vendredi 1 novembre 2024

CINEMA PARADISO*******************The Parralax View de Alan J.Pakula

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: le cinéma !

Je l'ai surconsommé, le surconsomme toujours, l'ai étudié, même à l'université, en fût gradué, y ai travaillé, en fût récompensé, en suis sorti, mais le cinéma n'est jamais sorti de moi.

Je vous parles d'un film dont j'ai aimé l'histoire, la réalisation, sa distribution, sa cinématographie, sa musique, son sujet, son traitement, son audace, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. Je vous parles d'un film que j'ai généralement dans ma collection de dvd chez moi, comme celui-là.

THE PARALLAX VIEW d'ALAN J.PAKULA.

En 1970, Loren Singer signe le roman qui raconte l'histoire fictive de témoins de l'assassinat du président John F.Kennedy, assassinés les uns après les autres. Le film empruntera la trame narrative, restant dans le politique, sans cibler la famille Kennedy. David Giler et Lorenzo Semple Jr sont désignés pour en faire l'adaptation cinématographique. Mais Robert Towne en a fait une révision non créditée. 

En plein scandale du Watergate, le thriller politique, en Amérique du Nord,  est tout à fait populaire. Dans deux ans, All The President's Men, traitant directement du Watergate, un film extraordinaire, qui sera nommé 8 fois aux Oscars et qui en gagnera la moitié, réalisé par...le même Alan J.Pakula. Ce dernier demande à son directeur photo, l'excellent Gordon Willis, qui tournera aussi le superbe Manhattan de Woody Allen en 1979 et qui avait tourné les deux Godfather, de filmer le personnage principal de loin, comme si il était constamment épié. Ajoutant au climat de paranoia souhaité. 

Une scène de montage video nous montre Nixon, Hitler, le pape Jean XXIII, Lee Harvey Oswald quand il se fait assassiner par Jack Ruby, des dessins du personnage de Thor par son auteur Jack Kirby, entre lesquels sont juxtaposés des mots comme love, mother, father, home, enemy, happiness, me. Ce montage avait pour but de montrer la confusion des États-Unis, post-assassinnat du président John F. Kennedy. Un déclin des valeurs et des traditions de toujours. La scène a été comparée aux scènes de lavage de cerveau dans A Clock Work Orange de Stanley Kubrick, film retiré des salles alors depuis presque sa sortie, en 1971.

La pertinence du sujet est renforcé par le sentiment de menace permanente qui est absorbée par le matériel traditionnel du quotidien. Warren Beatty n'a pas la chance de jouer une très grande palette d'émotions, mais a le charme nécessaire pour se rendre fort intéressant appuyé par un splendide essaim d'excellent comédiens comme Hume Cronyn et Paula Prentiss. Le réalisateur punk Alex Cox dira de ce film que c'est le meilleur film "conspiratoire sur la mort de JFK". Bien qu'on en ai simplement emprunté l'arc narratif de l'assassinat très public politique et la magouille autour. 

Beatty incarne un journaliste qui n'a jamais besoin de rencontrer d'échéances urgentes, et qui ne fait que se pointe au bureau à des heures impossibles pour nous faire comprendre qu'il est important. Il pense avoir l'histoire pour un Pulitzer. On découvre qu'on recrute des loups solitaires, des incels. des insécurisé(e)s, des gens manquant d'estime de soi, des sans familles, afin d'en faire des hommes de mains pour des missions presque kamikazes. Tout est tourné sur des vrais lieux, on ne sent jamais l'effet studio. Il y a même des touches de modernisme dans cet édifice qui doit représenter Parallax Corp., une architecture métal et vitre qui rappelle aussi un univers totalitaire. 

Ce qui n'a rien de rassurant comme les États-Unis de nos jours. Qui peuvent avoir vent de changement d'ici le 6 novembre. Mais encore. Quelles types d'éclaboussures sera le splash du vote de mardi prochain ?

Le film Executive Action, lancé en 1973, traitait à peu près du même thème et vaut aussi la peine d'être vu. Ce film de David Miller traitait lui, directement de la mort de Kennedy. 

Ce film, tourné en 1973, me donne l'impression, par sa lumière, son esthétique, ses décors, me donne l'impression d'y être plongé comme on le serait dans un livre soigneusement tricoté. Une vision futuro rétro. Comme si la totalitarisme nous menaçait encore...oh wait...

Je n'avais qu'un an en 1974, mais les années 70, j'en ai quand même vécu 9. 

L'esthétisme, j'ai eu le temps d'y tremper. Pas juste sur photos. 

Ce film a cette année, 50 ans.