompe en pensant bien traduire "temps supplémentaire obligatoire" par "se faire tenir en laisse par son employeur"?


Les trois mots, temps supplémentaires et obligatoires, ne vont pas naturellement ensemble. On engage pas dans le but de leur faire faire sur le champ "du temps supplémentaire". Aussi bien dire d'emblée, je t'engage et tu feras 16 heures par jour, 4 jours par semaine. Pourquoi personne ne fait cela? Parce que ce ne serait pas attirant et ça intimiderait. Ça paraitrait excessif. Ce l'est. La situation n'a rien de normal.  


Dans le milieu de la santé, chez les infirmières et les infirmiers, c'est appliqué depuis plusieurs années. En raison de la surcharge de travail. En raison de toute sortes de choses. La mauvaise anticipation des santés déclinantes en masse des baby-boomers, la surcontingence des programmes scolaires en soins infirmiers, les coupures d'investissements dans le milieu de la santé, chose tout à fait impensable si on s'y arrête un peu. Économiserions nous l'eau en voulant éteindre un incendie? Le départ à la retraite, mal calculé, des travailleurs de la santé est aussi coupable de la surcharge de travail des infirmières et des infirmiers, AVANT, la pandémie. L'absurde temps supplémentaire obligatoire a alors été implanté. Dans le milieu des infirmières et des infirmiers, c'est un incendie qui dure depuis des années. 


Et puis, mars 2020, pandémie confirmée. De l'huile sur le feu. Et avec le lot de gens qui doutent de qui a prouvé son efficacité partout dans le monde, la situation ne s'améliore pas du tout. Elle empire même puisque certains travailleurs de la santé ont quitté le milieu. Gravement dommageable. À la fois parce que ça favorise le doute des sceptiques de la science. Mais qui dégarni d'expérience les corridors hospitaliers. Certain(e)s quitteront, le 15 octobre prochain, dernier jour acceptable pour ne pas être vacciné(e)s/double-vacciné(e) si on est un travailleur de la santé travaillant à moins de 15 pieds d'un patient, par manque de foi envers la science. Certain(e)s autres quitterons/ont déjà quitté par manque de souffle. Ils n'en peuvent plus des horaires et des conditions de travail. Ce n'est plus pour eux. Leur corps a aussi des limites. Plus de 13 000 ont quitté. Mais plus de 16 000 ont été engagé(e)s. Il n'y a donc pas pénurie autant qu'annoncé. Mais il y a pénurie. C'est ce qui est pernicieux. Il y absence d'expérience pour ceux nouvellement engagés. Ça déborde tant qu'on ne suffit pas à répondre à la demande.   


L'approche expérimentale des non vaccinés/anti-vaxx/peureux/conspi face à ce qu'ils considèrent eux-mêmes d'expérimental, oblige maintenant un traitement hospitalier...expérimental...

Voyez le serpent qui se bouffe la queue? Sisyphe et sa roche? 


Notre gouvernement d'hommes d'affaires a donc proposé une solution à base d'argent. 15 000$ à celles et ceux qui acceptent la laisse du temps supplémentaire obligatoire. 15 000$ à celles et ceux qui acceptent la même chose et qui passent de temporaire à permanent. 12 000$ aux nouvelles et aux nouveaux. 

Un nonosse. Mais n'oublions pas la laisse. 

Du temps supplémentaire obligatoire, par définition, c'est ouvrir la porte à des abus. Au flair. À l'instinct. Ça a ses vertus, je suis moi-même grand adepte et pratiquant de ces deux dernières techniques d'approche. Mais ça a aussi ses défauts. "On va te garder jusqu'à ce que tu ne sois plus capable".  

Les infirmières peuvent être les meilleures médecins pour elles-mêmes, je n'en doute tout simplement pas. 

Plusieurs ont quitté et ne reviendrons pas parce que justement, ils ne sont plus capables. Pour certain(e)s même le nonosse paraîtra trop lourd à gagner. Celles et ceux qui ont besoin d'argent prendront le nonosse. Mais celles et ceux qui veulent retrouver une vie plus équilibrée, ne reviendront pas pour du bidou. La laisse est tenue par un maitre qui vous dit "je te donne beaucoup d'argent, je t'ai acheté aujourd'hui, je peux faire ce que je veux de toi". 


C'est un droit légitime et très compréhensible alors, de ne pas trouver d'aucune manière l'offre des hommes d'affaires gouvernementaux de la semaine dernière, tellement charmante.

C'est juste de l'argent. Pas de la santé mentale.  


Les hommes d'affaires ne cherchent pas toujours à comprendre la santé mentale.

Ils sont occupés à penser faire/gérer de l'argent. 

Si seulement les hordes d'antivaxx/non vaccinés/conspi/covidiots ne trainaient plus dans les corridors hospitaliers, ça serait déjà un bon départ. 

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