samedi 3 septembre 2022

Supersymétrie & Âge d'Anxiété

"I heard a voice like an echo, but it came from me"

-W.B. 

 Difficile difficile semaine. Il y avait ce petit quelque chose dans l'air qui en a rendu les gens tous un peu fou. Même en Argentine, Au Nord du Sud de nos Amériques, un agité mental a sorti un fusil pour assassiner la vice présidente du pays, ce qui a été capté par les caméras, mais heureusement, le fusil s'est enrayé. 

Une de nos candidates politiques a été menacée de mort par un mentalement fragile qui avait d'abord proposé ses services comme bénévole de son parti. Imaginez qu'il eût été engagé!  Un autre a vu sa pancarte ensanglantée...

Y a pas à dire, cette jeune campagne électorale qui aura une semaine demain, est d'une saleté assez rare.   

Puisqu'un week-end de trois jours s'amenait, au travail, les tâches sont devenues ardues. Je n'entrerai pas dans les détails, mais généralement, mes vendredis sont le jour le plus chargé de ma semaine, cette fois, mon vendredi a été tout simplement colossal. Entre 5h du matin et 17h00, j'ai pas vu le temps passer. J'ai aussi oublié  pas eu le temps de manger. 

Afin de me concentrer davantage sur ce que je fais, c'est un relatif immense avantage de mon travail, je fixe mes air pods dans mes oreilles et suis en mesure d'écouter pas mal tout ce que je veux. Cette semaine j'ai écouté le fort intéressant balado Laissez-Nous Raconter l'Histoire Crochie, animée avec brio par Marie-Andrée Gill.  OH combien intéressant, mais tout aussi dérangeant. Ça vaut l'écoute. Pour une perspective différente des autochtones que plusieurs d'entre nous sommes. Mais ça place aussi dans un mood quand vous êtes déjà dans une semaine où la révolte intérieure s'invite facilement. Corriger les rides intérieures, ça déteint sur l'extérieur. 

Mais je plantais aussi, toute la semaine, une certaine forme de deuil. Je comptais m'acheter des billets pour aller assister au prochain spectacle d'un band que j'aime particulièrement beaucoup: Arcade Fire. 

Voir ses héros soudainement malsains, ça fait toujours mal. La preuve est accablante. Le chanteur d'Arcade Fire, Win Butler, qui fait la paire amoureuse avec sa coéquipière musicale Régine Chassagne depuis longtemps, a été accusé par 4 Femmes, de comportements sexuellement déviants à leur égard. Enfin trois Femmes et un(e) genre fluide. Les 4 ont montré par des photos, aux autorités, des textos insistants échangés avec lui. Les 4 ne se connaissent aucunement. Le magazine musical Pitchfork a interviewé parents et amis de l'entourage du groupe et ils ont tous confirmés ce qu'ils ont même parfois vu les abus, et ont raconté ce à quoi ils ont assisté, inconfortablement. Une journaliste a quitté son emploi suite à l'agression sexuelle que Butler lui aurait fait subir. Une Femme a tenté de mettre fin à ses jours sous la pression du harcèlement de Butler. Ce dernier prétend que c'était consensuel, mais chaque victime a confirmé qu'elles ont été placées dans un entonnoir où il devenait impossible de s'en sortir. 

On a pas les réponses directes de Butler. On a une agence de gestion de crise qui répond pour lui. Ces gens travaillent dur pour vous faire comprendre que la situation est cool, et que la tournée ira bien. Leur dernier album, je l'aime tant que je l'écoute en rotation tous les jours au moins une fois un peu tous les jours depuis deux-trois mois. Je suis particulièrement amoureux des deux premiers morceaux du dernier album qui s'appellent, ironiquement, tous deux Age of Anxiety. L'État certain de ses victimes. 

Win a dit au magazine Pitchfork qu'il les mettrait en contact avec ses anciennes conquêtes sexuelles, ce qui est une chose passablement étrange à offrir. Pour se disculper ? Et Régine ? Je vendrais ma mère pour être une mouche sur le mur des Butler/Chassagne et juger de mes Flashbulb Eyes de de leur dynamique de couple. La pauvre. Partir en tournée ? Win à tes côtés ? Touuuuuuuuuuugh. C'est encore le papa des enfants. 

Le pouvoir est un sale acolyte. Un vrai sale cancer parfois. Je ne pensais pas ranger Butler, mentalement, dans la famille des incontrôlables sexuels qui auraient profité de leur relatif pouvoir. C'est avec ça que je jonglais cette semaine, inconsciemment, en écoutant ma généreuse liste de lecture de 3h59 de leur musique.

Soudainement, j'ai envie de voir dégonfler son ego. Soudainement, sa face se pliait en parfaite symbiose comme l'aile d'un papillon sur son autre aile, avec les  Phillipe Bond, Gilbert Rozon,  Bill Cosby, Bill O'Reilly, Jimmy Saville, Prince Andrew...

On essaie de dire que ce sont des ouïes dires. Ta parole contre la mienne. 

Mais ce n'est pas tout à fait ça. 

C'est plutôt la personne des relations publiques a dit, une victime a dit, une autre a dit, une autre a dit, une autre a pleuré, ils/elles ont dit,  Pitchfork a publié. Endeuillés étaient-ils surement aussi, ces journalistes de musique, qui sont d'abord et avant tout, passionnés.

...de musique.  

Musique qui reste toujours fameuse. Mais qui arrive peut-être à terme.

Je n'y serai pas le 3 décembre, à Montréal.  

La lumineuse Feist, qui a eu le temps de faire deux fois leur première partie, dans la tournée en cours, a choisi de quitter l'équipée. 

Pour mieux composer avec tout ça. Pas envie de trop supporter le band. Compréhensible. 

Je deviens peiné à les écouter chanter Black Wave/Bad Vibrations.       

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