lundi 31 janvier 2022

Les Olympiques de l'Inquiétude


Dimanche prochain, les jeux olympiques d'hiver de Pékin débuteront.

Désolé pour les athlètes qui y vivront leurs rêves, aux familles qui les suivront, nous ferons notre possible pour apprécier le spectacle, mais ça regarde mal. Ça se présente de manière inquiétante. 

Shomi Demoné, président

L'ouverture des jeux sera faite sans la plupart des leaders internationaux qui, généralement se précipitent pour s'amuser à la cérémonie qui est toujours amusante et généralement ponctué de splendeur. Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie, le Kosovo, ont tous confirmé qu'ils enverront des émissaires mineur afin de représenter leurs pays. L'Union Européenne a voté à 528 votes contre 29 pour aussi faire la même chose. On ne sait toutefois pas qui enverrait qui là-bas. Devant cette levée de bouclier qui est directement liée au génocide non reconnu par la Chine, des Ouïghours, en cours, en Chine, le président Chinois a eu la réplique la plus mature qui soit pour un enfant de son âge en disant simplement: "De toute manière, ils n'étaient pas invités...".

Vous avez le droit de rire.


Mais ça, c'est de la politique, loin des athlètes. 

Ceux-ci plongent là où la Covid est née. Et depuis le début, les informations sur le sujet sont atrocement contrôlés pas le gouvernement chinois. On ne publie plus les chiffres de gens atteints. Enfin, on le fait, mais le mensonge est mal construit. On dit qu'il y a moins de 100 cas. SUR 1,4 MILLIARDS DE CITOYENS!!! Christ! mentez mieux svp. La Chine n'a plus aucune fiabilité en ce qui concerne la vérité. Comment opérer dans un univers où on ne pourra pas faire confiance à rien? 


Survient donc une seconde inquiétude de taille: la fiabilité des tests de dépistage chinois. Comment y croire? La Chine triche déjà ses propres chiffres, voudra-t-elle envoyer le message mondial que ses jeux sont une niche à Covid? Vous pouvez être certains, mais absolument certains que pour chaque éclosion, le doigt sera vite pointé vers le pays de l'athlète infecté.  Le bras Chinois est déjà tendu. 


Et l'infecté(e) ? les infecté(e)s ? Si ils sont obligés de prolonger leur séjour parce qu'ils/elles ne peuvent plus reprendre l'avion, ce sera tout sauf drôle. Nous sommes allés au Honduras il y a trois semaines et on les voyait les pauvres qui devaient étirer leur séjour. Ils souffraient. De ne pas pouvoir sortir de leur chambre. De payer davantage pour rester devant sa télé. De voir la moitié de sa gang partir, certains tous seuls. Et le confinement forcé en Chine, pour le Canada, c'est un traumatisme tout frais à la mémoire. Doit-on rappeler que la Chine a gardé en otage deux de nos respectables Canadiens pendant plus de 2 ans, un diplomate et un hommes d'affaires, par représailles de la tenue en garde à vue de la #2 de Huawei qui trichait les accords commerciaux internationaux. Cause dont elle n'a jamais pu prouver son innocence. Nos deux otages, étaient 100% innocents de qu'on leur inventait comme crime. 


Un(e) Canadien(ne) voudra rester là bas de force? Air de traumatisme connu. 

La surveillance policière et le contrôle sera obsessif. Ça commence avant les jeux. Les équipes de journalistes étrangers n'ont pas droit à leur propre téléphone, les jeux leur en fournisse un qu'ils devront effacer à la fin.  

COMMENT FAIRE CONFIANCE À LA CHINE ? partout!


Les multiples interdictions seront respectées par les gens de l'étranger? Y a pas deux pays qui ont les mêmes restrictions. Et comment réagiront ceux qui doivent faire respecter les multiples mesures restrictives sanitaires ? Il s'agit bien du peuple dont les leaders tirent sur sa foule pacifique assise à la Place Tianenmen simplement parce qu'ils sont agacés de leur présence et de l'image qu'ils envoie dans le monde. Quelle sera leur niveau de tolérance contre celui ou celle qui ne respecte pas le corridor de son hôtel ?


Sur les milliards là bas, croyez vous qu'il n'y a pas aussi cons que les camionneurs d'Ottawa ou les immatures qui refusent le masque/vaccin? Pensez vous qu'il y a pas pire ?

La confiance sera inexistante sur ce qu'on verra. Au mieux, on doutera beaucoup. Et en experts de la triche, outil chinois pour atteindre ses objectifs, vous pouvez être certains qu'au tableau final des médailles, ce sera la Chine, la meilleure. Tout sports de juges sera questionnable. Les leaders Chinois n'ont pas la maturité pour accepter d'être ailleurs que premiers, au chapitre des honneurs. 


C'est ce qui me fera gagner mon pool d'olympiques au travail. J'ai prédit la Chine première au tableau des médailles.

Parce qu'ils tricheront en ce sens. L'ont prouvé déjà plusieurs fois, ailleurs. 


Vous vous rappelez Pékin 2008? jeux d'été? Ils avaient ouverts avec un mensonge. La petite fille "cute" qui chantait la chanson en ouverture en était en fait une autre, "moins jolie". 

Ce ne sera très certainement pas différent en ère de Covid et sous pression internationale face à leur génocide en cours. 

dimanche 30 janvier 2022

Jeunes et Haïssables


Pour le casting de son film tourné aux États-Unis, Zabriskie Point, le grand réalisateur Michelangelo Antonioni avait envoyé sa directrice à Los Angeles afin de trouver son acteur principal. La directrice avait croisé Mark Fréchette sur la rue, en train d'enguirlander vivement sa compagne. Elle avait aimé l'intensité. Elle était revenue à Antonioni et lui avait dit "He is young and he hates". Fréchette avait aussitôt été engagé.


Je ne connaissais pas Joe Rogan, le comédien. Ni le stand-up comique. Je l'ai connu pour la première fois comme animateur de l'émission un brin grotesque qu'était Fear Factor. J'ai tout de suite vite saisi le personnage. Plutôt petit en taille (1,72 mètres), comme beaucoup de gens de la sorte, il en est complexé. Depuis probablement longtemps. Enfant, de son propre aveu, il était tout simplement terrorisé d'être considéré comme un "loser". Une telle pensée ne vient jamais à l'esprit de celui ou celle qui se contente de simplement vivre sa vie. Mais dans la sienne, il est très petit de taille, je le répète, ça existait. Ce qui l'a mené, comme plusieurs complexés, aux Taekwondo, où il a apparemment brillé. Il a fait aussi beaucoup de musculation. Mon ancien patron était aussi très petit de taille (Rogan fait 5'6, mon ancien boss, pas mal la même chose), et avait aussi, par le passé, fait de la musculation. Inutile de vous dire à quoi point il était complexé d'emblée. Il était aussi risible. Il nous montrait quelques fois "par erreur" sa photo de lui sortant de l'eau, hyper musclé, il y avait 10 ans. Risible.

Ce que j'ai vite trouvé Joe Rogan en écoutant Fear Factor à l'époque. Fin des années 2000, début des années 2010. Il incarnait tout ce que je trouvais ridicule d'un certain masculinisme. Le concept de l'émission appelait à un ridicule assez insultant. Vous savez quand vous avez l'impression de regarder ce qui fait resortir le pire de l'homme?  Il en était guide. Avec une certaine complaisance. 


Je n'ai pas insisté sur l'homme, comme une chanson qui ne nous plait pas, si je le voyais quelque part, je zappais ailleurs, visuellement et intellectuellement. Comme il était rompu aux arts martiaux, il a naturellement été attiré par les combats extrêmes dont il est devenu commentateur coloré. Enfin, c'est ce qu'on dit, personnellement, les combats extrêmes, je suis extraordinairement pas fan du tout. Se taper sur la gueule? Je suis une autre sorte d'animal. Mais ça confirmait qu'une conversation entre Rogan et moi ne durerait que le temps de faire une courte pisse à l'urinoir. Et mon pénis est plus gros que le sien. 


J'ai cru comprendre avec le temps qu'il faisait de la radio. Puis, j'ai réalisé que c'était aussi (ou plutôt) un ballado. Tel ne fût pas ma double surprise, la semaine dernière, de le voir trôner premier au Canada dans les ballados les plus écoutés. Découvrant l'extraordinaire ballado "I'm In Love With That Song" de Brad Page, je découvrais aussi, le même jour, que ma liste de lecture de Neil Young, de 3h30, était maintenant passée à 33 minutes. Toutes des chansons prêtées à des trames sonores de films. Rogan et Neil était liés et je le découvrais aussi. Young avait demandé à Spotify de choisir entre Rogan et l'oeuvre de Neil Young pour héberger l'un ou l'autre, mais pas les deux. Rogan présente beaucoup de désinformation sur la Covid-19, a fait la promotion de choses extrêmement dangereuses comme l'ingestion du remède de cheval qui vous fera chier tout ce que vous avez dans le corps sans arrêt pour le restant de votre vie. Young a tout fait retirer son catalogue puisque la maison mère de Spotify ne veut pas laisser tomber ses millions avec Rogan.


À qui parle Joe Rogan? Aux jeunes hommes en colère. Aux plus vieux aussi qui trouvent que les Femmes ne sont pas assez tenues en laisse. C'est effectivement très très inquiétant de savoir que c'est ce que le Canada préfère écouter majoritairement. 

Les jeunes hommes en colère, on les as beaucoup vus et entendus depuis le début de la pandémie. Il a joué la carte de "l'écho de ceux qui font le plus de bruits". Et il ne sait peut-être pas, mais c'est exactement ce qu'il craignait plus jeune. Il se glisse dans la peau du sale loser qui nous prive de guérisseurs comme Neil Young.


Il est facile de ranger dans la catégorie des "je vais tout simplement l'éviter". C'est ce que j'ai fait avec Rogan. Mais quand ce que tu tentes d'éviter (ici, le covidiot) et que ça s'impose, c'est un peu comme Brassard.

"Brassard, Jones? De quoi tu parles? "

Brassard c'était un abruti avec lequel je jouais au hockey plus jeune vers mes 15 ans. Après un match, il avait promis de sa battre avec un joueur de l'autre équipe. On le ridiculisait d'avoir l'idée. Je suis dans les estrades vides, après le match, "je chill" dirait mon fils, je suis exactement là où il faut pour tout voir. Brassard, dans le minuscule corridor qui ne peut pas faire passer deux personnes, Brassard se braque et se gonfle, afin de de pas faire passer un joueur adversaire qui veut passer et simplement sortir, avec sa poche de hockey sur l'épaule. Il n'a visiblement aucunement envie de ce qui se passe. Brassard fait le con et l'empêche de passer. Je ne sais plus ce qu'il lui dit, mais ça dire un temps. Trop longtemps pour le joueur adverse qui, à contrecoeur, laisse tomber sa poche, lui passe le t-shirt au dessus de la tête, le force à se pencher, lui administre deux trois coups de poings, Brassard est K.O. L'autre quitte les lieux en s'excusant. Brassard l'avait inviter à se battre. L'autre l'a battu. Ask, I'll provide. J'ai un sourire en coin.


"Il m'a sauté dessus!" s'est plaint Brassard. Unique témoin, dans les loges, je rétabli la vérité quand les adultes des deux clubs s'en sont mêlé et m'ont demandé. 

Les camionneurs du week-end, c'est Brassard. Des maudits idiots. Et suivant la courbe que je vous parlais plus haut, humilié à jamais, Brassard est devenu complexé, En secondaire 5, il était désormais gonflé aux stéroïdes. Encore plus gênant. 

Les camionneurs du week-end sont Joe Rogan, Maxime Bernier, Brassard. 

Gênants.  

Et tellement, tellement bêtes. 


Ils ne représentent aucunement les camionneurs du Québec et du Canada. Je travaille avec eux. Rien à voir.

Jeunes & haïssables. Tellement prêts à haïr. Si jeune et si vieux en même temps. Même immaturité.   

On commence à vieillir quand on cesse d'apprendre.

Ces "jeunes" sont peut-être assez vieux finalement. 

Ils se sont convaincus qu'ils n'ont plus rien à apprendre. 


Mark Fréchette, de Zabriskie Point, n'était pas comédien. Il était réel désorienté. Après le film il se fera arrêter pour avoir été au coeur d'un cambriolage dans lequel il s'est fait prendre. C'est en prison qu'il trouve la mort, en 1975, s'échappant une barre de poids et haltères fatalement sur la carotide. 

Une mort tellement tellement bête.

Ce qu'exigent ces camionneurs à Ottawa. 

C'est gratuit le calisse de vaccin. Pis ça vous protège. Vous offrez un désolant coup d'épée dans l'eau. 

samedi 29 janvier 2022

Le Bal Surréaliste des Rothschild

Si votre famille avait la plus large fortune privée de l'histoire de l'humanité, la moindre des choses que vous pourriez faire serait de prendre possession du plus grand château de France, pour y donner un bal, dont les costumes seraient dessinés par Salvador Dali, avec des vedettes de partout dans le monde, et des valets se comportant comme des animaux. 

Cette famille, qui était celle-là, a fait justement, ça. 

Les Rothschild. 


En 1957, après un bref mariage avec un compte, Marie-Hélène Stéphanie Josina van Zuylen van Nyevelt van de Haar (non il ne s'agit pas de 5 personnes mais l'équivalent de la fortune de 5 royaumes), choisissait d'épouser son troisième cousin, Guy de Rothschild, figure de proue de la banque des frères Rothschild. Leur amour brisait plusieurs tabous. Il s'agissait de la toute première fois qu'un leader Rothschild épousait une non-juive. Guy a dû laisser tomber son titre de président de la Communauté Juive de France, et la catholique Marie-Hélène, a dû recevoir une faveur du pape. La vie sociale du couple allait montrer un similaire esprit sans contrainte.


Le Château de Ferrières, étaient à l'époque,  le plus grand château de France. Il datait du 19ème siècle. Découvrant les tours Mentmore, de Buckinhamshire, les ancêtre de Guy avait commandé à leur architecte de construire la même chose, mais en deux fois plus gros. Le château en question comprend 80 chambres d'invités, 5760 pieds carrés de forêt, une hall central de plus de 120 pieds, des colonnes et des cariatides sculptées par Charles Cordier, une librairie de plus de 8000 livres et un jardin italien de la néo-renaissance. 


Occupé lors du conflit Franco-Prussien, et à nouveau par les Nazis lors du Second Grand Conflit, le Château de Ferrières est resté vide jusqu'en 1959, quand Marie-Hélène a choisi de le restaurer. C'est vite devenu un repaire, un épicentre hédoniste, pour la haute société européenne. Mélange rigoureux de noblesse, de stars hollywoodiennes, d'artistes, de musiciens, de designers de mode, Yves St-Laurent y croisait Brigitte Bardot qui frayait avec Grace Kelly. Les soirées qui s'y tenaient étaient si prisées, qu'une des personnalités (identifiée seulement pour les initié(e)s) aurait menacé de se suicider si elle n'y était pas invitée à la prochaine soirée.

Le 12 décembre 1972, année de la sortie du Charme Discret de la Bourgeoisie de Luis Bunuel, et année de mon atterrissage sur cette planète, Marie-Hélène y allait elle-même de son propre élan surréaliste. Bourgeois...


Les invitations avaient été envoyées écrites complètement à l'envers, forçant celui ou celle qui la lisait de la placer devant un miroir pour la comprendre. Le message invitait, de manière cryptique, à porter une cravate noire, de longues robes et des têtes surréalistes.  À leur arrivée, l'éclairage naturel de soleil couchant jaune, en fin d'après-midi et celui des mêmes teintes projeté sur le château, donnait la nette impression que celui-ci était en feu. On a donc choisi de placer des valets, arrosant le château, comme si on voulait affaiblir un incendie. Près de l'escalier principal, des valets et des servantes étaient déguisé(e)s en chats, et se comportaient de la sorte. Assoupis par terre dans les marches, se léchant les mains, s'étirant les pattes se grattant l'oreille frénétiquement. Les invités débutaient en trouvant leur chemin dans un labyrinthe, ponctué de théâtre immersif et de surprises macabres dans une forêt pleines de toiles d'araignées. Si on s'y égarait, "un chat" pouvait nous en sortir. 


Éventuellement, votre valet/chat vous accompagnera jusqu'à la table du souper ou vous sera servi une assiette enveloppée de fourrure, sur des tables décorées de tortues empaillées, avec un buffet présenté sur le corps d'un mannequin de plastique couché sur un lit de roses. Les fourchettes étaient remplacées par des poissons morts de la même taille. Le menu étant composé de jeux de mots cannibales ou de nom cosmique comme "la soupe extra lucide" ou "le fromage de chèvre cuit dans la tristesse post-coïtale." Cette décadence fera si écho que deux clin d'oeils musicaux de 1973, Roxy Music avec In Every Dream Home a Heartache et les Rolling Stones avec l'album Goats Head Soup* y feront des références évidentes.


Les costumes n'étaient pas en reste. Marie-Hélène portait une énorme tête de cerf avec des larmes de vrais diamant lui coulant des yeux. Audrey Hepburn portait une relativement innocente cage à oiseaux autour de sa jolie face. L'esthète Baron Alexis de Redé portait un impressionnant masque quadruple, picoté de scarabées et de coccinelles. Un clin d'oeil avoué à l'allégorie de la prudence de Titan.   Salvador Dali avait designé plusieurs de ces costumes. Sans toutefois en porter un, lui-même. Mais il était d'emblée si coloré. La reine du parfum, Hélène Rochas portait un gramophone sur sa tête. Une autre invitée portait une pomme devant son visage. Clin d'oeil à Magritte.  Une autre portait un collage de la Mona Lisa sur sa tête. La supermodèle Maria Berenson, tournant deux trois ans plus tard avec Stanley Kubrick dans Barry Lyndon, qui, ironiquement, proposera une micro-société du genre dans son dernier film, en 1999, Eyes Wide Shut, était aussi présente, ajoutant à la soirée son caractère de beauté sacrée, d'opulence et de sexe, tous conjugué en même temps, un même soir. 

Dès 1975, les Rotschild donnaient à la chancellerie des Universités de France le château en question, et ceux-ci en feront une réputée école de gastronomie. Ils déménageront eux-même dans une mais des bois de la forêt tout près. Qu'ils avaient fait construire. Vivant dans le secret des bois. 

Peu de soirées festives, depuis Warhol, ont été de véritables soirées consacrées aux arts et cette soirée de décembre 1972, chez les Rotchschild est surement considéré comme un vrai hommage aux surréalistes. 

Labyrinthe social cautionné par un ami de Bunuel (Dali) et un leader du surréalisme mondial, ce soir étrange fêtera ses 50 ans, dans moins de 12 mois.   

En écoutant le filou James William Awad, avant hier, assis sur plus de 17 millions, à 28 ans, qu'il n'arrive pas à bien justifier, je me suis dit que voilà quelqu'un qui n'aurait pas l'imagination pour penser un party du genre.

La richesse est toujours à un pas de l'indécence. 


* La pochette originale, jugée trop grotesque, se trouvant ici.

vendredi 28 janvier 2022

Éloge De la Fraude


 "...Snap back to reality, ope goes gravity..."-

-M.M. 

Plus jeune, universitaire,  j'écrivais des textes qui étaient, avec le recul, une sorte de préparation à ce blogue, j'imagine. Un des textes qui me revient en tête en est un où je racontais l'histoire d'un jeune de mon âge (19-20 ans) qui convoquait la presse afin de faire une annonce. Les journalistes se pointaient et posaient des questions au jeune homme qui avait, au final, rien à raconter. C'était une critique de ma propre génération que je trouvais parfois extrêmement vide. C'était 1990-1991 ou 1992. On commençait tout juste à voir des humoristes inonder les stations de radio. Véronique Cloutier était absolument partout, dont le vendredi, à la télé, souvent pour simplement chanter, "entre vedettes". Julie Snyder...enfin...Julie Snyder colle encore à nos soirées...Peu importe, c'est de notre époque dont je tiens à vous parler. D'hier et de demain. 

Et ce que j'écrivais alors, prends soudainement vie.

Hier, James William Awad, ancien Kevin, donnait une conférence de presse des nouveaux bureaux de ses très très opaques entreprises, à Ville Saint-Laurent. Officiellement, ça avait été annoncé pour "qu'il s'explique" sur le voyage au Mexique où son groupe a enfreint toutes les règles de tenue de passagers en plein vol. Il ne s'est pas expliqué du tout. 


J'avais très hâte de l'entendre car je m'étais informé sur le louche individu. Tout le monde l'avait fait. Et c'est là que tout est intéressant. Siiiiiiiiiiiiiii louche.  Le "hier" de James William Awad est si filou qu'ils sont assez nombreux en ce moment pour se pencher sur la question qui est sur toutes les lèvres, et qu'il a engraissé lui-même dans le journal, la veille, "Comment ce jeune homme de 28 ans a-t-il fait pour maintenant être assis sur une fortune de plus de 17 millions ? "


Il prétend avoir inventé un code de programmation révolutionnaire, mais ce mensonge n'a pas passé la rampe des experts.  Il aurait aussi vendu des codes de triche pour des jeux. Aux Chinois. Ça, on le croit davantage. Parce qu'aucun doute ne se fait autour du fait que Awad est un tricheur. Ce qui fait que le rapprochement avec les Chinois n'est pas si surprenant. Pour Awad (comme pour les Chinois), la fin justifie les moyens. TOUTE fin, justifie TOUS les moyens. Donc tricher est un outil pour avancer, pour sa richesse personnelle. Chaque fois qu'il a dit hier, en conférence de presse, le mot "décentralisé(e)" il fallait traduire par "souhaitant ne suivre aucune règle légale". On écoutait hier des tricheurs voulant établir leur règles. 


Il a essentiellement dit seulement deux choses hier: 1) il a fait une infopub pour sa compagnie en fonction de la St-Valentin prochaine 2) il a soutenu que les compagnies aériennes avaient été "illégales" et en bris de contrat de refuser de ramener lui et ses 154 invités. Sans même réaliser que le premier bris de contrat était le sien. Le groupe, duquel il était responsable, a brisé toutes les règles qu'un passager doit suivre à bord d'un avion, en plus de braver les précautions sanitaires sans retenue. Il était assez piètre communicateur dans son point de presse qui perdait de l'intérêt après 4 minutes. Il n'expliquait rien. Sinon, à nouveau, que son jugement est très très faible. 

    Très très très faible. Issu du monde parallèle dans lequel il a mentalement grandi et dont il semble presque fier. Un monde décentralisé sans qu'aucune loi ne viennent le freiner dans ses envies.  

Dans le journal de la veille, il disait aux journalistes, à qui il faisait fièrement visiter son royaume en construction, que "ici...ce sera le sex dungeon...". Aucune allusion à une possible blague de la part du journaliste qui rapporte les faits. Rick James a servi un peu plus de deux ans de prison pour avoir joué au "freak" pendant une semaine, créant son propre donjon sexuel. R.Kelly, trouvé coupable de racketing, d'exploitation sexuelle infantile, de traffic du sexe, d'agressions sexuelles sur des mineures, de corruption, de kidnapping, aura sa sentence le 4 mai prochain et avait, lui aussi son donjon du sexe. Même si c'était une blague...étais-ce de bon goût ? Les propos qu'il tenait avec le journaliste démontre une très grande absence de contact avec les réalités sociales. Il l'a aussi prouvé hier en parlant de son voyage à Walt Disney, qui a suivi celui au Mexique.


Il parle de poursuivre la compagnie aérienne. Il perdra. Il manque tant de contact avec le monde réel que lorsqu'il s'est présenté hier, pour son point de presse, un moment surréaliste s'est déroulé. Il a enlevé son masque et a posé pour les journalistes sur place. Comme si il avait été Brad Pitt.

C'est un cours sur le narcissisme obstruant le jugement auquel on assiste. 

Fameux film catastrophe dans lequel il ne semble pas comprendre qu'il est le futur noyé. Les radars de partout sont sur lui. 

Il disait hier "je paie mes impôts..."...les journalistes ont ri. Ça reste à voir. Ça aussi faudra voir...les déclares tu comme tu le devrais?. Il jongle mal avec ses propres menteries. Et le cirque est loin d'être fini.


Il dit ne pas vouloir s'intéresser aux passés des gens. Je comprends son frein. Dans le sien, son passé, y a un blâme de l'Autorité de Marchés Financiers, qui lui ont fait changer légalement de nom. Y a des crosses. 

Pas certain que la "légalité" l'ait toujours vraiment intéressé. 

La suite m'intéresse beaucoup. Il semble évident que sa fortune ne soit pas propre, propre. De son aveu même, elle est née de cheat codes. 


Si intéressé par la triche, a-t-il beaucoup pêché de cette manière par le passé? Partout? Ses anciens collègues scolaire ne semble pas dire oui, mais, absolument

Les enquêteurs d'un peu partout sont sur son dossier. La Banque Royale a déjà coupé les ponts avec son groupe d'investisseurs. 

Une bonne idée serait de le donner aux Chinois. Leurs leaders sont déjà rompus au modèle de pensée.

Mon texte d'âge universitaire s'incarne. Curieux de connaître la fin du film.

jeudi 27 janvier 2022

À La Recherche du Temps Perdu******************Unfaithful Music & Disapearing Ink d'Elvis Costello


Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: La littérature.

Lire n'est pas un effort pour moi. Je suis traducteur, je lis et écrit tout le temps. C'est un troisième poumon.

Lire c'est accepter de s'abandonner dans l'univers d'un(e) autre. C'est vouloir explorer l'inconnu ou approfondir ses convictions, découvrir l'autre, plonger dans des mondes qu'on ignore, se découvrir, s'ouvrir les sens, se stimuler l'intelligence, c'est apprendre à respirer sur un autre rythme que le sien.

Et respirer c'est vivre. 


UNFAITHFUL MUSIC & DISAPEARING INK
d'ELVIS COSTELLO

Je n'ai jamais placé de biographie ni d'autobiographie dans cette case de chronique mensuelle et je me dois de le faire. La bio/autobio, son genre, peut être formidable et celui qui est né Declan Patrick MacManus écrit simplement merveilleusement bien. Et pas simplement de la musique. 

Il fait surtout rire. Ce livre est une autobiographie. Et l'idée de ne pas en faire une histoire de sa vie racontée en ordre chronologique est une excellente idée. Ce qui fait que j'aime tant Costello, c'est qu'il est très passionné par son art, la musique. Il pige dans absolument toutes les époques et tous les genres, et tricote à sa manière, une toute nouvelle matière. Unique. Il a fait de même avec ce livre de 2015 que j'ai volé dans la bibliothèque d'un bateau de croisière.


Papa était musicien, Elvis est donc un enfant de la balle. La pomme tout près de l'arbre. En plaçant chaque chapitre un peu n'importe où dans l'histoire de sa vie, on arrive facilement à lire ce livre comme on lit un livre de nouvelles. Par petits morceaux, de temps à autres, entre deux livres. Quand on a un 10 minutes à tuer. Et avec les moyens de diffusions musicales de nos jours, il est toujours très agréable d'aller valider sur-le-champ les dires quand on dit quelque chose comme "J'ai piqué l'air à The Chantels, mais c'était peut-être aussi mon amour pour les Ronettes."


Il a prouvé être un excellent intervieweur en sachant mettre en valeur ses invités et en les écoutant avec intelligence et un étonnant talent. Cette fois, ce sont ses voix intérieures qu'il fait parler et c'est moins la narration de son parcours musical, que l'exploration de ses parcours mentaux. Costello est excessivement drôle. Vraiment. Il sait rire de sa personne. Il sait se moquer et reconnaître ses erreurs du passé, comme cette fois où il a dit les pires grossièretés racistes (saoûl) à la bande à Stephen Stills, pour les offusquer, que sa popularité grandissante aux États-Unis s'en est vue ralentie, sa tournée freinée et sa réputation, salie jusqu'à aujourd'hui. 


Bien que non chronologique, le livre reste panoramique de sa carrière. Et il l'a rendue fort intéressante sa carrière. Qu'on aime sa musique ou non.  Et Costello n'est pas raciste du tout. Il est tout simplement frondeur. Et assez con. Et s'en amuse. En nous amusant aussi. Beaucoup. Presque toujours à ses dépens. Il a du Woody Allen dans le pif. Avec un certain degré de controverse aussi. (pas du même niveau). 


Et grâce à Spotify, Youtube, Itunes, Applestore, ses disques, ses cassettes, enfin tous les moyens de diffusion musicale sur commande, on (re)découvre plusieurs de ses morceaux autrement. Un angle nouveau sur une vieille canaille. Un sympathique bougre au bout du compte. Le titre de l'auto bio est diablement bien choisi, à mon très humble avis. Il a eu plusieurs directions à sa musique et ne peut nier qu'il vieillit. 

Véritable passionné de la musique. Et qui le rend bien à l'écrit autant qu'à l'instrument. 


Toute personne qui écrit sur soi-même choisit bien ce qu'elle veut qu'on retienne d'elle. 

C'est assurément le cas, ici, aussi. Et Elvis parait très mal par moment. Ce qui donne au livre un zest d'honnêteté assez fort. 


On a même l'histoire de la superbe photo d'Anton Corbyn qui fait la couverture du livre. Sans même souligner qu'elle fera la couverture du livre. On le comprend tout de suite. Elvis ne prend pas son public, ses lecteurs, pour des cons. Ne leur donne pas tout cuit dans le bec. Faites l'effort vous aussi.  

Pump It Up! 

Lecture amusante de début d'année.    

Pas besoin de connaître son oeuvre pour s'y amuser. 

C'est une phrase de lui, que la pandémie m'inspirait, et qui m'était venue en tête cette semaine au bureau, qui m'a inspiré ce titre à vous recommander. 

"And I would rather be anywhere else than here today"

mercredi 26 janvier 2022

On Fait l'Amour, On Fait La Guerre

Le 11 ou le 12 mars 2020, un représentant de sa compagnie de disques et le musicien Karim Ouellet se rendaient ensemble à une séance photo pour le 4ème album de l'artiste que Ouellet travaillait encore et qu'il retravaillera jusqu'à y a pas longtemps. 

Ça allait être son premier album sous une filière de l'étiquette Universal, les trois premiers ayant été tricoté sous la houlette de l'étiquette Coyotes Records. 


Le 13 mars 2020, on sait tous ce qui s'est passé. Le Québec a réagi pour la première fois à la pandémie et tout le monde a été bouleversé dans ses habitudes. Personne n'a encaissé ces bouleversements de la même manière. Personne. Même moi, mes positions ont largement évolué depuis ce 13 mars. Si on me lit sur cette période, et les mois qui ont suivi, on peut souvent lire une très grande frustration. "Le Québec est sur pause" mais pas pour moi, ni mon fils (paramédic) ni ma blonde (planificatrice financière) ni pour ma fille (sacrifiée du bal de finissantes et d'entrée au Cégep convenable, sinon caissière dans une épicerie) la pause pour nous était archie fausse. J'étais aussi considéré comme service essentiel (recyclage/compost/déchets-les contenants pas les contenus) et j'étais partout sur les routes. Je n'ai jamais arrêté et notre compagnie n'a jamais fait plus d'argent. Les rues des villes étaient désertes. Alors qu'on opérait une quarantaine de maison par jour, en temps "normaux", on pouvait maintenant faire près de 100 adresses par jour. Je commençais tôt, finissait tard, était crevé, faisait beaucoup d'argent en temps supplémentaire car la compagnie pressait le citron. Au final ça m'a même physiquement achevé, j'ai exigé le bureau en août. Y suis depuis l'automne 2020. 

Je trouvais tout le monde trop inquiets de la Covid et parlait même "d'un danger de boomers". 

Je me trompais. Je sous-estimais le danger. Bien que les boomers (les obèses & les immunosupprimé(e)s) soient les victimes faciles de cette pandémie, le mal en était sa propagation. L'est toujours. Ce que beaucoup trop n'arrivent pas encore à comprendre. La vaccination ne soigne pas complètement, mais freine beaucoup. Et ce qui freine a le potentiel d'arrêter. C'est au moins ça. Faut mettre un pied dans la bonne porte.


L'auteur compositeur interprète Karim Ouellet a fermé toutes les portes. Il a coupé les ponts avec sa maison de disques. On lui écrivait, il ne répondait pas. On a respecté l'artiste dans sa bulle de création. Ses amis et collaborateurs aussi ont confirmé que Ouellet choisissait de vivre reclus, sans complètement s'en expliquer. Du moins pas à du monde qui partagerait publiquement. Karim s'enfermait dans sa tête.  


22 mois plus tard, on a retrouvé le jeune homme de 37 ans décédé dans le studio où il enregistrait, le troisième week-end de janvier dernier, et le grand public l'a appris le lundi suivant. Ondes de choc. Il était si aimé/aimable, si jeune. De la garderie à l'université, on oublie que nos jeunes encaissent aussi les dérivés de la pandémie. On a été plusieurs de mon âge à raconter les mêmes souvenirs de ses chansons chantés ensemble, dans la voiture, avec nos enfants plus jeunes.  

On ne sait pas ce qui a tué Ouellet encore. On le devine. C'est pour se parler que des jours comme aujourd'hui se sont pensés. Aujourd'hui, on cause pour la cause, celle-ci étant la recherche et la sensibilisation à la maladie mentale. Pour ne plus deviner ce qui se passe dans la tête des gens, mais tenter des amorces de compréhension. 

Nous n'en sommes qu'aux amorces. Se traiter de "mongol" ou de "mental" en est encore au stade de ce qu'était "fifi" ou au côté péjoratif que pouvait avoir le mot "gay" dans les années 80. Tolérable. Un jour, on sera peut-être un peu gêné d'évoquer du réducteur quand on parle de maladie mentale. 

On ne rit plus quand Étienne Boulay, porte-parole de cette journée consacrée à la maladie mentale, doit se retirer de son mandat parce qu'en territoire vaseux mentalement. On ne rit vraiment plus quand Karim Ouellet est retrouvé mort quelques jours avant qu'on en discute. Faisait longtemps qu'il marinait dans quelque chose, le talentueux musicien. Seul. Vraiment seul? 


Peu le sait. Certains le savent. Il était moindrement entouré, mais il l'était. Ça importe peu de savoir, à moins d'être un(e) proche de quoi est décédé Karim. Il n'est plus. Mais doit continuer à être. Sa musique donne vie.  

Il est plus qu'important de continuer à faire l'amour et faire la guerre

Baigner dans l'amour de soi, de ses prochains, des autres. 

Faire la guerre aux préjugés, aux combats intérieurs, à la Covid. 

Le muraliste Monk.E faisait des murales au Sénégal. Son vol de retour à Montréal a été retardé de deux semaines en raison de la situation sanitaire locale, au Sénégal. (il aurait probablement testé positif à la Covid à son départ). Il avait donc deux semaines à tuer. Il a pris ce temps pour faire une dernière murale avant de partir. Là où Karim Ouellet est né. 

C'est bien d'écouter, primordial. Mais faut-il encore se parler. 

Causons aujourd'hui. Causons toujours. Pour l'amour.