dimanche 5 juillet 2020

Faudra Refilmer Les Grands Espaces

Vendredi dernier, les films revenaient en salle.

Comment le cinéma mourant peut-il renaître de la Covid-19?

Comment survivra l'industrie?

Dans les petits marchés comme le Québec, il y aura un trou dans les livres d'histoires. Tout les plateaux sont arrêtés, télé comme ciné. On a même relancé en salle, depuis vendredi, Merci Pour Tout, petit film léger et qui me semble fort agréable, qui vivrait bien si il était Étatsunien, mais ici, on est juste 8 millions. Et 8 millions consommant plus sa télé que son ciné. On a aussi resorti 14 Jours, 12 Nuits. Moins comédie. Plus contemplatif. Zen. Espérons qu'on se consomme nous-même.
'Yawn'

En théorie, aux États-Unis, cette semaine, reprend le tournage de..Jurrasic Park. Pas certain que ça se fera. Ça ne m'intéressait pas en 1993, alors je ne sais trop pourquoi...enfin...je ne suis pas le public cible. Le 1er juillet dernier était le dernier jour, présumé, et pour des raisons fiscales aux États-Unis, où les tournage télé et ciné devaient se terminer. Mais comme avec les contrats de la LNH, ce 1er juillet a été différent. On ne sait pas trop encore comment on réglera tout ça. On est un peu dans les limbes. La vie approximative. Y a long a écrire là-dessus.

La crise coronavirusienne qui a décimé les industries télé et films a crée de tout nouveaux emplois.
-Producteur exécutif de la prévention contre le coronavirus. Un ami producteur québécois, travaillant sur 3 shows télé, m'a confié qu'aucune compagnie d'assurance ne veut les assurer. Malgré les stratégies exposées par les producteurs exécutifs à la prévention du coronavirus.
Les tournages qui étaient en cours sont assurés, pas ce qui fût tourné depuis le 13 mars dernier.

-Le superviseur de la santé est aussi une nouvelle position sur les plateaux. Un épidémiologiste, gestionnaire de risque. Cet(te) individu est responsable de former une équipe qui comprendrait un gérant sanitaire qui soit aussi un rassureur de gens. Il serait aussi responsable de faire tester quiconque sur la plateau.

Imaginer autour de 50 (au Québec) et 200 (aux États-Unis), qui, jour 1, soit testés. Le test coûterait autour de 150$ à la production par test. Si ça prend 10 minutes à faire, on peut en faire quelques 6 en 1 heure. 3 personnes en feront 18, peut-être 20 en une heure. Sans s'arrêter pour dîner, ça pourrait prendre 10 heures (aux États-Unis), trop de temps (ici).
Aux États-Unis, la Guilde des Acteurs a exigé trois tests par semaine. Pour être certain.
La première journée n'est donc que pour tester et non filmer. On commencerait donc le dimanche au lieu du lundi. Et on ferait un jour 0 de tournage qui aurait le mérite d'être honnête. Et on teste comment? une fois? À la semaine? deux fois par semaine? aux deux semaines? on voudra limiter la chose. Pas sécuritaire. Et si il y en a qui teste positivement? on les renvoie chez eux? On leur assure un job dans deux semaines?  Aux États-Unis, se rendre à l'hôpital, c'est payer son droit à la santé. Certains n'ont pas les moyens de fréquenter ne serais-ce qu'un docteur.

Ce n'est pas un problème lié seulement au cinéma ou à la télé, mais partout. Et si après 10 jours de tournage, un membre de la distribution, un acteur, une actrice, teste positif? on change le scénario pour ne pas perdre trop d'argent?

Étrangement, la manière la plus certaine de se protéger, selon moi, est la manière de tourner d'Andrei Tarkovski ou de John Ford. Mais Tarkovski, très mauvais exemple, il est mort après avoir contaminé tout le monde radioactivement sur le tournage d'un de ses films, donc pas fiable. Mais Ford tournait pour sa part dans le désert de Monument Valley. Il filmait à des centaines de kilomètres ses cowboys à cheval (pas dans Stagecoach par exemple). Dans le désert tout était distance. Comme dans Lawrence d'Arabie. Ou Un 32 Août Sur Terre.

La distanciation sociale est une horreur pour les acteurs et les actrices. Leurs journées commencent par des bises, des accolades et du minouchage sur la chaise de maquillage. Pour les danseurs et les danseuses, c'est pire. J'ai travaillé autour d'eux pendant un temps et ces gens se touchent de partout. En tout temps. Même pas sur scène.

Le western semble le genre le mieux adapté pour la distance sociale. Placer n'importe quel acteur/actrice sur un cheval et la distance entre chacun sera naturelle. Les chevaux savent faire.

Mettez leur un fusil dans les mains et tout le monde gardera ses distances aussi facilement.

Et filmez les comme on filmait John Wayne, d'un kilomètre de distance, dans les grands espaces, comme on le faisait avant que Sergio Leone ne leur trouve une âme et les filme en super gros plans.

Je ne sais pas comment l'industrie se relèvera de tout ça, écrirons-nous des films impliquant des épisodes de coronavirus? Ce serait terrible. On ne veut pas de cette réalité. Amenez nous ailleurs. C'est ça un vrai bon film. Une évasion.

Sans vaccin, sans remède, on ne sait trop comment le coeur du cinéma et de la télé se remettra à battre de manière rassurante.

J'ai justement un scénario qui dort et dont l'action se déroule dans les grands espaces de Cap du Bon Désir, dans le coin de Tadoussac/St-Pascal de Kamouraska...

Je dis ça comme ça...

...je ressuscite même les morts dans ce film.

Pour ne pas que le cinéma ne se meurt, faudrait encore le tourner.

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