vendredi 25 novembre 2022

Funambulisme Sans Protection

Le mot garde-fou a été créé il y a des lunes afin de décrire la rambarde qui allait empêcher le fou/la folle de se tirer du haut d'un toit. 

Apparemment, le "peuple" a parlé. Il ne faut jamais penser un réseau social, reflet du peuple. À suivre Twitter, les Conservateurs, aux dernière élections, au Québec, allaient faire table rase sur le Québec. Non. Les raisins sont toujours non représentés à l'Assemblée avec 0 élu. Elon Musk a sondé les usagers de Twitter pour leur demander si Donald J. Trump devait revenir sur le réseau dont il est banni. Sur plus de 115 millions de votes sur le globe, le score final a été de 51,8 % en faveur, contre 49,2, contre. "Vox Populi" a dit Elon. Les bots ont parlé. Probablement des deux côtés. Exactement ce que Musk voulait enrayer. 

Depuis qu'il a acheté le réseau, à la vitesse de l'éclair, impulsif, et avec très peu d'intérêt pour les conséquences de ses gestes, celui qui s'est auto-déclaré Chef Twit, a cuisiné son responsable de la confiance et de la sécurité en le limogeant. Puis, il a fait la même chose avec plus de 35 000 autres employés qui mettaient les pratiques de protection en place. C'était ceux qui filtraient les harcèlements, les discours haineux, les menaces, les transferts d'images intimes non consensuelles, les spam, et toute violations des codes de conduite civile de Twitter. En somme c'était une pelletée dans le ravin de pas mal toute l'équipe de modération. Équipe éviscérée. 

Avant de vous parler de l'impact d'un retour de mégaphone désinformatif, il était important de parler du ménage fait dans la maison mère. 

Au travers des années, Twitter a beaucoup investi dans les ressources significatives venant contrer le mal sur internet. Mais avec une lenteur frustrante. À son ouverture, en 2009, on ne bannissait que les spams, les personnifications erronées et les droits d'auteurs. Il y avait alors un seul et unique employé pour faire ça. Il a recruté une équipe (Citron est leur étrange nom). On a alors visé aussi, sur le tard, les menaces, les propos haineux, les cyber harcèlements, le mal réel et anticipé issu du réseau. Mais rapidement, la bride était lousse et on se plaçait sous le parapluie de la liberté d'expression. C'est resté ainsi au moins jusqu'en 2014, où les Femmes étaient soudainement lourdement visées par de la haine disproportionnée et extrêmement déplacée. Ça venait du milieu des joueurs et joueuses de jeux vidéos, et l'argent a fait réagir. Les publicitaires ont souhaité se retirer du réseau si le ton restait le même. Ils ne voulaient pas leurs noms associés à la misogynie, au viol et au meutre promis et souhaité ici et là. Les "cybermobs" aujourd'hui devenus "bots" y sont nés. Le partage non consensuel d'images de nudité y est aussi devenue une plaie. 

2015, on a triplé l'équipe de sécurité et on a mis le paquet. harcèlement, menaces de toutes sortes, pornographie non consensuelle, haine étaient filtrés et bannis. Des milliers d'employés ne faisaient que ça. Modérer. Le fondateur Jack Dorsey revenait comme chef exécutif et en faisait une priorité, très efficace. C'est devenue particulièrement évident lors de la saison des élections Étatsunienne et toute la désinformation qui y a circulé. On voulait encourager le discours public pas la manipulation. Ça n'a pas été suffisant, l'ignorance a placé Trump au pouvoir. Le discours public allait peu à peu se désintégrer.

Le "deepfake" est venu s'installer et jamais cette grosse équipe n'a tavaillé autant afin de décrypter le vrai du faux. Si tout ceci a été habile au niveau civil, il y a eu un important angle mort chez les personnalités publiques. Trump en tête. Personne n'avait prévu cette horreur au micro mondial. Le discours haineux, la désinformation, le harcèlement, ont vogué à souhait déjouant tout le monde. On se rangeait naturellement avec la pensée qu'avec de grands pouvoirs vient de grandes responsabilités, mais étonnamment, l'irresponsabilité se taillait un foyer.

Quand l'horreur du 6 janvier 2021 est survenue, l'irresponsabilité a atteint des sommets causant la mort. Il a fallu bannir l'ancien président des États-Unis qui se disait encore président dans le délire meurtrier. On l'a d'abord suspendu. Puis, banni. Le mégaphone de la haine devait cesser. 

Maintenant Musk veut le ramener. Mais Trump, qui depuis a lancé son propre réseau social appelé erronément Truth, où les règles sont construites pour qu'il puisse tricher à peu près tout, à sa guise, ne fait pas des affaires d'or avec ses moins que 2 millions d'utilisateurs. En abonnés seulement, sur Twitter, Trump en avait 86 millions. Trump refuse pour le moment de revenir. 


Sur un twitter décimé par l'absence de tonnes de garde-fous. C'est très certain qu'il est très tenté par un retour là-dessus, mais ce serait aussi avouer l'échec de Truth. Un échec ne s'avoue pas souvent chez lui. 

Musk découvrira que ce ne sera pas si facile de reconstruire une équipe de modérateur qui a pris plus de 10 ans à mettre sur pied. 

Dire "Vox Populi, Vox Dei" sous-entend que le peuple a toujours raison. Mais l'origine de cette phrase (Charlemagne, 798) est une référence dans une lettre qui disait aussi " ...ces gens ne doivent pas être écoutés si ils sont convaincus qu'ils ont entendu la voix de Dieu, puisque la pensée d'une foule est le pas le plus près à faire de la folie. "

Cette nuance n'a jamais été plus vraie. 

Ajout: l'ironie veut que the real Donald Trump a fait son premier gazouillis tard gier soir disant existentiellement: Give me freedom or give me death. Risible comme toujours.  

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