5 films traitant de la paternité. Aussi bien que mal.
The Kid (1921, Charlie Chaplin)
L'acteur, scénariste, réalisateur, metteur en scène, compositeur, pianiste, producteur, monteur, Charles Chaplin, incarne dans ce film le traditionnel clochard trouvant un enfant de 5 ans abandonné à Los Angeles, qu'il choisira de prendre sous son aile et d'élever. Touchant Charlie, mais aussi extraordinaire jeune Jackie Coogan, fort doué dans la comédie comme dans le drame. L'éxécution a beau être sauce Chaplin penchant vers le comique, l'histoire est très douloureuse. Tout juste avant la production, un fils de Chaplin était mort après 3 jours de naissance. Charles sera mentor de Coogan pendant 6 mois après le tournage. Comme si c'était sa manière de faire son deuil après lui avoir signé ce film.
Missing (1982, Constantin Costa-Gavras)
Il s'agit d'un film où un père n'interagira jamais avec son fils. Étonnant qu'il se retrouve ici, n'est-ce pas ? Mais le film reste un frappant portrait de l'amour d'un père pour son fils. Un journaliste des États-Unis disparait après le coup d'État d'Augusto Pinochet/Henry Kissinger, au Chili, le 11 septembre 1973. Son père quitte New York pour mener sa propre enquête et il sera accompagné de l'amoureuse de son fils qui fera de même. Les deux ne sont pas les meilleurs amis du monde. Composent l'un envers l'autre. Et on découvre les personnalités de tous au travers de personnes très différentes les unes des autres, mais qui ont le même amour pour le même homme. Et les mêmes inquiétudes. Être parent c'est un passeport pour l'inquiétude à vie. Jack Lemmon, Sissy Spacek, des géants du cinéma.La Vita E Bella (1997, Roberto Bemigni)
Réalisateur, co-scénariste et acteur dans ce film de guerre, Roberto incarne un italien juif fait prisonnier avec son jeune fils auquel il fait croire que la guerre et leur situation de prisonnier de guerre est un jeu. Avec son imagination, le père joué par Roberto teinte les horreurs du nazisme dans les camps de concentration. Partiellement inspiré du livre autobiographique In The End, I Beat Hitler de Rubino Romeo Salmoni qui y raconte ses deux ans d'internement comme prisonnier dans la Seconde Guerre Mondiale, le film est à la fois drôle et troublant. Le film, comme l'excellent Jojo Rabbit, était un pari risqué mais trouve le bon ton pour équilibrer humour et drame. On traite de côté les Nazis et le fascisme, et on expose davantage l'esprit humain et son contraire.
Big Fish (2003, Tim Burton)
C'est d'abord un livre de Daniel Wallace de 1998. On y raconte l'histoire d'un fils tentant de démystifier le vrai du faux dans les histoires que lui racontaient son père. Un raconteur de "légendes" qui avaient beaucoup de vrai et aidait à construire un village là où il aurait été facile de vivre en parfait dérapage. Burton est un de mes réalisateurs préférés. Comme Wes Anderson, il y a un monde qui marmite dans sa tête, et qu'il réussit à faire passer par son regard de manière formidablement intéressante. Il me plait beaucoup. Ce film me rappelle beaucoup mon propre père qu'on pouvait, de son vivant, qualifier d'entertainer. La personnalité de mon père était un croisement de celles de Frank Sinatra et de Edward Bloom Senior incarné par un fameux Albert Finney donnant la réplique à son fils, Junior, incarné par Ewan McGregor. Mon père aussi voulait m'appeler Junior...Starred Up (2013, David McKenzie)
Tiré de l'expérience du thérapeute carcéral Jonathan Asser, ce film britannique raconte l'histoire d'un jeune contrevenant, devenu adulte, est transféré de prison, là où s'y trouvait déjà son père, avec lequel, il doit aussi marquer son territoire. Jack O'Connell et Ben Mandhelsson offrent des performance tout à fait formidables. La violence sourde qui les habitent est fameuse. Papa est menaçant et secret. Il n'est pas entièrement sans humanité, mais presque. L'instinct paternel reste naturel.Je réalise que je ne vous ai parlé que de père et fils. Je m'en excuse, ce n'était pas pensé ainsi, volontairement. J'aurais pu vous parler de Somewhere de Sofia Coppola ou de The Virgin Suicides de cette même réalisatrice. De An Automn Afternoon de Yasujiro Ozu aussi.Je me reprend tout de suite.
5 Livres parlant de paternités.To Kill a Mockingbird (1960, Harper Lee)
Chef d'oeuvre de littérature humaniste et écrit sudiste gothique, a été inspiré librement des gens que la jeune Harper côtoyait, enfant, sa famille, et son admiration pour son père, qu'elle sentait juste et bon. Harper a écrit sur un évènement qui est survenu en 1936, à Monroeville, en Alabama, en 1936, quand elle n'avait que 10 ans et qui l'avait marquée. Un moment d'héroïsme racial, dans lequel elle a placé ce père qu'elle admirait. On y parle de classe sociale, de compassion, d'injustice raciale, de destruction de l'innocence, de courage, de rôles des genres, de tolérances et de son contraire. Plusieurs s'entendent qu'il faille lire ce livre au moins une fois avant de mourir. Les héros n'ont pas tous des combinaisons et des super pouvoirs. Ils sont parfois simplement bons pères sincères.
Affliction (1989, Russell Banks)
On dit que le livre raconte l'histoire prétendue vraie d'un fils, brutal et cruel, et de son père barbare, pommier de cette pomme presque pourritte. Wade a dans la quarantaine. Son père en a presque le double. Séparé et privé de sa fille, il sombre dans l'alcool. Il blâme tout ce qui lui arrive, accusant son père de lui avoir montré la route. Il tente de reprendre sa vie en main en regagnant la garde de sa fille et en jetant la lumière sur un accident de chasse qui n'en serait peut-être pas un. Malgré les reproches, papa et fiston, même croches, se rapprochent. Adapté en pas mauvais film du tout par la suite.Patrimony (1991, Philip Roth)
Récit de Philip Roth son père et sa relation avec lui. On y suit la vie d'Hermann Roth, son déclin, sa mort, d'une tumeur au cerveau originalement bénigne devenue fatale. Phillip a écrit ceci pendant que son père se faisait traiter à l'hôpital. Il se sentait si impuissant face à lui, voulant l'aider. Il nous y présent affectueusement son père, comme racine de que Phillip allait aussi devenir. Avec sin humour habituel, il dose aussi de charmant passages qui trahissent une forte affection pour cet homme. C'est parfois très cru, mais justement, ça fait encore plus vrai. Le chic s'habille parfois de cuir de cochon. C'est à la fois étonnamment simple tout en étant compliqué entre les deux hommes et souvent là, où on ne s'y attendait pas. Fameux livre qui se lit tout seul.
Lullabies For Little Criminals (2006, Heather O'Neill)
Heather a été élevée principalement par son drogué de père. À Montréal et ailleurs. Baby, dans son livre, est née quand papa et maman étaient encore étudiant de l'école secondaire. Donc pas encore majeurs. Maman est morte quand elle était très jeune. Papa laisse souvent sa pré-adolescente seule à l'appartement, où elle choisit parfois de quitter le foyer et errer et découvrir la ville de Montréal. Elle sera éventuellement prise en charge par les services sociaux où elle y découvre une nouvelle vie. C'est pas exactement la vie d'Heather mais presque. Sa mère n'est pas morte quand elle était enfant, mais elle habitait la Floride où Heather, vers ses 12 ans, l'a rejointe, maman la présentant comme son "amie de 12 ans". Ce qui rendait tout le monde inconfortable. Les livres d'O'Neill sont aussi charmants qu'inconfortables. Papa a été important chez elle. Ça se lit.
Miracles of Life (2008, J.G. Ballard)
La femme de J.G. Ballard a été tuée au volant par un chauffeur ivre. Laissant dans le deuil l'auteur britannique et trois jeunes enfants qu'il a choisi d'élever seul. Pas tout le temps bien, étant très fort sur la bouteille, lui aussi. Dans ce récit, il est franc et brutal envers lui-même. Mais le vie est brutale envers lui en tout temps. Il a grandi dans un camp de prisonniers à Shangaï (vie racontée aussi en livre et au cinéma). Dans les années 60, il était pas toujours bien vu de voir un adulte mâle avec trois marmots, trois pré-ados, et encore moins quand on sentait l'alcool, cette fois plus justement. Ballard ne ce gêne pas pour se dire franchement pas le père idéal. Mais il a été hyper présent pour chacun d'eux. Et on sent un réel amour pour sa progéniture. Ballard était un grand écrivain. En tout cas dans mes yeux à moi.Finalement 5 chansons sur la paternité.
Father & Son de Cat Stevens (1970)
L'une de ses plus belles, l'une de mes préférées tout artiste confondus. Entendue pour la première fois autour de 1988, alors que nous avions terminons une pièce de théâtre en secondaire où j'y était comédien et que maman et papa et mes deux soeurs étaient dans la foule. J'étais beaucoup plus fiers de les savoir là, qu'eux de me voir sur scène, j'en suis certain. Le passage où le fils répond à son père me donne le frisson chaque fois, vers 2:33, "Stay...Stay...Stay..." Je me la chantais par en dedans quand j'ai roulé vers Québec le soir de sa mort en décembre 2009. On avait encore tant de choses à se dire.
Cat's in the Cradle de Harry Chapin (1974)
La chanson d'Harry raconte un père qui n'a jamais le temps de s'occuper de lui, même si cet enfant voudrait être tout ce que papa est. Seulement très adulte, et à la retraite ne trouves-t-il du temps à lui accorder, toutefois, cette fois, c'est le fils qui n'a plus une minute pour lui. Maintenant qu'il est devenu exactement comme lui. Cette chanson devait faire écho à des tonnes de relations pères-fils, père-fille, car elle a été très aimée lorsque lancée quand j'avais 2 ans.
Papa Don't Preach de Madonna (1986)
Ce ne sont pas toutes les relations père/fille qui sont faciles. Spécialement si il y a une précoce maternité dans l'équation. "Daddy, Daddy if you could only see/ Just how good he is treating me" plaide la Madonne disant vouloir garder son bébé. Une chanson immensément populaire alors, chanson de l'année dans certain pays, votée #1 au FM93 qui était la référence musicale du 418 quand j'y habitais. Psychologiquement complexe, le thème en reste controversé. La Madonne en a fait son pain et son beurre de la controverse. Hymne féministe, la chanson a aussi donné une perspective rare sur les relations père-fille. Avec le regretté Danny Aiello incarnant son papa, dans le clip.
The Living Years de Mike & The Mechanics (1988)
Le plus gros succès de Mike Rutherford hors Genesis aura été avec Mike & The Mechanics et raconte sa propre relation avec son père, alors qu'il aurait voulu lui parler et régler toute sorte de choses avec lui avant sa mort, mais n'a jamais profité de le faire avant le grand voyage. Otages à vie de ses espoirs et de ses craintes pour lui sur un air très pop, très sophistipop. La chanson était une sorte d'avertissement universel de partager ce qu'on a à partager avec son père de son vivant. Ne jamais vivre du regret de ne pas l'avoir fait avant qu'il ne soit trop tard.Winter de Tori Amos (1992)
"Tu dois savoir te tenir debout, je ne serai pas là toujours" rappelle papa à la jeune Myra Ellen au coeur de sa plus belles chanson selon moi. Ce crescendo sismique racontant les clans formés en grandissant et les responsabilités fleurissant en chacun de nous, ne présente le père qu'en début de chanson, mais on en a un écho vers la toute fin quand elle chante que "tu me disais que serais fier de moi, j'aurais toujours voulu ça pour moi-même". Tori a eu une vie bouleversante. La bienveillance n'a pas toujours été au rendez-vous. Mais elle sait aussi se tenir debout. Peut-être parce que papa lui a apprise. Un proverbe dit "tel père, tel fils". Un autre dit "À père avare, fils prodigue"Lequel croire ?
Croyons nos instincts. Tant qu'ils soient sains.
Bonne fête des pères aux papas présents, passés, furtifs, parfaits et imparfaits.
Au mien dans l'au-delà aussi, parce que sans lui, no me. Tu m'a appris c'est quoi être bon sur terre. Et sincère.
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