jeudi 24 novembre 2022

La Colline Où Elles Iront Peut-Être Y Mourir

"I don't know my future after this weekend"

-B.G. 

Hier je vous parlais de mauvais garçons dans la fiction. Là je vous parle du vrai.

J'ai vu un film très très bien fait le week-end dernier: Chien Blanc adapté par Anaïs Barbeau-Lavalette où des images d'archives nous plaçaient en plein Los Angeles de 1968, quand Robert Kennedy annonce à un public qui ne le sait pas encore, qui n'est pas là pour entendre ça, ni n'y est préparé, que Martin Luther King vient tout juste d'être tué d'un coup de fusil. 

Bien entendu, alors qu'on s'attendait à complètement autre chose, le choc est total, on entend des cris d'horreur et on peut même se demander, en 2022, pourquoi diable étais-ce si urgent de potentiellement créer le chaos dans une foule, comme ça de sa part ? 

La même nouvelle, de nos jours, est vite Tweetée, Facebookée, Textée, voire filmée. Le choc est parfois le même. D'une violence inouïe.

Mais ce que dit Bobby Kennedy ensuite est un message d'amour, de paix, d'unification. Un discours forcément improvisé car personne ne s'attendait à un assassinat du genre. Un discours où absolument tout ce qui est dit transpire du bien. Un discours qui passerait pour plus que brillant de nos jours tellement on vit dans un époque contraire à ce type de propos inspirés, aux États-Unis (et ailleurs).  

C'est pas GayGayGayGayGay DeSantis qui aurait la même envergure.

Les réseaux sociaux de nos jours ont changé des millions de choses dans nos rapports personnels. Pour le meilleur et pour le pire. Cette semaine fût pas pire dans le pire. Les messages comme celui de Kennedy, en 1968 nous arrivent à la miliseconde, parfois trop vite. 

La chroniqueuse humoristique Catherine Éthier, en ondes les vendredis matins à la radio de Radio-Canada, pour nous amuser avec succès, s'est trouvée au coeur de beaucoup moins amusant, voire d'assez sombre. On parle d'inconduite sexuelle présumée de la part de Fred Dubé, une drôle de bebitte, mais pas drôle justement. Des inconduites reproduites sur une autre avec laquelle Catherine, alors partenaire abusée de Dubé, n'a pas partagé le même rythme d'impact et de choc lorsqu'est venu le temps de dénoncer, enfin, ça semble être devenu un brouillon he said/she said compréhensiblement lourd et déplorable. Je me demande comment Catherine atterira demain pour nous faire rire. 

La fragilité de moments du genre, croisée à l'intensité surdimensionnée de ce qui est raconté est un malaise lourd. Éthier s'est sentie obligée de raconter sa version de l'histoire, l'autre jeune fille présumément inconduite en a raconté une autre, une troisième est venue confessé un même traitement. Dubé a tout renversé à l'envers pour dire que le harcèlement (on ne parle déjà plus de la même chose) c'était lui qui la subissait.

Shitty Sexshow disent les anglos.

Les victimes ne doivent pas jouer les mortes. Mais encore. Qui-suis je pour dire ceci ? Je n'ai jamais été violé. J'ai vécu multiples insupportables micro-agressions, alors je ne peux qu'imaginer la souffrance d'en vivre une vraie qui me briserait pour vrai. Il n'y a pas deux personnes qui répondront de la même manière. Ce n'est pas à nous de juger de ce qui serait ou pas passé. Mais c'est immanquable. Tout le monde aura un petit jugement tout prêt dans sa poche de Jeans

Le mien vise davantage Dubé. Il n'en est pas une erreur de jugement près. Les seules autres fois où j'avais entendu parler de lui, c'était justement, à la même radio de Radio-Canada. Je le trouvais surtout plus revendicateur que drôle. À un point tel qu'il était plus souvent invité pour chroniquer dans des débats que pour faire rire. Quand le jupon dépasse, ça distrait beaucoup trop pour garder vraiment intéressant pour moi. Il me paraissait beaucoup de ce qui est reproché aux mouvements gauchistes mal équilibrés. Extrême.

Il me parait toujours ainsi. Je suis en revanche un fan de Catherine Éthier dont le Père Noël achètera le livre d'ici Noël. Pas fan de Dubé. Ça teinte mon jugement.    

Dans le passé, une fois où Dubé se pensait drôle, il a parlé de la mort du multi miliardaire Paul Desmarais Fils, l'a souhaité mort plus vite pour en arriver à un pays. Il a ensuite associé la famille Molson à des pendaisons passées, il a dit que les fortunes des Desmarais, Walmart, Molson et Gates étaient assises sur les morts de génocides. Il a finalement traité Margaret Thatcher et Ronald Reagan de tumeurs de l'anus de Satan. 

Drôle ?  

Il a été limogé. Il avait aussi été remercié après seulement deux chroniques d'une autre émission animée par Pénélope McQuade qui s'appelait Les Échangistes.  

Et puis il y a eu les accusations de cette semaine. Il est facile de l'associer à de très mauvais jugements puisqu'il en est coupable, auparavant. Il ne s'agirait donc pas d'un jugement gratuit de ma part. Y a historique. Sa défense semble confirmer ce mauvais jugement car il se dit victime...de harcèlement. 

Dis-moi que tu ne comprends de quoi on t'accuses sans me le dire. 

Manquerait-il de jugement aussi en ce qui concerne la définition du fun à deux ? Peut-être. Une écriture des comportements masculins est nécessaire et en cours. 

 J'ai cité Bjork en entête. 

Toutes les victimes d'abuseurs ont eu cette réflexion. Au moins deux fois. Les lendemains de l'agression et les lendemains de la dénonciation. 

Toutes doivent en parler et dénoncer, selon moi. Et ce ne sera jamais facile. Le discernement ne sera jamais tout le temps présent. La perspective sera la prochaine violée. Tout le temps. 

Ils ne vous plaquent que lorsque vous avez le ballon. Le ballon de la vérité.

Tenez bon, réelles victimes, il faut que la vérité hurle sa présence. 

Vous devez être debouts et dignes sur cette colline.  

Elle est à tout le monde la colline de la dignité. 

C'est aussi un discours qui transpire le bien qui doit vous animer. N'acceptez jamais le destin, parfois presque promis, de RFK. 

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