vendredi 11 novembre 2022

Directions Diverses

Certaines décisions sont parfois regrettables à vie. Il ne faut pas s'en faire une misère. TOUT sur terre, et il faut le comprendre vite dans la vie, est une question de choix. Presque tout le temps. Voilà pourquoi la politique, on a beau s'en foutre, est toujours là, partout. On ne choisit ni la famille qui nous fait naitre, ni le pays où on le fait, encore moins le quartier où on grandit. Mais tout le reste, on peut y mettre du sien. On ne le fait pas tous. Eux, les musiciens dont je vais vous parler, ils ont choisi de quitter leur entourage à des moments de leur vie, qu'ils ont peut-être regretté après coup. 

Peut-être pas non plus. Le destin est une rivière dont on ne devrait jamais remonter les eaux. Voilà pourquoi il serait malsain de mariner trop longtemps dans le remords. Survol de quelques abandons notoires qui on peut-être, coûté quelques ongles à ceux qui les ont alors faits. 

Il y en a des tonnes mais je ne vous en parlerai que de 5. Parce que je suis homme de peu de remords et ne veut pas souvent m'y rester les pieds englués.

Vince Clark

Vincent John Martin a 19 ans quand il fonde avec son ami Andy Fletcher un band, après avoir été épatés par Orchestral Manoeuvres in the Dark, en spectacle devant eux. Le band s'appelle No Romance in China. Clarke chante, compose et joue de la guitare, Fletcher compose aussi, et joue de la base. Le band ne dure pas. Clarke joue de la guitare pour The Plan. Band inspiré par Ultravox. Nous sommes à Essex, en Angleterre. Quand The Plan se sépare, en 1980, Clarke et Fletcher renouent et forment ensemble Composition of Sound. Martin Gore, claviers/chants/guitare se joint aussi à eux, peu de temps après. Le premier album d'un band rebaptisé Depeche Mode, et auquel Dave Gahan se joint tout de suite, à la voix quand Clarke et Fletcher joignent aussi Gore, aux claviers. Clarke compose tout sauf deux morceaux. Les trois singles sont de lui. Mais Gore aime beaucoup créer, et pas dans la direction que Clarke voudrait tant. 

La vie de tournée, la popularité naissante, l'étouffe. Il n'est pas fait pour trainer autour de Gore & Gahan, qui ont un aura différent. Plus sombre. Clarke quittera le band. Formera Yazoo avec Alison Moyet. Un band qui ne dure qu'un album. Puis, avec Eric Radcliffe et Feargal Sharkey, il forme The Assembly, le temps aussi d'un seul album. 

À partir de 1985, avec Andy Bell qui admire ce qu'il fait, il formera Erasure, groupe avec lequel il fera 19 albums jusqu'au mois d'août dernier. Mais jamais la fortune ou la reconnaissance que génèrera Depeche Mode.  Il vivra de sa musique, peut-être exactement comme il le souhaitait, sans brûler sous les projecteurs ou noyé dans le fric.

Stephen Duffy

Autour de la même époque, 1978, Stephen fait la rencontre de John Taylor, à la Birmingham Polytechnic (devenue la Birmingham City University) avec lequel il choisit de se partir un band. John est à la guitare, Stephen, à la basse et JT greffe son ami d'enfance, Nick Rhodes, aux synthétiseurs. On choisit ensemble d'être Duran Duran. Duffy est aussi le chanteur. Simon Cooley se joint au groupe, à la basse, donc Duffy choisit de jouer la batterie pour compléter le quatuor. Toutefois, dès 1979, Nick & John écrivent trop tout, tout seuls, Duffy quitte à la fois l'école et le groupe. Tout juste avant que celui-ci ne signe son premier contrat, avec l'étiquette EMI. 

Duffy forme The Obviously Five Believers, parfois aussi présentés comme The Subterranean Hawks ou The Hawks. Tous des clins d'oeil à Bob Dylan et The Band. Un single est lancé, mais sans réel écho par rapport à DD, qui épate dès le premier effort sur disque. En 1982, il forme Tin Tin avec John Mulligan et Dick Davis de la formation Fashion, Stoker Growcott des Dexy's Midnight Runners et Bob Lamb premier producteur d'un autre band de Birmingham, UB40. Deux singles sont lancés sous Tin Tin. Il devient artiste solo et fait un album en 1985 et l'année suivante. Stephen "Tin Tin" Duffy. Il lance aussi un album chill de 40 minutes, des premières versions de House music. 

Avec son frère, il forme The Lilac Time, qui tricoterons 11 albums entre 1987 et 2019. En solo, il lance aussi des albums en 1993, en 1995 et en 1998. En 1999, il trouve d'anciens enregistrements avec JT et Nick Rhodes et ce dernier participe avec lui à reniper ça sous le nom de The Devils

Duffy n'aura jamais le fortune, ni la distinction qu'auront les 3 Taylor, Rhodes et LeBon.

David Lee Roth

DLR est chanteur dans un groupe de R & B appelé Red Ball Jets. Il est, on le sait, hyperactif. Une autre formation de Los Angeles, Mammoth, qui comprend Eddie Van Halen à la guitare et au chant et son grand frère Alex, à la batterie, loue parfois le kit de son de Red Ball Jets pour 10$ par soir. DLR auditionne pour eux quelques fois sans succès, puis, à l'usure, on l'engage. Et on change le nom pour Van Halen, en 1974. Gene Simmons, de Kiss, les remarque faire des reprises de chansons et souhaite même recruter Eddie comme guitariste de son band. Il produira leur demo et très vite, deux albums sont faits et offerts de leur part. Et vendent fameusement bien. On part en tournée ouvrant pour Journey, Montrose ou Black Sabbath. Pendant 10 ans, VH vend des millions de fois et les 4 membres du groupe (Mike Anthony, à la base), sont des superstars partout dans le monde.

Mais cette même année, 1985, DLR, conscient de sa propre popularité, teste le marché pour une carrière solo. Depuis un an, les trois autres membres trouvent qu'il prend trop d'attention par rapport au groupe. Une session de photographie devient fatale quand le photographe part avec seulement Lee Roth, laissant les trois autres, derrière. On ne veut plus de lui, mais ça tombe bien, Lee Roth sabotait presque volontairement, il trouvait la musique (qu'il ne composait pas) de plus en plus morose. Il part en carrière solo qu'il débute avec deux singles très populaires. Mais le premier album restera moyen. Celui de 1988, encore plus. Il fera encore 4 albums sans réel impact entre 1991 et 2003.

Entretemps, VH engage Sammy Haggar et le band a une seconde vie très intéressante. Tout aussi intéressante que celle avec DLR. Moins colorée, clownesque et plus musicale. On continue d'amasser les millions jusqu'à la fin des années 90. Mais sans DLR.

Lee Roth n'est pas en peine, il se démarre une franchise de tatoueurs au moment où la mode prend son envol et devient même technicien médical/paramedic, ce, de quoi il vit présentement. Mais il aurait été intéressant de voir VH évoluer avec DLR, même si avec Sammy, c'était pas fâcheux du tout.  

Paul McCartney

C'est d'abord Ringo qui menace de partir pensant que de toute manière, "C'est toujours vous trois, John, Paul et George". Ce à quoi John lui répond "Mais t'es con, moi je rumine toujours que c'est vous trois: Ringo, Paul et George!" Une stratégie qui fonctionne car il revient. Puis, c'est John qui, voyant que Yoko et son amour pour elle affecte les autres, menace de partir en solo, ou avec Yoko. Mais il ne fait que du chantage. Il a besoin des trois autres, et il le sait. Finalement, c'est Paul, qui, un matin, répond à un journaliste qu'il en a assez et qu'il quitte les trois autres. Il portera injustement l'odieux de la séparation, mais au fond, le band était 4 solitudes depuis deux ans. 

Harrison en solo sera très intéressant. McCartney aussi. Lennon aussi, bien que plus échevelé. Ringo s'amuse et amuse. Mais si les Beatles avait duré, au moins 10 ans de plus, qu'auraient-ils révolutionné encore ?

Mick Taylor

Quand Brian Jones, des Rolling Stones, est retrouvé mort dans sa piscine, il faut le remplacer. Richards ne veut pas d'un Clapton qui lui ferait de l'ombre. On misera donc sur l'adolescent Mick Taylor que John Mayall leur propose. Taylor joue sur quelques chansons, quelques arrangements, de l'album de 1969, Let it Bleed. Un album de transitions dans les cordes puisque Jones y parait aussi, pour la dernière fois. Entre 1969 et 1975, les Rolling Stones ne seront jamais meilleurs. Taylor apporte au band un côté mélodique insoupçonné. Il est très très habile de la six cordes comme de la 12. Il co-écrit quelques morceaux. Mais ne sera pas souvent crédité par le tandem Jagger/Richards. 

Pire, si le grand frère Richards est un guide pour Taylor (qui l'hébergera longtemps post-Stones) il le dirige aussi, sans le vouloir, vers la drogue que Keef (et Jimmy Miller et Gram Parsons) consomme en trop grosse quantité. Et Taylor consomme tant qu'il brûle la chandelle par les 2 bouts. Si il reste avec le band, il composera et ne touchera jamais ce qu'il devrait toucher complètement comme auteur. Pire, il se dirige vers la mort à s'intoxiquer comme il le fait. 

Il choisit de quitter les mauvais garçons du rock'n roll à la stupeur des autres.

Sauvant probablement sa vie. Mais les Stones n'auront jamais plus le son riche qu'ils avaient entre 1969 et 1975. Les années Taylor. 

J'ai une liste de lecture Jamming With Jones (1h58), une autre Jamming With Taylor (1h59), une autre Jamming With Woody (1h59).

Ils ont tous les trois leur couleur. Celle de Taylor, selon mon oreille, restant la meilleure. 

(Même si j'aime vraiment beaucoup les trois)

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