vendredi 30 septembre 2022

Tomber en Amour avec une Disparue

1997. J'ai 25 ans. Elle aussi. Le jour même de mes 25 ans, j'avais un plaisir fou avec mes amis, qui sont les mêmes aujourd'hui. 

Le jour même où je fêtais mes 25 ans, elle fêtait elle aussi. 

Elle lançait son tout premier album de musique, dans la même ville. Celle qui était tombée dans nos coeurs. L'hiver. L'hiver peut être si beau à Montréal. Un album extraordinairement bien tricoté avec Yves Desrosiers. Un album qui survit aux époques. Un album qui transcende tous les genres. Tous les styles. Toutes les nations. Inclassable. Une peu tzigane, un peu gypsy. Pas du fado, pas du blues, pas de la pop, pas du rock, pas du jazz, mais aussi un peu tout ça. 

Un album que j'ai acheté et que j'ai adoré au point de le trouver immortel. J'étais tout aussi amoureux de celle qui partageait ma vie dans ce sens, le suis encore. Mais sans le savoir complètement, je flanchais aussi pour Lhasa de Sela. Née à New York, élevée en partie au Mexique et à San Francisco, et qui a adopté intelligemment, comme moi, comme nous, Montréal. Il y a ce balado sur l'habile application Radio-Canadienne Oh!, où l'actrice Ariane Castellanos y lit la biographie de la chanteuse qu'avait écrite Fred Goodman. J'ai visité ce podcast en travaillant cette semaine. Lundi et mardi. 5 épisodes d'à peu près une heure et deux extras judicieux de Bïa et Arthur H, des proches de la chanteuse. 

J'ai une liste de lecture de Lhasa de Sela d'1h38. Mais je ne la connaissais pas autant que ce que j'ai appris de ce balado. Née dans un groupe de filles grouillantes dans une famille qui bougeait franchement beaucoup, elle a vécu longtemps, enfant, en autobus avec sa famille. Et quelques fois dans des quartiers de fortune improvisés où il fallait évacuer quand on choisissait d'y construire le stationnement d'une banque. La famille étrangement philosophique de River, Rain, Sky, Joaquin Phoenix, aussi bohème, était un peu comme la sienne. Errante. Parmi les soeurs de Sela, il y avait aussi une "Sky". La grand-mère maternelle était actrice importante dans America America d'Elia Kazan, en 1963.  L'école, c'était la vie. La lecture, la vie aussi. Papa était très philosophe et aura une grande influence sur Lhasa. Ce sera plus difficile avec sa mère, mais elle héritera de son fort caractère. Les filles de Sela ont toutes le même rire un peu adolescent. Elles ont presque toutes été artistes. Lhasa quitte le monde de l'enregistrement de musique un temps pour faire du cirque avec elles. Élevées de manière aussi peu traditionnelle, elles ne pouvaient pas avoir une vie traditionnelle. 

Tantôt elles vivront dans des lieux peu faciles, parfois elles vivront richement parce que maman a refait sa vie, a redivorcé, mais monsieur décède avant que le divorce ne soit finalisé et oh! magie..on se découvre riches...

La magie est partout dans la vie de Lhasa. Elle la cherche, veut la créer, s'en inspire. Généreuse, bien que très peu amoureuse, elle est impressionnante de candeur. Comme notre amie Julie, dans la trentaine, elle a attrapé le crabe. Comme notre amie Julie, elle a refusé les traitements contre le cancer. Invoquant probablement mentalement cette magie qui lui était si importante, elle préférait essayer les traitements parallèles, expérimentaux, plus naturels. Comme notre amie Julie, elle ne survivra pas, quittant notre monde après 21 mois de traitements. Lhasa survivant 4 ans de plus que notre amie Julie, cette dernière morte à 33 ans. Lhasa, à 37. 

En 2003, notre fille arrivait sur terre. 5 mois et 1 jour plus tard, Lhasa lançait son second album. Plus sombre, mais que j'ai aussi acheté. Un album si bien travaillé, avec Ibrahim Maalouf entre autres, qu'il a été récompensé un peu partout dans le monde. 

Elle qui détestait se faire catégoriser "artiste de musique du monde" cartonnait quand même un peu partout dans le monde. Mais étrangement pas là où elle était née. Aux États-Unis.  

Lhasa n'était pas facile à vivre. Patrick Watson l'a vécu de l'intérieur. Thomas Hellman aussi. "J'avais besoin de vivre, d'être parmi les humains, de me sentir parmi les humains" disait l'enfant-femme qui avait déjà vécu principalement avec ses soeurs dans un autobus dans sa jeunesse. 

"La vie est épatante mais n'a rien de joli" disait-elle aussi, apprenant à vivre avec sa sale maladie et presqu'incapable d'écrire de la musique issue du bonheur, qu'elle arrive à embrasser quand même.

 Lhasa avait cette qualité romanichelle de ne jamais se complaire dans ce qu'elle avait.

À écouter le balado, je tombais en amour avec elle. Je le disais justement cette semaine, quand les gens sont fêlés, brisés un peu de l'intérieur, ils me charment. Lhasa était brisée. À partir du moment où elle montre une bosse inconnue à Bïa, elle était brisée. Peut-être même avant. Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse, disait Niteszche. Sa mère à elle, était chaos. Lhasa vivra la déception de ne jamais être mère. 

Elle n'aura jamais 40 ans. Ni l'âge que j'ai présentement. Qui aurait aussi été le sien. À la petite école, on aurait été de la même classe, de la même cohorte scolaire. J'aurais assurément été attiré par elle. Les fèlures me parlent. Le caractère aussi. La musique. Tout ça, c'est aussi beaucoup moi. 

Elle est morte le 1er janvier 2010. A réussi son meilleur tour de magie en disparaissant. Mais sa musique reste. C'est le merveilleux des artistes. Elle est partie trop jeune.  Le balado est ponctué de sa musique et de quelques unes de ses entrevues. De ses soeurs. De l'âme trop pur de Lhasa. 

Il a neigé 40 millimètres suivant le décès de Lhasa. Comme si le ciel voulait manifester quelque chose avec la froide nouvelle de son départ hâtif. 

Patrick Watson et Esmerine ont écrit un délicieux morceau en sa mémoire. 

Il neigera maintenant avec une pensée pour toi, belle fille. 

Je suis amoureux. Mais ne serai jamais le salaud qu tu te souhaitais pour enfin un jour chanter quelque chose que tu connais.

Lhasa aurait eu 50 ans, comme moi, cette année, le jour où j'ai écrit ceci, le 27 septembre. 

jeudi 29 septembre 2022

Mark Rothko

 

Markus Yakovlevich Rothkowitz est né en Lettonie d'un père intellectuel pharmacien qui leur apprenait la politique, là où plusieurs famille Juive faisaient apprendre la religion, et d'une mère toute aussi anti-religieuse. C'était une époque ou l'anti-sémistisme était important en Union Soviétique, et les Juifs étaient facilement et fréquemment blâmés pour tous les maux sur terre. La peur est donc omniprésente dans la famille Russe qui est une famille où tout le monde lit beaucoup. Mark est le plus jeune de 4 enfants. 

 

Sentant la Révolution Bolchévique se pointer, et la conscription forcée de leurs plus vieux fils, la famille quitte la Russie en 1913 pour les États-Unis. 4 mois apr;es leur passage obligé sur Ellis Island, le père décède du cancer du colon. On vivra alors chichement. Mais Mark est si brillant qu'il passe de la 3ème à la 5ème année directement. À 17 ans, il parlera 4 langues. Il  prends part aux discussion, avec son jeune anglais , dans les cercles politiques scolaires universitaires. Il est naturellement diriger vers le droit des travailleurs et trainera autour de grands orateurs socialistes comme Bill Haywood ou Emma Goodman. Il organise des discussions suite à leurs discours. Il rêve de devenir organisateur de syndicats. Il obtient une bourse pour l'Université Yale mais n'y fera qu'un an. Il cumulera de petits emplois pour payer ses études. Yale lui était à la fois raciste et élitiste. Lors de son passage, avec son ami Aaron Director, il dirigerait un journal étudiant qui se moquait beaucoup du style de vie embourgeoisé de plusieurs élèves. Étudiant davantage ses contemporains que ses notes de cours, il lit sans arrêt. 46 ans plus tard, putain, l'Université lui donnera quand même un diplôme honorifique, alors que c'était l'Université qui l'avait expulsé. 

À New York, il découvre la Arts Students League of New York et ses jeunes artistes. Ça l'intérresse grandement. Il entre alors au Parsons The New School for Design où il a Arshile Gorki comme enseignant. Puis à l'Arts Students League of NY où il a eu Max Weber qui lui apprend le cubisme et l'avant-garde française. Les élèves sont très intéressés par le modernisme. La ville de New York propose beaucoup de galleries où on expose les expressionnistes allemands, le surréalisme de Paul Klee, les peintures de Georges Rouault. En 1928, il expose lui-même ses premières oeuvres avec des amis. Il se décroche un poste d'enseignant de l'art dans les écoles. Poste qu'il gardera encore 20 ans.  

C'est dans les années 30 qu'on lui fait comprendre qu'il pourrait vivre de son talent de peintre. Et qu'il s'en convainc aussi. Milton Avery devient son mentor, et les étés, avec Adolph Gottlieb, Barnett Newman, Joseph Solman, Louis Schanker et John Graham, ils passent leurs vacances au chalet du Lake George, d'Avery et parfois, au Massachusetts. Ils y peignent, sculptent, y font de l'art. 

Sa famille n'arrive pas à comprendre ses choix, l'argent ne semble pas l'intéresser alors que c'est la Grande Dépression et qu'il expose peu et vend tout aussi peu.   

C'est à partir de 1935 qu'il expose en solo. Avec le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, il change son nom pour en cacher le son Juif en Mark Rothko, de peur qu'on force les Juifs à la déportation si les Allemands gagnaient cette sale guerre. Roth restant encore trop Juif. Après la guerre il peint inspiré de la mythologie et du surréalisme afin d'exprimer le tragique. Auparavant, il baignait surtout dans l'expressionisme abstrait. 

Il devait peindre des murales pour le Restaurant Four Seasons du Seagram Building mais devient dégoûté de l'idée que des riches bourgeois mangent autour de ses oeuvres. Les ayant peintes quand même , il en fera don au Tate Modem Museum.  En revanche il peint une murale qui finira dans une salle à manger de Harvard. À Houston, il offre 14 canevas à une chapelle. Il vivra très très modestement toute sa vie.


 




À 66 ans, il se surdose en barbiturique et pour ne pas se manquer, se taille les poignets au rasoir dans sa cuisine.
C'était en 1970.
Il aurait eu 119 ans cette semaine.



mercredi 28 septembre 2022

Corridors

Dans notre maisonnée, outre le prince félin, nous sommes 4.  Il arrive parfois que nous soyons tous à la maison, mais pourtant dans des corridors exclusifs. Sur nos téléphones respectifs.

On a même chacun nos applications. Notre fils traine surtout sur SnapChat, Be Real ou Instagram. L'amoureuse, est presqu'exclusivement Facebook. Je suis ponctuel Twitter. Notre fille est Tik Tok. C'est justement sur Tik Tok que je me suis récemment inscrit. Pour m'abonner à Mathieu Nadeau-Vallée dont je suis un grand admirateur. Il s'agit d'un travailleur de la santé très intelligent et reconnu nationalement, qui détruit les fausses informations entourant la Covid en quelques arguments bien amenés. D'autres fois, il nuance. Presque toujours, il clarifie. Il est aussi humble quand il se trompe et le reconnait. Quelques fois, il déconne aussi. Toujours très calmement, il interagit. Il s'agit de l'un de mes trois uniques abonnements. Mon autre abonnement est un trio de danse que j'admire partciulièrement. Deux gars, une fille. Ils sont très diverstissants et donnent le goût de bouger. Et finalement, je suis aussi abboné à ma fllle et vice-versa. Après quelques semaines, je ne peux pas dire que je supportes beaucoup l'univers Tik Tok et ses artisans. 

Toutefois c'est sur Tik Tok que j'ai vu ce gars parler à son téléphone, nous parler à nous, se plaignant des filles qui ne cessent de confesser, sur l'application, leur peur de certains types d'hommes, et il termine, sur son ton plaintif toujours, en disant "pourquoi nous raconter tout ça, vous penser nous attirer ?". Ce à quoi, une jeune femme, mangeant de manière décontractée des chips à même le sac, lui répond de son visage maternel sans rien dire, mais en faisant jouer le refrain de Staying Alive, roulant les yeux.  

Les réseaux sociaux nous offre parfois de merveilleux One-Two punchs. 

Mais n'oublions pas ici, que ce que répond madame est une réalité rare, voire inexistante, chez les hommes. Le concept de la sécurité personnelle. La plupart des hommes ne doivent y accorder mentalement que moins de 1% par semaine de réflexion. Tout dépendant de la nature du travail quotidien. Une Femme y pense depuis probablement son enfance. Depuis qu'elle a réalisé qu'un garçon, même beaucoup plus bête que soi, peut physiquement vous contraindre, vous faire très mal, voire vous tuer, même si vous êtes 10 fois cette personne à tous les niveaux. Je crois l'avoir déjà mentionné ici, mais il y a une dizaine d'années, une amie ontarienne, collègue de travail, me demandait de l'aider à se trouver un appartement en ville. Ça m'a pris deux fois pour arriver à y trouver des endroits adéquats car je n'avais jamais calculé proprement sa phrase "is it safe?". C'est pas une phrase qui joue dans la tête des hommes tellement souvent. Parfois jamais. Ça ne m'avait jamais effleuré l'esprit. J'ai habité des quartiers dits durs, mais jamais ma propre sécurité ne m'a inquiété.  

Avec tout ce qui se passe sur terre, prenez simplement l'Iran, en ce moment, les Femmes ne peuvent aucunement conceptualiser la vie comme un homme le fait sans tenir compte de sa propre protection personnelle. Encore plus quand on réalise, ado, que les garçons s'intéressent beaucoup à nous. 

C'est inévitable.

Ce qui l'est ou pas, je ne sais vraiment plus, ce sont les féminicides, dernier rempart de paille de la lâcheté masculine dans lequel il faudrait un jour mettre le feu. 

Synthia Bussières avait quitté depuis 15 jours Mohammad Al Ballouz. Ils avaient deux jeunes garçons de 2 et 4 ans. Mohammad les as tous trois froidement assassinés et a tenté d'incendier la maison afin que leurs cadavres n'existent qu'en poussières. Ça se passait à Brossard dans la nuit de samedi à dimanche pendant que nous, ici, sur l'autre 450, on reçevait 12 personnes et on avait des moments formidables à se partager. 

C'est effroyable. L'assassin n'avait aucun passé qui pouvait prévenir ce blackout. Était-ce inévitable ? Quels types de corridors mentaux sont tristement empruntés quand on se comporte comme Mohammad l'a fait ? On marche très certainement dans le noir. 

J'ai pas arrêté de penser à Synthia mardi. Au moment où elle rencontré son homme et l'a trouvé suffisamment charmant pour, avec lui, tricoter deux enfants d'un amour qu'elle pensait probablement certain. À partir de quand a-t-elle réalisé que cette relation n'était plus saine ? Avaient-il un entourage qui aurait dû "read the room" comme disent les anglos ? Les proches s'en veulent-ils ? Pouvait-on vraiment prévenir ? Les deux travaillaient en urbanisme. Leurs collègues cessent de travailler depuis. Ils sont en état de choc grave. 

Comment rendre tout ça évitable ? J'avoue lire beaucoup plus que je n'interviens sur Twitter. Enfin, beaucoup plus que certains/certaines. Mais je remarque que je suis attiré par les gens "brisés". Un de ceux-là parlent souvent de la mort et de son incapacité à éprouver toute forme de plaisir. Twitter c'est beaucoup de solitudes. Aussi saines que malsaines. Mais on dirait que plus le gars/la fille me montre ses fêlures, plus j'ai envie d'intervenir. Et souvent, le fait. Afin de prévenir. De soutenir. De donner des élans tout autant que de les dévier. La solution restera toujours la communication.

Qu'est-ce qui n'a pas été assez dit autour de Synthia et de Mohammad ? Qu'est-ce qu'on doit dire, se dire, par rapport à la multiplication des féminicides ?  

Depuis plus de deux ans, l'amoureuse, nos deux kids, des proches, amis, on s'envoie ponctuellement 1 (parfois plus) snap par jour de l'application SnapChat. Qu'est-ce qu'un snap ? Ceci à gauche. Une photo où un vidéo d'un moment de ta journée que tu peux beaucoup altérer de filtres et textes. On est, à respectivement 19, 23, 50 et 52 ans, de plus en plus actifs et même si on couche tous sous le même toit, on ne se fréquente plus autant qu'avant, parce que trop occupés ailleurs. Cette photo par jour qu'on s'envoie est la couleur de notre jour. Elle est rendue indispensable à nos jours. Une fois envoyée, on a 24 heures, parfois un peu plus, pour en envoyer une nouvelle. Avec l'amoureuse, j'ai 697 photos de suite. Avec mon fils, 544. Avec une de mes soeurs 453. Avec ma fille, 439. Avec son chum, 269. Avec ma mère, 132. On se jase en images. On se fait rire, on dramatise ensemble. 

On communique dans nos corridors respectifs.

On les garde éclairés.

Dans le même bulletin de nouvelles du jour, j'entendais qu'on trouvait chez un harceleur, coupable de violence conjugale 15 armes à feu. C'était aussi effrayant que rassurant. Cette fois, on avait prévenu.

On en parlera jamais autant que Synthia, les deux enfants & leur meurtrier. Mais on a probablement prévenu.

Le silence de cette violence est nettement plus intéressant que celui laissé dans un logement de Brossard.   

Il est important d'éclairer nos corridors. Encore et encore. 

mardi 27 septembre 2022

Mourir Sous Mussollini, Moisir Sous Meloni

Benito Mussolini (et Adolf Hitler, Staline et bien d'autres mais surtout eux) ont causé de torts irréparables au nationalisme international. Il devient rare, de nos jours, de parler nationalisme sans que le spectre du racisme ne traine pas loin. 

Mussolini, à l'aube des années 20, avait centré son nationalisme italien sur ce qui allait plus tard devenir fascisme. Il s'inscrivait en faux contre le socialisme et l'égalitarisme. Issu de la pauvreté, il refusait de croire en la lutte des classes et croisaient tous les milieux, ce qui le rendait populaire et populiste. Il favorisait compulsivement la révolution pour toute forme de réglement de conflit.  

Le roi Victor-Emmanuel III le fera Premier Ministre, en 1922, le plus jeune à ne jamais tenir ce poste, à 39 ans, à cette époque. Mussolini transformera sa nation en dictature, éliminant systèmatiquement tous ses rivaux politiques pour que son parti soit unique parti. En 5 ans seulement l'Italie était sous régime totalitaire selon toutes les lois de sa constitution.   

Quand la Deuxième Guerre Mondiale a éclatée, il a fait le choix mal avisé de joindre l'axe du mal, les Nazis et les Nippons. Après quelques succès initiaux, il a vite perdu la confiance de tous et a été destitué de son poste. Hitler lui trouvera un job de paille dans le Nord de l'Italie où il sera si mauvais et instable qu'une guerre civile y éclatera. Tentant de fuir avec sa maitresse, en direction de la neutre Suisse, ils seront capturés par des membres du parti communiste italien, assassinés et pendus par les pieds pour la postérité.

Sous ses ordres plus de 400 000 italiens sont mots au combat, et 30 000 autres dans l'invasion de l'Éthiopie directement liée à lui. Ce n'est rien à côté de Harry Truman, responsable de 220 000 morts lors des deux bombes nucléaires qui ont ralenti la guerre, mais les morts Mussolinniennes, n'étaient pas ennemies. Mais Italiennes. 

Giorgia Meloni est née en janvier 1977. Journaliste devenue députée autour de 2006, elle est à la tête des Frères de l'Italie et est présidente de l'European Conservatives & Reformists Party depuis 2020.

Née à Rome, elle joindra vite la Yout Front, puisque interessée par la politique. À 15 ans, elle est de la branche néo-faciste de Movimento Sociale Italiano. Benito, elle lui trouve de grandes qualités. On pend probablement toujours par les pieds, assassinés, les gens aux grandes qualités. De son point de vue, c'était plutôt là qu'on s'était trompé. Elle vénère aussi Giorgio Almirante, un collaborateur nazi d'autrefois. Du mauvais côté de l'histoire. 

Elle sera leader de mouvements étudiants, conseillère à la ville de Rome, ministre de la jeunesse sous le 4ème cabinet du filou Silvio Berlusconi, un rôle qu'elle tiendra trois ans. Elleest co-fondatrice du parti des Frères de l'Italie, dont elle est aujourd'hui cheffe et profite de l'absentéisme abyssale des voteurs, pour gagner l'élection d'il y a 2 jours (heure d'Amérique). 

Ell est populiste de l'aile droite, Italienne nationaliste, xenophobe, islamophobe, homophobe, contre l'avortement, contre le mariage ou l'adoption chez les gens de même sexe, contre la mort assistée, contre la migration qui ne serait pas Européènne, et était en faveur de meilleures relations avec Putin avant qu'il ne commettent ces crimes, au moins, elle a retourné sa veste et plaide ouvertement sur l'armement de l'Ukraine pour se défendre de son agresseur.

Mais sinon, l'Italie recule. Depuis 2 jours et pour les années à venir. Berlusconi qui lui avait alors ouvert la porte, plus jeune, est au coeur du retour du retour du balancier puisqu'une coalition avec lui ramène le pourri dans l'arène du cirque. 

Après la Suède qui s'est votée une exrême radicale de droite. La botte qui moisit.

Il s'agit de la toute première femme à devenir #1 au pays. Une catastrophe appréhendée. 

C'est déplorable. Un si beau pays.

L'entendre parler d'humanité au lendemain de sa victoire donne envie de gerber. 

lundi 26 septembre 2022

À La Recherche Du Temps Perdu*************************Le Labyrinthe de la Solitude d'Octavio Paz

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: La littérature.

Lire c'est accepter de naviguer dans la tête de quelqu'un d'autre. C'est choisir de s'ouvrir les sens, de sortir de ses silos de pensées, de s'ouvrir des horizons, de se confronter à des réalités nouvelles, d'y plonger, c'est danser sur des beats d'ailleurs, se nourrir d'idées nouvelles, c'est apprendre à respirer sur le souffle d'un(e) autre. 

Et respirer, c'est vivre. 

LE LABYRINTHE DE LA SOLTIDUDE D'OCTAVIO PAZ.

1950. Octavio Paz est déjà un grand poète mexicain de 36 ans. Dans 27 ans, il gagnera le Jerusalem Prize, 4 ans plus tard, le Miguel de Cervantes Prize, un an plus tard, le Neustadt International Prize for Littérature et finalement, en 1990, à 76 ans, il rafle le Prix Nobel de Littérature, en Suède. 

Son essai de 1950, divisé en 9 parties, est à la fois poétique et l'une des plus fameuses oeuvres qui séduira autant qu'elle dérangera. Les Mexicains ne sont pas tous reconnaissants du portrait qui y est fait d'eux dans l'essai. On y critique, entre autre, le machisme espagnole du Mexique. Les rôles genrés dans les foyers familiaux, ce qui est très en avance sur son époque, nous sommes tout de même en 1950 et les traditions genrées sont bien ancrées partout dans le monde. 

Le Pachuco et Autres Extrêmes, Masques Mexicains, Le Jour des Morts, Le Fils de la Malinche, La Conquête et la Colonisation, De l'Indépendance à la Révolution, L'Intelligence Mexicaine, De Nos Jours et La Dialectique de la Solitude sont les 9 sous divisions thématiques du livre. Qui sont autant de chapitres de l'Histoire, avec un grand H, du Mexique et de son peuple. Après 1975, quelques éditions contiendront aussi l'essai Post Data, qui parle du massacre des étudiants de 1968, en rajout de ce qu'il avait écrit, 18 ans avant. Ce qui avait suscité une telle controverse, car il pointait le gouvernement dans ce drame, qu'il avait été forcé d'abandonner son rôle d'ambassadeur en Inde, suite à la vague négative qui avait circulé, à l'intérieur du gouvernement, duquel il faisait maintenant partie. 

Paz y parle nécessairement identité, tricote un labyrinthe existentiel, dans un profond élan de solitude auquel il revient continuellement. Son argument est que nous sommes tous seuls, continuellement. Et que c'est une condition humaine profonde et saine. Nous sommes la seule espèce vivante qui peut prendre conscience de sa solitude et qui cherchera à la vaincre, une partie de sa vie, en s'accrochant à d'autres.  Mais pour quoi au juste ? Pour parfois vouloir tuer l'autre et presque tout le temps se place en confrontation avec la nature. L'Homme, avec une grand H, se réalise dans la communion. Et quand il prend conscience de lui-même, et de son envie de l'autre, ne peut ainsi que mesurer le poids de sa propre solitude. 

Pax analyse l'histoire du développement social du Mexique dès la période précolombienne. Une culture particulièrement riche dans la révolte de 1910. Il dresse le portrait d'humaniste qui formeront les premiers intellectuels mexicains. La solitude mexicaine serait responsable de leur vision de la mort, des fiestas, de leur identité. La mort est aussi célébrée que pleurée en raison de l'incertitude autour de ce qui suit la mort. Les fiestas expriment le sens de la communauté, crucial dans le dévoilement du vrai Mexicain, qui trop souvent, porte le masque du déni de lui-même. L'identité a été fragmentée en deux cultures distinctes, la culture espagnole et la culture indigène. 

La vision de l'intellectuel de Paz est celle du poète ou de l'artiste de la pensée qui se tiendrait loin de la politique, car il ne peut pas être influencé, motivé, inspiré des la ligne d'un parti pour se définir et définir son peuple. Il ne peut pas se conformer, le Mexicain doit être, et non suivre. Ceci causait aussi controverse. 

La dureté mexicaine est aussi critiquée, appel à la tendresse qui n'avait pas été nécessairement bien reçu car il suggérait, selon certains, tout le contraire, un côté efféminé de l'homme mexicain, ce qui était une très mauvaise lecture de ce qu'il avait produit. Il s'inspirait davantage des oeuvres de T.S.Eliot dans les rôles sociétaires de son pays, qu'il adorait. Pays, qui avec le temps l'adorera tout autant. 

Cette analyse du Mexique "moderne" de 1950, de la personnalité qu'elle se gagnait, est instinctive de sa part et ce sont le nihilistes qu'il dénonce dans son essai.   

Puisque le machisme y règne encore, que l'identité mexicaine se redéfinit encore beaucoup, ce livre reste pertinent, ne serais-ce que pour la poésie sud américaine d'une des plus belles plumes d'Amérique. 

Le Mexique vit des temps durs avec plus de 200 000 morts de manière violente dans les seules 3 dernières années. 

dimanche 25 septembre 2022

Images Du Monde Qui Gronde

De nos jours, en 2022, les réseaux sociaux peuvent être les meilleurs vecteurs de haine et de désinformations tout comme ils peuvent aussi être libération. 

Du corps, de l'âme et de l'esprit. Voilà pourquoi on les dit "sociaux". 

Les propos restent toujours à valider. Les images aussi, de plus en plus. Mais certaines captations parlent d'elles-mêmes. Ce qui se passe présentement en Iran est à la fois formidable, à la fois terrible. Au moment d'écrire ceci, le pays a coupé l'internet dans tous le pays afin de mieux réprimer les gens de son peuple, loin des regards internationaux. Mais personnellement, je ne cesse de retweeter la révolte sociale, en cours. Les image sur lesquelles je tombe. Et m'émeut. 

Masha Amini a été arrêté, la semaine passée, en Iran, pour "avoir porté son hijab improprement, mais aussi pour avoir porté des pantalons serrés. Elle a été amenée dans le commissariat de police et en est resortie morte. Battue à mort. La police dit n'y être pour rien. Comme un chien devant le divan dévoré de sa mâchoire dirait qu'il n'y est pour rien. Personne ne gobe le mauvais mensonge. Depuis sa mort absurde, aux mains d'hommes qui auraient peur de bander, des citoyens se révoltent jour et nuit. On fait des feux dans la nuit et les Femmes prennent leur voile, font un gracieux ballet dans la joie, et le jette dans les flammes. Ça a quelque chose de très beau et gracieux. 

Mais ce ne sont pas tout le peuple qui se révolte. Sur images, il est facile de voir circuler ce video d'un homme en moto, en querelle avec une femme, se rendre vers elle, la frapper, et revenir sur sa moto, simplement, comme on reviendrai la chevaucher après avoir jeter quelque chose à la poubelle, tranquillement. Mais des témoins, mâles comme femelles, viennent le rejoindre à sa moto pour lui dire qu'il ne fallait pas se comporter ainsi et le force à se retirer de sa moto. On le brusque et le bouscule à son tour. Il est forcé de fuir et tombe dans le processus. On lui donne des coups de pieds, il se relève et tente de fuir à nouveau. Il recroise la femme qu'il avait physiquement agressé. Tente de la refrapper. Peut-être réussi à nouveau. Mais cette fois ils sont plusieurs mâles qui le pourchassent et le clip se termine quand tous ces hommes le retire au sol. Il n'en a pas fini avec eux. 

On voit aussi beaucoup circuler des foules qui réussissent à faire reculer la police qui tente de rétablir l'ordre. Des Hommes principalement, mais au nom des Femmes. Une certaine forme de liberté semble naître sous nos yeux.  Aussi formidable que troublant. Comment ces gens s'en sortiront-ils ? Est-ce que les moeurs d'un peuple entier peuvent vraiment changer ainsi ? Les rues sont actuellement sanglantes et la guerre civile est en marche. Ils sont aussi nombreux à vouloir garder ce que le Coran dicte, que la Femme doit être soumise à l'Homme et à ses volontés, qu'ils sont nombreux et nombreuses a vouloir changer le style de vie Iranien. Des femmes se filment à se couper les cheveux de leur propre main. Sans délicatesse. C'est ce qui vous dérange ? on réduit!

Pendant ce temps, en Russie, les images sont tout aussi troublantes. (et que dire de celles d'Ukraine!). La Russie démontre, au grand dam de la Chine, qu'elle n'est pas aussi puissante qu'elle le laisse paraitre. Et devant la défaite annoncée de cette guerre contre une Ukraine strictement défensive, Putin a mobilisé et forcé au front des milliers de nouveaux Russes qui ont fait leurs adieux à leurs proches, en larmes, car ils savent que ce pourrait facilement être un aller simple. On les sacrifie, y a pas de doutes. Ils seront les premiers à être envoyé là où les autres sont fatigués. C'est catastrophique et ces Russes le savent. Plusieurs tentent de fuir le pays. Plusieurs autres se saoûlent et se battent entre eux. Ces images là circulent beaucoup. 

Et pendant ce temps, des égoïstes de chez nous se plaignent de notre premier ministre Legault ou de notre Premier Ministre Trudeau.

Tous deux déplorables à leur manière, mais extraordinairement loin de toute forme de dictature.

Autour de 700 personnes ont été arrêtées dans la seule nuit d'hier, en Iran...

Porter le voile ou non est un choix, disent-ils. Mais permettez nous de vous battre. vous tuer pour l'un des deux choix.

La bêtise traine partout.