Quand Chuck Berry, autre gros ego, refuse de ne pas être le dernier à jouer sur scène, Jerry Lee Lewis, qui était prévu pour la fin, joue tout juste avant lui, met tant le paquet qu'il met son piano en feu et rend la présence de Berry qui le suit, plutôt simple. Lee Lewis jouait du piano avec un spectacle comme jamais personne ne l'avait jamais présenté avant lui. On dira de lui qu'il était possédé tellement il se déhanchait aux notes ébènes et ivoires. On dira aussi de lui qu'il était le type de fantôme revenu de la guerre de Sécession qui n'aurait jamais accepté que le Nord ait gagné contre le Sud. Il était rock'n roll et adversité.
En 1977, l'année où le punk s'imposait, un très éméché Jerry Lee fonçait avec sa Lincoln dans la clôture de Graceland où Elvis ne souhaitait pas le laisser entrer. Aux policiers qui lui demanderaient que comptait-il faire comme ça avec son fusil, Jerry Lee dira qu'il se dirigeait pour assassiner l'autre King qui n'était pas lui. Qu'on chante enfin, le roi est mort, vive le roi ! Le vrai.
Si on connait seulement deux choses à propos de Jerry Lewis, c'est ceci: les premiers coups de pianos de Great Balls of Fire, et qu'il a marié, dans les années 50, sa cousine de 13 ans. Ça a mis fin à son ascension fulgurante. Il est passé du jour au lendemain de superstar faisant des centaines de milliers de dollars à artiste banni des ondes, chassé de son pays, menacé de poursuites, travaillant pour quelques 100$ par soir pour faire valoir son existence. Sa réputation ne s'en est jamais tellement remise.
Mais dans les années 70, il a fait une renaissance dans l'univers country où il a rebâti sa fortune avec pas moins de 17 chansons dans le top ten entre 1968 et 1977. Dans les années 80, l'argent n'était plus un problème. Son problème était ailleurs. Il était à l'intérieur. Il dira de lui-même qu'on l'appelait The Killer, mais que la seule personne qu'il avait tuée était lui-même.
Peut-être pas tout à fait vrai.En 1971, Jerry Lee en est à son 4e mariage. Avec cette fois Elizabeth Gunn Pate, au moins jusqu'en 1982. Année où elle suggère le divorce. Mais n'aura aucunement le temps de finaliser les papiers puisqu'elle est retrouvée morte, à plat ventre, dans l'eau de la piscine. On classe vite dans "accident" pour le héros local.
En juin 1983, il épouse une serveuse, Shawn Stephens. Mais 76 jours plus tard, quand une ancienne flamme de Stephens se manifeste, et que Stephens, qui endure les avances de Lee Lewis avec sa soeur à elle, lui annonce qu'elle songe déjà le quitter. Jerry Lee lui réponds qu'il la tuera avant qu'elle ne le fasse. Shawn le confesse à sa mère, au téléphone, à Détroit. D'où elle est originaire. Le lendemain, elle est morte, sur le lit de la chambre des invités, et Jerry Lee est longtemps introuvable. Quand on le retrouve, il a des marques de griffes comme quelqu'un qui se serait battu, aux mains. Il n'a pas d'alibi. Il a, comme toujours, bu. Il a du sang sur sa robe de chambre, du sang qui suit les pas qu'il a fait vers la porte, sur la poignée qu'il a ouverte plus tôt. La veille au soir, Jerry Lee était racompagné par la police parce qu'il était resté pris, en voiture, parfaitement saoûl au volant. On ne lui fera pas d'alcootest. On ne teste pas les Dieux. On les sert.Toute l'évidence ne sera jamais rapportée par la police. Seulement après le procès. Et parce que les journalistes de Detroit, région d'origine de Shawn, ont déterré le fait que la corruption semble couvrir assez mal un meurtre. Et qu'un employé du salon funéraire a confessé les irrégularités.
Elvis avait Memphis, au Tennessee. Jerry Lee avait Desoto, au Mississippi. À Desoto, Jerry Lee était plus qu'un Dieu. Il savait quand "investir" dans la police locale. Le respect pour Jerry Lee était immense. Il était l'un des leurs, mais le géant parmi eux. La sacoche et le divertissement à la fois. L'intouchable. Le roi.
Même si plus-que-probable, l'assassin.
Bien entendu, un jury choisi à Desoto, a considéré que Lee Lewis était une victime dans tout ça. Et qu'à nouveau, surnaturellement, Shawn était aussi morte "accidentée".
De surplus de fluides de méthadone dans les poumons. Comme ce qu'il y avait dans les seringues trouvées sur place. Et comme Jerry Lee exigeait de ravoir quelques jours après la mort, parce que la police avait "tout clairé" son stock.
Ça ne date pas d'hier, la justice trichée.
Cette année aurait marqué la 90e de sa vie, si il n'était pas mort il y a 3 ans.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire