mercredi 13 octobre 2021

Fumeurs Sans Feu (à l'ère de l'ego)


Plus jeune, le comble de l'arrogance aurait pu facilement être un homme, une femme, au coin d'une rue, parlant au téléphone. Nous l'aurions trouvé(e) tellement suffisant(e) de sa personne. Convaincu(e) de sa propre importance au point qu'il faille non seulement qu'il/elle soit rejoignable en tout temps, mais en plus qu'il/elle soit en mesure de rejoindre quiconque. Sans parler qu'il aurait été extraordinairement malpoli de tenir la conversation publiquement, comme si ça pouvait/devait intéresser absolument tout le monde en plus de déranger la quiétude publique. Ça aurait pu facilement être vu comme un conducteur klaxonnant à répétition sans réelle justification. Tout ça c'était de l'excès d'ego.


Ça s'appelle maintenant, la vie. C'était les années 70-80. Rien n'est plus normal que de voir des gens, téléphones aux oreilles, aux mains, ou semblant se parler tout seul. 

Nos impatiences sont donc de nos jours décuplées aussi. Et nos organisations du jour souvent orchestrée autour du téléphone.

Il était là. couché là. 

Quand ma conjointe m'a trainé au centre d'achat lundi, alors que "le Québec était en congé de productivité", c'était pour acheter un manteau d'automne dont j'avais grandement besoin. Bien entendu, puisqu'elle était avec moi, elle a aussi tenté de me faire acheter des gilets, des vestes, un foulard, des pantalons, des souliers. J'ai rugi. NON! Je n'ai pas le poids qui me plait encore, je n'avaliserai qu'au strict minimum ce que je dois acheter comme linge.

J'ai acheté 2 t-shirts, une veste et le manteau d'automne. Si je n'avais pas fait la moue en disant que les miroirs me rendaient désormais si inconfortables, zone de tristesse qu'elle a respecté, on repartait avec aussi une nouvelle veste aussi et le foulard. 


Mais en essayant dans les allées, parce que oui, en raison de la Covid, et de la pénurie d'employés aussi, les salles d'essayages ne sont plus toutes ouvertes, je me suis donc vulgairement mis en bedaine pour les t-shirts (derrière une colonne, non pas Line Rondeau, une colonne de marbre), en essayant du linge pour voir qu'il tombait mal sur moi comment il tombait sur moi, j'ai déposé mon téléphone sur un support à crochets et...oui, on a pris la voiture et sommes allés magasiner ailleurs. 10 minutes plus loin, je sortais de la voiture pour réaliser...que j'y avais laissé mon téléphone dans le magasin précédent!!!

J'ai largué la belle, qui avait un rendez-vous pour les ongles vers midi (il était 11h20) et suis revenu le plus rapidement possible sur mes pas. Ce fût éternel. Chaque feu de circulation semblait me narguer. C'est fou ce qu'on ne peut plus tellement vivre sans nos téléphones. J'avais confiance de le retrouver car il était dans un coin relativement isolé, sur une penture supportant du linge (voir photo plus haut). Peu penserait y trouver un téléphone presqu'en suspension. Se fondant peut-être dans le décor. Mais le trajet me paraissait si long que plus j'attendais aux feux, plus j'étais inquiet. Ce n'était pas QUE mon téléphone, c'était aussi mon portefeuille. Et si je retrouvais le téléphone sans les cartes dans la couverture intérieure? Revenu, je suis sorti à la course et ai couru en direction d'où nous étions 20-25 minutes avant. Le téléphone était bel et bien là. Mais j'avais eu le temps d'angoisser. 


Au retour où j'ai rejoint la belle, elle avait repéré des choses qui, au final n'allaient plus me plaire. En partie parce que le 172$ qu'on allait placer plus loin était déjà presque 100$ au dessus de ce que je prévoyais acheter, ce jour-là, en partie parce que je n'aimais pas le miroir et les tailles proposées pour que ça m'habille. Par mesure préventive, elle avait pris mon téléphone et l'avait mis dans sa sacoche. Quand est venu le temps de son rendez-vous pour les ongles, et il est venu très très vite, son téléphone à elle a sonné et elle a quitté en trombe. Disant me rejoindre d'ici 1 heure ou 45 minutes.


Mais quittant avec mon téléphone, toujours dans sa sacoche
...Je vous dis qu'elle avait un rendez-vous pour les ongles, mais je ne le savais pas du tout c'était pour quoi son rendez-vous à ce moment. Je l'ai su après. Je n'avais pas de moyen de la rejoindre et elle, n'avait pas de moyen non coûteux de revenir à la maison, j'avais les clés de la voiture. J'en ai profité pour trouver le manteau que je voulais, ailleurs, et ai erré longtemps, pensant trouver du regard un de ses endroits où on pourrait prendre des rendez-vous. Non ce n'était pas Sourcilogie devant lequel j'étais passé trois fois. La belle m'avait-elle dit que ça pouvait aussi prendre 20 minutes? je ne savais plus. Il ne fallait donc pas que je traine trop loin. j'avais faim vers 12h30. Ne pouvait rien acheter. Ne pouvait écouter de musique. Ni errer sur mon téléphone. J'étais fumeurs sans feu. Démuni. Et j'attendais sans pouvoir m'assoeir nulle part car, pandémie oblige, il n'y a plus de ses bancs de tranquillité dans les corridors des carrefours de centre commercial. 


J'ai donc choisi de brûler de la calorie en me gardant visuellement alerte marchant le carrefour plusieurs fois de long en large pendant de longues minutes. J'ai fini par emprunter la ligne d'un kiosque pour rejoindre Kiwi qui se faisait faire ses ongles, là où je n'étais pas passé du tout puisque c'était caché derrière des travaux d'intérieur de centre d'achats. Mais j'ai encore un peu angoissé. Ça fatigue l'angoisse. Ça creuse aussi l'appétit. C'était la troisième raison, jamais confirmé ouvertement à la belle, pour ne pas acheter davantage de choses après le 172$ que je vous ai dit plus haut. Ma faim.


J'ai eu le temps de réaliser qu'on avait aimé ce que j'avais suggéré à l'écrit à l'actrice Anne Casabonne, lui disant poliment qu'elle devrait cesser de s'immoler la carrière comme elle le fait depuis plusieurs jours avec ses propos publics anti-vaccins. Elle m'a répondu que personne ne s'immole, elle s'est retirée du milieu le 30 août dernier. Je lui ai répondu que les écrits restent. J'aurais préféré lui dire que si elle ne s'immole pas, ses propos la couvre de ridicule et d'huile à brûler. Je lui ai finalement dit quand elle en a rajouté, plus incohérente, encore.

Ne manque que le briquet ou l'allumette. Qu'elle soit fumeuse sans feu pour l'amour du ciel. Pour l'instant, elle est beaucoup boucane. 


Dommage, elle qui est excellente comédienne. 

Et si c'était justement son meilleur personnage à vie, celui-là?...Celui de la fille qui a étudié des parcelles de sessions en soins infirmiers et qui pensent en savoir plus que la science elle-même?

Peu importe, comme dirait l'autre, y a pas le feu.

Mais y a sans contredit péril en la demeure. 

2 Jours avant le grand abandon infirmier. Abandon de la raison, principalement. 

Anne s'y trouve déjà. Dans le déraisonnable.

On est dépendants de nos téléphones plus qu'on le pense.

On est dépendants de nos soins de santé. Et de leur personnel. Ça on le sait. 

On s'en sortira quand même,. Épuisés, mais on s'en sortira.

S'en sortirons-t-elle, elles?

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