mercredi 30 septembre 2020

The Cure

Originalement appelé The Easy Cure, le groupe se forme en 1976 de Robert Smith (guitare & voix), Micheal Dempsey (basse), Laurence "Lol" Tolhurst (à la batterie). Le trio envoie un démo inspiré de L'Étranger d'Albert Camus, et avant même que le 45 tours ne soit accepté, le band est devenu The Cure.

 On leur demande alors un second morceau et on reste hanté par le "click-click-click-click-clik" du morceau enregistré dans une cuisine. Ils auront un contrat pour un premier disque. Embarqué dans une tournée avec Siouxie & The Banshees (une amitié durable en naîtra) le groupe de Crawley dans le West Sussex gagnera beaucoup en visibilité en Angleterre. Le groupe sera même le band de soutien de Siouxie quand son band à elle se désintègre.

Le groupe lance un single secrètement sous un nouveau nom (il feront souvent des petites cachotteries du genre) et Dempsey quitte le groupe pour être remplacé par Simon Gallup après le premier album. Le groupe ajoute aussi Mathieu Hartley aux claviers pour enregistrer le second album. L'ajout du clavier amène une couche intéressante à la tapisserie sonore du groupe. Des textures plus sombres et funèbres. Ils seront pionniers d'un genre de gothic rock. Hartley ne reste pas après une tournée mondiale et un troisième album est lancé, Puis rapidement un quatrième. Entre les deux, un single (un de mes morceaux préférés)les garde dans les timbres macabres. Smith s'en désole un peu. Il voudra être plus pop et joyeux. Gallup quitte et Tolhurst passe de la batterie aux claviers. Un single plus pop est lancé. Volontairement niais pour se moquer de l'industrie pop. Et pourtant, ça fonctionne et les rend plus populaires. Le groupe adopte en tournée le look maquillé et le style visuel glamrock. Smith devient un temps, un membre à part entière des Banshees de Siouxie. 

Ce qui suivra sera surtout des singles. En 1984, presque seul, Smith lance un nouvel album de The Cure où il jouera de tous les instruments sauf la batterie. L'album est plus expérimental mais salué par la critique. Boris Williams sera engagé à la batterie. Simon Gallup est aussi réengagé à la base. Pearl Thompson avait été saxophoniste pendant la dernière tournée, il reste pour le sixième album qui sera le plus gros hit. C'est par cet album que leur son se rend à nous en secondaire 1. Optimiste, lumineux, varié. Les clips jouent à répétition, Smith adore la caméra et elle le lui rend bien. Après une payante tournée une compilation les rend encore plus riches.
L'album double suivant sera aussi un gros succès Smith est en amour et ça paraît positivement.  Le troisième single du disque les propulse vers l'immortalité. Le band recrute Roger O'Donnell aux claviers parce que Tolhurst est trop alcoolique pour bien performer.

En 1989, la consécration ultime, il n'atteindront plus jamais ces sommets. Et pourtant l'album qui naît l'a été dans la toxicité. Trois ans plus tard l'album à généré plus de trois millions. Tolhurst est crédité co-auteur de tous les morceaux sur l'album mais sa contribution est en réalité minimale. Il est forcé de quitter. Smith reste l'unique membre original.  Un nouvel album est pondu sans O'Donnell aux claviers, remplacé par Perry Bamonte, et ce sera le dernier avec Thompson avant 16 ans, qui est guitariste ici.

O'Donnell revient aux claviers et Boris Williams est remplacé par Jason Cooper.
Les 4 albums qui suivront n'auront jamais la même envergure que les précédents. Les musiciens changent souvent, Wild Mood Swings est effectivement assez disparate, Bloodflowers est plus sombre mais trop ambitieux, et les deux derniers laissent peu d'impressions.

The Cure is passé.

Maintenant qu'on attend un remède mondial.

J'ai adoré ce band pour sa période entre 1979 et 1992.
Couvrant mes 7 à 20 ans.

De tous les groupes qui ont émergé de la new wave et du punk rock de la fin des années 70, The Cure aura été l'un des plus durables. Débutant avec des sons sombres et aériens, gothiques visuellement et de manière sonore ils ne l'étaient déjà plus quand le rock gothique a commencé à être populaire au milieu des années 80. Passant par la pop avant d'ajouter de nombreux crescendos entre le gothique, le rock inspiré et l'alternatif.

Le film, tourné aux États-Unis, du réalisateur italien Paolo Sorentino This Must Be The Place imagine une histoire dont le personnage principal évoque beaucoup Robert Smith à bien des niveaux. 

Notre planète a besoin d'un remède.


mardi 29 septembre 2020

À La Recherche Du Temps Perdu*********************The Martian Chronicles de Ray Bradbury


 Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: la littérature. 

Lire, c'est accepter de plonger dans un nouveau monde, un nouvel horizon, un nouvel univers, un nouveau courant de pensée, une nouvelle culture. C'est apprendre sur soi et sur les autres. C'est ouvrir ses sens. C'est confronter son monde à celui d'un(e) autre. Pour moi, traducteur, ce n'est pas complètement travailler. C'est une seconde nature puisque je lis tout le temps, partout. Sans trop d'efforts. Et apparamment vite. 


Certains de ces livres me marquent à jamais. Je vous en jase.

Lire c'est apprendre à respirer différemment. Et respirer, c'est vivre. 

THE MARTIAN CHRONICLES de RAY BRADBURY

Entre 1946 et 1952.

Ray Bradbury écrit des nouvelles dystopiques impliquant la planète mars et ses habitants et elles sont publiées dans des magazines. 


Doubleday & Co. publie les nouvelles de Ray Bradbury réunies autour de cette période sous un seul titre. Le critique Christopher Isherwood, très respecté dans les années 30-40, fera une critique fort élogieuse de son livre et il deviendra bestseller. Les chroniques seront republiées par plusieurs autres maisons d'éditions aux travers de époques, et presque toujours modifiées par l'auteur, qui rajoute des interstices de deux ou trois pages faisant des liaisons entre les narrations. La copie originale, sans les interstices de deux trois pages ajoutées par l'auteur lui-même, est aujourd'hui un objet rare et de collection.


Les Chroniques sont un condensé des histoires que Bradbury vendaient aux magazines. Inspirées de Winesburg, Ohio de Sherwood Anderson et de The Grapes of Wrath de John Steinbeck, Bradbury écrit des histoires, toutes impliquant la planète Mars et ses prétendus habitants. Les nouvelles sont toutes "fermées" (elles ont une conclusion), mais sont aussi des épisodes de ce qui pourrait être vécu en séquences et feraient un excellent film chorale. Structuré en trois parties, le livre est ponctué de deux catastrophes: la presqu'extinction des martiens de la planète mars, et en parallèle, la presqu'extinction de la race humaine. 


Le premier tiers explore les humains tentant de rejoindre, d'entrer en contact, de découvrir des martiens. À la nouvelle And the Moon Be Still Be Bright, il est révélé qu'à la quatrième expédition de la race humaine, les martiens ont tous péri en raison d'un virus importé par une exploration de terriens précédente. Ceci ouvre la seconde partie qui nous présente les humains colonisant la planète mars, rencontrant quelques fois des survivants, mais étant surtout préoccupés par l'idée de ne pas recréer les erreurs de la planète terre. En Effet, la terre, au même moment, est sur le point de vivre une guerre mondiale. Plusieurs choisissent de retourner sur terre pour faire éviter cette guerre ou encore y participer. Une guerre nucléaire terrestre coupe alors tout contact entre la terre et Mars.


Le troisième et dernier acte parle de l'après-guerre, les derniers survivants humains devenant peut-être martiens...ou serait-ce l'inverse?...   

En Angleterre, la collection de nouvelles, inventives mais aussi souvent drôles, est publiée sous le titre de The Silver Locust avec quelques modifications. L'histoire The Fire Balloons étant ajoutée et l'histoire Usher II y cédant sa place. La version espagnole est précédée d'un prologue du grand écrivain argentin Jorge Luis Borges. 


En 1979, Bantam Books publie une version qui est aussi illustrée par moments. 

En 1997, on ajoute des dates pour chaque histoire, présentant l'action se déroulant entre 2030 et 2057. (donc dans 10 ans!!!).

Les écrits de Edgar Burroughs Rice ont eu une influence importante sur le jeune Bradbury. Et la trace spéculative de l'auteur y est évidente.


Ce que Bradbury imagine alors de la planète Mars, et qui est partagée d'histoires en histoires, est un décor relativement désert traversé de gigantesques canaux construits par une civilisation ancienne afin de faire circuler de l'eau vers des pics polaires glacés. Cette idée étant empruntée aux calculs de scientifiques du 19ème siècle. 


L'éminent Carl Sagan dira que la planète Mars est devenue l'arène sur laquelle la race humaine projette ses peurs et ses ambitions. Un mythe. Peut-être aussi, une chimère. 

Ray Bradbury épousera à 100% cette idée avec ses forts divertissantes Chroniques Martiennes. Toutes très courtes, ce qui rend la lecture fort agréable et les occasions de le faire régulières puisque certaines prennent moins de 5 minutes à lire (en attendant que madame se maquille), d'autres une quinzaine de minutes (en attendant que sa plus jeune finisse de travailler) d'autres une dizaine de minutes (en faisant ce qu'on a à faire à la salle de bain) et ainsi de suite.   

Plus fantaisistes que science-fiction, malgré les années, le livre vieillit très très bien. 


lundi 28 septembre 2020

Effaçons Le Progrès Again

 


C'est avec le plus violent des mépris que Donald J.Trump a maintenant remplacé la juge progressiste Ruth Bader Ginsburg par la rétrograde Amy Coney Barrett.

Et pour trop longtemps puisqu'elle a mon âge, 48 ans. Mais dans sa tête, elle en a 84. Ses valeurs sont celles de 1936.


Une des choses qui enrageait et qu'elle détestait plus que tout, Ruth Bader Ginsburg, était lorsqu'elle faisait une suggestion, qu'un homme faisait exactement la même 10 minutes plus tard, que tout le monde soit allumé et d'accord avec lui, et qu'il en prenne l'absolu crédit. Ce type d'effacement de sa personne la rendait folle de rage. Elle détestait encore plus toutes la manières subtiles et quotidiennes d'effacer le rôle de la Femme au jour le jour, partout en Amérique du Nord. "Vous vous considérez l'une des plus grandes nations au monde? Prouvez-le!". Toute la vie de la Notorious RBG était axée sur une justice et un retour sur scène et sous les projecteurs de ses Femmes rendues silencieuses ou invisibles contre leur gré. Elle a fait de sa vie un combat sain pour que ce "gré" soit aussi juste et égal pour la Femme que pour l'homme. 


Son décès a été un deuil important car il nous rappelait tout le travail que cette Femme avait fait et tout le chemin parcouru aux États-Unis pour que la Femme soit aussi respectée que l'homme au pays de l'Oncle Sam. L'infâme Mitch McConnell, porte parole de la majorité républicaine au Sénat, dansait sur sa tombe dès le mois de mai dernier. Comme prévu. Une heure après l'annonce du décès de RBG, il a annoncé que le siège de la juge était vacant...et serait occupé avant le résultat de la prochaine élection. 


L'empressement de remplacer la grande RBG était une effacement des immenses progrès qu'elle a fait faire aux citoyens et citoyennes Étatsunienne sur 70 ans. Oublions vite le deuil, faisons naître quelqu'un d'autre.

Son remplacement est pratiquement parodique. Cruel, aussi. On a présenté Amy Connasse Coney Barrett en lui affublant le surnom qu'on avait donné à la grande Ruth Bader Ginsburg, la désignant comme la Notorious ACB. Simplement parce que c'est une Femme aussi. Et qu'elle porte, comme RBG, trois initiales. De grotesques t-shirts ont été créé avec les trois lettres de la nouvelle Juge à la Cour Suprême, suggérant qu'elle avait, elle aussi, un passé aussi fameux que celui de Ruth Bader Ginsburg. 


Bien

au

contraire.

Barrett est contre les visions de Ginsburg par rapport aux avortements, à l'assurance médicaments, à la discrimination envers les Femmes, par rapport aux droits de porter des armes. Elle écoute la voix (fictive) de Dieu. Elle est contre les avortements et les mariages gays. Contre l'Obamacare. Considère que la Femme a un rôle à jouer, mais qu'il est principalement familial. Qu'absolument tout le monde est en droit de porter un fusil en tout temps. Selon Barrett, un homme faisant sa part dans la cuisine est l'unique manière de renforcer le rôle social des Femmes.  Comme Melania volant le discours de Michelle Obama, cette administration a si peu d'imagination qu'elle vole maintenant les surnoms et suggère des héritages à des gens qui n'ont rien fait pour les mériter encore. 

C'est inouï. 

On appelle ça de l'immature trolling. 

Comme quelqu'un traitant l'autre de raté sympathique, se faisant ensuite traiter par lui en retour de total raté sympathique

Le message le plus odieux que ça envoie est que la Femme qui fait tomber les interdits envers les Femmes aux États-Unis, facilite l'égalité des chances entre hommes et Femme et fait progresser la société est la même que celle qui fait 7 enfants parce qu'avorter ou porter un contraceptif serait impensable, pense que l'homosexualité est une maladie curable et qu'un fusil n'est pas mortel, celui qui le tien l'est et que ce n'est pas un problème que ce soit facile d'accès. 

I-nouï!

Ça révèle que les Républicains croient, inconsciemment, qu'une Femme en vaut une autre, simplement parce que c'est une Femme. Du grand féminisme d'ignorants.

La défunte juge Ruth Bader Ginburg parlait de mariage au lait écrémé pour parler des mariages célébrés par des prêtres de fortune, des unions illégales, souvent impliquant de trop jeunes Femmes exploitées, et voulant être reconnus comme de vrais mariages ingénus. 


Samedi dernier, la Maison Blanche a réussi le tour de force de présenter du féminisme au lait écrémé, prétendant faire du féminisme en remplaçant simplement une Femme par une autre, même si la première est l'absolue opposée de la seconde. 

Something that was earned is just another thing that can be stolen est le slogan non officiel de ce parti au pouvoir. 

Effaçons le progrès again devrait être le slogan de la prochaine casquette des Républicons (sic).  


dimanche 27 septembre 2020

Se Suffire et Faire Souffrir

Un peu dans la même lignée qu'hier.

 Nous sommes de plus en plus individualistes. 

L'individualisme occidental a assez peu d'équivalent dans le monde. Même chez les cultures asiatiques largement influencées par l'occident comme le Japon, la Corée du Sud, Singapour ou Hong Kong, l'individualisme retrouvé là-bas n'est toujours pas proche du niveau d'individualisme d'Amérique du Nord. 


Les Nazis, les communistes, le Japon impérial, la Chine, les groupes extrémistes islamiques, ont tous haï au point de tuer notre individualisme. Mais notre individualisme est aussi questionnée de l'intérieur. Nous sommes tous coupables d'avoir échoué quelque part en pensant, d'abord et avant tout, que c'était nous le problème. Trop habitués à se concentrer sur soi. Comment expliquer l'échec sinon que c'est probablement moi, la cause. 

Le narcissisme est devenu si habituel qu'on atteint des sommets épiques de suffisance personnelle avec des vidéos viraux faisant assez peu de sens.  Amusant d'absurdité, mais à la base, lourdement trempés dans le narcissisme. "Le flex".

Avant la Renaissance, les peintres peignaient Jésus, quelques saints ou la Vierge, ou les trois et assez peu, sinon jamais de gens autour. Des corps sans visages. De la Renaissance et après, on a commencé à peindre des gens anonymes, des tonnes de gens anonymes. Pieter Brueghel l'Ancien, par exemple, peignait en 1567, La Danse des Paysans, un paquet d'individus semblant avoir du fun dans un village.


 L'individualisme est né de l'idée que Dieu pouvait vivre en chacun de nous et qu'ainsi, tout le monde pouvait devenir précieux. L'humanité, pendant un bon bout de temps, n'avait aucune conception de lui même. Ou assez peu. Encore de nos jours, certaines cultures, ne s'accordent que très peu de valeur personnelle, lorsque dans les lieux publics. 

Plus jeune, le comble de l'arrogance pouvait être quelqu'un, au coin d'une rue, se pensant si important, qu'il aurait parlé au téléphone, au vu et au su de tous. C'était hier. 1990 et moins. Se prendre une photo de soi-même était aussi une hérésie. 


Aujourd'hui, parler au téléphone en public et se prendre en photo soi-même est non seulement archi courant, mais la photo qu'on prend souvent de soi-même en est une de défi. D'assurance de soi. De défi du viseur. Une straight face. 

Ce qui n'est pas un mal en soi. La vie peut-être une telle salope, il faut définitivement avoir confiance en soi et le montrer. Ça charme, même. Mais le gonflement de l'ego a beaucoup beaucoup BEAUCOUP de défauts. Le président des États-Unis actuel en est un parfait exemple.  


Chaque jour ou presque, avec l'émission Occupation Double sur TVA, on nous rappelle la vacuité d'un certain individualisme et des tonnes de phrases commençant par moi. On ne se garde plus aucune gêne nulle part. 

Est-ce que je m'en plains? un peu. Mais je suis le premier à claironner mes états d'âmes sur un blogue, dérivé d'un certain ego et d'une part d'individualisme. À planter du moi, ici et là. 


Cette semaine, en travaillant, un homme m'a abordé en me disant, avec un fort accent anglophone:

"Hey! les gens me disent que je ressemble à Ron Hextall quand je me fâche!"

Devant mon visage d'incompréhension, il a répété mot pour mot ce qu'il venait de dire. Assez fier. Et n'ayant aucun rapport avec rien. 


Hextall était un gardien but absolument sauvage quand il perdait la tête. Me disait-il qu'il avait perdu la tête et voulait se battre avec moi? Je n'ai pas répondu. Ne voulant rien alimenter comme moment de folie. Pendant que je travaillais, je faisais du bruit, je n'entendais donc pas tout ce qu'il continuait à me dire. Il a répété plusieurs fois qu'il ressemblait à Hextall, et plein d'autre choses que je n'ai pas entendu clairement en raison du bruit, du fais que je travaillais fort et qu'il avait un fort accent anglais sous un masque. Je n'ai pas insisté, j'ai souri. Il a continué et m'a dirigé quelques 10 phrases. J'ai compris une seule fois quelque chose comme "...J'ai beaucoup de respect pour ceux..." J'ai pensé qu'en me voyant fort occupé, il avait soudainement du respect pour moi. À la fin je lui ai demandé "I'm sorry but what are you getting at?". Ça aurait pu être reçu comme un affront pour cet homme. Il m'a dit encore qu'il ressemblait à Ron Hextall lorsque fâché mais sur un ton enjoué. Et m'a demandé mon opinion sur la chose. Je lui ai dit qu'avec un masque, c'était difficile à dire (Non, il était blond, aux cheveux longs, sans barbe). Il a enlevé son masque, j'ai menti en disant "oui, un peu" et il m'a dit "Toi aussi tu ressembles un peu à Ron Hextall" j'ai ri. Il s'est excusé vers la fin quand il restait là et que je lui disais simplement, "O.K.". Sur un ton conciliant. Il a fini par partir. M'aurait-il agressé si j'avais été baveux? Pas voulu le savoir. J'étais devenu précieux face à lui.


Un journaliste de Radio-Canada n'a pas eu cette chance à Ottawa. Il a été fort incommodé par un imbécile qui se croyait le droit d'arrêter quiconque sur la rue pour faire entendre ses raisonnements incohérents. 

Présentement, dans la ville de Québec mais un peu partout au Québec aussi, on fait face à beaucoup de gens convaincus de leur propre folie.  Ils ne croient pas à la Covid. Ni aux consignes du gouvernement. Ni aux journalistes. Pensent que les réseau 5G y est pour quelque chose. Que le gouvernement récolte des infos sur nous pour mieux nous contrôler...


Doux Jésus...

Y a t il moyen de se garder encore un peu d'humilité dans la floraison mentale?

De se défaire du complexe de Dieu? 

Qui pense-t-on être en disant "vous êtes en état d'arrestation" à un journaliste que vous prenez pour un député qui ne lui ressemble en rien? Avoir agi de la même sorte envers le député, comme il le souhaitait n'aurait pas été plus justifié.


Qui êtes vous pour crier à des journalistes de votre galerie "Informez vous! vous vous trompez! vous faites parti du problème!"?

Qui êtes vous pour dire aux caméras de télé "Vous comprenez pas!"?

Qui êtes vous pour dire que vous ressembler à Ron Hextall, un joueur incapable de gérer ses frustrations?


Autant d'individus convaincus de leur propre divinité.

Et on sait que la religion est un leurre. Sinon, on devrait le savoir. 

Flexez donc sur une autre planète. Je vous offre le lift.

La lutte actuelle est civile. Nous débordons d'incivilités. 


samedi 26 septembre 2020

Ricine de Nos Jours


Maman ira en prison.

La chimie mentale peut parfois déséquilibrer les sens. On le voit dans les sports parfois. 

Dans la vie aussi.

Trois cas récents.


Pascale Ferrier, 53 ans, développeuse informatique, a choisi (ou pas) de devenir travailleuse autonome en 2017. Pas facile la vie de travailleur autonome, je peux en témoigner. J'ai besoin d'un second emploi pour faire un semblant de salaire décent. Parlant de sorcières speaking of witch speaking of wich, elle aurait subi de grosses pertes financières depuis 3 ans. Mais est-ce que cela explique le vertige dont elle a vécu le tourbillon mental la semaine dernière? 


"Tu ruines les États-Unis, et les mènes au désastre. J'ai des cousins américains et je ne veux pas qu'ils passent les quatre prochaines années avec toi comme président. Retires ta candidature pour les élections. J'ai confectionné un cadeau qui t'incitera à le faire. Le cadeau est dans cette lettre. Si ça ne fonctionne pas, je trouverai une meilleure recette pour un autre poison, ou j'utiliserai peut-être mes armes quand je serai en mesure de venir"


Elle a écrit ces mots au ridicule, mais pas tuable, président des États-Unis dans une lettre poudrée de ricine, le poison naturel le plus violent du règne végétal, 6000 fois le cyanure. Aucune antidote ne peut guérir quelqu'un qui serait en contact avec et qui en serait intoxiqué. 


Menacer de tuer est un crime. Pascale a tweeté #killTrump à de maintes reprises depuis qu'il est président. Elle faisant maintenant bien pire. Elle se rendait aux États-Unis, armée, un pays qui lui avait interdit de séjour depuis mars 2019, moment où elle avait été arrêtée pour 2 chefs de possession illégale d'armes à feu, et pour avoir possédé un faux permis de conduite. Pourquoi le faux permis de conduite? parce que son visa de 6 mois aux États-Unis était échu. Elle a passé quelques jours en prison au Texas et a été chassée du pays. La Française d'origine, naturalisée Québécoise en 2015, qui a effectivement de la famille au Texas, s'était donc établi, depuis un an, ou moins, à Longueil, rive-sud de Montréal, dans l'arrondissement St-Hubert. Amère envers le président anti-immigrants, mais aussi amère envers les autorités policières du Texas qui l'avaient à la fois coffrée, mais aussi fait expulser du pays de ses cousins. Ce sont 6 autres lettres du même genre, à la ricine aussi, qui ont été envoyées au Texas. 


Alors qu'on avait intercepté toutes les lettres, mais pas l'(les) auteur(e(s)), Ferrier les as beaucoup aidé en se présentant à la frontière en voiture, de L'Ontario vers Buffalo, confessant au douanier qu'elle était recherchée par le FBI pour les lettres à la ricine. Pourquoi s'être livrée? Seul son regard confus pourrait l'expliquer. Et le confus s'explique généralement mal. À la frontière, elle avait à la taille une arme de poing chargée et un couteau. Tout pour être coffrée très longtemps. Ce qui est nettement dans le radar des autorités des États-Unis. 

Sa propre fille n'a jamais vu venir ce qui se passe dans la vie de sa mère. Qu'elle ne reverra peut-être plus qu'au travers de barreaux. 

Pulsion rageuse coûteuse. Elle avait signé Esprit Rebelle Libre. Libre elle ne sera peut-être plus jamais.  

Sylvain Proulx, 65 ans, Ripon, Lac-St-Jean.


Les médias prétendus sociaux peuvent être le pire des crachoirs. M.Proulx a tweeté, au Premier Ministre François Legault "qu'il paierait de sa vie" les propos encourageant les Québécois à porter le masque afin de se protéger de la Covid-19. Legault venait tout juste de dire la chose (normale et prudente) sur les ondes d'une station radio de Québec. M.Proulx, lorsque d'abord dénoncé vivement par les gens du net, mais aussi quand ça s'est rendu au Premier Ministre, a eu la visite des autorités. Il a été sommé de se présenter en cours le 9 novembre prochain où il sera accusé de menaces de mort. Il prétend qu'il voulait faire allusion à sa vie politique. Bullshit en cornet, voilà de quoi il s'agit. 

Son inconfort n'est pas une injustice. Lui aussi, sa pulsion rageuse méritait des doigts sur un autre piano que le clavier d'un ordi pour se défouler.


Finalement, aux États-Unis, Ellen Dégénérée DeGeneres.

C'est un monstre. C'est connu. Elle est cruelle, méchante, mais surtout riche à craquer. Et parfois, lorsque riche, on se surprend à n'écouter que soi et ne faire que ce nos pulsions nous commandent. Parce que de toute façon, rien, mais rien au monde, ne peut nous atteindre du sommet de notre empire. Ça s'appelle de la mégalomanie. Un climat toxique régnait apparemment sur le plateau de tournage de son émission quotidienne. Des blagues de mauvais goût, mais surtout, des sautes d'humeur, des impatiences, des irritations, de l'intimidation redoutables, des manques de jugement à la Salvail et des conditions de travail injustes. Pendant la pandémie, Ellen a choisi de tourner l'émission quand même, mais de chez elle. Amenons le public chez moi si je ne peux pas avoir de public. Mais la bonne idée s'arrêtait là. Jamais elle n'a parlé des conditions de travail de ceux qui travailleraient pour elle. Au début, ils n'étaient pas payé du tout. Puis, quand ils s'en s'ont plaints, ils ont été payé la moitié de leur paie habituelle. Oh! ce n'est pas le pire des crimes, les sauts qu'elle fait faire à ses invités ou à ses collègues de travail se rapprochent dangereusement de l'intimidation. On a aussi parlé de racisme sur son plateau, bref de réelle toxicité. 


Ellen a ouvert sa nouvelle saison par des "excuses" insultantes où elle parlait au conditionnel de comportements qu'elle aurait peut-être pu avoir, donc elle ne prenait aucunement responsabilité de quoi que ce soit. Elle a fait de nombreuses blagues pendant ses prétendues excuses, elle a encore manqué de jugement, ne considérant jamais le potentiel de blessures intérieures de plusieurs de ses victimes. Elle a continué de se comporter en parfaite intimidatrice. Elle est si puissante que trouver le clip de ses plates et ratées excuses sur le net reste difficile.  


Dommage. Ces trois gens se pensent rebelles et libres mais ils n'en sont rien.

Les trois ont le jugement faible. La première est menottée et passera peut-être le reste de ses jours enfermée pour un très mauvais réflexe. 

Le second se croyait en mesure de dire tout ce qui lui passe par la tête parce que l'internet ne serait pas aussi légiférée qu'ailleurs. Faux, quand on commet un crime, ça le devient. 


La dernière, parce qu'elle a réussi et qu'elle est riche, pense pouvoir se comporter n'importe comment de toutes les manières qui l'animent, sans toujours consulter son jugement, mais surtout, sans jamais se culpabiliser de quoi que ce soit. 

Les trois sont toxiques. Calamiteux. Nuisibles. 

Poisons. 

Ricine de nos jours. 


vendredi 25 septembre 2020

Juliette Gréco (1927-2020)


 Née d'un père Corse et d'une mère Bordelaise, ses parents sont séparés. Elle est donc élevée avec sa grande soeur Charlotte par ses grands parents maternels à Bordeaux. Quand Juliette a 5 ans, sa maman vient rejoindre les deux filles et c'est à Paris qu'on s'installe. À 12 ans, elle danse, elle est passionnée de danse au point de joindre l'école de l'Opéra Garnier. 

Mais en 1939, la Guerre éclate, partout dans le monde. Pendant que les filles sont scolarisées à Montauban, leur mère est impliquée dans un plan d'évasion vers l'Espagne via Bordeaux. Elle est arrêtée en 1943. Les 2 filles fuient par le train vers Paris mais sont suivies par des agents de la Gestapo. Elles seront aussi capturées devant le café Pampam. Charlotte, est torturée, Juliette. battue. Mais elle réussit à disposer de documents prouvant que sa soeur faisait partie de la Résistance, dans la toilette.  Elles seront toutes libérées par l'Armée Rouge fin avril, 1945.  Mais Juliette est séparée de sa soeur et de sa mère et elle est prise en charge par son ancien professeur de Français. Elle se vêt de linge masculin car c'est tout ce qu'il y a dans la maison du professeur. 


Le quartier Saint-Germain des près se trouve tout près. À 17 ans, elle découvre la Rive Gauche et ses intellectuels qu'elle fréquente. Très tôt, on l'appelle "la Môme". Elle s'initie à la vie politique auprès des jeunesses communistes. Elle suit des cours d'arts dramatiques, décroche quelques rôles, et travaille sur une émission de radio poétique. 

Jean-Paul Sartre l'invite à venir habiter l'Hôtel de la Louisiane où il loge, lui aussi. Elle est l'amie de Boris Vian et fréquente le peintre Bernard Quentin. Elle est la seule chambre qui ait de l'eau chaude pour sa baignoire. Dans une autre chambre, bientôt son amant, Miles Davis. Elle le rencontre en déposant son manteau sur la rampe, manteau qui glisse jusqu'en bas, au sous-sol, où Miles y campe presque tout seul, pour y créer sa musique. Elle y danse avec des ami(e)s sur la musique du trompettiste. Ils passent des nuits à discuter philosophie. Et vivent l'existentialisme plein fouet. Comme elle est muse de Saint-Germain-des-Prés sans trop d'effort, elle choisit de se valoriser autrement par le chant. Sartre lui compose un texte pour sa pièce Huis Clos,  et Joseph Kosma en fera la musique. Elle attire les hommes, ayant (peut-être) une liaison avec Albert Camus, mais certaninement avec le producteur de films des États-Unis Darryl F.Zanuck et Sacha Distel. 


Ne pouvant épouser Miles Davis (Les mariage interraciaux sont interdits en 1949, aux États-Unis), et ne voulant pas le suivre aux É-U, ils se séparent en bons termes. Elle gagne un prix pour un morceau signé Charles Aznavour. Elle partira en tournée au Brésil et aux États-Unis, puis chante sur scène à l'Olympia en 1954. Elle fait la rencontre du comédien Phillipe Lemaire sur le tournage de Quand Tu Liras Cette Lettre de Jean-Pierre Melville, l'épouse et ensemble ils auront une fille, avant de divorcer. De passage à New York, elle chante, et représente un certain exotisme. Mel Ferrer, qu'elle a connu sur le tournage (elle joue aussi au cinéma, ici et là) d'Elena & Les Hommes de Jean Renoir, l'introduit à Zanuck, au Mexique. Elle tournera dans Roots of Heaven (adapté de Romain Gary), Crack in the Mirror, avec Orson Welles, The Big Gamble avant que sa relation avec Zanuck ne s'éteigne, tout comme sa carrière au cinéma Américain. En 1958, son ami Boris Vian devient son directeur artistique.

Dans les années 60, elle revient au chant, qu'elle ne quittera plus jamais. Elle chantera Brel, Ferré, Béart et un jeune nouveau, Lucien Ginburg, bientôt Serge Gainsbourg. En 1965, elle est le personnage titre de la série télé Belphégor ou Le Fantôme Du Louvre. Cette série sera marquante en Europe. 10 millions de téléspectateurs dans une population de 48 millions. Elle tombe amoureuse de Michel Piccoli et ils s'épousent. Ils seront un couple de 1966 à 1977. Gréco et Brassens seront les deux premiers artistes à performer au Théâtre National Populaire. Elle ouvre aussi la série du Théâtre de la Ville à Paris en 1968. Elle est aimée partout dans le monde


Dans les années 70, Gérard Jouannest devient son pianiste attitré. Elle l'épousera quelques 20 ans plus tard. Elle continue d'endisquer, mais au début des années 80, elle revisite principalement son passé. Elle lance toutefois quelques disques qui trouvent un public fidèle. Le bédéiste Gébé lui écrit un morceau. Jean Ferrat lui fait de la musique. Elle sera faite chevalier de la Légion d'honneur en 1984.

Elle revient sur scène, à l'Olympia en 1991, et deux ans plus tard, sur disque, sur des morceaux signés Joao Bosco, Julien Clerc, Gérard Jouannest ou Caetano Veloso. 

Le scénariste Jean-Claude Carrière lui compose un album entier en 1998


Pendant 70 ans, elle se produit sur scène en Espagne, au Portugal, en Italie, en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, Grande-Bretagne. Elle sera la première artiste française à se produire en Allemagne après la Guerre. Elle fera plus d'une trentaine de tournée au Japon où se jolis yeux légèrement bridés sont un attrait aussi majeur de son charme ainsi que ses mélodies. Elle sera souvent sur scène aux États-Unis, en Amérique du Sud, au Québec, au Canada, en Israël, au Chili, où, y chantant des chants anti militaires dans un Chili axé sur l'armée, elle quitte la scène en fin de spectacle dans un silence absolu. Outré.


Miossec (à jeun) et Biolay sont parmi ceux qui lui écrivent des morceaux en 2003. Elle remonte sur scène à l'Olympia, où elle a presque toujours été chez elle. Trois ans plus tard, elle enregistre à New York. Un an plus tard, la France lui remet un prix pour l'ensemble de sa carrière. 

En 2008, elle enregistre un duo avec Abd Al Malik avant que celui-ci, accompagné d'Olivia Ruiz ne lui composent un album entier. 

En 2010, un documentaire sur la grande dame est lancé ici, inspiré de un de ses morceaux,  à Montréal, à la Place-Des-Arts, en sa digne présence. 


En janvier 2012, Amélie Nothomb, Phillipe Sollers, Jean-Claude Carrière, Marc Lavoine, Féfé sont parmi ceux qui participent à son nouvel album. 

Pour ses 85 ans, un nouveau documentaire sur elle, présenté à New York, est lancé. À Montpellier, on plaque son lieu de naissance. 


Victime d'un malaise sur scène en 2013, elle préfère se faire plus rare, voulant rester digne jusqu'à la fin. 

Miossec lui compose un morceau d'adieu.

Elle fera une tournée d'adieu qui la fait passer par Montréal, Sherbrooke et Tadoussac en 2015. 

Elle est victime d'un AVC l'année suivante. Mais reprend toutes ses facultés. Elle est increvable.


Toutefois sa fille de 62 ans la précède dans la mort en 2016  la même année. 

Son mari Jouannest décède en 2018. Elle le suit, à l'âge de 93 ans, mercredi dernier, toujours digne et charmante.

Et accompagnant nos vies encore longtemps. Comme les bonnes chansons le font souvent. 

Un petit gars de l'Illinois t'y attends là-haut depuis 1991.