4h51, dans la nuit du 27 octobre, je tente de me lever, mais n'y arrive pas. Ma tête est trop lourde et elle replonge lourdement vers l'oreiller. Pire, Je tente d'ouvrir mes yeux mais ils ne veulent pas plus coopérer. J'y arrive à peine. Je tente de parler, rien à faire. Je suis extra lucide et rationalise que mon cerveau ne veut pas se brancher sur mes nerfs optiques, je serai aveugle, je panique un peu par en dedans. J'ai l'impression que se passent 9 minutes. J'ai le temps de penser "Je peux y arriver, je dois m'en sortir" . Je m'en suis sorti.
J'ai eu la nette impression que mon cerveau, comme un interrupteur de lumière, ne pourrait plus offrir de lumière. Qu'il pouvait se perdre aussi bêtement. J'ai passé la journée au complet à me questionner là-dessus. Enfin, mes mercredis sont si intenses que je n'ai pas le temps de penser à grand chose. Mais c'était là, derrière ma tête au cerveau ébranlable.
Mon voisin de bureau, le covidiot dans la trentaine peu scolarisé, au jugement extrêmement douteux, mais qui essaie fort de s'acclimater parmi les scolarisés, conjuguait avec plus graves que mes inexpliqués vertiges. Son téléphone, qui a la mauvaise idée de faire un bruyant bruit de klaxon quand on lui texte, ne cessait de klaxonner. C'était sa tendre moitié dans le moins tendre de la crise de panique, à la maison, avec jeune fiston. C'est que se blonde, aussi covidiote, est travailleuse de la santé. Elle doit sentir une pression incroyable de se faire vacciner. À juste titre. Elle a stressé l'arrivée du 15 octobre, où elle allait perdre son job, mais cette date a été repoussée au 15 novembre. Elle doit aussi sentir l'ombre de cette date l'envahir, peu à peu. Mon collègue jonglait avec l'idée d'aller la rejoindre et travailler de chez lui. Par soutien conjugal.
Mais d'un regard, je lui ai fait comprendre, sans dire quoi que ce soit, que si il travaillait de chez lui, rien ne serait vraiment accompli.
Celui qui complète notre trio de coordination est Chussi Pawsur. Un collègue extrêmement peu confiant, incapable de décisions, qui baille et s'étire sans arrêt, surtout quand il est stressé, donc tout le temps. Il avait manqué le boulot, la veille, nous mettant tous légèrement dans le caca. Il était de retour mercredi, mais encore plus stressé. La veille, si il avait manqué, c'est que son père avait eu un problème de santé suffisamment important pour que sa vie soit compromise. Mercredi, son père était aux soins intensifs et Chussi attendait de ses nouvelles. Il était, lui aussi assez vertigineux. Dans un brouillard certain.
On était un fameux vertige à trois. Parfaits déséquilibrés x3.
Puis, la police nous as appelé. Un cas d'enquête policière où on avait besoin de # de bacs livrés dans la ville de la corruption, en 2018. On a gossé à trois en tirant toutes les ficelles qu'on pouvait. On a trouvé après de longues recherches. Aucun de nous trois n'était dans ce rôle en 2018. Mais la police, et la ville étaient si contents de nos trouvailles qu'ils sont revenus à deux reprises nous remercier et nous féliciter de les avoir grandement aidé.
Nos vertiges étaient dissipés. Chussi a eu la confirmation que son père allait mieux. Covidiot n'a pas quitté et sa douce semble avoir récupéré. J'ai compris que j'avais été victime d'une paralysie du sommeil. Pas plus grave que ça. Que mon fils en avait fait 3. Mon best bud, plusieurs aussi. C'est eux qui m'ont appris pour la paralysie. Tard en soirée. J'avais eu le temps de presque paniquer, de jour.
Quand j'ai quitté le bureau Chussi zonait en relisant pour la xème fois le courriel de notre boss à nous qui nous félicitait aussi. Il faisant "enter, save" sur ses bons mots. Avec une certaine complaisance pathétique. Il a tant besoin d'assurance. Il en faisait pitié, la petite bête.
En soirée, j'ai écouté ma liste de lecture la plus équilibrée.
L'équilibre mental et physique était revenu. J'ai hésité avant de me coucher. Peut-être un peu encore hanté par ma nuit d'avant.
On a flirté avec le désordre. Un beau désordre vaut mieux qu'une inerte ordonnance.
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