dimanche 4 juin 2023

Mieux Que Rien

Je ne vois plus le ministre de l'éducation Bernard Drainville comme un responsable du gouvernement. Enfin, oui, bien entendu, c'est son poste officiel, sa raison de se lever le matin, et l'explication derrière son salaire. Mais je vois, du moins j'essaie de voir, l'homme, l'enfant qu'il a été, derrière l'individu. C'est un réflexe que j'ai eu pas mal tous mes 51 ans. Je ne pourrai jamais deviner pleinement l'enfant, mais l'Homme, je l'ai droit devant moi, ça, je peux essayer de le voir. De l'imaginer ailleurs que là où cette personne se trouve. 

Si cette personne m'intimide le moindrement, je me l'imagine sur le bol de toilettes en train de forcer très fort et faisant des grimaces. Ça marche à tout coup, l'intimidation s'invitant rarement en moi. 

Drainville, quand il est devenu "public", c'est à-dire quand il est passé de son poste de réalisateur des nouvelles à la station de télévision Radio-Canada à candidat politique péquiste, on le devinait impulsif. Il avait suffisamment de leadership et de personnalité pour qu'on puisse aussi se l'imaginer élu et ministrable. Ce qu'il a été. Quand le PQ de Pauline Marois, a été élu maigrement pour un très court mandat. Il sera député de la circonscription de Marie-Victorin jusqu'en 2016. On sentira qu'il aime beaucoup les caméras. Il les dirigeait aux nouvelles, la connait la cam. Sait en jouer.

Il était assez triste défenseur, voire co-architecte, de la chartes des valeurs Québécoise. Il en était la voix la plus défenderesse, ce qui laisse croire que les idées que contient cette charte, émanaient probablement beaucoup de sa personne. 

Bernard a parlé d'égalité homme-femmes davantage protégé par la justice, ce qui a été démonté puisque la charte de droit du Québec le fait déjà mais c'est l'obstruction (soviétique) administrative qui freine la très grande majorité des causes. Dans le modèle proposé, la majorité prendrait de vitales décisions sur les minorités, dont la reconnaissance devenait facultative en ce qui concernait des droits de retraits. La charte ouvrait toutes grandes des portes à la transgression des règles de neutralité et de séparation de la religion et de l'État. Beaucoup de cette charte s'appuyait sur des impressions plutôt que des faits. Des impressions amplifiées par des explications assez bouetteuses de sa part.

La charte était une si mauvaise idée, une idée d'inclusivité qui a eu l'exact effet contraire et qui s'est davantage rapprochée de l'assimilation forcée, qu'elle a eu des effluves racistes et n'a semblé visé que les Musulmans radicaux. Ce n'est pas complètement le cas, mais c'est le parfum qui est resté. 

La charte était si mal présentée qu'il a quelque peu précipité la mort du PQ, qui fût vite évacué du pouvoir. Et Drainville s'est "démissionné" de son poste de député afin de faire l'opiniâtre dans une station de radio. 

Une autre manière d'éplucher un peu de son ego. Et de se faire entendre et connaître. J'avoue ne l'avoir jamais écouté. Je crois qu'il était pairé avec l'ancienne ministre Libérale Nathalie Normandeau, ce qui n'était pas une fâcheuse idée de les placer ensemble. Deux rivaux idéologiques forcent le débat et ça peur devenir fort intéressant. Drainville, on le sent aussi aime le débat. Enfant, il a dû longuement débattre sur la validité du but d'Alain Côté contre les Canadiens ou sur l'expulsion de Peter Stastny, agressé par Mario Tremblay dans la foire du vendredi saint.

Devenu élu Caquiste par opportunisme, François Legault l'a fait ministre de l'éducation.

Le gouvernement a le beau jeu dans la négociation avec ses enseignantes/enseignants au Québec. Le milieu est nettement sclérosé et très très rouillé par ses syndicats et regroupements divers. C'est un corridor qui projette un passage dans la maison des fous d'Astérix. Le gouvernement veut s'assoeir avec eux pour parler manières de faire en milieu scolaire, et les enseignants martèlent fermement qu'ils ont besoin de moyens de faire. Les deux partis ont raison. L'un va avec l'autre. Mais la distance à faire est si longue, il faut savoir être clair. Et les experts du langage, de la dissertation, de la logique, ce sont les enseignants. Les manières de Bernard ne sont pas toujours les bonnes. Dommage parce que je, et nous sommes plusieurs au Québec, partage son exaspération face aux syndicats et sens que quelqu'un de plus inspiré pourrait les mettre en boîte face à leurs contradictions. Si ils n'ont pas le bien-être des enfants en tête d'emblée, ils ne comprennent pas ce qu'ils font. Ils sont égarements. 

Drainville a le réflexe impulsif. On l'a encore vu dès les premiers jours de pourparlers avec des représentants des enseignants dont le chroniqueur/journaliste Michel David. Ils ont eu l'idée transparente de filmer les échanges afin de le faire diffuser aux nouvelles, et ça s'est retourné contre Drainville. 

Il a voulu freiné Michel David, qui lui reprochait de se voter des augmentations de salaires de 30% alors que les enseignants nagent dans le creux, en lui disant la très malheureuse phrase "es-tu en train de comparer le travail de député à celui de l'enseignant ?" Comme si c'était si farfelu. Personne n'a salué son jugement.

Tout comme personne n'a beaucoup cru ses larmes quand le projet de 3ème lien, une erreur corrigée à temps y avait pas à pleurer, ont été filmées pour les nouvelles.

Et tout comme il a confirmé son jugement impulsivement toxique en clamant de "le lâcher avec les GES!".

Le monde écologique entier, Monsieur Drainville, vous envoie chier en vous disant que c'est le slogan des ennemis de la survie planétaire.

Si bien que la crédibilité Drainville, est fragile. La semaine dernière, quand il a été annoncé la (pas-complètement-anormale) nouvelle que 541 enseignants, n'avaient qu'un secondaire 5 comme diplôme, dont l'enseignante hurlante probablement, Drainville s'est senti obligé de se défendre. 

Il a dit que cette situation était mieux que rien. Ce qui a encore donné l'impression du village plutôt que du pays. Et que celui qui est supposé nous diriger dans les "manières", ne semble pas être le bon guide.

La plus vieille qui ne soit pas mariée du village va montrer aux autres comment lire et écrire. On les paiera avec des patates. Comme au temps d'Émilie Bordeleau.

Il ouvre la porte au retour à l'enseigne télédistanciel, ce qui est une pâle tentative de justement retrouver ceux et celles qui se sont improvisé(e)s enseignant(e)s durant la pandémie, en télétravail. C'est une vraie main tendue. Face à un besoin essentiel, celui d'encadrer nos enfants dans la progression de leurs intelligences.

Et pourquoi tant de gens quittent cette profession qui offre pourtant 3 gros mois de congé par année ? 

 C'est 900% là-dessus qu'il faudrait s'assoeir et jaser. 

Sur la condition des enseignant(e)s oui, mais davantage sur celle des enfants. 

Beaucoup plus difficile à faire qu'à écrire. 

Ministre de l'éducation au Québec: Recherche inspiré(e) humain. Pas simplement mieux que rien. 

Notre société en a pourtant les moyens. 

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