Pour le casting de son film tourné aux États-Unis, Zabriskie Point, le grand réalisateur Michelangelo Antonioni avait envoyé sa directrice à Los Angeles afin de trouver son acteur principal. La directrice avait croisé Mark Fréchette sur la rue, en train d'enguirlander vivement sa compagne. Elle avait aimé l'intensité. Elle était revenue à Antonioni et lui avait dit "He is young and he hates". Fréchette avait aussitôt été engagé.
Je ne connaissais pas Joe Rogan, le comédien. Ni le stand-up comique. Je l'ai connu pour la première fois comme animateur de l'émission un brin grotesque qu'était Fear Factor. J'ai tout de suite vite saisi le personnage. Plutôt petit en taille (1,72 mètres), comme beaucoup de gens de la sorte, il en est complexé. Depuis probablement longtemps. Enfant, de son propre aveu, il était tout simplement terrorisé d'être considéré comme un "loser". Une telle pensée ne vient jamais à l'esprit de celui ou celle qui se contente de simplement vivre sa vie. Mais dans la sienne, il est très petit de taille, je le répète, ça existait. Ce qui l'a mené, comme plusieurs complexés, aux Taekwondo, où il a apparemment brillé. Il a fait aussi beaucoup de musculation. Mon ancien patron était aussi très petit de taille (Rogan fait 5'6, mon ancien boss, pas mal la même chose), et avait aussi, par le passé, fait de la musculation. Inutile de vous dire à quoi point il était complexé d'emblée. Il était aussi risible. Il nous montrait quelques fois "par erreur" sa photo de lui sortant de l'eau, hyper musclé, il y avait 10 ans. Risible.
Ce que j'ai vite trouvé Joe Rogan en écoutant Fear Factor à l'époque. Fin des années 2000, début des années 2010. Il incarnait tout ce que je trouvais ridicule d'un certain masculinisme. Le concept de l'émission appelait à un ridicule assez insultant. Vous savez quand vous avez l'impression de regarder ce qui fait resortir le pire de l'homme? Il en était guide. Avec une certaine complaisance.
J'ai cru comprendre avec le temps qu'il faisait de la radio. Puis, j'ai réalisé que c'était aussi (ou plutôt) un ballado. Tel ne fût pas ma double surprise, la semaine dernière, de le voir trôner premier au Canada dans les ballados les plus écoutés. Découvrant l'extraordinaire ballado "I'm In Love With That Song" de Brad Page, je découvrais aussi, le même jour, que ma liste de lecture de Neil Young, de 3h30, était maintenant passée à 33 minutes. Toutes des chansons prêtées à des trames sonores de films. Rogan et Neil était liés et je le découvrais aussi. Young avait demandé à Spotify de choisir entre Rogan et l'oeuvre de Neil Young pour héberger l'un ou l'autre, mais pas les deux. Rogan présente beaucoup de désinformation sur la Covid-19, a fait la promotion de choses extrêmement dangereuses comme l'ingestion du remède de cheval qui vous fera chier tout ce que vous avez dans le corps sans arrêt pour le restant de votre vie. Young a tout fait retirer son catalogue puisque la maison mère de Spotify ne veut pas laisser tomber ses millions avec Rogan.
À qui parle Joe Rogan? Aux jeunes hommes en colère. Aux plus vieux aussi qui trouvent que les Femmes ne sont pas assez tenues en laisse. C'est effectivement très très inquiétant de savoir que c'est ce que le Canada préfère écouter majoritairement.
Les jeunes hommes en colère, on les as beaucoup vus et entendus depuis le début de la pandémie. Il a joué la carte de "l'écho de ceux qui font le plus de bruits". Et il ne sait peut-être pas, mais c'est exactement ce qu'il craignait plus jeune. Il se glisse dans la peau du sale loser qui nous prive de guérisseurs comme Neil Young.
Il est facile de ranger dans la catégorie des "je vais tout simplement l'éviter". C'est ce que j'ai fait avec Rogan. Mais quand ce que tu tentes d'éviter (ici, le covidiot) et que ça s'impose, c'est un peu comme Brassard.
"Brassard, Jones? De quoi tu parles? "
Brassard c'était un abruti avec lequel je jouais au hockey plus jeune vers mes 15 ans. Après un match, il avait promis de sa battre avec un joueur de l'autre équipe. On le ridiculisait d'avoir l'idée. Je suis dans les estrades vides, après le match, "je chill" dirait mon fils, je suis exactement là où il faut pour tout voir. Brassard, dans le minuscule corridor qui ne peut pas faire passer deux personnes, Brassard se braque et se gonfle, afin de de pas faire passer un joueur adversaire qui veut passer et simplement sortir, avec sa poche de hockey sur l'épaule. Il n'a visiblement aucunement envie de ce qui se passe. Brassard fait le con et l'empêche de passer. Je ne sais plus ce qu'il lui dit, mais ça dire un temps. Trop longtemps pour le joueur adverse qui, à contrecoeur, laisse tomber sa poche, lui passe le t-shirt au dessus de la tête, le force à se pencher, lui administre deux trois coups de poings, Brassard est K.O. L'autre quitte les lieux en s'excusant. Brassard l'avait inviter à se battre. L'autre l'a battu. Ask, I'll provide. J'ai un sourire en coin.
"Il m'a sauté dessus!" s'est plaint Brassard. Unique témoin, dans les loges, je rétabli la vérité quand les adultes des deux clubs s'en sont mêlé et m'ont demandé.
Les camionneurs du week-end, c'est Brassard. Des maudits idiots. Et suivant la courbe que je vous parlais plus haut, humilié à jamais, Brassard est devenu complexé, En secondaire 5, il était désormais gonflé aux stéroïdes. Encore plus gênant.
Les camionneurs du week-end sont Joe Rogan, Maxime Bernier, Brassard.
Gênants.
Et tellement, tellement bêtes.
Ils ne représentent aucunement les camionneurs du Québec et du Canada. Je travaille avec eux. Rien à voir.
Jeunes & haïssables. Tellement prêts à haïr. Si jeune et si vieux en même temps. Même immaturité.
On commence à vieillir quand on cesse d'apprendre.
Ces "jeunes" sont peut-être assez vieux finalement.
Ils se sont convaincus qu'ils n'ont plus rien à apprendre.
Mark Fréchette, de Zabriskie Point, n'était pas comédien. Il était réel désorienté. Après le film il se fera arrêter pour avoir été au coeur d'un cambriolage dans lequel il s'est fait prendre. C'est en prison qu'il trouve la mort, en 1975, s'échappant une barre de poids et haltères fatalement sur la carotide.
Une mort tellement tellement bête.
Ce qu'exigent ces camionneurs à Ottawa.
C'est gratuit le calisse de vaccin. Pis ça vous protège. Vous offrez un désolant coup d'épée dans l'eau.
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