Voyant un ami des États-Unis parler de Françoise Hardy au passé sur les réseaux sociaux, je me suis vite aperçu que la belle Française avait choisi l'aide médicale à mourir, à 80 ans, et s'était éteinte paisiblement, entourée des siens.
Ça m'a fait tout chose par en dedans.
Et pourtant elle était peu mon époque. C'était celle de l'adolescence da ma propre mère, née en 1948, donc qui avait 14 ans quand Françoise chantait que Tous Les Garçons et Les Filles de Son Âge se promenaient dans la rue deux par deux. Ma mère m'a dit que toute son adolescence, elle aussi l'admirait beaucoup. Moi, je suis surtout tombé amoureux de ses yeux avant de tomber sous le charme de ses airs musicaux. Mardi soir, soir de son départ, c'était l'anniversaire de ma vraie amoureuse. La mélancolie n'était pas au rendez-vous. Mais mercredi matin, choisissant de réécouter ma liste de lecture en voiture, la spleen s'est glissé en moi. J'ai la chance d'être hyper occupé au boulot, alors je n'ai pas le coeur à l'ombre trop consciemment. Mais pour être mieux concentré/moins dérangé, j'ai souvent passé mes air pods dans mes oreilles et c'était sur le temps de l'amour que je tombais.
Je n'ai jamais été le seul à la trouver délicieuse de toute part. Jacques Dutronc avait aussi été captivé par elle après une nuit parfaite à se découvrir, oui, découvrir mais aussi à se dé-couvir. Il a écrit pour elle, inspiré. Cet anamour a mené à une union qui a donné Thomas. Une union imparfaite mais qui avait une encre à la mer forçant la navigation des mêmes eaux. Un fils.
Tout le monde en bavait pour Françoise Hardy entre 1962 et 1970. Les hommes comme les femmes. Elles voulaient être elle. Ils voulaient être son meilleur ami. Elle était belle et désirable. C'était le côté classy de la France, là où Brigitte Bardot se rapprochait de Marilyn Monroe. L'immonde grand-mère de Françoise, probablement jalouse d'une génération qu'elle ne se forcerait jamais à comprendre, la traitait de "grande laide". Ce qui a très certainement eu un impact sur la pré-adolescente qu'elle était. Bob Dylan, envouté par elle, lui aussi, y fera référence, en 1966, en écrivant un poème qu'il lui dédiait, et qui la rendrait plus mal à l'aise que séduite. Derrière la pochette de son chef d'oeuvre Blonde On Blonde il faisait imprimer:
The Dylan of your era devotes a poem to you which can only leaves you embarassed* and not a moment too soon.
Run to your bedroom, take a long breath and come to this 'll all be over soon, Make a chert of the stars and the moon.
Your Grandma called you a mess and you believed every word. Now, take a poll of the denizens and just ask them what they heard.
Run to your bedroom, take a long breath and come to this 'll all be over soon, Make a chert of the stars and the moon.
Ce même Dylan était si charmé par madame H. qu'il refusera, à Paris, en tournée, de faire un rappel si elle n'acceptait pas de venir le voir dans sa loge après le spectacle. Creepy, je comprends celle qui n'était alors pas encore partenaire amoureuse de Jacques Dutronc. Ce qu'elle serait en 1967. Jusqu'en 1991. Mais toujours en bon terme avec lui. Tout le temps. Parce qu'elle était comme ça. Bonne et aimable. Françoise avait 80 ans, et avait choisi de partir. Pour cesser de souffrir. Ce sont de belles morts. Muries. Réfléchies. Calculées. La mort prise en main, mise en bouche et contrôlée. Rien d'impromptu. Pas d'angle de victime. Un video de Bowie une semaine avant de quitter cette planète pour une autre.Seuls les vampires comprennent cette dernière phrase.
Beaucoup de mes amies sont venues des nuages. Avec soleil et pluie comme simple bagages. Ils ont fait la saison des amitiés sincères. La plus belle saison des 4 de la terre. Il n'y avait pas mélancolie de ma part, mais une sorte de ton de fracas de fin du monde. J'ai pensé à vous souvent, Françoise, j'ai laissé voler le vent qui souffle sur la peine. Je vous écris ces quelques fleurs, très jolie madame, avec mon coeur à l'intérieur, je rêverai encore à vous souvent. La musique reste. Les images. Vous savez plus que quiconque qu'on ne meurt jamais, mais qu'on se déplace vers ces étoiles que vous avez tant scrutées, et dont vous serez astre lumineux.
Dans les, pénibles pour moi, musicales années 90, elle était venue complètement me gagner avec Le Danger, cet album sensuel et si agréable, avec une direction plus rock, mais feutrée, mature, sobre, raffinée. Voilà le mot que je cherchais, raffinée, elle me paraissait raffinée alors que je sais qu'elle a grandi autour d'une ferme. Qu'elle était beaucoup plus simple que compliquée. Et qu'elle a porté le succès et la célébrité sans toujours y croire. Sans toujours comprendre l'effet qu'elle avait planétairement. Avec cet album de 1996, elle devenait aussi mon époque. Elle me charmait pleinement.Puisque vous partez en voyage, mon coeur fait apprentissage, Hé bien voilà, vous avez une place tout à fait tranquille.J'apprendrai à te dire adieu.
Je vous aurai aimé, grande dame.
Beaucoup aimé.
Ça me fait quelque chose de vous savoir hors d'un temps qui serait le nôtre.
*en effet, ce fût réussi.
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