Le 13 mars 2020, on sait tous ce qui s'est passé. Le Québec a réagi pour la première fois à la pandémie et tout le monde a été bouleversé dans ses habitudes. Personne n'a encaissé ces bouleversements de la même manière. Personne. Même moi, mes positions ont largement évolué depuis ce 13 mars. Si on me lit sur cette période, et les mois qui ont suivi, on peut souvent lire une très grande frustration. "Le Québec est sur pause" mais pas pour moi, ni mon fils (paramédic) ni ma blonde (planificatrice financière) ni pour ma fille (sacrifiée du bal de finissantes et d'entrée au Cégep convenable, sinon caissière dans une épicerie) la pause pour nous était archie fausse. J'étais aussi considéré comme service essentiel (recyclage/compost/déchets-les contenants pas les contenus) et j'étais partout sur les routes. Je n'ai jamais arrêté et notre compagnie n'a jamais fait plus d'argent. Les rues des villes étaient désertes. Alors qu'on opérait une quarantaine de maison par jour, en temps "normaux", on pouvait maintenant faire près de 100 adresses par jour. Je commençais tôt, finissait tard, était crevé, faisait beaucoup d'argent en temps supplémentaire car la compagnie pressait le citron. Au final ça m'a même physiquement achevé, j'ai exigé le bureau en août. Y suis depuis l'automne 2020.
Je trouvais tout le monde trop inquiets de la Covid et parlait même "d'un danger de boomers".
Je me trompais. Je sous-estimais le danger. Bien que les boomers (les obèses & les immunosupprimé(e)s) soient les victimes faciles de cette pandémie, le mal en était sa propagation. L'est toujours. Ce que beaucoup trop n'arrivent pas encore à comprendre. La vaccination ne soigne pas complètement, mais freine beaucoup. Et ce qui freine a le potentiel d'arrêter. C'est au moins ça. Faut mettre un pied dans la bonne porte.
L'auteur compositeur interprète Karim Ouellet a fermé toutes les portes. Il a coupé les ponts avec sa maison de disques. On lui écrivait, il ne répondait pas. On a respecté l'artiste dans sa bulle de création. Ses amis et collaborateurs aussi ont confirmé que Ouellet choisissait de vivre reclus, sans complètement s'en expliquer. Du moins pas à du monde qui partagerait publiquement. Karim s'enfermait dans sa tête.
22 mois plus tard, on a retrouvé le jeune homme de 37 ans décédé dans le studio où il enregistrait, le troisième week-end de janvier dernier, et le grand public l'a appris le lundi suivant. Ondes de choc. Il était si aimé/aimable, si jeune. De la garderie à l'université, on oublie que nos jeunes encaissent aussi les dérivés de la pandémie. On a été plusieurs de mon âge à raconter les mêmes souvenirs de ses chansons chantés ensemble, dans la voiture, avec nos enfants plus jeunes.
On ne sait pas ce qui a tué Ouellet encore. On le devine. C'est pour se parler que des jours comme aujourd'hui se sont pensés. Aujourd'hui, on cause pour la cause, celle-ci étant la recherche et la sensibilisation à la maladie mentale. Pour ne plus deviner ce qui se passe dans la tête des gens, mais tenter des amorces de compréhension.
Peu le sait. Certains le savent. Il était moindrement entouré, mais il l'était. Ça importe peu de savoir, à moins d'être un(e) proche de quoi est décédé Karim. Il n'est plus. Mais doit continuer à être. Sa musique donne vie.
Il est plus qu'important de continuer à faire l'amour et faire la guerre.
Baigner dans l'amour de soi, de ses prochains, des autres.
Faire la guerre aux préjugés, aux combats intérieurs, à la Covid.Le muraliste Monk.E faisait des murales au Sénégal. Son vol de retour à Montréal a été retardé de deux semaines en raison de la situation sanitaire locale, au Sénégal. (il aurait probablement testé positif à la Covid à son départ). Il avait donc deux semaines à tuer. Il a pris ce temps pour faire une dernière murale avant de partir. Là où Karim Ouellet est né.
C'est bien d'écouter, primordial. Mais faut-il encore se parler.
Causons aujourd'hui. Causons toujours. Pour l'amour.
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