Il est largement compris, et Sofia l'a confirmé elle-même, que son film de 2003, Lost in Translation était semi autobiographique et s'inspirait de l'échec de son mariage avec le réalisateur Spike Jonze. L'excellent film existentiel met en vedette Bill Murray dans le rôle d'un acteur, et Scarlett Johansson dans le rôle d'une femme malheureuse accompagnant son mari à Tokyo. Le personnage de Scarlett, aliéné socialement et émotivement, fait la rencontre de celui de Murray, au même carrefour des spleens.
Le film allait être nommé 4 fois à la cérémonie des Oscars remettant les prix des meilleurs efforts cinématographiques en sol Américain, mais ne remporterait que celui du meilleur scénario, signé/vécu par Sofia Coppola.
10 ans plus tard, Spike Jonze allait tourner sa propre vision du même mariage, dans son film Her. Le tout premier film dont il était l'unique scénariste, après 3 (excellents) qu'il n'avait pas écrit lui-même. En 2010, Spike avait tourné un court-métrage traitant déjà un peu des thèmes entourant l'intelligence artificielle. Trois ans plus tard, il tournait avec Joaquin Pheonix l'histoire d'un homme dont l'extrême solitude le fait tomber en amour avec une femme créée en intelligence artificielle, incarnée...par Scarlett Johansson. Ce qui n'était pas innocent. Point. Contrepoint. Est-ce que Scarlett, qui n'avait que 17 ans, en 2003, réalisait qu'elle incarnait deux fois le même personnage sur 10 sous deux regards différents ? Samantha Morton est celle qui avait originalement fait la voix de l'intelligence artificielle, mais Jonze l'a remplacée par celle de Johansson en post-production. Dans ces 2 radicalements différents films, Scarlett incarne une version fictive de Sofia Coppola. La première fois, avec Giovani Ribisi dans le rôle du mari de Scarlett, qui connecte peu avec elle, absorbé par son travail de photographe, la seconde, dans une réponse de Jonze sur la froideur et l'artificialité d'une intelligence faussée par les ordinateurs. Les films sont différents, toutefois, ils ont aussi des points communs. Le plus important et tout à fait commun restant la solitude. Johansson est presque cet enfant (qu'ils n'ont pas eu ensemble détrompez vous) qu'on utilise contre l'autre parent, dans une séparation.Chez Sofia, dans les jeunes années 2000, elle réalise que la vie n'est pas ce qu'elle anticipait, pour elle-même. Les gens se tiennent ensemble, ont du plaisir, les lumières de la ville sont brillantes et scintillantes, l'atmosphère en devient surréelle par les néons pastels. Tout le monde semble sur son X mais vous semblez en territoire étranger et la communication est largement imparfaite, presque non-existente.
10 ans plus, tard, nous sommes tous connectés par le travail, l'internet, par les téléphones, les réseaux sociaux. Une inertie s'en dégage. L'attachement au travail devient plus diffus. Moins solide. Mais on cherche toujours à se brancher. Ne serais-ce que par des câbles soutterrains du coeur. Il y a même des moments où vous vous êtes créé des instants mentaux qui vous ont donné l'impression de goûter un peu au bonheur. Mais ce n'était qu'arôme artificielle. Sucre. Même que parfois, ton téléphone devenait ton ennemi. Charlotte, chez Sofia, est à la dérive d'un monde qui semble plein de possibilités. Dans un futur pas si lointain, Theodore, chez Spike, a eu le coeur brisé par ce qu'il pensait être l'amour de sa vie, Catherine, et se le rapièce artificiellement avec Samantha, une assistante virtuelle se livrant à ses moindre besoins avant de se rendre compte qu'elle est nettement plus vaste que lui, et qu'être avec soi-même ne veut pas toujours dire, être seul. Les deux films sont, sans aucun doute la dernière conversation du mariage entre Sofia Coppola et Spike Jonze sur 2 films, et sur 10 ans.La chanson qui cloture le film Her est Supersymmetry.
Un délicat crescendo tiré de l'extraordinaire album d'Arcade Fire, Reflektor.
L'ironie veut que sur la chanson titre de cet album double de 2013, Win Butler chante "We all got something to hide" vers la fin. Il a été depuis été accusé d'agressions sexuelles sur des fans d'Arcade Fire. Plus d'une fois. Il est conjoint de Régine Chassagne, multi instrumentiste à ses côtés sur scène et en studio. Co-créatrice des morceaux et mère de leur fils. J'ignore comment la chimie opère en ce moment dans ce groupe. Entre Sofia & Spike, l'équilibre passionnel n'a pas été calibré de manière égale et commune très longtemps. Le choix de Supersymmetry est adéquat. Non seulement il est ascencionnel, mais la super symétrie souhaitée entre la fille de Françis Ford Coppola et Adam Spiegel dit Spike Jonze, ne s'est jamais pleinement coordonée. Sauf peut-être artitisquement, sur 10 ans, en 2 films.Her a ironiquement été nommé plusieurs fois aux Oscars aussi, ne remportant, que celui du meilleur scénario original, en 2014.
Comme quoi, l'incommunication se communique parfois.Et Mars et Vénus restent 2 planètes d'une même galaxie.
Les nominations pour la cérémonie des Oscars 2024 sont annoncées ce matin de Los Angeles.
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