Aucunement. On est en 2022, christ.
Je me rappelle l'avoir vu à sa sortie, le premier, l'original, en 1986, j'avais 14 ans. J'avais profondément pas aimé. J'aurais voulu être remboursé. Pas vraiment d'histoire, simplement des avions qui volent, ce qui ne m'impressionnait en rien. Même à 14 ans.
Quand j'ai entendu l'interprétation de Quentin Tarantino, du film, j'ai beaucoup ri. Ça faisait beaucoup de sens. Et ça expliquait assurément aussi pourquoi ça ne m'avait probablement aucunement rejoint comme rendez-vous. Là où j'avais vu une histoire d'avion qui fait vroum vroum et qui jouent à celui qui pisse le plus loin, se trouvait plutôt quelque chose de beaucoup plus subtil. Et, disons-le, d'assez réussi.L'explication de Tarantino va comme suis:
"Il s'agit de l'histoire d'un homme luttant contre sa propre homosexualité. Il y a Maverik (Tom Cruise), sur la clôture, et Iceman et ses bénéouiouis, tous des mâles alpha, ils représentent la communauté gay, mâle. Iceman passe le film a dire (métaphoriquement) viens sur la route des gays. Le personnage de Kelly McGillis représente l'hétérosexualité. Mais pas à 100%. Elle a un nom mâle: Charlie. Le personnage de Tom Cruise se rend chez elle, il a pris une douche, tout est en place, on s'attends à ce qu'ils baisent, Charlie incluse. Mais non. Il repart sur sa moto, il n'y a pas eu échange de fluides sexuel. Charlie ne semble pas comprendre ce qui vient de ne pas se passer. La scène suivante où on verra Charlie, elle est habillée, en homme. Casquette visée à la tête, portant le manteau de Iceman (des gays) elle flirte avec Maverick et cette fois, cette fois seulement, il est tout à fait émoustillé. À la toute fin du film, Maverick doit s'allier à Iceman et sa gang (gaie) afin de battre les "russes" dans leurs simulations aériennes. Et ils réussissent ensemble, unis, alors qu'une tension existait entre les deux depuis le début. Ils sont heureux, se tombent dans les bras l'un de l'autre, s'embrassent et Iceman lui dit alors "Man, you can ride my tail" (Tu peux suivre ma queue). Ce à quoi répond Maverick "You can ride, mine"Dans le film Sleep With Me, 8 ans plus tard, il explique verbatim tout ça.Et il est vrai qu'avec le recul, le montage des gars musclés sur la plage qui jouent au volleyball ne pouvait qu'être eye candy pour l'homme/jeune homme gay. Que je ne suis pas. Kenny Loggins chante Playing With the Boys* au début du film et le titre, my god! le titre Top Gun, quand on y pense...ça s'applique à l'univers gay, complètement.
Les gens autour du film ont nié et ajouté qu'on pouvait bien y voir ce qu'on voulait, c'était pas calculé. Peut-être par le producteur, le réalisateur et tout le monde sauf les auteurs du script, oui, mais ça a fait écho.J'ai lu un auteur ouvertement gay, ce qu'on cachait encore en 1986, qui avait 13 ans, un an de moins que moi alors, et qui a, au contraire de moi, ressenti dans toutes les fibres de son corps, que ce film était entièrement pour lui.
Avec le recul, j'ai eu une grande admiration pour ce film. Dans le conservatisme nauséeux des années Reagan, qui es encore très lourd dans le Sud des États-Unis, c'était fameusement audacieux de non seulement glisser de l'homoérotisme aussi largement dans les salles de films, mais en plus de réussir à être un immense succès, alors que peu avaient compris complètement de quoi on parlait vraiment.Si vous étiez gay, dans les années 80, vous étiez hors du radar des éducations Étatsuniennes. Éducations de toutes sortes. Et à la même époque, on découvrait le SIDA et ses ravages. Y avait rien de bon à l'homosexualité. Mâle surtout. Dieu les punissait par le SIDA dans les têtes les plus sottes.
On est revenu avec un nouveau Top Gun, cette année. Qui marche très très fort dans les salles. Que je n'irai pas voir parce que ça ne me parlait pas alors, peu de chances que ça le fasse encore. Et les suites, vous savez, pour moi, c'est pas du film, c'est du marketing, en général.
Mais j'ai vu la bande annonce. Il y a bien une scène promise de gars en bedaine qui jouent au Volleyball. Et une autre petite moustache dans l'esthétique choisie.
Comme pour dire encore discrètement à la communauté, oui, oui, c'est encore pour vous.
C'est merveilleux pour eux, je trouve. Une communauté qui a vécu tant de répressions inutiles sur tant d'années.
Je doutes pas que, sans être gay, on peut adore les deux films. Mais pour les gays, ça doit atteindre plus près du coeur. Et ailleurs...
*On choisit de cacher aussi dans le video suggérant que ce sont les filles qui veulent jouer avec les boys.
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