samedi 22 juin 2024

Nager la Nuit (ADN R.E.M.)

"Ooooh Life, It's Bigger..."

Cette semaine, la formation R.E.M., Bill Berry, Peter Buck, Mike Mills & Micheal Stipe ont été intronisés au temple de la renommée des auteurs compositeurs interprètes, là où ne sera jamais Céline Dion qui essayait aussi cette semaine, une sorte de réinvention d'elle-même. 

Les 4 musiciens de Georgie sont d'abord grands amis. Pour la vie. Et c'est peut-être pour ça que ce band, (U2, The Cure, Duran...) ont tant marqué mon adolescence. Mes amis d'aujourd'hui sont les mêmes qu'à mes 15 ans. Comme eux. On avait aussi un band. Moins talentueux. On les jouait, eux. Dès le départ ils acceptaient de séparer les royautés en 4, même si les participations des 4 n'y étaient pas toujours dans la création. Sur scène, ils les jouaient ensemble. R.E.M. ont secondé mes 11 ans, mes 12, mes 13, 14, 15, 16. Puis, Losing My Religion, bien que lancée en mars 1991, fût si surjouée, qu'en octobre 1992, quand je rencontrerai la femme de ma vie pour la première fois, elle jouait encore régulièrement, et chaque fois encore, celui qui a le frisson quand joue la chanson, that's me in the corner, losing my religion

That was not just a dream

REM seront aussi mes 19, 20, 22, 24 et 26 ans. Toutes mes années avant d'être papa. Le plus beau métier du monde après amoureux de sa blonde. Mon âge ici, ce sont les années de sorties de leur 11 premiers albums. Qui va de ma 5ème année du primaire à la graduation de mon second bac. Le band a offert une trame sonore à mes années formatives. Toujours intéressants pour moi. Dur de ne pas inscrire dans son ADN. Très america. Très moi. Très nous.

En 1987, quand les photos étudiantes qu'on prenait de nous en début d'année scolaire étaient sorties, (sans internet) il était commun de s'échanger, entre gars et filles qui se plaisaient, nos photos. Sur celle d'Isabelle B., ma blonde d'alors, j'avais inscrit narcissiquement, "This one goes out to the one I love". Ce qui était directement lié à une de leurs chansons qui surpeuplait les ondes radio et télés (Stipe était étudiant en cinéma, comme je le serai), mais qui était aussi idiot. Si on ne comprends pas tout de suite la référence, "This one" ?  Vraiment ? Parce que tu en donnes des tonnes à plein d'autres filles ?  

La même année, peut-être l'été de nos 16 ans, entre ami(e)s, au chalet de notre famille, dans une soirée très fort arrosée, on commettait l'impardonnable, on prenait le canot, y entrait 4-5 (trop) dedans, ramait au large dans la nuit, et se faisait chavirer au lac au large. Revenant à la nage. Moi, dont la famille était propriétaire du chalet, réalisant la connerie qu'on faisait, tous intoxiqué(e)s, et comptant continuellement les nageurs jusqu'au retour à la berge parce que calisse que c'était con d'être ainsi irresponsable. Un(e) de nous pouvait facilement se noyer PARCE qu'intoxiqué(e)s. Mais on en a retenu que le fun. La même sensation que ces 4 garçons de Georgie nous procurait en nous parlant de la fin du monde ou en citant que ce que nous étions

En 1992, ils composeraient une chanson nostalgique presque juste pour nous. Comment ne pas sentir visés? Comment ne pas s'identifier à eux ? (nous n'avions pas d'homosexuels parmi nous toutefois). 

Paint your colar up inside, hang your dollar on me. Listen to the water still. Listen to the causeway. You are mad & educated. Primitive & wild. 

Je me vois encore argumenter avec Julie B. qui trouvait le band en tournée contraire au naturel musicien emporté par la musique, et les trouvait trop calculé dans le but de plaire à la grande majorité. J'écoutais Leave encore cette semaine et j'avais un frisson. Stipe était-il déjà prêt à dire à Buck "Et si on arrêtait tout ça?". Ce à quoi Buck répondra "Combien de temps avons nous besoin ?". "Genre, pour toujours ?". lui dira Micheal quand la scène se produira pour vrai en 2011. Annoncant leur fin si ils ne pouvaient plus être aussi bons qu'avant. 

 

Dans nos coeurs de X, Chrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrist qu'ils étaient bons. Ils nous ont vendus du son. Ont été échos de nos préoccupations.  Ils ont galéré avec nous. Ils vieillissent au même rythme que nous. Et les hommages explosent autour d'eux cette année. Ils ont été aimés. Si ils babounent, ils n'ont pas de raisons de le faire. Why not smile ?  

Je viens de connaître une semaine d'horreur au travail. Comme toujours j'ai eu le réflexe de me tourner vers mes refuges pour m'en sortir. J'ai écouté mon 4h06 de liste de lecture du groupe, Finest Southern Gothic Worksongs, et ça a passé comme 15 minutes. Tout en remontant dans le temps quelques 41 ans. 

On ne réalise que tard que certains bands, certains sons, s'inscrivent dans notre ADN à jamais. 

R.E.M sont de ceux-là pour moi et mon entourage. Qui est le même depuis 1986-1987. Et dans le cas de l'un d'entre eux, depuis 1982. Un an avant que la band ne lance son premier effort sur disque, mais pendant qu'ils le travaillaient.

Comme notre jeunesse passée. on a jamais souhaité qu'ils réapparaissent dans le monde musical. Autrement. 

Ils étaient morceaux d'époque. Époque passée. Chaque jour nouveau est futur. Nous avons tous de nouvelles aventures en Hi-Fi à vivre. Eux aussi, entre toujours bons amis.

Ils nous offert un océan de plaisir dans lequel nous pouvions nager la nuit. Même sans jugement, maladroitement, sans peur, fonceurs. Amoureux, on a aussi compté les cils de nos partenaires

J'ai nagé quelques fois cette semaine dans la chaleur extrême de notre réchauffement climatique.

Dans cette deuxième canicule avant le premier jour de l'été 2024.

Nagé dans cette piscine dont l'entretien m'horripile, pour dormir au frais sous un ventilateur magique.

Si mes jours ont été des horreurs, mes nuits ont été parfaites*.

Et certains moments, accompagné du talent de ses gars-là, j'ai réussi à oublier tout le mal qui gronde autour de mon emploi actuel et chez la santé de mes proches. 

Ce que je viens de faire aujourd'hui, samedi pré-fête nationale, c'est simplement vous parler de la passion.

Dans un murmure.

Hors du temps.

Dans le riche spectacle de ma vie.

Calculant une fable de reconstruction personnelle dans une semaine verte qui s'attendait à ce que je sois automatiquement au service des gens. Une semaine monstrueuse. Révélatrice. Où les serpents dorment la nuit. La moitié d'un monde de distance. Tentant de respirer. Amoindri, et dans un certain spleen.

Mais rechargé de leurs sons en roi des oiseaux.

Liiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiibres. 





*(demandez à madame...)

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