À la suggestion du producteur Bob Johnston, Bob Dylan, Al Kooper et Robbie Robertson se dirigeront dès janvier vers les studios de la station télé CBS, à Nashville. Ils ont tenu des sessions avec d'autres anciens musiciens des Hawks, dont il ne garderont qu'un morceau pour le 7e album studio qui est en cours de production.
Dylan se sort d'un cycle où on a pressé le citron depuis deux-trois ans, et il étouffe. Il sera victime d'un accident de moto léger durant l'été 1966, quand on lui apprend que Grossman l'envoie encore dans de multiples tournées mondiales sur les 9 prochains mois, ce dont il n'a pas envie. Ses blessures, réelles, sont aussi légèrement exagérées et il s'impose une période de retrait public, afin de "récupérer". Sa santé mentale surtout. Mais aussi une certaine liberté. Il a composé/enregistré/livré 5 albums en 2 ans et 3 mois. Il a multiplié les tournées aussi. Il est épuisé. Dylan, en entrant à Nashville, se réapproprie sa vie. Avec Charlie McCoy, Wayne Moss, Joe South et Kenny Buttrey, Robbie Robertson, on fait des sessions d'abord composées entre Dylan et Al Kooper, au piano. On sera si productif qu'on produira un des premiers album double de l'histoire de la musique populaire. La Face 4 du 33 tours, est une seule chanson de 11:23. Une ode à son amoureuse Sara. Cet album est un chef d'oeuvre personnel pour mes oreilles. Croisement de folk poétique, country pop, jazz. Comme il a donné quelques indices de retraite et de détachement de la gérance d'Albert Grossman, une compilation est lancée. 18 mois sont passés entre le 7e album et le 8e qui sera lancé. En décembre 1967. Avec Buttrey à la batterie, Pete Drake à la guitare et Charlie McCoy à la brillante basse, il compose et enregistre, toujours à Nashville, un excellent minimaliste album autour duquel il ne voudra aucune publicité et aucun single. Mais qui vendre tout de même 250 000 fois dès sa sortie, et contient certains de ses plus beaux morceaux. Voulant toujours contrôler sa propre vie, il fait ensuite une immersion complète dans le country, qu'il rebaptisera country croon et chante d'une voix nouvelle. Un de ses morceaux est honoré dans un film multi-oscarisé, un autre est revisité avec son ami Johnny Cash. Charmant americana.L'album suivant sera un second album double, mais cette fois, une catastrophe. Ponctué de reprises, de morceaux traditionnels et de morceaux semblant être des rejets d'albums précédents. Une longue erreur de 23 morceaux. Très rapidement, la même année, il lance son 11e album studio, beaucoup plus concis, beaucoup plus près de ce qu'avait été Nashville Skyline et qui plait à plusieurs. Une seconde compilation sera lancée.
Dylan est impliqué dans un film de Sam Peckinpah et compose une trame sonore dont un morceau sera considéré comme un de ses meilleurs. La même année. un album de morceaux ouvertement rejetés de projets précédents est lancé. Négligeable au point de ne pas lui donner de titre.Au privé Sara & Bob auront 4 enfants, 3 garçons, dont Jakob, et une fille et Bob adopte la fille de Sara, née de son mariage précédent. Mais Bob couche ici et là et bien entendu, ça ne plait pas à Sara. Un premier album entier de nouvelle musique depuis longtemps est lancé et sera très modeste. Un album enregistré en spectacle (double), annonçant la tempête est aussi proposé au public.
Quand la séparation est annoncée par Sara (PAS comme mon couple!), Bob est rechargé par la misère sentimentale et signe un formidable album entier racontant les déboires amoureux. Du moins, métaphorisant sur ses amours qui se désintègrent. Blood on the Tracks est majoritairement composé en ré majeur, appris de Paul Brady, musicien irlandais et ami de Bob. L'album est un véritable chef d'oeuvre pour moi. Son fils Jakob dit, de nos jours, qu'il entend ses parents se parler quand il l'écoute.Avec ses amis de The Band, en 1967, il avait enregistré plusieurs morceaux dans sa "retraite de récupération de blessures d'accident de moto". Un généreux et fort agréable album double est lancé.
Finalement, inspiré de sa tournée Rolling Thunder Revue, qu'il fait d'octobre 1975 à mai 1976, et documente sur film, qui restera un collage lancé comme film surréaliste en 1978, avant que Scorcese n'en fasse autre chose, Dylan compose un dernier album de haut calibre avant de verser dans la mélasse religieuse qui suivra. Un album mettant en vedette les harmonies vocales d'Emmylou Harris et le violon de Jacques Levy. Inspiré. Avant de s'éteindre dans une certaine noirceur.Alors, divorcé de Sara. Et aussi misérable au privé que sur disque.
Après avoir vu A Complete Unknown, qui s'arrête là où j'ai commencé, j'avais envie de vous jaser de sa si intéressante suite.
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