À un des jeunes espoirs roumains, on avait demandé ce qui l'avait le plus impressionné à son arrivée à Montréal. Il avait répondu candidement : "Vous semblez aimer beaucoup vivre dans vos autos".
Le phrasé était si joli qu'il m'est resté en tête. Depuis plus de 20 ans. Et le jeune Roumain ne se trompait pas. À Montréal, la rumeur veut que les étudiants canadiens et/ou étrangers, en architecture routière viennent survoler notre ville afin d'y étudier TOUT ce qu'il ne faille pas faire, et y apprendre pourquoi. En 2018, le nombre de proprétaires de voitures, sur 8 millions en province se situait autour de 2 millions. La majeure partie des propriétaires de voitures serait concentrée à Montréal et ses environs. C'est bien noble de vouloir être plus écolo, mais nos efforts pour lutter contre les changements climatiques sont assez faméliques. Prenez-le de celui qui travaille dans le milieu du recyclage. Sa famille comprend 4 têtes et autant de voitures. Parfois 6 parce que les mousses ont des partenaires de vie. En revanche, je travaille sur l'idée de travailler sans utiliser ma voiture. Je vais tenter de coordonner changement de job et fin de vie de voiture de mon fils. Et alors y laisser la mienne. Et moi je me débrouillerai pour travailler de chez moi ou plus près. À vélo de distance. Ce qui est possible presque 10 mois, dans mon 450. Au Québec, comme dans ma propre maisonnée, plusieurs sont passé à une voiture/une tête. Du moins, dans mon entourage. C'est passablement dommage. Et dommageable, il va s'en dire. Avec la fermeture de trois voies dans les deux direction, du tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine, et ce pour encore au moins trois ans, on a proposé, afin de préparer les chauffeurs des quelques 120 000 véhicules qui y passent chaque jour, d'obliger les gens à faire du co-voiturage, mais pas n'importe lequel, obliger la circulation de voitures comprenant 3 passagers!.
3! C'était tout simplement (comme la circulation) impossible. Mais j'imagine qu'il fallait lancer l'idée quand même. Il y a tant de facteurs qui doivent se hasarder au même moment, c'est un pari perdu d'avance. Je n'habite pas la Rive-Sud et n'en suis pas affecté. Mais mon collègue direct, oui. Ce serait impossible pour moi, mais ce l'est tout autant pour mon collègue. Je me lève à 5, quitte entre 5h19 et 5h30, travaille de 6 à 15h et suis à maison à 16h. C'est impossible pour moi de trouver un seul quidam qui aurait cet horaire, alors imaginez 2 ! Pour mon collègue, c'est la même chose. Entre une demi-heure plus tard que moi, termine une demi-heure plus tard que moi. Si infaisable qu'ils ont laissé tomber l'obligation du transport à 3. Comme dans bien des domaines, avec la pandémie mais surtout, avec notre époque, et avec la planète qui se détériore davantage et davantage, il faut changer nos habitudes. C'est ce que j'essaie de faire les week-ends. Le vendredi, 16h00, je stationnes, pour la seule fois de la semaine, ma voiture au fond de notre enteée qui peut en contenir 4. Ainsi, je reste bloqué par la voiture d'un(e) des 3 autres et ne peut plus la sortir à moins de déplacer d'autres voitures. Les week-ends, je tente de ne pas bouger de chez moi. J'échoue toujours, mais bon, j'essaie. Ce qui reste encore très très peu comme effort de guerre.
On aime beaucoup nos bulles, moi le premier. Chanter au volant reste un grand plaisir pour moi. Et une motivation à ne pas rager en plein trafic. Pour les plus malpropres, s'y décrotter le nez est un refuge. Pour le gendre, c'est travailler (il est mécanicien). Pour bien des gens, c'est leur unique moment d'autonomie dans une journée.
Nos voitures sont des bulles. Mais on découvre, avec le temps, avec une lenteur phénoménale baignée de lourdes non volonté et de profits pétroliers, qu'on ne veut pas se débarrasser de nos bolides. qu'on aime nos bulles environementalement toxiques.Je caresse le rêve impossible, mais si agréable à rêver, que l'Île de Montréal devienne un jour une île, sans voiture.
Mais comme le transport à 3, ça aussi, ça reste extrêmement impossible.
On aime tant vivre dans nos autos.
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