dimanche 31 octobre 2021

Sauvage Halloween


Sais tu où on se trouve?

Je lorgne vers la part d'ombres.

De nos deux vies nocturnes.

Ça commence et se termine avec toi.

N'évente pas mon secret.

Tu courais, dans la nature, cachée dans la bruine du matin.


Le jeu l'exige, Je te fais mienne.

J'ai pensé, résister.

Mais le léopard en toi faisait de moi, la proie.

Je suis revenu chez moi.


(L'avais tu suivie?)

J'ai fait attention à elle.

(Contrôlais tu ce qui se passait?)

Élégante, profilée...

(N'avais tu pas peur?)

J'avais besoin qu'elle soit proche de moi.


(T'appartiens-t-elle?)

N'évente pas mon secret.

Tu courais, dans la nature, cachée dans la bruine du matin.

Le jeu l'exige, Je te fais mienne.

J'ai pensé, pouvoir résister.

Mais le léopard en toi, faisait de moi, sa proie.


Déserté par mes ami(e)s.

(Ne comprennent-ils pas?)

Elle est tellement mieux qu'eux.

(Elle est incomparable)

Elle est maintenant pour moi.

(Personne ne peut le dire)


Je la regarde dormir.

(Elle rêve surement à toi)

N'évente pas notre secret.

(Ça fait déjà longtemps)

Depuis la dernière fois où nous étions dehors.


(T'ennuies tu de la traque?)

Maintenant que nous somme domptés.

(Dans cette cage dorée)

Prisonniers de nos pensées.

(Tu me sauves de moi-même)

N'évente pas le secret. 


Hier, à Laval, un homme est devenu sujet d’intérêt pour les autorités quand on a découvert qu’il gardait dans son appartement un animal sauvage en cage. La police a dû forcer son entrée dans le spacieux logement de Chomedey avant de tomber nez-à-nez avec une panthère en cage. La féline, d’âge adulte, après avoir subie une batterie de tests conduits par des experts et des spécialistes, s’est montrée étonnamment docile et domestiquée. C’est ce qu’on a vite confirmé. Une relocalisation de la bête est prévue. Une bonne foule de badauds s’est massée devant l’édifice pendant que la cage était extirpée de l’appartement avec l’aide d’une grue. Parmi ceux-ci, certains se sont montrés surpris qu’une bête si dangereuse ait pu passer inaperçue au cœur d’un secteur peuplé d’humains. Encore plus qu’un humain se soit senti en sécurité en sa compagnie. La bête a été placée dans un camion où des mesures seront prises pour la replacer en milieu sauvage. L’homme, pour sa part, était nouveau dans le quartier et semble avoir très peu quitté le léopard. 

La rumeur veut qu'il l'ait chassée dans la nature sauvage quelque part dans le monde, ait forgé de faux papiers légaux de capture, pour faire transiger la prise par les États-Unis d'Amérique avant d'aboutir au Québec d'Amérique. 


L'incident a causé une certaine commotion dans le quartier du 450, suscité une certaine controverse quand certains ont proposé l'acheter, et une enquête plus poussée est en cours autour de toute cette affaire
."

Qui ne manque pas de faire encore jaser longtemps les bavards.


À propos de l'homme qui a volé un léopard.




Adapté librement de S.L.  

  


samedi 30 octobre 2021

Personne Ne Gagne


 L'affaire Mike Ward/Jeremy Gabriel.

Rappelons-là. de 2010 à 2013, pendant 230 shows, même si on lui dit que c'est peut-être de très mauvais goût, l'humoriste Mike Ward se moque de la famille du (alors) petit Jeremy Gabriel et de sa famille sur scène. Il dit qu'il chante mal (c'est vrai) mais aussi qu'il est laid. Hmm...nécéssaire? Je ne crois pas. La famille du petit Jeremy, en revanche est risible. Voire nuisible. Ses parents en tout cas. Eux, méritent toute moquerie. Au moment d'écrire ceci, la mère de Jeremy se cherchait un Airbnb qui n'exigerait pas le passeport vaccinal. Jeremy Gabriel est mal entouré. 


Qui est Jérémy Gabriel? Un jeune homme atteint du syndrome de Treacher Collins. Il a la tête qui en reste assez déformée. C'est un mal collatéral de la maladie. C'est un clair handicapé. Ses parents l'ont poussé vers la chanson, enfant. L'ont exposé à la jungle publique. Il chantait du nez. Pas bien. Ils l'ont présenté ici et là. Ils ont même rencontré le pape et l'ont fait chanté devant le pauvre pape. Qui est assez mature et en a vu d'autres. Il a encaissé et est resté humain face au petit bonhomme. Devenu aujourd'hui, un homme. 


Les parents ont légèrement erré dans leurs devoir en l'imposant un peu partout, mais en même temps, personne n'était obligé de les accepter nulle part. Pape inclus. De plus, est-ce vraiment complètement mal de vouloir que son fils puisse se voir autrement que comme un handicapé? Jeremy, aussi peu chanteur qu'il était vraiment, avait le mérite de surmonter la tragédie de son handicap et se réinventait. 


Jusqu'à ce que l'humoriste expose sa famille sur scène, fasse rire avec ça, souligne à gros traits ce que tout le monde voit, entend, comprend, mais a la décence de taire, et en rajoute en le qualifiant de terrible chanteur laid. 230 fois en trois ans. 

Jeremy prétend en avoir eu des idées cauchemars et des idées suicidaires. Il l'a poursuivi pour diffamation et a gagné sa cause. Mike Ward devait lui verser 35 000$. Ward a toujours refusé de le faire. Il a voulu renverser la décision, a perdu à nouveau. A donc été en cour suprême et a gagné, hier, le droit de dire ce qu'il veut d'une personnalité devenue publique. 

If you can't take the heat, get out of the kitchen disent les Coréens de Squid Games.  


Mais ce n'est pas Mike Ward qui a gagné. Oui, il ne paiera pas ce qu'il n'a jamais voulu payer. Mais il y pensera forcément avant de frapper sur du moins nanti. Ce n'est surtout pas la liberté d'expression qui a gagné non plus. On comprendra, plus de 10 ans plus tard, qu'il faille réfléchir avant de jaser sur scène, sans répéter des âneries. Car c'était des âneries. C'est pas Jérémy qui a perdu non plus. La décision du juge de la cour suprême se comprend assez bien. 


C'est le milieu des arts, de la création qui a gagné. Ce que le verdict final dit est que ce n'est pas un système de justice qui doit déterminer ce qui est de bon ou de mauvais goût. C'est la liberté de création qui gagne.

En revanche, si Jeremy Gabriel s'était enlevé la vie. Le même verdict serait à repenser complètement.


Je n'ai pas beaucoup de respect pour Mike Ward. Je le respecte comme homme d'affaires. Il sait bien se débrouiller avec son podcast entre autres. Il faut lui reconnaître. Peut-il me faire rire? Oui, surement des fois. Mais ça reste une importante erreur de jugement de sa part que ce numéro répété maintes et maintes fois. Avec acharnement. Tout comme les parents de Jéremy semblent eux aussi, encore de nos jours, face au vaccin, mais plus jeunes également, en lançant leur lionceau dans la faune, manquer affreusement de jugement. Trop souvent. On est entre tête immatures. 


L'affaire Mike Ward/Jeremy Gabriel était erreur de jugement vs erreurs de jugements.  

Est-ce que c'était de mauvais goût? Selon moi, oui. Mais je ne suis pas vous. Ni l'autre à côté. Ni l'autre derrière. L'homme derrière l'humoriste me reste légèrement impropre. Sale. Immature. Je ne ferai pas un détour pour l'entendre, le voir, l'écouter. Je ne mettrais pas de majuscules en parlant de cette homme.


J'ai pas d'éloges à lui faire.

Hier, il y a eu jugement final sur les erreurs de jugements vs l'erreur de jugement.

Vous avez le droit de juger vous aussi.

Vous connaissez mon camp.      

vendredi 29 octobre 2021

Vertiges & Déséquilbres (Paralysie du Sommeil)


4h51, dans la nuit du 27 octobre, je tente de me lever, mais n'y arrive pas. Ma tête est trop lourde et elle replonge lourdement vers l'oreiller. Pire, Je tente d'ouvrir mes yeux mais ils ne veulent pas plus coopérer. J'y arrive à peine. Je tente de parler, rien à faire. Je suis extra lucide et rationalise que mon cerveau ne veut pas se brancher sur mes nerfs optiques, je serai aveugle, je panique un peu par en dedans. J'ai l'impression que se passent 9 minutes. J'ai le temps de penser "Je peux y arriver, je dois m'en sortir" . Je m'en suis sorti.


J'ai eu la nette impression que mon cerveau, comme un interrupteur de lumière, ne pourrait plus offrir de lumière. Qu'il pouvait se perdre aussi bêtement. J'ai passé la journée au complet à me questionner là-dessus. Enfin, mes mercredis sont si intenses que je n'ai pas le temps de penser à grand chose. Mais c'était là, derrière ma tête au cerveau ébranlable. 


Mon voisin de bureau, le covidiot dans la trentaine peu scolarisé, au jugement extrêmement douteux, mais qui essaie fort de s'acclimater parmi les scolarisés, conjuguait avec plus graves que mes inexpliqués vertiges. Son téléphone, qui a la mauvaise idée de faire un bruyant bruit de klaxon quand on lui texte, ne cessait de klaxonner. C'était sa tendre moitié dans le moins tendre de la crise de panique, à la maison, avec jeune fiston. C'est que se blonde, aussi covidiote, est travailleuse de la santé. Elle doit sentir une pression incroyable de se faire vacciner. À juste titre. Elle a stressé l'arrivée du 15 octobre, où elle allait perdre son job, mais cette date a été repoussée au 15 novembre. Elle doit aussi sentir l'ombre de cette date l'envahir, peu à peu. Mon collègue jonglait avec l'idée d'aller la rejoindre et travailler de chez lui. Par soutien conjugal.


Mais d'un regard, je lui ai fait comprendre, sans dire quoi que ce soit, que si il travaillait de chez lui, rien ne serait vraiment accompli. 

Celui qui complète notre trio de coordination est Chussi Pawsur. Un collègue extrêmement peu confiant, incapable de décisions, qui baille et s'étire sans arrêt, surtout quand il est stressé, donc tout le temps. Il avait manqué le boulot, la veille, nous mettant tous légèrement dans le caca. Il était de retour mercredi, mais encore plus stressé. La veille, si il avait manqué, c'est que son père avait eu un problème de santé suffisamment important pour que sa vie soit compromise. Mercredi, son père était aux soins intensifs et Chussi attendait de ses nouvelles. Il était, lui aussi assez vertigineux. Dans un brouillard certain. 


On était un fameux vertige à trois. Parfaits déséquilibrés x3.

Puis, la police nous as appelé. Un cas d'enquête policière où on avait besoin de # de bacs livrés dans la ville de la corruption, en 2018. On a gossé à trois en tirant toutes les ficelles qu'on pouvait. On a trouvé après de longues recherches. Aucun de nous trois n'était dans ce rôle en 2018. Mais la police, et la ville étaient si contents de nos trouvailles qu'ils sont revenus à deux reprises nous remercier et nous féliciter de les avoir grandement aidé. 


Nos vertiges étaient dissipés. Chussi a eu la confirmation que son père allait mieux. Covidiot n'a pas quitté et sa douce semble avoir récupéré. J'ai compris que j'avais été victime d'une paralysie du sommeil. Pas plus grave que ça. Que mon fils en avait fait 3. Mon best bud, plusieurs aussi. C'est eux qui m'ont appris pour la paralysie. Tard en soirée. J'avais eu le temps de presque paniquer, de jour.


Quand j'ai quitté le bureau Chussi zonait en relisant pour la xème fois le courriel de notre boss à nous qui nous félicitait aussi. Il faisant "enter, save" sur ses bons mots. Avec une certaine complaisance pathétique. Il a tant besoin d'assurance. Il en faisait pitié, la petite bête. 

En soirée, j'ai écouté ma liste de lecture la plus équilibrée

L'équilibre mental et physique était revenu. J'ai hésité avant de me coucher. Peut-être un peu encore hanté par ma nuit d'avant. 

On a flirté avec le désordre. Un beau désordre vaut mieux qu'une inerte ordonnance. 

jeudi 28 octobre 2021

Facedown

 Peu importe les conditions qui sont présentées en surface. la saleté pousse par en dessous. 


Facebook a été inventé par des gars pas si populaires auprès des filles dans le but de rencontrer, justement des filles. Vous avez vu les tronches de Zuckerberg et de Saverin en 2003? Les filles de leur âge n'envahissaient pas leurs bulles à la folie. Ceux qui avaient une bouille et une personnalité pouvant la colorer à leur avantage ne sont pas resté longtemps autour de la naissance de TheFacebook, le jour de mes 32 ans. Il n'avait pas besoin d'un site qui ressemblait à un croisement de Facemash et Hot or Not pour charmer mesdames. 


Mais Zuck et Sav ont révolutionné le monde des réseaux sociaux, sont devenus multimiliardaires, et maintenant, ils peuvent choisir les Femmes qui leur plaisent.

Parmi celles qui ne leurs plairaient pas, il se trouve Frances Haugen. Graduée de Harvard, elle aussi, mais en 2011, elle le fût en administration des affaires. Elle a travaillé sur les moteurs de recherche Google, compagnie qui l'a tant aimé qu'elle a financé sa maitrise. Travaillant comme directrice d'affaires de Yelp, puis chez Pinterest sur la reconnaissance par image, en 2018, elle est recrutée par Facebook, parce qu'elle est fucking bonne. 


Et c'est ça le problème actuel. Chez Facebook, elle était pure parmi les impur(e)s. Dur de la démoniser. Elle travaillait d'abord à débusquer les fausses informations. Travail colossal et difficile. Dès 2019, elle est fait directrice de produit dans le département d'intégrité civile de Facebook. C'est là que la bât a blessé. Elle s'est vite rendue compte que les profits importaient davantage que la sécurité nationale et publique et elle a vite décidé de devenir lanceuse d'alerte. Elle a quitté en 2021. Témoigne depuis plus d'une semaine sur le réseaux social  dans ce qu'on appelle les Facebook Papers, en conjonction avec le Wall Street Journal, son oreille.


17 organisations d'enquêtes journalistiques ont joint le dossier et le portrait de Facebook n'est pas joli du tout. On parle d'une compagnie brisée et irréparable. Malgré les scandales qui se multiplient autour du site, Facebook a encore le pouvoir de choquer et de bouleverser.

Voici quelques petites choses qui ont transparues des témoignages d'Haugen, vérifiés et contrevérifiés.

   -Facebook a ignoré les demandes de ses employés en faveur de réformes.


Les gens travaillant chez Facebook ne sont pas uniformes et un bloc homogène. Des dizaines d'exemples ont été cités où on causait du vrai mal, public mais aussi à même les employés, et toujours, les plaintes à ce sujet ont été revirées comme des crêpes, par les supérieurs. Les groupes encourageant la violence ont été dénoncés rapidement, mais rien n'a été fait. Avant le 6 janvier, on a longuement plaidé qu'une insurrection se préparait à la Maison-Blanche. Les supérieurs sont restés sourds. La plupart des travailleurs ont fait ce qu'il fallait faire en dénonçant de partout ce qui se préparait. Ils ont été vers la police qui n'a pas été plus vigilante. Mais qui aurait pensé que ça naitrait du point de presse d'un clown déchu?

   


 -Mark Zuckerberg a personnellement approuvé la censure de publications anti-gouvernement tout en se posant comme le défenseur de la liberté d'expression et le champion anti-censure. 

Zuckerberg a répété, maintes et maintes fois, qu'il ne voulait pas être impliqué dans la censure politique. Mais selon le Washington Post, il a fait le contraire. Avec le Vietnam. Où il a censuré des publications politiques anti gouvernementales en faveur du parti communiste, en place, en 2020. Le Vietnam, drôle de hasard, est un important marché pour Facebook. Amnesty International a rapporté, dès 2018, que le Vietnam avait rapporté autour d'un 1 milliard à Facebook, en revenue direct. 

   


 -Les recherchistes de Facebook ont été choqué des recommandations de leur propre algorithme.    

Que les algorithmes de Facebook creuse davantage la division possible est un fait révélé et maintenant connu. Mais la nature horrifiante de Facebook ne s'arrête pas là. Au 15ème anniversaire du site, (mes 47 ans), un chercheur de la compagnie s'est créé un profil Indien, habitant Kerala. Ne serais-ce que pour vivre l'expérience comme si il habitait l'Inde. Pendant 3 semaines, le site opérait par la règle suivante: Suivez toutes les recommandations du site si vous voulez joindre des groupes, regardez les vidéos et explorez les nouvelles pages du site. Le chercheur en question n'avait jamais vu autant de morts de sa vie. 

 


   -Facebook met la politique bien au coeur de ses préoccupations lorsque vient le temps d'implanter ses propres règles.

Les Facebook papers ont confirmé que Zuckerberg était terrorisé par l'idée que les conservateurs ne fustigent son site, il a donc favorisé les publications de droite, religieux, complotistes et d'extrême droite. Les travailleurs de Facebook l'ont souvent décrié, mais ça a aussi attiré de nombreux travailleurs, eux-mêmes, plutôt conservateur, religieux et de droite. On appelle même les recherchistes de Facebook les lobbystes, comme en politique. Zuckerberg s'impose même très souvent, afin de déterminer si ceci ou cela devrait être publié en ligne. 

Jamais on a pensé qu'un tiers pourrait prendre la décision lui-même, avec son propre jugement d'Homme ou de Femmes. 

  -Il a fallu qu'Apple menace Facebook pour que le site dénonce enfin le trafic humain.


Les trafiquants humains se sont largement servis de Facebook depuis toujours et c'était su en 2020, par les dirigeants. Qui fermaient les yeux. Le rapport interne souligne même les failles du site en disant que les trois étapes de l'exploitation humaine circulent sur leur site: le recrutement, la facilitation, l'exploitation. Bien que publiquement interdit et "banni", privément, rien n'était fait afin que l'on sévisse, ni même freiner. Il a fallu que Apple menace d'expulser Facebook et Instagram du Apple Store pour que Facebook se comporte enfin en adulte. La BBC a aussi joué un grand rôle de pression contre Facebook sur ce sujet. On a choisit de réagir.

...mais tout en rappelant que si on réagissait, c'était parce les conséquences sur affaires internationales pourraient être dommageables pour la compagnie...

..surtout pas parce que ce serait humain.


Fucking businessmen. 

mercredi 27 octobre 2021

À La Recherche Du Temps Perdu********************Lullabies For Little Criminals d'Heather O'Neill


Chaque mois (dans ses 10 derniers jours), tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une des mes trois immenses passions: la littérature. 

Lire c'est vivre, c'est choisir de plonger dans la tête d'un autre, c'est voir avec les yeux d'un autre, c'est nourrir ses curiosités, c'est appendre autrement, c'est confronter ses idées préconçues, c'est mettre au défis différentes visions, c'est découvrir des univers, c'est rire, craindre, être fasciné ou pleurer. 


Lire, c'est apprendre à respirer différemment. Et respirer, c'est vivre.

LULLABIES FOR LITTLE CRIMINALS d'HEATHER O'NEILL.

Heather O'Neill a l'âge de ma soeurette, Janiper Juniper. 48 ans. Comme elle, elle élève son enfant seule (J.J. en élève deux comme ça). Elle est née à Montréal de parents adolescents et assez vite, papa et maman se sont séparés. Maman est allé vivre aux États-Unis, et Heather, après avoir vécu jusqu'à la pré-adolescence avec papa dans le downtown Montreal, croisant les travailleuses de nuit et la jungle du centre-ville, est allé rejoindre maman aux États-Unis. Disant, avec humour, que sa mère la présentait comme son amie de 12-13 ans. Heather a fini par revenir et  aller rejoindre papa, au coeur de Montréal. Et ses livres ont beaucoup de traces de ce que je vous raconte présentement. Elle en vit de longs moments avant de les produire.   


Le premier, de toute évidence, comme bien des premières oeuvres, l'a habité longtemps. 

Baby n'a pas de mère. Et papa n'est pas le père modèle. C'est une jeune fille de 13 ans d'une remarquable intégrité. Au départ, plutôt moralement sage, plus l'histoire progresse, plus elle vieillit (trop vite), sa morale se tord de plus en plus, lui faisant perdre sa concentration sur l'essentiel. Garder les deux pieds dans le réel pendant que papa glisse hors des sentiers connus de la réalité. Elle se trouve une "famille" dans le centre communautaire, avec des jeunes de son âge. Mais fraye aussi avec des maganés de la vie. Des influences néfastes. Un premier copain, un pimp. 


Heather O'Neill n'a pas le passé de Nelly Arcan. Mais une partie de son univers. Leurs plumes ne se comparent pas. Chez Heather, il y a de la place pour l'humour. La légèreté. L'univers des enfants. Elle dit quelque chose à un certain moment qui ne nous lâche jamais. Même longtemps après avoir posé le livre. je vous le traduit.  
"Redevenir un enfant est tout simplement impossible. On a le droit d'en être perpétuellement frustré. L'enfance est la chose la plus précieuse qu'on peut vous dérober dans votre vie quand vous y penser bien."


C'est vrai. L'enfance, l'adolescence sont le fondement de ce que nous serons plus vieux. Si on vous le cochonne...J'ai une grande admiration pour Heather. Autour de la 200ème page, on se surprend à constater que cette histoire qu'elle nous raconte nous arrache aussi le coeur.  Pernicieusement, on s'attache à Baby. Qui était aussi le nom du personnage de Brooke Shields, dans le film de Louis Malle de 1978, qui racontait la vie d'une pré-ado trainant dans l'entourage d'une maison de prostituées. Pas innocent ce choix de nom de personnage. Quand on réalise qu'on s'attache à elle, il est trop tard. On ne peut plus laisser tomber le livre. Nous sommes émotivement investi en elle. On souhaite que l'enfant prenne la bonne décision. Celle qui l'élèvera au dessus de l'ambiguïté morale de son quartier. On le veut heureuse. Elle y a droit. Tout le monde y a droit. Quand tout la pousse dans l'autre direction, ça nous arrache le coeur. 


L'enfance est la chose la plus innocente qui puisse nous habiter. Baby philosophe beaucoup sur l'enfance. Sur la société qui nous en sort parfois trop vite. Qui encourage la vie d'adulte le plus rapidement possible. Elle déplore, pré-adolescente, ne plus être traitée comme une enfant. Elle n'a pas 18 ans. Elle EST une enfant.  La vie d'adulte est une piège. Enfant, on choisit souvent l'heure à laquelle on se lève, pas celle où on se couche. Adulte, on ne choisit ni l'un, ni l'autre. 2 Jours, au mieux. 
 

Baby se retrouve déchirée entre deux mondes. Qui la détruisent autant qu'ils ne l'attirent. 

Essayer de faire les bonnes choses n'est même pas évident pour les adultes de nos jours. Enfant, c'est encore plus compliqué. Davantage encore quand les modèles parentaux sont des échafauds instables.

Qui vous confirmera que vous faites la bonne chose? Se dira fièr(e) de vous?  

Quand il ne faut compter que sur vous-mêmes et que vous n'avez que 13 ans, 
se chanter quelques sérénades peut vous aider à vous en sortir.


Y a du Dickens, du Sara Waters, Angela Carter, Anaïs Nin dans sa plume. 

Je n'ai que de l'amour pour Heather O'Neill que j'ai l'impression de connaître comme une soeur. Elle a connu les mêmes années que moi. Le Québec des années 70 où on roulait les "R". Le beau et le sale des années 70.

Le livre est habillé comme de la "chick-Lit"*. Mais c'est beaucoup plus dur. Et peut être léger. 
C'est une merveilleuse première fiction. Et les autres ne sont que toujours mieux. Elle n'en a que 6 depuis 1999.
                                                     O'Neill vaut être lue. 



*Les fictions anglophones sont souvent catastrophiquement présentés sur les jaquettes de livres. Faudra un jour en parler. Une belle présentation se vend tellement mieux. Demandez aux vendeurs de vins! 

mardi 26 octobre 2021

Corridors

De jeudi dernier à samedi matin, peu dormi. Été très actif toutefois.


Mes jeudis sont généralement tranquilles au bureau, mais ce jour-là, je devais quitter à 14h00, pour un rendez-vous de test de vue pour ma fille, à 14h40. Tout était donc plus condensé, intense. Puis, presque tout de suite après le rendez-vous pour les yeux, mon fils, ma fille et moi nous rendions au centre-ville de Montréal, pour y assister en soirée à une autre défaite au match du Canadiens de Montréal. Notre club de hockey, chéri. L'amoureuse a une amie d'enfance qui a vécu les dernières années en Europe et en Asie, et qui était de passage. Elles passaient du temps agréable ensemble. Revivaient leur adolescence. Cette amie restait chez nous de jeudi à samedi. (Et je ne la croiserais que samedi matin!). Après le match, je me couchais vers 23h05. De 01h48 à 2h23, j'allais chercher mon fils, qui avait quitté après le match des Canadiens pour sortir avec ses ami(e)s, qui avait bien bu et profité de sa jeunesse, et l'ai ramené au bercail. À 4h02, mon chat venait miauler son envie de sortir. Je suis descendu, lui ai mis son collier, l'ai sorti. Me suis relevé 58 minutes plus tard, je me levais pour aller travailler mon vendredi. Nuits actives, vous dites, docteur?


Mes vendredis sont toujours intenses au boulot. On travaille les lundis, des villes compliquées et pas toujours disciplinées. Je ne vois pas passer cette journée, mais ne me repose pas non plus. J'ai toutefois choisi de prendre le temps de découvrir le dernier album de Duran Duran en bossant et d'en jaser entre amis sur mon téléphone. Dans l'intensité et la cohue, toujours se garder des corridors d'évasion. Étier mon vendredi au travail m'inquiétait peu. C'est que le souper en soirée me tentait moins encore. Cette amie de ma conjointe n'est pas vraiment la mienne. Et celle-ci avait eu la mauvaise idée d'inviter (chez nous!) deux autres personnes que je connaissais encore moins, pour y souper. Après le boulot, j'ai fait deux épiceries, puis, suis passé à la bibliothèque et ai été surpris que personne ne soit chez nous, au retour, vers 17h45.  Quand j'ai texté à l'amoureuse "à quelle heure arrivent les gens?" elle m'a répondu que non, finalement, ils sont en ville et y souperont. J'ai demandé si c'était grave que je n'y sois pas, rompu à un rythme de vie qui m'épuisait un peu. On m'a donné congé sans problème. Là, j'ai vu une fenêtre importante. Un corridor. 


Qu'est-ce que j'avais vraiment envie de faire à la place ce soir-là? VOIR DUNE AU CINÉMA! J'étais le seul intéressé par ce film de toute manière et les deux kids avaient aussi des activités avec leurs ami(e)s en soirée. Je suis allé voir Dune. Soir de première. Pas été déçu. (Sauf pour le 3D, toujours inutile pour moi). 

 Ma conjointe revivait ses 14 ans avec son amie en ville, je revivais les miens dans une salle de cinéma. Je m'étais créé ce corridor d'agréabilité qui me faisait voyager de manière tellement intéressante pendant quelques jours. Certains passages m'habitent encore. Faut voir en salle. Science-Fiction raffinée. 

Mais je me couchais autour de 1h40 du matin. "hello strangers" que j'ai dit aux Femmes le lendemain matin.

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Le même vendredi, on apprenait quelque chose de tout simplement horrible. On a tous entendu ce qui s'est passé autour du tournage, au Nouveau-Mexique d'un film produit (et avec) Alec Baldwin. Une balle de fusil, une vraie, dans un fusil à blanc, a atteint la directrice photo et le réalisateur. Halyna Hutchins, directrice photo, en a perdu la vie. Alec Baldwin l'a tuée par accident. 

Baldwin a eu une vie mouvementée. Il a été plusieurs fois impliqué dans des histoires de violence, verbales, physiques et psychologiques, qu'il a reconnu et pour lesquels il a été trouvé coupable. On comprend que c'est intense autour de lui. C'est aussi, un peu le propre des acteurs et des actrices, ce corridor d'intensité qu'il faille savoir bien calibrer. L'erreur était humaine. L'état des choses, inhumaines. Baldwin serait moins à blâmer que son son équipe de prod.

1979-2021

Tous les gens impliqués sont désormais dans un corridor  extraordinairement hanté. 

Je peine à comprendre pourquoi, dans un fusil à blanc, est-il vraiment nécessaire d'avoir parfois, une vraie balle. Ce type de réalisme ne sera jamais reproché à une équipe de production. On tournait un western. 

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Puis, finalement, il y a cette histoire que je n'ai pas réussi à chasser de ma tête. Encore jusqu'à maintenant. Un corridor aux portes fermées partout.

Serge Thériault. Vous connaissez? Un splendide talent de chez nous. Un acteur, un homme drôle. Une icône. Une moitié importante et indispensable de Paul & Paul, Ding & Dong et La P'tite Vie. Un homme qui, depuis toujours, lutte continuellement contre sa propre tête. C'est connu. Il y a plusieurs années, je me rappelle un hommage, dans une soirée de remises de prix, qu'on lui avait fait, au Québec. Sur scène, recevant son prix, je le sentais tellement inconfortable. Il l'était, très visiblement. Il semblait regarder les gens dans la salle en se disant: "je le sais pourquoi vous me donner ça. Vous voulez me sauver de moi-même.". Il ne se trompait peut-être pas.


Un documentaire autour de lui, sur ces voisins, a été tourné par Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe. A été lancé, la semaine dernière, une bande-annonce assez bouleversante. Qui me hante. Thériault, aux prises avec une grave dépression depuis 6 ans, ne sort plus de chez lui. Depuis autant de temps. Ne se nourrit presque pas. Robert, un voisin,  s'occupe de tenter de le faire vivre un semblant d'existence. De le sortir, ne serais-ce que de sa chambre. Celle qui partage la vie de Thériault, enfin qui l'a fait au moins un temps, est à l'origine de ce film. 

Ce corridor n'a que des portes fermées. On essaie de les ouvrir. Ça sort en salle le 19 novembre prochain.

Serge sort...quand? 

(de sa tête)

Ai eu le réflexe, ce week-end de revisiter son talent en réécoutant Gina et La Gammick