vendredi 5 janvier 2024

Célébrité: Baiser de la Mort de Certain(e)s Écrivain(e)s.

Un(e) écrivain est en général un fin observateur qui a besoin de la marge afin d'étudier le monde dans lequel on (d)évolue tous. 

L'auteur(e) a besoin d'ombre et de solitude pour cuisiner sa jonglerie des mots. 

Truman Capote a écrit In Cold Blood en 1966. Il ne s'agissait pas d'une fiction mais bien d'un récit. Des tristes meurtres de 4 membres de la famille Clutter par deux hommes récemment libérés sur paroles de prison, survenus en 1959, au Kansas. Le livre était très personnel de sa part et l'auteur a fait un gigantesque succès de ses 6 ans de travaux sur ce crime, créant presqu'à lui seul, un genre qui a toujours connu beaucoup de succès par la suite. Une sorte de journalisme gonzo avant le journalisme gonzo. Après ce livre, une adaptation en film en a été faite et le statut de culte s'est un peu brodé autour d'In Cold Blood. Capote n'a plus jamais écrit d'aussi bon matériel par la suite, se contentant de nouvelles ici et là, d'articles dans les journaux mais surtout, il a continuellement fait la tournée des talks shows de fin de soirée, aux États-Unis, se ridiculisant plus souvent qu'autrement en se rendant beaucoup moins mystérieux et extrêmement trop disponible. On en avait assez de Capote après un certain temps. 

Hunter S. Thompson, qui a en quelque sorte incarné le journalisme gonzo, c'est-à-dire, un journalisme où l'auteur s'implique lui-même dans ce qu'il raconte, écrit selon ce dont il a été témoin, n'a pas non plus écrit grand chose d'aussi bon que Fear & Loathing on the Campaign Trail '72. Qui se terminait sur une dépression de sa part. Le succès a été assez fort et il a fini par se tirer une balle dans la bouche des années plus tard.


Salman Rushdie nous as été connu par le scandale des Versets Sataniques. Quand il écrit sa fiction suggérant une relecture de Muhammed à la fois érotique et parfois malsaine. S'en est trop pour l'Ayatollah Khomeini dont la démence le fait le condamner à mort en déclarant une guerre sainte sans même lire le livre. Celui-ci est censuré, ce qui fait qu'au contraire, dans les pays occidentaux qui lui offrent refuge, c'est son plus gros vendeur à vie. Jamais plus, il n'arrivera à écrire mieux que ce qu'il avait fait cette fois là, en 1988.

 J.K.Rowling n'a jamais accoté ce qu'elle a fait pour les jeunes et moins jeunes avec la série des Harry Potter. E.L.james est incapable de se libérer des cordes de 50 Shades of Grey. Dan Brown est la figure des proue des complotistes mondiaux grâce à Da Vinci Code, mais ses écrits restent sans surprises depuis 2003. Martin Amis a vu la qualité de ses écrits décroître au fur et à mesure que sa popularité grandissait. 

Par la nature de l'écrivain(e), il faut être en mesure de rester loin des projecteurs afin d'être meilleur observateur. Ducharme, Pynchon, Sallinger avaient compris une chose ou deux sur la chose. Stand back and get the big picture, disent les Chinois. Prendre du recul sur les eaux agitées, savoir se tenir sur la roche tout près. Le plus discret sera l'oiseau sur la branche, meilleures seront les conditions pour ensuite mijoter ses idées en vol libre avec créativité originale. 

I wish I was invisible chantait Alison Moyet en 1985. Dure l'invisibilité quand on est surpopulaire. Et la multiplication des regards sur vous-mêmes force une altération de votre propre regard sur vous-même. 

Interférant avec vos pulsions créatives.

Parfois, pas tout le temps. 

La popularité n'est pas un critère de qualité. Est grande menteuse. Et désoriente les fleuves mentaux des écrivain(e)s.

Les agitent du moins.

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