Nous sommes de plus en plus individualistes.
L'individualisme occidental a assez peu d'équivalent dans le monde. Même chez les cultures asiatiques largement influencées par l'occident comme le Japon, la Corée du Sud, Singapour ou Hong Kong, l'individualisme retrouvé là-bas n'est toujours pas proche du niveau d'individualisme d'Amérique du Nord.
Les Nazis, les communistes, le Japon impérial, la Chine, les groupes extrémistes islamiques, ont tous haï au point de tuer notre individualisme. Mais notre individualisme est aussi questionnée de l'intérieur. Nous sommes tous coupables d'avoir échoué quelque part en pensant, d'abord et avant tout, que c'était nous le problème. Trop habitués à se concentrer sur soi. Comment expliquer l'échec sinon que c'est probablement moi, la cause.
Le narcissisme est devenu si habituel qu'on atteint des sommets épiques de suffisance personnelle avec des vidéos viraux faisant assez peu de sens. Amusant d'absurdité, mais à la base, lourdement trempés dans le narcissisme. "Le flex".
Avant la Renaissance, les peintres peignaient Jésus, quelques saints ou la Vierge, ou les trois et assez peu, sinon jamais de gens autour. Des corps sans visages. De la Renaissance et après, on a commencé à peindre des gens anonymes, des tonnes de gens anonymes. Pieter Brueghel l'Ancien, par exemple, peignait en 1567, La Danse des Paysans, un paquet d'individus semblant avoir du fun dans un village.
L'individualisme est né de l'idée que Dieu pouvait vivre en chacun de nous et qu'ainsi, tout le monde pouvait devenir précieux. L'humanité, pendant un bon bout de temps, n'avait aucune conception de lui même. Ou assez peu. Encore de nos jours, certaines cultures, ne s'accordent que très peu de valeur personnelle, lorsque dans les lieux publics.
Plus jeune, le comble de l'arrogance pouvait être quelqu'un, au coin d'une rue, se pensant si important, qu'il aurait parlé au téléphone, au vu et au su de tous. C'était hier. 1990 et moins. Se prendre une photo de soi-même était aussi une hérésie.
Aujourd'hui, parler au téléphone en public et se prendre en photo soi-même est non seulement archi courant, mais la photo qu'on prend souvent de soi-même en est une de défi. D'assurance de soi. De défi du viseur. Une straight face.
Ce qui n'est pas un mal en soi. La vie peut-être une telle salope, il faut définitivement avoir confiance en soi et le montrer. Ça charme, même. Mais le gonflement de l'ego a beaucoup beaucoup BEAUCOUP de défauts. Le président des États-Unis actuel en est un parfait exemple.
Chaque jour ou presque, avec l'émission Occupation Double sur TVA, on nous rappelle la vacuité d'un certain individualisme et des tonnes de phrases commençant par moi. On ne se garde plus aucune gêne nulle part.
Est-ce que je m'en plains? un peu. Mais je suis le premier à claironner mes états d'âmes sur un blogue, dérivé d'un certain ego et d'une part d'individualisme. À planter du moi, ici et là.
Cette semaine, en travaillant, un homme m'a abordé en me disant, avec un fort accent anglophone:
"Hey! les gens me disent que je ressemble à Ron Hextall quand je me fâche!"
Devant mon visage d'incompréhension, il a répété mot pour mot ce qu'il venait de dire. Assez fier. Et n'ayant aucun rapport avec rien.
Hextall était un gardien but absolument sauvage quand il perdait la tête. Me disait-il qu'il avait perdu la tête et voulait se battre avec moi? Je n'ai pas répondu. Ne voulant rien alimenter comme moment de folie. Pendant que je travaillais, je faisais du bruit, je n'entendais donc pas tout ce qu'il continuait à me dire. Il a répété plusieurs fois qu'il ressemblait à Hextall, et plein d'autre choses que je n'ai pas entendu clairement en raison du bruit, du fais que je travaillais fort et qu'il avait un fort accent anglais sous un masque. Je n'ai pas insisté, j'ai souri. Il a continué et m'a dirigé quelques 10 phrases. J'ai compris une seule fois quelque chose comme "...J'ai beaucoup de respect pour ceux..." J'ai pensé qu'en me voyant fort occupé, il avait soudainement du respect pour moi. À la fin je lui ai demandé "I'm sorry but what are you getting at?". Ça aurait pu être reçu comme un affront pour cet homme. Il m'a dit encore qu'il ressemblait à Ron Hextall lorsque fâché mais sur un ton enjoué. Et m'a demandé mon opinion sur la chose. Je lui ai dit qu'avec un masque, c'était difficile à dire (Non, il était blond, aux cheveux longs, sans barbe). Il a enlevé son masque, j'ai menti en disant "oui, un peu" et il m'a dit "Toi aussi tu ressembles un peu à Ron Hextall" j'ai ri. Il s'est excusé vers la fin quand il restait là et que je lui disais simplement, "O.K.". Sur un ton conciliant. Il a fini par partir. M'aurait-il agressé si j'avais été baveux? Pas voulu le savoir. J'étais devenu précieux face à lui.
Un journaliste de Radio-Canada n'a pas eu cette chance à Ottawa. Il a été fort incommodé par un imbécile qui se croyait le droit d'arrêter quiconque sur la rue pour faire entendre ses raisonnements incohérents.
Présentement, dans la ville de Québec mais un peu partout au Québec aussi, on fait face à beaucoup de gens convaincus de leur propre folie. Ils ne croient pas à la Covid. Ni aux consignes du gouvernement. Ni aux journalistes. Pensent que les réseau 5G y est pour quelque chose. Que le gouvernement récolte des infos sur nous pour mieux nous contrôler...
Doux Jésus...
Y a t il moyen de se garder encore un peu d'humilité dans la floraison mentale?
De se défaire du complexe de Dieu?
Qui pense-t-on être en disant "vous êtes en état d'arrestation" à un journaliste que vous prenez pour un député qui ne lui ressemble en rien? Avoir agi de la même sorte envers le député, comme il le souhaitait n'aurait pas été plus justifié.
Qui êtes vous pour crier à des journalistes de votre galerie "Informez vous! vous vous trompez! vous faites parti du problème!"?
Qui êtes vous pour dire aux caméras de télé "Vous comprenez pas!"?
Qui êtes vous pour dire que vous ressembler à Ron Hextall, un joueur incapable de gérer ses frustrations?
Autant d'individus convaincus de leur propre divinité.
Et on sait que la religion est un leurre. Sinon, on devrait le savoir.
Flexez donc sur une autre planète. Je vous offre le lift.
La lutte actuelle est civile. Nous débordons d'incivilités.
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