samedi 31 octobre 2020

Vos Osties d'Hommes D'Affaires...


 Vous êtes pas écoeurés de vous voter des hommes d'affaires au pouvoir? 

Cette semaine, le commissaire à l'éthique a finalement "blanchi" l'ancien ministre des finances canadien Bill Morneau dans le dossier qui l'avait coincé à se faire tout payer, lui et sa famille par nous We Charity, le programme BÉNÉVOLE le plus faramineux que le Canada n'ai jamais nourri, en Afrique. On en est pas à un paradoxe prêt. 


Pour la xème fois, un homme d'affaires se fait coincer à fourrer le monde, choisit de rembourser une fois pris la main dans le sac, et on passe l'éponge. Les voteurs ont la mémoire courte de toute manière, ils revoteront pour des (osties) d'hommes d'affaires. Comme le joueur de soccer qui fait semblant d'être blessé afin de manipuler le jugement de l'arbitre, on oubliera aussi vite que cet homme est une crapule. 


Comprenez moi bien, les gens d'affaires sont absolument nécessaires à la croissance économique d'une société qui veut fleurir, mais si vous le placer au sommet de la pyramide décisionnel, il ne verra que les chiffres. Notre Premier Ministre en est une autre preuve. Le milieu des arts n'est pas un milieu payant, on ferme. Les gyms resteront fermés ou seront mis à l'amende (deux, hier), mais l'abattoir Olymel, où 15 cas ont été répertoriés parmi les employés et que le foyer de contamination est un brasier continu, peut, lui rester en fonction. Les produits alimentaires font présentement, une fortune.  Money first. Mais il est vrai, je le concède que manger est plus vital que s'exerciser. Cessez alors de parler de déprime saisonnière plus grave en ce moment si vous en coupez les moyens de se garder équilibré des sens par le loisir!  


Toujours près de l'homme d'affaires Legault se trouve notre propre ministre des finances, Pierre Fitzgibbon, un autre homme d'affaires, habitué à tourner les coins ronds, à faire de la comptabilité "créative", à tricher en douce. Vous aimez ça les osties de tricheurs. Dans le cas de Fitzgibbon c'est à faire hurler les statues de la dignité.  Fitz avait un ami lobbyiste, se trouvant à être le même homme ayant acheté les actions dans une entreprise que détenait Mr.Fitzgibbon et dont il devait se départir, une fois confirmé ministre. C'était un IMMENSE service à rendre à Fitzgibbon que de lui acheter ses actions. Encore plus si Fitz pouvait encore garder un oeil sur les affaires... Mais ça, il n'avait pas le droit. Pourtant, cet ami, lobbyste, je le rappelle, de par la nature de son travail, se rendait voir le ministre afin de lui vendre des projets. Voyez vous l'ascenceur qui monte et qui redescend aux mêmes étages? Les dos qui se grattent mutuellement? 

Fitzgibbon, ne comprenant rien à rien, étant d'abord un homme d'affaires, pas un politicien, ne saisit toujours pas son erreur. Même blâmé par la commission de l'éthique gouvernementale Québécoise. Il a dit que "...et bien oui, j'accepte la décision et j'aurais peut-être dû rencontrer cet ami en présence d'un témoin.." 

(...)


NON, FRIPON!

Tu ne devais juste pas le rencontrer du tout. Conflit d'intérêt était imprimé partout à partir du moment où ce même homme achetait tes actions, Fitz!

Si ceci se passait chez les Libéraux, chez QS ou au PQ, vous pouvez être certain que legault en aurait déchiré sa chemise et aurait réclamé une démission rapide. Il s'est contenté de la petite tape sur les doigts. Entre businessboys, on se protège.  


Chez nos amis d'en bas, s'élire un homme d'affaires aura été bon pour certaines affaires. Et c'est tristement ce qui pourrait grandement le faire réélire, dans la nuit de mardi à mercredi prochain. Le pétrole, c'est des gros sous. Et Joe a parlé de glisser vers le vert. Trump peut gagner chez tout ceux qui font de l'argent quand il est au pouvoir. Et ils sont nombreux. Même ma propre conjointe, travaillant dans une banque, me dit que Trump au pouvoir est très très bon pour notre portefeuille personnel. Je ne sais trop par quelle mathématique, les chiffres, je les lui laisse entièrement dans le couple, mais Trump au pouvoir fait de nous un foyer plus riche et Trudeau au pouvoir nous est beaucoup moins favorable. 


Trump pourrait être réélu parce que les gens qui veulent faire de l'argent, voteraient encore pour celui qui leur en fait faire. En Pennsylvanie, État-clé de l'élection de mardi prochain, ce sont 50 000 emplois qui sont directement liés au pétrole et près de 60% qui ont des liens avec des gens qui travaillent dans le pétrole. C'est beaucoup. 

Biden veut diriger le pays loin des énergies fossiles et plus près de l'énergie renouvelable. 


"Remember that Texas, Pennsylvania, Oklahoma...." a alors dit Trump aux caméras lors du dernier débat.

J'en ai eu mal au ventre. J'ai vu Trump gagner des votes.  J'ai vu des cravates se rajuster, des jambes et des bras se croiser, satisfaits, s'étant fait une tête. Des têtes axées sur l'argent et rien d'autre, se dire, "je ne voterai pas pour Trump, mais je voterai pour ce qui me rend plus riche".


Qui serait peut-être aussi, Trump. 

Wach!

C'est le bon vieux Fyodor qui disait que l'homme juste et honnête ouvre son coeur tandis que l'homme d'affaire y entre et y suce tout ce qu'il peut.


Continuez à élire ces osties d'hommes d'affaires qui prioriseront toujours les chiffres d'abord. 

L'argent altère beaucoup trop de choses. Il brouille les jugements.

Dommage qu'il ensorcelle et hypnotise autant. 

vendredi 30 octobre 2020

Danser Sa Survie


 Mardine Pascaline et ses amies chantaient si bien ensemble, en trio, qu'elles avaient pensé un temps se partir un band de filles. Trois voix, celles de Guenièvre Padoreye, Annie-Croche Pascalentan et Mardine Pascaline.  Elles s'étaient connues au secondaire comme voisines de casiers, classés en ordre alphabétique. Elle auraient été les Fifth Harmony du Québec. Mais à trois, pas à 5. Et tentant de vendre la musique pas leurs corps. 

Mais G.Padoreye avait choisi d'accepter un emploi en pharmacie. Son champs d'études. Et A.C.Pascalentan était devenue technicienne en environnement. Son champs d'études aussi. Le champs d'études de Mardine restait plus vague. Études Françaises. Et sa passion du chant ne dérougissait pas. Dans sa douche, sa cuisine, partout, elle se faisait aller les cordes vocales. Et ce n'était pas son job clérical à la maison d'éditions qui allaient représenter le reste de sa vie. Elle voulait être reconnue comme chanteuse. Et elle irait, toute seule, à La Voix. Aux auditions.  Ce serait sa quatrième fois. Deux fois avec Guenièvre et Annie-Croche. Avec le but avoué de peut-être se réunir, si choisies, comme trio, comme Bananarama, formation dont leurs mères leur avait parlé. Ce qui leur avait donné l'idée de se nommer, si un jour elles étaient un trio de chanteuses, Mangorama. 


Un échec assuré. 

G. & Annie-C l'avaient compris. Et elles ne s'étaient pas présenté aux deux dernières auditons, avec Mardine. Celle-ci y avait été deux fois seule et les deux fois, elle y avait cru. Maintenant, à 26 ans, elle allait vraiment tout donner. Elle refuserait un potentiel refus en pré-audition. Elle voulait se rendre jusqu'au gendre de René Angélil, jusqu'au chanteur pour madames, jusqu'à la belle jeune chanteuse et le rockeur paumé. Elle voulait au moins la visibilité de la télé. Ne tournez pas vos chaises, mais si à la maison quelqu'un est séduit, au moins ça, ça pourrait suffire. Lui ouvrir des portes. 


Le jour de la pré-audition, Mardine avait choisi de chanter Fake Plastic Tree de Radiohead. Ses deux amies avaient fondu en larmes à l'entendre la chanter. Elle ne pouvait que charmer les gens de la pré-audition.

Et pourtant, non. Après la chanson, convaincue d'avoir marqué partout elle le devait, on lui avait signalé mollement qu'on la rappellerait peut-être. Ce qui voulait aussi dire "peut-être pas". Ce qu'elle compris tout de suite. C'est aussi comme ça qu'elle était tombée dans le néant le deux fois d'avant.  On ne faisait même pas d'essai télé. Elle savait qu'une pré-sélection impliquait un essai camér. Ça ne marcherait pas comme ça. Elle refusait le refus. 


"J'espère que ce n'est pas parce que j'ai l'air de la fille d'à côté. La girl next door, ça pogne aussi. Demi Lovato c'est une girl next door.  Marie Pierre Arthur aussi...."

"La beauté ça peut se bricoler dans une salle de maquillage" dira une pré-sélectionneuse, sans conviction, mais donnant tout de même une explication confirmant qu'ils n'avaient pas été épatés de sa performance. Mardine, empreinte à un désespoir creusant un trou dans sa poitrine déjà vidée d'air d'avoir chanté, commença spontanément à danser. Et à ne pas cesser de danser. Sur une absence de musique. Ce qui rendait le moment...pathétique.

Quand on l'a sortie, de force, elle avait des larmes au yeux, et dansait encore une sorte de rigodon. Leur proposant un corps à vendre si ils ne voulaient pas de sa musique. 

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Martine est comme bien des gens actuellement, en télétravail. Il y a quelques avantages mais les inconvénients sont beaucoup plus présents. Et lourds. Quand les problèmes de connexion au bureau à distance ou quand Teams et Outlook ralentissent et plantent tout simplement, le technicien n'est plus à un cubicule près pour dépanner. Il est désormais assez facile de perdre plus de trois heures, paralysé par un pépin informatique. Les techniciens pouvaient rétablir une confiance assez vite et vous faire travailler sur le sens du monde.

Mais le monde est à l'envers en raison du monstre invisible qu'est la Covid. La disponibilité au travail est devenue une frontière nébuleuse. Il n'est pas rare de recevoir des appels, des textos, des notifications liés au travail passé 21H. Territoire proscrit il y a 8 mois. Elle qui commençait ses journées à 7h le matin et qui les terminaient déjà entre 18 et 19, voit maintenant ses heures, déjà exagérées, étirer leurs muscles. La charge mentale de Martine est devenue si louuuuuuuuuuuuuurde.

Peut-être pourrait-elle faire de l'exercice se disait-elle. Ne serais-ce que pour se garder un équilibre mental et physique. De son bureau improvisé à domicile, elle voyait le regroupement de gens du Gym de son secteur, le Gym à Pauline, dehors, tentant de se réchauffer, et manifestant contre le nouveau 28 jours de fermeture des gyms décrété par le gouvernement Québécois. Ils étaient masqués. Distanciés aussi. Buvant café et se frottant les mains. Voulant attirer l'attention sur leur possible extinction. 


Après quelques heures comme ça, en groupe, dehors, ils se sont mis à chanter. "haut les mains! Haut les mains! haut les mains! donnes-moi ton gym, donne-moi, donne-moi ton gym, donne-la moi". Il y avait du cynisme à la pelle. En milieu d'après-midi, Martine resta surprise de les voir danser dans un cours d'aérobie improvisé. Bonne idée. Ils se réchauffaient ainsi. Et faisaient profiter de certains talents du gym, au repos forcé. `

Puis, vers la fin de la journée, ils étaient moins, mais ils étaient tout aussi étonnants. Ils étaient tous couchés au sol, sur le ciment du stationnement du gym, et c'est un cours de yoga, de relaxation qu'on improvisait maintenant.  


On avait dansé, on avait yogé, mais on ne savait pas, à moyen terme, si on allait subsister.

Il y avait quelque chose de pathétique dans leur aérobie d'après-midi.

Quelque chose des joueurs de violons du Titanic. Qui continuaient de jouer sachant le bateau en train de couler. 


Pour mourir dans la gaieté. 

Mardine avait fait une danse de pitié.

Martine avait été témoin d'une danse de vulnérabilité.

Le pathétisme s'était, ce jour là, rythmé. 

jeudi 29 octobre 2020

Petits Mais Aussi Tellement Grands


Être libre, je le répète de plus en plus souvent, c'est prendre le contrôle absolu de son temps. 

Je le fais de plus en plus depuis mon nouveau poste au bureau. Ce que je fais depuis plus longtemps encore est de me garder, sur mon téléphone intelligent, dans le fichier "notes", un dossier appelé platement "Films". Et chaque fois que ma curiosité vient chatouiller mon intérêt, j'y place un titre qui m'est venu à l'esprit ou un titre que quelqu'un m'a inspiré. Enfin, un film que je voudrai voir dès que j'en aurai la chance. 

Et comme le disait si bien le prophète irlandais Lucky Clover, on créé sa propre chance. 


De temps à autre, je vais fureter parmi les titres, regarde ce qui est disponible à la bibliothèque, qui me rend si vivant que je l'appelle la Vievliothèque, et je réserve ceux qui s'y trouvent. À travailler comme je le faisais, au moins 3 x 13 heures par jour (sur 4) par semaine, je ne trouvais plus le temps aussi facilement dernièrement. Et comme ma vie nouvelle vie de bureau me fait maintenant travailler 5 jours, je n'ai plus le vendredi pour au moins me taper deux-trois films. 


Plus j'attends pour visiter ma longue liste de films à voir, plus ils sont disponibles à la Vievli. Et comme la ville que j'habite n'est pas la plus intéressante, ni la plus futée au Québec, les bons films/livres sont TOUJOURS disponibles. Enfin ils ne commandent pas toutes mes envies parfois pointues, mais à partir de la semaine dernière, 20 des mes titres s'y trouvaient. Je ne pouvais pas réserver plus de 10. Et comme j'avais trois livres je n'ai pas pu me réserver plus de 7 films. 

Étrangement, et je ne l'ai jamais calculé ainsi, les 7 films avaient des racines très québécoises. Et en une semaine, je les ai tous vu avec un ravissement toujours renouvelé. 

  Mes 7 jours en films:


Jeudi soir: Une Colonie de Geneviève Dulude-Decelles.

L'excellente Émilie Bierre incarne une jeune adolescente, nouvelle à son école secondaire, déchirée entre ses nouvelles amies qui explore les envies sexuelles, les soirée de fête et l'alcool, et un nouvel ami d'origine autochtone, intensément protecteur de sa nation, et sa propre famille, dont papa couche sur le divan parce que maman et lui se chicanent trop souvent. Maman est une ancienne danseuse contemporaine mais les jeunes élèves de l'école ne réfléchissent pas si loin et s'arrêtent au terme péjoratif de "danseuse" (suggérant une danseuse nue) et la petite soeur de notre jeune fille principale en fait les frais en terme de taxage. Très intéressant film, le premier de Miss Dulude-Decelles, et brillante performance de sa jeune actrice, récompensée plusieurs fois pour ce film. De A à E je lui ai mentalement donné un B. 


Vendredi fin de journée: The Death & Life of John F. Donovan de Xavier Dolan.

ooooh...j'ai mis du temps à finir ce film légèrement agressant. Une journaliste désintéressée par l'entrevue qu'elle s'apprête à faire avec un jeune auteur dont elle n'a pas lu le livre, le rencontre et lui fait raconter sa vie de jeune correspondant de 11 ans, qui écrivait à son idole, John F. Donovan, une star de la télé et du cinéma, et dont la correspondance papier qu'ils ont entretenu pendant plusieurs années, à l'insu de tous, à coûté une partie de la carrière de l'acteur, lorsque révélé. Le casting est impressionnant. Jon Snow (Kit Harrington, en fait), Nathalie Portman, Susan Sarandon, Kathy Bates, Thandie Newton, Jacob Tremblay, Micheal Gambon...et tiens! Pascal Morissette en fan de Donovan le reconnaissant dans un bar! Le personnage du jeune correspondant, maintenant à 21 ans, m'a grandement agressé. Puis, je me suis rappelé ce qui m'agressait aussi chez Dolan. Cette arrogance toujours prête à dégainer. Souvent inutile. Le récit étant en partie autobiographique, Dolan a prêté ses traits de caractère à son personnage principal. Et j'avais légèrement oublié que Dolan était gay. J'ai vu J'ai Tué Ma Mère, que j'ai trouvé gauche mais dont j'ai admiré l'audace, Les Amours Imaginaires que j'ai trouvé nettement meilleur, entre Godard et Wong Kar-Wai, que j'aime beaucoup, Laurence Anyways, moins intéressant à mes yeux, si bien que j'ai esquivé le suivant, Tom à la Ferme, très plongé dans l'univers gay qui me rejoint moins, j'ai vu Mommy qui répétait un peu J'ai Tué Ma Mère selon moi, puis Juste La Fin du Monde, franchement inégal, où l'attrait pour les personnages filmés devenait plus difficile. The Death & Life... offre à nouveau une large courbe narrative à l'angle homosexuel. Et là je me suis rappelé que ça ne m'intéressait plus temps que ça cet univers aux personnages parfois assez repoussant. Le frère de Donovan dans ce film, son amant, ont tous deux des têtes de goons au hockey. Je ne peux pas lui en vouloir de parler de ses réalités à lui. Mais je crois qu'elles ne m'intéressent plus. J'ai tout de suite rayé Mathias & Maxime de ma liste de films à voir dans mon téléphone où je sens que je ne supporterai aucun personnage. E. Pour Effort raté in English. 

Vendredi soir:


 La Femme de Mon Frère
de Monia Chakri.

Tiens, il y a un lien avec Dolan, Chakri est une grande amie de Xavier et a joué dans son (meilleur selon moi) film, son deuxième. Une diplômée en philosophie se cherche un emploi et une direction dans la vie. Elle est extrêmement proche de son frère et encaisse mal, à la fois son statut d'emploi précaire, son célibat et la nouvelle amoureuse de son frère qui est aussi celle qui vient d'avorter son bébé. Monia est drôle. Mais on sent assez souvent qu'elle veut être encore plus drôle. Ses dialogues passent du très très drôle au trop cynique voire arrogant. Ses personnages escaladent tellement en cri que j'ai eu à faire pause dans une chicane épique avec son frère, qui était née de presque rien. Les acteurs, Anne-Élisabeth Bossé, Evelyne Brochu, Patrick Hivon sont irréprochables. Certaines trouvailles de réalisation sont aussi marquantes. Il y a définitivement une réalisatrice intéressante derrière tout ça. C'est la couleur de ses personnage qui, encore, m'a parfois fait soupirer. Et le titre est mal choisi, selon moi. On ne suit pas la femme de son frère, mais tout ce qu'il y a autour de la soeur. La scène finale, réunissant de vrais frères et soeurs, dont Monia et son frère, est un véritable moment de beauté. Me faisant presque verser une larme d'admiration. C+

Vendredi nuit:

Genèse de Phillipe Lesage.


Un autre lien involontaire car je ne me souvenais plus ce qui m'avait attiré de ce film. Une autre histoire de frère et soeur. Plus jeunes ceux-là, d'âge secondaire (17 et 16 ans à peu près). Les excellents Théodore Pellerin et Noée Abita. Tous deux à voir et à revoir ailleurs s'il vous plait. Le film ouvre sur une scène forte montrant Pellerin animer sa classe d'un chant traditionnel Québécois. On suivra, dans ce film, les éveils sentimentaux des deux personnages principaux, les  bonheurs plus rares que les écorchures. Le plan "final" offre deux guerriers blessés. Mais ce plan final est trompeur. On ouvre la dernière demie heure sur un tout autre film, tout aussi intéressant, qui est en fait un court-métrage du même Lesage, ouvrant habilement sur la même chanson que son premier film, mais cette fois interprétée par un groupe de musique traditionnelle dans un camps de vacances. Un camp de vacances où se trouve, parmi les animateurs, Émile Bilodeau.  La réalisation de Lesage est très admirable. Ses interprètes, de la première heure et demie comme de la dernière demie heure, sont aussi parfaits. Noémie Bierre s'y trouve encore.  La première partie ne semble avoir aucun lien avec le seconde, mais au contraire, on a l'effet miroir d'éveils sentimentaux de part et d'autres. Des éclairs de chaleur dans la nuit d'été. Très intéressant. M'a fait relire Franny & Zooey de J.D.Salinger. B+

 


Samedi matin:

 Kuessipan de Myriam Verreault. 

J'avoue m'être attendu à davantage. J'ai lu l'auteure (Naomi Fontaine), que j'avais aimé. J'avais assez hâte de voir ce film. Mais j'ai trouvé le jeu des acteurs assez pénible. Et certaines répliques, dans leurs bouches, terriblement livrées. On suit deux amies d'enfance, deux autochtones sur la réserve de innue de Uashat-Maliotenam de Sept-Îles, maintenant ancrées dans le jeune vingtaine, une déjà maman, mais dans une relation trouble et l'autre tombant en amour avec un blanc, terriblement joué par Étienne Galloy. Leur vision de l'attachement aux origines est différentes et elles s'accrocheront violemment sur le sujet. Aurait pu être nettement meilleur. Mais pas inintéressant. J'ai noté au moins trois idées de sujets à vous discuter de ce seul film. Mon sang Atikamekw j'imagine. C+

Samedi PM:


Répertoire des Villes Disparues
de Denis Côté.

D'emblée, j'adore Denis Côté. J'ai vu pas mal tout ses films. Mais c'est aussi un ami. Et quand je le reconnais dans ses tournages, ça me plait encore plus. Côté est brillant avec ce film qui parle d'identité dans un petit village de 215 habitants pleure la mort d'un des leurs, suicidé ou pas, à 21 ans. Le film est spectral, mais aussi assez amusant. Comme Côté au privé. Les décors hivernaux de la ville fictive de Sainte-Irénée-les-Neiges (St-Michel en Montérégie) sont formidables. C'étaient d'ailleurs quelque chose qu'on avait discuté ensemble. On était d'accord pour dire que ceux qui avaient compris que filmer l'hiver du Québec était payant à l'image pouvaient vraiment faire voyager leurs films. Celui-là met en vedette, en contre-emploi, Josée Déchesne et Jean-Michel Anctil en parents endeuillés, Diane Lavallée en mairesse, Robert Naylor en frère endeuillé, Larissa Corriveau fabuleuse surprise de ce film en personnage assez fameux. J'ai beaucoup beaucoup aimé. Regard sur nos villages qui se meurent. Et sur les esprits de clochers. B+  

Mardi soir:


 Jeune Juliette
de Anne Émond.

J'avais beaucoup aimé Nuit#1 et le traitement de Nelly aussi. J'étais donc tout ouïe pour son dernier film. Que j'ai aussi adoré. Juliette est une autre adolescente d'école secondaire qui est aussi obèse. Elle est une élève surdouée mais on commence à lui rappeler, assez brutalement, qu'elle est grosse. Charmante mais cruelle est cette histoire qui nous présente encore des éveils sentimentaux adolescents. Anne Émond a confessé une certaine part d'autobiographie, pas chez son personnage principal, mais en écrivant sa meilleure amie. Le film n'est pas du tout dans le même ton que les deux que j'avais vu d'elle, plus sensuels, voire sexuels, et le dosage humour/cruauté est assez intéressant. Alexane Jamieson est une révélation. La réalisation, assez pop-art, est très agréable. Le traitement de l'image des deux films précédents que j'avais vu d'elle était aussi fort remarquable. B


Retrouvant Émilie Bierre dans Une Colonie et Genèse, Robin Aubert dans Une Colonie et Jeune Juliette,  Jocelyne Zucco dans La Femme de Mon Frère et Répertoire des Villes Disparus, Etienne Galloy dans Genèse et Kuessipan, Amaryllis Tremblay dans Genèse et dans Jeune Juliette ET dans le même rôle de jeune amoureuse pleine de rires et de candeur, j'ai pas pu faire autrement que de me dire qu'on était assez petit au Québec. 

Mais en quelque part, je nous ai trouvé formidablement grands aussi. 


Combien de pays de 8 millions de gens peuvent se permettre de faire tourner au moins 7 personnes dans leur coin de vie? de faire tourner des Femmes? Donc la moitié touchait à l'homosexualité? 

Et on est techniquement pas un pays...

J'ai goûté une belle et saine liberté. J'ai bu du chez nous fièrement. 

mercredi 28 octobre 2020

Les 7 de Chicago

 


Qui étaient 8.

Le jour de 20 ans de ma mère, se tenait la Convention du parti Démocratique qui allait nommer Hubert Humphrey comme (mauvais) candidat présidentiel face à Richard Nixon en 1968. Donc le 28 août de cette année-là, à l'International Amphitheater de Chicago, un grand rallie de manifestations, principalement contre les dernières décisions militaires de Lyndon. B. Johnson dans le cadre du conflit de cet ordre, au Vietnam, se tenait autour du Lincoln Park et de la portion sud du Grant Park. Il est interdit, par les forces de police en place, de se regrouper trop près de l'amphithéâtre. La force policière arrête la marche des manifestants face au Hilton et les piège passé 23 heures, heure établie du couvre-feu qu'on avait imposé, ce soir là. 


Il faut savoir qu'une loi, même pas vieille d'un an, empêche quiconque de conspirer pour traverser les frontières d'un état dans le but de provoquer une émeute. La police peut aussi être accusée d'avoir provoqué la violence qui pourrait naître d'une émeute. Ce sera le constat final, mais quelque 5 ans plus tard.  Les manifestants chantent "le monde entier nous regarde" et il est vrai que les caméras sont partout. La police paraîtra mal brutalisant tous et chacun si violemment que même l'animateur télé de la convention démocratique dira que la convention s'ouvre dans état policier. Pendant 5 jours et 5 nuits, la guerre est absolue entre manifestants voulant se venger de la brutalité policière et policiers, utilisant des gaz lacrymogène, matraque, et procédant à de multiples arrestations. 

C'est une gestion désastreuse qui dérapera à 100%. 

On choisira de faire un exemple de cet épisode que tout le monde a vu à la télévision, et on trainera en cours 8 leaders des manifestants et autant de policiers ou représentants de l'ordre. Ces derniers ne seront jamais inquiétés par la justice qui avait condamné d'avance les 8 leaders des manifestants. Le juge Julius Hoffman, un vieux sénile ouvertement haineux des tenues et de l'apparence des accusés et de leurs défendeurs, commettra une demie-tonne d'impairs juridiques et qualifié d'incompétent après les faits. Son idée était faite. Ces rebels without a job étaient coupables de simplement être ce qu'ils étaient. 


Et les 8 offriraient tout un show. Abbie Hoffman et Jerry Rubin surtout. Se moquant souvent du juge, anticipant ses réponses et les disant en choeur à sa place. Se déguisant aussi parfois. Bobby Seale, co-fondateur des Black Panthers, n'aura pas d'avocat, celui-ci, malade et on ne sera jamais, jamais juste avec lui. Seale n'était passé que deux jours à Chicago, et que 4 heures publiquement. Il n'avait rien à voir avec tout ça. Puisqu'on lui refuse le droit à un avocat, il veut se défendre lui-même et s'impose vocalement si souvent que le juge Hoffman le gardera menotté et la baillonné  pendant plusieurs jours en pleine cour, jetant un malaise parmi tout le monde qui ne cessera pas de se creuser au fur et à mesure que les décisions irrationnelles et visiblement pleines de préjudices allaient se développer. Seale, n'ayant aucun rapport avec les 7 autres, sera finalement séparé du groupe, et condamné pour 4 ans de prison pour outrage au tribunal. Ce qui sera annulé, face à la partialité du juge, en appel. Seale a eu 84 ans, jeudi dernier.


Abbie Hoffman n'avait que le nom de famille en commun avec le juge Julius. Quand celui-ci voudra que ce soit clair que Abbie n'était surtout pas son fils, Abbie dira plaintivement "Papa! pourquoi me renie tu ainsi?" Pour le plus grand plaisir des gens dans la salle d'audience qui riront beaucoup quand Hoffman (ou Rubin) feront les clowns. Abbie Hoffman est bipolaire. Il est donc très intense. Sous le principe de vouloir vivre gratuitement toute sa vie, il publiera un livre qui est un peu l'ABC de la désobéissance sociale, dont on ne connaîtra jamais complètement les ventes réelles puisqu'il s'appelait Steal That Book. Ce que plusieurs ont honoré comme souhait. Un autre de ses livres s'appelle Fuck the system, ce qui donne à nouveau une couleur au personnage. Les multiples coups de théâtre d'Hoffman (comme tirer des milliers de dollars, la plupart faux, sur le plancher de la bourse et pointant les gens qui se bousculent pour les ramasser afin de prouver que les gens sont esclaves de l'argent) inspireront de nombreuses personnes à se politiser davantage. Quand on lui demandera dans quel État habitent-il, en cours, il répondra qu'il habite l'État d'esprit de ses frères et soeurs. Il dira aussi que la seule obscénité dans la salle de tribunal était la conception de la justice du juge Julius Hoffman. Il écopera de 5 ans de prison. La décision sera renversée pour tout le monde, une fois la loupe bien posée sur les procédures douteuses du juge. On ne lâchera jamais, l'arrêtant pour "possession" plantée de cocaïne.  Il aura recours à la chirurgie plastique et se cachera jusqu'à ce qu'il se rende, en 1981. On le coffre pour un an en prison, mais il ne fera que 4 mois. Le FBI aura 13, 262 pages de documentation sur lui. Il fait un caméo (se jouant lui-même dans une manifestation) chez Oliver Stone dans Born on the Fourth of July. Stone utilisera aussi leur avocat, William Kunstler dans The Doors, la même année. Le 12 avril de cette même année 1989, il est retrouvé mort, ayant croisé pilules et alcool. Il n'avait que 52 ans. 

Jerry Rubin est un activiste social depuis presque toujours. Opposant farouche de la Guerre au Vietnam, il est excessivement créatif dans ses coups d'éclats toujours plus surréalistes. Il sera un des fondateurs du mouvement YIP, un parti politique anti-autoritaire et libertaire. Il a, avec des complices, tenté de freiner un train transportant des soldats et des camions transportant du Napalm. C'est dans le YIP qu'il fait la connaissance du volubile et coloré Abbie Hoffman. Ensemble, ils sont hilarants. Devant le comité parlementaire sur les activités anti-américaines, au lieu de choisir de ne pas répondre aux questions, il fait le bouffon et souffle des bulles de savon aux gens qui le questionnent. Ça fera école dans les mouvements de manifestations. Trop souvent interviewé intoxiqué par la drogue, il sera difficile de le prendre toujours au sérieux. Comme alternative aux candidats Richard Nixon, Hubert Humphrey et Geogre Wallace, Rubin et ses amis du YIP proposeront un cochon de 145 livres. En octobre 1967, David Dellinger fait appel à lui afin d'aider à organiser une marche anti Vietnam jusqu'au Pentagone. Abbie Hoffman, avec l'aide du poète Allen Ginsberg chantant des chants tibétains, essaiera de faire léviter le Pentagone. 680 protestataires seront emprisonnés, 50, hospitalisés. Il organisera "le festival de la vie" au Lincoln Park, le soir de la convention, précisant comment résisté aux forces de l'ordre au public devant lui. En cour, il était perpétuellement gelé à la marijuana. Il fera la marche et le salut Hitlérien devant le juge, portera (avec Hoffman) la robe des juges, sous lesquels ils portaient un costume de policiers. Il écope de 5 ans lui aussi. Décision révisée. Il sera encore activiste jusqu'aux année 80 où il retourne complètement sa veste et se concentre sur l'idée de faire beaucoup d'argent. Il sera l'un des premiers à investir dans une compagnie prometteuse appelée...Apple. Le 14 novembre 1994, il tente de traverser le Wilshire Boulevard de Los Angeles, qui contient 6 voies, trois dans chaque direction, et se fait frapper par une voiture. Il ne survit pas. Il avait 56 ans.


David Dellinger était un ami proche de l'ancien président républicain Calvin Coolidge. Étudiant de Yale, il choisit délibéremment de quitter son milieu scolaire privilégié pour vivre un temps avec les sans abris pendant la dépression. Étudiant à Oxford, il visite l'Allemagne Nazie. Il sera chauffeur ambulancier pendant la Guerre Civile Espagnole, ce qui le dégoûtera de la guerre à jamais. Refusant de répondre à l'appel aux armes de la Seconde Guerre Mondiale (il a alors 26 ans) il sera emprisonné comme objecteur de conscience. Il sera politiquement investi dans le comité de la révolution non violente, sera ami avec des gens aussi divers que Eleanor Roosevelt, Ho Chi Minh, Martin Luther King jr, Abbie Hoffman, et de nombreux membres des Black Panthers, dont Fred Hampton, qu'il admire beaucoup, et que le gouvernement assassinera. Nettement plus âgé que les autres accusés (il a alors 53 ans), il apporte une certaine crédibilité au groupe. Il écope de 5 ans, qu'il ne fera pas, quand la décence s'en mêle. En 2001, il dirige une marche du Vermont à la ville de Québec afin de protester contre une zone de libre-échange. Il décède en 2004 à l'âge de 88 ans. 

Rennie Davis avait négocié, sans succès auprès du conseiller de la ville de Chicago, afin que son groupe, le National Mobilization Committee to End the War in Vietnam, puissent tenir un rassemblent au Grant Park le soir de la Convention Démocrate. Ils ont tenu leur rassemblement tout de même. Il a été l'un des plus battu par la police. Étrangement étant l'un des plus pacifique qui soit. Il s'en sortira avec une sévère commotion cérébrale. Il écope de 5 ans. Mais n'en fait pas un jour. Il deviendra un investisseur pyramidal et un grand adepte de la méditation. En 1996, il remonte sur scène au Grant Park, avec Tom Hayden, discutant de nouvelles manières de voir et comprendre la vie, pendant que ce tient tout près la Convention Nationale Démocratique. On appelle ce festival, en hommage à Rubin, Le Festival de la Vie.  Il a 71 ans depuis Mai.


Lee Weiner était un peu connu activiste et travailleur social complètement abasourdi quand il a appris qu'il était accusé de conspiration dans le but de créer une émeute. Il était l'un des plus diplômé du groupe. John Froines, doctorant en chimie, était tout aussi surpris de se savoir associé au groupe. Les deux étaient lancés dans le groupe avec malice, dans le but de prouver la bonne foi du gouvernement, qui voulaient en acquitter au moins deux, pour faire bonne figure. Ils ont donc embarqué deux innocents comme pions du jeu d'échec. Ils ont effectivement été complètement innocentés, puisqu'il était impossible de les associer à quoi que ce soit tellement la fraude gouvernementale était immense. 


Finalement Tom Hayden sera un jeune militant de gauche épousant très jeune une protestataire dénonçant les lois non favorables aux humains à la peau noire. Suivant les Freedom Riders, il sera régulièrement battu par des blancs suprématistes. C'est en prison, après des démêlées avec les forces de l'ordre, qu'il rédige la manifeste de la Student for Democracy Society. Qu'il rafine et rend crédible d'un discours d'une "nouvelle gauche" orientée vers l'anticommunisme, la démocratie participative et l'action directe. Sa femme et lui divorcent en 1965. Il travaillera très fort afin de faire intégrer les humains à la peau noire dans les entreprises des États-Unis. Ce qui attirera négativement l'attention du FBI (duh!). Habile discoureur, il se joint à Rennie Davis dans la National Mobilization Committee to End the War in Vietnam. Il écope aussi de 5 ans mais ne fera rien derrière les barreaux quand la vraie justice est appliquée. C'est à lui que dira le juge que, dans d'autres circonstances, Hayden aurait pu être un brillant contributeur à la société Étatsunienne. Qu'il n'était pas un clown, ni une tête brûlée comme les autres accusés. Hayden épousera, et influencera grandement, Jane Fonda. Ensemble ils auront un fils, et vivront 17 ans en couple. Il fondera l'Indochina Peace Campaign en r.ponse au conflit au Vietnam, tentera sa chance plusieurs fois, en politique, proposant toujours "une nouvelle gauche", essaiera aussi de devenir maire de Los Angeles. Il sera enseignant, journaliste, correspondant, conférencier, il écrira aussi plusieurs essais sur sa vision de la vie aux États-Unis et sur l'attitude des É-U dans le monde. Il épouse l'actrice Barbara Williams avec laquelle ils adoptent un fils. 


Vendredi dernier marquait le 4ème anniversaire de son décès, à l'âge de 76 ans.

Netflix offre en ce moment un passionnant film sur le cirque qu'a été leur procès en 1969

Signé par Aaron Sorkin dont les dialogues sont assez savoureux.  

Drôle et révoltant.

Comme pourrait l'être la prochaine élection aux États-Unis.