mardi 11 juin 2024

Diableries

En juin 1968, Roman Polanski lance son premier film tourné aux États-Unis avec un grand studio, Paramount. Ce film est lancé demain, il y a 55 ans. Il raconte l'histoire d'un jeune couple de New York attendant un enfant, en 1965, emménageant nouvellement dans un condo de luxe et découvrant ses voisins/voisines, baignant dans le satanisme. Le film, tournée avec 3,2 millions rapportera 26 millions de plus au box-office. Ce sera un immense succès. Le film sera aussi nommé 2 fois au Oscars, gagnant celui du meilleur second rôle féminin pour Ruth Gordon. 

À partir de ce moment, on comprend que le diable est payant. 

4 ans plus tard, on attire le prestigieux acteur Suédois Max Von Sydow afin de donner de la crédibilité au genre de "films autour du diable" et William Friedkin fait adapter par William Peter Blatty, auteur du roman lancé 2 ans avant, The Exorcist, son propre roman racontant l'histoire d'une jeune fille de 11 ans, possédée par le démon dont il faudrait faire l'exorcisme. Ce film est tourné avec 12 millions et en récoltera 441, 3. C'est un succès plus important que celui de Polanski et ça confirme à nouveau que les gens sont très intéressés par les histoires autour du diable.

La religion est poison. Un auteur Turc se prétendra Jean, apôtre de Jésus, et proposera un jour lointain Le Livre des Révélations. On appellera ça l'Apocalypse. C'est dans cette fiction qu'on invente le diable, le chiffre 666 pour l'annoncer, l'enfer. Ce ne seront pas toutes les religions qui adopteront l'idée. Mais les plus populaires, oui. Brandissant l'épouvantail de l'enfer comme guide de notre morale au quotidien. Enfin de la morale des croyants. Dans les années 70, ça doit encore un peu être expliqué. Un autre film le fera bientôt.

Dans les années 70, on faisait de la propagande religieuse et on découvrait que le marché de la peur religieuse était extraordinairement payant. L'est toujours.

Un film commencé en 1975, absolument pensé dans cet esprit de tricoteries autour du diable, serait même peut-être presque ensorcelé de la présence de malveillance du diable pendant toute la durée de son tournage.

Richard Donner n'avait alors tourné principalement que pour la télévision. Plus tard, il serait extraordinairement riche en tournant Lethal Weapon, entre autres films. Mais en 1975, il cherche un projet et on lui offre celui-là. David Seltzer en est le scénariste. Et si le diable était parmi nous, sous la forme d'un petit garçon ? en est la prémisse. Narrativement, c'est presqu'une suite de Rosemary's Baby.

Le 28 juillet 1975, 4 mois avant le tournage, alors que Gregory Peck est attaché au projet, son fils de 31 ans se place un fusil contre la tête et tire. Étonnamment, croyant au film et voulant probablement exorciser son mal aussi,  Peck tournera le film quand même. Un film racontant l'histoire d'un père tergiversant sur l'idée de tuer son fils. Peck, et son dévouement, attireront d'autres noms, Lee Remick, David Warner, Billie Whitelaw.  Robert Munger est producteur et croyant. Il lit des passages menaçants à voix haute de l'apocalypse sur le plateau, disant entre autre que le diable n'aimerait rien de ce que tout le monde entreprend et pourrait s'imposer comme obstacle.

Et c'est vraiment ce qui se produira. 

Alors que, selon les travailleurs aéroportuaires, un avion se faisant frapper par la foudre arrive 1 à 2 fois par année, l'avion contenant David Selzner est frappé par la foudre. Quelques semaines plus tard, celui contenant une des productrices est aussi frappé par la foudre. Un autre producteur, en direction du plateau aussi, voit son avion frappé par la foudre. Chaque fois, plus de peur que de mal. Mais tout de même extraordinaire. Ironiquement, une mort dans le film final implique la foudre. 

Dans une scène de taxi, Gregory Peck tranche presque 2 doigts, par inadvertance, au chauffeur, en lui fermant par erreur la porte dessus. On peut voir la main du chauffeur enrubannée si on a l'oeil alerte. On tournait à Londres. Et l'histoire comprenait des animaux. Qu'on avait calculé dressés et issus d'Hollywood. Des professionnels. Toutefois, en Angleterre, pour importer des animaux, une quarantaine est forcée sur ces animaux, une quarantaine de 6 mois. On tourne 70 jours. On devra donc prendre des animaux de là-bas. Les chiens ne seront pas les bergers allemands originalement pensés mais des rottweilers indisciplinés dont on réduira la quantité, les rôles, qu'on tournera dans le noir et qu'on isolera plus souvent qu'on présentera en groupe car, pas si bien dressés, ils passent leur temps à essayer de se baiser. Un oeil alerte peut en voir dans la scène du cimetière vers la fin. De plus un d'eux est si enragé que ses crocs passent au travers de la combinaison du dresseur qui agit comme double de David Warner et 14 points de sutures seront nécessaires. 

Les babouins sont aussi terribles. La première stratégie est de les affamer pour ensuite placer des bananes sur la voiture conduite par Remick et son fils. Ça ne fonctionne pas ils sont si agressifs qu'il démolissent la première voiture. Et on voit les bananes qu'ils gardent avec eux trop longtemps. On essaie donc une autre stratégie. Animal de clan, on endort un des leurs, leur chef, blessé, qu'il faut recoudre un peu de toute manière, on le place sur la banquette arrière avec un dresseur, et quand les autres babouins verront la voiture partir avec leur chef, ils attaqueront celle-ci. Ceci fonctionne, mais à quel prix. Le singe sur la banquette arrière se réveille et tire les cheveux par derrière de Remick qui est terrorisée pour vrai. Les images seront gardée à l'écran en gros plan car le caméraman de Donner ne comprend pas tout de suite ce qui se passe. Tout le monde s'en tire mais on passe proche du pire. Des babouins enragés, tuent.

Justement, il y a avait aussi une scène de lion, mais le gardien des lions oublie une porte ouverte de leur cage, 2 d'entre eux s'en sauvent et l'assassinent de leurs mâchoires. On ne tournera pas avec les lions. Richard Donner s'est fait frapper par une voiture en sortant de la sienne, à Londres. Son hôtel, le London Hilton a été bombé par l'IRA alors au coeur des Troubles. Une station de métro vers laquelle on se dirigeait (Piccadelly) explose aussi devant l'équipe. Un des producteurs voit sa réservation au resto annulée 2 heures avant le repas car le resto vient également de sauter. 

Un avion qu'on leur offrait pour tourner une scène décolle, un des moteurs broie un essaim d'oiseaux, l'avion s'écrase dans la rue et tue le pilote et les passagers d'une voiture qui étaient son épouse et leurs 2 enfants, venant probablement de le voir/laisser à l'aéroport. Absurde. 

Il y a une décapitation dans le film. Dans la vraie vie vraie, celui qui design la décapitation à l'image (très réussie), avec sa copine, en Belgique, sont impliqués dans un grave accident de voiture, accident auquel il survivra, mais sa blonde est... décapitée par le pneu d'une autre voiture, tout juste à ses côtés. 

The Omen sera lancé le 6 du 6 1976, tourné avec 2,8 millions, il génèrera 60,9 milllions de dollars du diable.

Qui y avait mis du sien, diront certains...

Mais la plupart n'expliqueront tout ça que par "C'était les années 70!"

Les diables existent pour vrai. Mais ne sont pas dans le roman de la Bible. Ils sont en politique et ailleurs. 

Faciles à repérer. 

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