Né sur une table dans
les appartements britanniques des années 20, Melvin James a un père Juif-Allemand de Danzig et une mère de Kyiv, aujourd'hui d'Ukraine qu'on tente d'effacer du globe terrestre. Il a trois frères plus vieux et papa meurt à seulement 34 ans de la tuberculose. Mel a alors seulement 2 ans. Grandissant sans père, ça lui donnera envie de rire et faire rire davantage afin d'éviter le spleen. Il est lui même d'une santé fragile ce qui fait qu'à l'école, il est plutôt ostracisé quand vient le moment de faire des sports et il se démarque par sa drôlerie. En commentant parfois l'action de manière comique aux récréations. Il est petit de taille ce qui le rend encore moins utile en sports. Un de ses oncles est chauffeur de taxi et le fait gratuitement pour le portier d'un théâtre de Brooklyn qui est son ami. Mel, à 9 ans, se fait donner des billets gratuits pour y voir
Anything Goes. Quelque chose est semé dans sa tête.
À 14 ans, il se fait engager comme animateur autour de la piscine au Butler Lodge. Il y fera la rencontre de Sid Ceasar qui a alors seulement 18 ans. Pour amuser, il porte un chapeau à la Chaplin, complet et veston, prétend être un homme d'affaire. Montre à tous qu'il met des roches dans sa valise, se menotte les mains aux poignées et monte sur le plongeon en disant: "Les affaires sont si mauvaises, j'abandonnes, adieu monde cruel!" et il se tire tout habillé dans l'eau. Un jeune Buddy Rich lui apprend à jouer de la batterie. Gagne de l'argent ainsi aussi. La nuit. Adolescent. Un animateur de scène est malade un soir et à 16 ans, il le relève avec un certain succès. Il gradue de l'école secondaire et projette de suivre les traces d'un de ses frères en psychologie, au collège.
Il est toutefois recruté pour la Seconde Guerre Mondiale en cours, et son test de quotient intellectuel le classe dans une équipe de stratégie d'intelligence militaire. Après 3 mois de formation, il est intégré officiellement dans l'armée à sa majorité. Il sera assigné aux radiotransmissions en 1945. Il sera forcé de participer à la bataille de Bulge, dans les Ardennes. Il sera des dernières missions terrestres de la Seconde Guerre Mondiale en avril, mai et juin 1945. Il sera ensuite libéré, alors qu'il est caporal.
Sa mère lui trouve un poste de commis au
New York Navy Yard. Mais Mel demande à son désormais ami, chauffeur de taxi, de le mener dans les Catskills où il y est engagé comme batteur et pianiste dans les prestigieux clubs. Mel est naturellement drôle. À 23 ans, son ami
Sid Ceasar, maintenant humoriste, l'engage pour qu'il lui écrive des gags. Bientôt, Mel fait aussi des numéros et des blagues à la radio qu'il connait bien. Pour la télévision et Sid Ceasar, il est engagé avec Carl Reiner, Neil et Danny Simon, sous la supervision de Mel Tolkin. Reiner, père du réalisateur de
This is Spinal Tap,
Stand By Me,
When Harry Met Sally,
Misery &
A Few Good Men ;
Neil Simon aura une carrière importante comme écrivain pour le théâtre, la télévision et le cinéma. Son frère écrira aussi pour la télévision. Carl sera créateur du populaire
Dick Van Dyke Show. Le personnage de Buddy Sorrel dans l'émission est inspiré de Mel Brooks. Neil Simon s'inspirera aussi de Mel dans sa pièce
Laughter on The 23rd Floor, en 1993. Le succès de
Your Show of Shows dure jusqu'en 1954.
Ceasar réengage la même équipe pour
un nouveau projet, y ajoutant un jeune Woody Allen et Larry Gelbart. Tolkin a donné
un livre de Gogol à Brooks qui change sa vie. Il trouve hilarant et à la fois très touchant. Avec Reiner, Brooks forme
un duo comique qui amuse les amis dans les lancements de livres, dans les partys cocktails, puis, sur scène, devant public. Reiner joue presque toujours l'intervieweur assez commun et Brooks des personnages farfelus. Comme un
homme de 2000 ans, témoin de Jésus-Christ. Parfois, très peu est écrit et Brooks & Reiner improvisent merveilleusement. Leur duo est invité au
Steve Allen Show. On enregistre sur disque 33 tours et on vendra pour plus d'un million. Les portes s'ouvrent donc partout. Les recettes constantes de ce seul disque, devenu cassette, puis CD, lui sauve la peau des fesses dans les années de vaches maigres.
Il écrit des comédies musicales pour Broadway. Il conceptualise un court-métrage animé. Gagne un Oscar pour ce court-métrage. On lui donne carte blanche. Avec Buck Henry, il écrit pour la télé. L'émission gagnera 7 Emmy. On lui demande alors quel sera son prochain projet et il répond spontanément "Une comédie musicale appelée "Le Printemps d'Hitler" ".
Ça devient presque vrai. Il trouve deux producteurs pour faire la pièce, mais on transforme alors
en film, qu'il dirigera lui--même. Le film sera un modéré succès. Qui a mal vieilli, mais un succès quand même. Et puisque ça se moque d'Hollywood, Hollywood, toujours un brin narcissique, aime le clin d'oeil qu'on lui fait et lui donne un nouvel Oscar pour le meilleur scénario original. Battant Stanley Kubrick et Arthur C.Clarke pour
2001, A Space Odyssey et John Cassavettes pour
Faces. Faire rire avec Hitler, seul un studio indépendant avait osé financer. Peter Sellers avait beaucoup encouragé ce film. Ça jouera dans les collèges des États-Unis quand les cinémas n'oseront pas toujours non plus, diffuser.
Son film suivant, inspiré d'un roman russe, n'aura pas autant de succès. Brooks veut ensuite adapter
une pièce d'Oliver Goldsmith mais quand personne ne veut le financer, il pense sa carrière terminée.
Mais un nouvel agent lui trouvera un poste de réviseur de script pour un projet jamais réalise, comprenant aussi un jeune Richard Pryor. Avec lui et plusieurs autres avec lesquels il révise maintenant, il co-scénarise et tourne ce qui deviendra
Blazing Saddles. Une satire des westerns faisant références à plusieurs classiques du genre, du cinéma et des comédies musicales. Tourné avec 2,6 millions, il fera gagner 119, 5 millions au studio. Le film sera nommé trois fois aux Oscars. Sera des années plus tard inscrit à la Librairie du Congrès des États-Unis.
Wilder avait promis de jouer dans le film de Brooks, si il lui promettait de voir avec lui, ensuite, son projet à lui, sur Frankeinstein. Ça deviendra Young Frankeinstein. Tourné et lancé la même année, le film sera le 3ème film aux plus grosses recettes au box office, aux États-Unis. Derrière Blazing Saddles. (The Towering Inferno sera le #1). Le film aura encore deux nominations aux Oscars. Brooks retourne à la télé pour une série parodique sur Robin Hood. Près de 20 ans plus tard, le matériel servira pour un de ses films.
L'auteur Ron Clark lui propose le premier film muet en 40 ans. Brooks accepte le défi. Cette fois, il ne fait pas de caméo dans le film mais joue le rôle principal. Le seul qui aura une ligne est le célèbre mime français, Marcel Marceau. Une blague en soi. Il ne s'agit que d'un mot: "Non". Bien que pas aussi populaire que les deux autres, il récolte 36 gros millions quand même, en 1976. Il se moque d'Alfred Hitchcock l'année suivante, et produit le film une première fois. la production lui sera toujours fortuite. Il a du flair.
En 1980, le duo de critique nomme Brooks et Woody Allen comme les deux auteurs/réalisateurs les plus comiques issus des États-Unis, en ce moment. Cette année là, Mel produit l'adaptation de la pièce
The Elephant Man dont la réalisation sera de David Lynch. Il avait été impressionné par
le film précédent de Lynch. Il produira ensuite
Frances,
The Fly,
84 Charing Cross Road. Rien de comique. Inspiré de ses débuts, il produit
un film de Richard Benjamin en 1982. Ainsi que
le premier film tourné par son amoureuse, sa seconde épouse depuis 1964, l'actrice Anne Bancroft. Blaguant que le seul genre qu'il n'avait pas touché était le film historique, il écrit, tourne et joue dans l'ambitieux
History of the World Part I. J'ai vu, enfant. J'ai si retenu le valet de pisse que je le suis presque devenu, parfois.
Il produit et joue, mais n'écrit aucunement pour
une nouvelle version d'un film d'Ernst Lubitsch. En 1987, 10 ans après l'immense succès de Star Wars,
il parodie un genre qu'il n'avait pas encore touché. Ses films génèrent toujours plus de 30 millions. Il fait
un peu de télévision mais ça ne dure que 5 épisodes sur 11. Il tourne, joue et écrit
Life Stinks. Pour une rare fois, ce n'est pas une parodie. Mel propose un homme vil goûtant aux malchances de la vie. Pour la première fois, un de ses films ne fait pas d'argent. Perd même 9 millions.
Il revient donc aux parodies.
Robin Hood et
Dracula. Si le premier fera 72 millions le second perd 20 millions, malgré Leslie Nielsen. Dans les années 2000, il adapte
The Producers pour Broadway et Matthew Broderick & Nathan Lane joueront longtemps dedans, en faisant un grand succès s'inscrivant dans la durée. Tout le monde sait ce qu'Harvey Weinstein fait derrière les plateaux, le portrait des producteurs est très d'actualité. La pièce gagnera 12 Tony. Battant un record vieux de 37 ans. Uma Thurman et Will Ferrell sont de certaines distributions. Il adaptera aussi
Young Frankenstein pour la scène, mais avec moins de succès.
Il sera époux d'Anne Bancroft 41 ans, soit jusqu'à la mort de celle-ci, en 2005.
Spaceballs est adapté pour la télévision, en dessins animés. Il fera des voix pour des films animés.
En 2021, il publie ses riches mémoires. Pour Hulu, on dit qu'il écrirait et produirait History of the World Part II. Il a alors 95 ans.
L'increvable Mel a 97 ans aujourd'hui. 98 ans.
...98 ans.
Je ne pense pas me rendre là.
Je ne sais même pas si j'en aura envie.
Mais Mel, brille encore.