mercredi 5 juin 2024

CINEMA PARADISO********All Quiet on The Western Front d'Edward Berger

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: le cinéma!

Je l'ai surconsommé, le surconsomme toujours, l'ai étudié, en fût diplômé de trois écoles, y ai travaillé, en fût récompensé , puis, en suis sorti. Mais le cinéma n'est jamais sorti de moi. 

Je vous parles d'un film dont j'ai aimé l'histoire, la réalisation, les interprètes, l'audace, le sujet, l'innovation, le montage, la musique, les éclairages, le rythme, bref je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. Je vous parles souvent d'un film que j'ai ici, en DVD, dans ma vidéothèque, chez moi. 

ALL QUIET ON THE WESTERN FRONT d'Edward Berger.

Je ne suis aucunement fan des reprises. Encore moins des suites non calculées. Elle sont souvent motivées par le profit. Rares sont les suites réussies. Comme il n'y a que superhéros ou suite dans l'offre cinématographique de nos jours, je ne suis pas terriblement gâté. Mais il y a tout juste 2 ans, on a été drôlement bien servi par ce film allemand. Il s'agit d'une reprise de reprise. 

Une troisième adaptation de ce livre de 1929 d'Erich Maria Remarque, racontant la traumatisme de la guerre du point de vue Allemand, La Première Guerre Mondiale en ce qui concerne ce livre. Bien entendu, puisque trop brutalement réaliste, et racontant une défaite, quand les Nazis, en 1933, ont été élus à Berlin, ce livre a été vite parmi les livres à brûler. Heureusement, il a survécu à la censure totale. Et dès 1930, les États-Unis en avait fait une adaptation cinématographique si prisée que le film allait gagner 2 Oscars à la 3ème remise des prix de l'Académie. Dont la statuette de la meilleure réalisation pour Lewis Milestone. 

Adolf Hitler et Joseph Goebells étaient tellement contre ce film anti-guerre, que lors des premières allemandes, on organisait des lancers de bombes puantes de fumées afin de faire fuir les spectateurs. 

En 1979, c'étaient les Britanniques qui adaptaient Remarque, pour la télévision, en co-production avec les États-Unis, dans un film de Delbert Mann. On gagnera un Golden Globe et un Emmy Award comme meilleur production filmique pour la télé. 

Mais il semblait logique que ce point de vue Allemand, soit un jour, raconté et réadpaté, d'un auteur Allemand, par un Allemand. C'est ce qu'Edward Berger a fait en co-signant le nouvelle adaptation avec Lesley Paterson et Ian Stokell, en réalisant et co-produisant ce chef d'oeuvre bouleversant pour Netflix.

 Ce film sera nommé 14 fois à la remise des prix du cinéma britanniques, en gagnant 7, dont celui du meilleur film, et sera aussi nommé 9 fois aux Oscars, en gagnant 4 dont celui de la meilleure cinématographie pour James Friend. 

Né avec le siècle, nous suivons Paul Bäumer, 17 ans en 1917, et ses amis, s'enrôlant naïvement dans quelque chose qui est alors inconnu mondialement. La courte première partie montre un côté candide entre amis qui sont très vite plongé sur le plancher des vaches pour le meilleur et pour le pire. Principalement, le pire. Il reste impossible de trouver la guerre charmante sous aucune forme si on est sainement équilibré. Ce film est brutal de réalisme. La cinématographie est remarquable. La production est impressionnante, le son aussi, ce qui donne parfois l'impression qu'on y est. Dans le cauchemar. Car c'est un véritable cauchemar. Intense. Cette guerre n'avait pas les technologies de la Seconde. Les morts ne sont aucunement "cinématographiques". Rien n'est tellement beau. Et pourtant oui, aussi. Il y a une sorte de grâce malsaine portée par la main habile de la réalisation de Berger, la caméra de Friend et le son hanté de la trame sonore. Parfois, les morts sont aussi suggérées hors champs, donnant du même coup, une pause à l'horreur à l'image. 

La guerre, c'est sale. J'ai encore en tête les images de prisonniers Ukrainiens humiliés par des soldats Russes et filmés fièrement pas ces têtes brûlées, feignant de les exécuter. 

Ce film passe du candide au tragique en un temps trois mouvements et ne peut en rien donner envie de la guerre.

Mais c'est aussi tout un effort de cinéma, plaçant en parallèle une trame narrative racontant l'armistice en work-in-progress. On dit que c'est très près de l'esprit du livre d'Erich Maria Remarque. La fin est toutefois changée dans ce film. Qui ne cesse d'étonner de scène en scène. 

Un film aussi formidable qu'abominable.

Une chronique que je dédirais aux innocents qui meurent en Ukraine, Russes comme Ukrainiens et aux mêmes qui s'entretuent en Palestine.  

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