dimanche 6 novembre 2022

CInema Paradiso***********************The Haunting de Robert Wise

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parles de l'une des mes trois immenses passions: le cinéma.

Je l'ai massivement consommé, le fait toujours, l'ai étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, en fût primé, en suis sorti, mais le cinéma ne sort pas facilement de moi.

Je vous parles de l'un des films qui m'a marqué par son audace, sa réalisation, ses interprètes, son histoire. sa musique, ses trouvailles, bref je vous parles d'un film qui m'a séduit par la plupart de ses choix.

Je vous parles cette fois de ce que notre monde devient parfois. en vieillissant, l'horreur.

THE HAUNTING de ROBERT WISE

Robert Wise est celui qui a offert West Side Story en 1961. L'histoire de gangs rivales, portoricains contre caucasiens, qui, pour intimider l'autre groupe, chante et fait des chorégraphies sur la musique de Leonard Bernstein et Jerome Robbins. Ma mère, alors 13 ans, avait adoré. Spielberg en a fait un (mot censuré ici) remake récemment. Les enfants de 13 ans ont surement beaucoup aimé.

 Deux ans après The Haunting, il serait encore au sommet de son art avec The Sound of Music. Il avait aussi fait le montage de Citizen Kane pour lequel il avait été nommé aux Oscars. The Haunting serait son 31ème film, comme réalisateur.  Travaillant sur West Side Story, il avait lu The Haunting of Hill House de Shirley Jackson et en avait été très effrayé. Il avait donné la tâche à son ami Nelson Gidding pour en faire une adaptation cinématographique. Julie Harris, Claire Bloom, Richard Johnson et Russ Tamblyn seront des invités dans un manoir aux élément surnaturels qui ne manqueront pas de déjouer les attentes et l'imagination de tous les personnages. 

Le scénariste s'était convaincu, à sa lecture du livre, qu'il ne s'agissait aucunement d'une histoire de fantômes, mais plutôt l'histoire d'une femme en perte d'autonomie mentale qui entrait en institution, entourée des siens. Mais en discutant avec l'auteure, elle lui avait confirmé que c'était bien une histoire surnaturelle. Mais des éléments de maladie mentale resteront dans le produit final. Outre quelques clichés de personnages stéréotypés qui feront face à ce qu'ils n'attendaient pas et quelques yeux qui tournent sur des visages féminins, face à l'effroi, sur lesquels il faillent quelques fois être indulgents, le film est passablement remarquable pour l'époque. 

Une partie du film est l'histoire de cette femme, peu à peu dévorée par son entourage, mais le diable est vraiment dans les détails subtilement exposés. Techniquement un histoire de fantômes, ce n'est pas ce qui vous hantera nécessairement le plus. Le film contient de très nombreux plans fixes de maçonnerie, d'architecture et de décors statiques. La vraie vedette de ce film c'est le manoir lui-même. Le directeur photo Davis Boulton (et Wise, wise enough) l'a bien compris. 

En misant sur le suspense et la psychologie dégénérative terrorisante et non le gorefest des années qui viendraient nous faire rire et nous amuser, au ciné, on se garde plus près d'un certain réalisme. Le film parait comme une sorte de précurseur du genre malaisant. 

Ne vous trompez surtout pas avec le terrible remake des années 90 mettant en vedette Catherine Zrta-Jones. 

Presque toute l'histoire se déroule à l'intérieur du manoir. Julie Harris avait accepté le rôle principal car elle avait un réel intérêt pour la parapsychologie. Pour faire en sorte que Claire Bloom paraisse toute aussi bohème que souhaité, on avait demandé à la grande couturière des années 60, Mary Quant de lui dessiner ses vêtements. Russ Tamblyn avait d'abord refusé son rôle, trouvant que son personnage était un vrai imbécile. Mais le relisant une seconde fois (et menacé par la production de briser une entente contractuelle) il a non seulement trouvé le rôle beaucoup plus intéressant, mais au final, trouvera que c'est l'un de ses rôles préférés de sa carrière. 

On utilisera les extérieurs du Ettington Park Hotel, en Angleterre, un édifice du 19ème siècle, pour faire croire au manoir, dont les intérieurs seront très rococo studios. On tournera beaucoup en Europe. Belgique et Angleterre surtout. Wise voulait ce film un hommage à l'écrivain/producteur/scénariste Val Lewton, décédé précocement à 46 ans, qu'il admirait grandement. 


Quelques critiques considéreront ce film mieux orienté que The Birds d'Alfred Hitchcock qui faisait aussi renverser le contenu des sacoches des madames, saisies par la stupeur, dans les foules.

Suggérer l'horreur sera toujours plus terrorisant que de simplement nous la montrer.  

"TONIGHT! WHILE YOU SLEEP..."

"..."


"..."

"What ?"

"..."

"WHAT?"

"..."

"WHAT WHILE I SLEEP?"


Davantage sur les fantômes, demain.


Aucun commentaire: