samedi 27 janvier 2024

10 Bijoux Sonores d'Il y a 50 ans

Un ami à moi qui s'insurgeait que Netflix, mais seulement aux États-Unis, rendait disponibles plusieurs bons films de 1974, afin d'en célébrer les 50 ans, m'a fait réaliser indirectement que c'était aussi une grande année musicale. 

Du moins pour mes oreilles. 

Mes oreilles de 2023 devrais-je préciser car en 1974, je ne peux pas prétendre que j'écoutais ces disques, je n'avais que 2 ans. Voici 10 albums qui, selon moi, ont fait ce que tout artiste rêve en tout temps: s'inscrire dans la durée. De nos jours, je les trouve encore formidables.

7 artistes ont tout à fait dominé les années 70 selon moi et ils sont Elton John, Pink Floyd, Stevie Wonder, David Bowie, The Rolling Stones, Joni Mitchell et Neil Young,  6 d'entre eux seront ici, Pink Floyd étant occupé à promouvoir leur giga succès The Dark Side of the Moon et préparer l'excellent Wish You Were Here lancé l'année suivante. 

Goodbye Yellow Brick Road D'Elton John. 

Harmonium d'Harmonium. Bien que je préfère leur parfait album suivant, ce premier album était indispensable à faire pour en arriver au second. Brillantes mélodies lyriques et à la guitare, parfois 12 cordes, ce génie de Montréal-Nord a eu comme père un chef d'orchestre qui lui a inculqué le sens du rythme. Serge Fiori, Michel Normandeau et Louis Valois nous offrent du si mémorable qu'on retiendra toute le reste de nos vies que si on a mis quelqu'un au monde, il faudrait peut-être l'écouter.  

Diamond Dogs de David Bowie. David vient de limoger ses araignées de Mars et doit maintenant prouver qu'il est en mesure de se débrouiller musicalement sans Mick Ronson. Il apprend la guitare et son premier riff fait sensation. Cet album d'abord pensé comme un opéra rock adaptant George Orwell en garde l'essence apocalyptique qui est un parfait suivi de Ziggy et nous introduit à Halloween Jack, cool cat sur le toit des immeubles. Un album qui s'écoute tout seul de bout en bout.

Fulfillingness First Finale de Stevie Wonder. 17ème album de Stevie Wonder qui n'a alors que 24 ans. C'est aussi le 4ème (de 5) de sa période dite "classique". Faisant écho à son éveil social de l'album précédent, et épousant largement la période de la reconnaissance des droits des humains à la peau noire. Les Jackson 5 y font une apparition. Stevie y va de sophistipop, blues, R & B, soul, offrant quelque chose de personnel, peut-être un peu plus sombre que ce qu'il offrait auparavant, se permettant même de pointer négativement du doigt le gouvernement de Richard Nixon, président qui sera prouvé corrompu par la suite, ce qui ne semble plus un problème de nos jours...  

On The Beach de Neil Young. Mon album favori de Neil. Second album de ce qu'on a appelé sa "ditch trilogy" (les deux autres étant Harvest et Tonight's The Night), cet album est sombre. venant d'enregistrer son Tonight's The Night (mais qui sortira après), Neil y est pessimiste. Le feeling d'aliénation y est jusque sur la pochette où la solitude reste criante. Enregistré à partir du lendemain de mes 2 ans, l'album est divisé de trois clairs blues qui en portent le titre, de country folk et de moody rock. On ne l'écoute pas, on s'en imprègne.  

The Heart of a Saturday Night de Tom Waits. Avant de faire la rencontre de sa Jersey Girl, Tom était plus jazz/blues, se rapprochant du son de Bob Dylan dans les années 60. Il n'a pas encore ce côté avant- gardiste si remarquable qui coïncide avec l'arrivée de Brennan dans sa vie, mais loge plutôt dans le vertige de fin de soirée dans un bar de cocktail de New York. La pochette est un clin d'oeil à Frank Sinatra. Même esprit. Plus enfumé et alcoolisé. 

Crime of the Century de Supertramp. Troisième album du band de Londres. Après l'échec des 2 premiers efforts, Rick Davies et Roger Hodgson jouent le tout pour le tout, changent tout leur band et font affaire à un des 5 ingénieurs du son autour des Beatles, Ken Scott. Solitude et stabilité mentale sont au menu des textes et compositions. Cette musique de 7 à 77 ans comprend une chanson que je juge tout simplement parfaite dans sa construction. La première. 

Veedon Fleece de Van Morrison. Un de mes albums favoris à vie de l'Irlandais est Astral Weeks lancé 6 ans avant. Il utilisait alors le flot de pensées continues, musicales et lyriques. Donnant l'impression d'être continuellement en apesanteur. 5 albums, loin d'être ininterressants, sont lancés entre 1968 et 1974 et un album en spectacle la même année. Avec ce 8ème album, il revient à cette idée de flot de pensées continues, restant folk jazz, parfois country, toujours agréable pour moi. Même si au civil, c'est un parfait idiot.  

It's Only Rock'n Roll des Rolling Stones. Je serais menteur de dire que ce fût toujours mon album préféré des Stones, groupe que j'ai commencé à aimer vraiment vers mes 14 ans. Mais adulte, je dois concéder que 2 de mes morceaux préférées du band se retrouvent là-dessus. Et toute la période avec Mick Taylor est sincèrement ma préférée du band. Sur ce dernier album comprenant Taylor, Ron Wood y co-compose la chanson titre et David Bowie avait co-écrit le morceau avant que Keith Richards, jaloux, ne le soustraie des auteurs en refaisant ses voix. 

The Hissing of Summer Lawn de Joni Mitchell. La brillante canadienne offre un parfait croisé de jazz folk et d'avant-gardisme en semblant dire adieu à Los Angeles et la côte Ouest des États-Unis. Cette année-là, elle sera beaucoup sur la route, faisant même quelques apparitions dans la tournée Rolling Thunder de Bob Dylan dans l'année qui suivra. Joni est un bijou qui ne réalise aucunement comme elle (et Neil Young) nous punit de ne pas garder sa musique sur Spotify.  Les paroles de cet album sont un délice retrouvant Bowie ici, Burroughs ailleurs, et évoquant une décadence dont elle s'éloigne dignement. Mais qui n'interdit en rien sa participation possible... 

Il y a 50 ans, ce sont ces 10 là que mon coeur, ma tête, mes tripes gardent en l'oreille. 

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