dimanche 19 juin 2022

Jean Arthur

Gladys Georgianna Greene est née à Plattsburgh, New York, en 1900 d'une famille protestante elle grandit assez nomade, constamment en mouvement entre New York et la Floride. Elle quitte l'école secondaire pour "des raisons familiales" non déclarées, (peut-être un bébé à avorter) et travaille comme sténographe dans l'effort de la Première Guerre Mondiale. 

Elle s'inscrit pour faire du mannequinat commercial et c'est là que les studios Fox, la remarquent et lui font faire des auditions à la caméra. On la rebaptise Jean Arthur et la signe pour un an. Jean pour Jeanne d'Arc et Arthur pour le roi Arthur, deux de ses grands modèles. Elle est d'abord dirigée par John Ford, dans les films muets, puis obtient un premier rôle catastrophique où elle est vite remplacée, parce que trop mauvaise. Elle pense quitter la Californie, où elle réside maintenant, dans la jeune vingtaine, mais se ravise et tourne dans des comédies et des petits contrats sans trop d'envergure ici et là. 

Elle se présente sur un plateau de la compagnie Action Pictures et impressionne de sa simple présence, le proprio de la compagnie qui la fera travailler dans pas moins de 20 western sur 2 ans. Ne gagnant que 25 $ par film, elle vit assez pauvrement. Travaillant pour Buster Keaton et avec Monty Banks dans Horse Shoes, ce dernier insiste pour qu'elle soit soit payée 700$. Un changement majeur pour elle, il va sans dire. On lui donne le rôle principal pour The Poor Nut. Elle n'y croit pas tellement mais le tournage d'un premier film parlant pour elle devient un bon succès qui la voit renouvelée pour 3 autres années, avec Paramount Pictures. Elle ne croit pas au film parlant et n'aime pas sa voix. 

Les films parlant privilégient les acteurs et les actrices issus du théâtre, habitué(e)s à projeter leurs voix. Arthur n'est pas de ceux-là. Elle obtient tout de même une belle visibilité avec The Mysterious Dr.Fu Manchu. Elle déteste profondément poser pour les photographes et accorder des entrevues. Elle méprise la publicité, ce qui la rend attrayante pour moi, qui suis aussi, ainsi. Mais c'est contre nature dans le métier qu'elle fait. 

Son meilleur rôle survient alors face à Clara Bow dans The Saturday Night Kid. Elle joue dans Halfway To Heaven, avec Buddy Rogers, mais ensuite, sa carrière semble déjà ralentir. Choisissant de se teindre les cheveux en blond, ce fût une de ses décisions qui aura le plus d'impact. Les années 30 lui seront très très bonnes. 

Elle retourne à New York pour y faire beaucoup de théâtre et ne réapparait sur film qu'en 1933. Elle retourne à Hollywood et, dans la trentaine, sa carrière prend de l'élan dans les films de gangsters. Elle se spécialise aussi dans les rôles de femmes au grand coeur, dure travailleuse. Personnage sympathique au spectateur moyen. Elle sera assez futée pour s'organiser afin de se faire filmer principalement sur son côté gauche, convaincue que c'est son meilleur côté. Le producteur Harry Cohn dira qu'elle considérait avoir un côté de visage angélique et l'autre, chevalin. 

Frank Capra la remarque dans les rush du film Whirlpool et la choisit pour l'excellent Mr Deeds Goes to Town. La reconnaissance devient alors internationale. En 1936, seulement, elle gagne 119 000$, ce qui était davantage que le président des États-Unis et la superstar des Yankees, au baseball, Lou Gehrig. c'est là, alors que l'attention autour d'elle grandit, qu'on apprend qu'elle déteste tout le fla fla autour de son métier et préfère la discrétion et rester évasive en entrevue. Qu'elle n'accorde pas de toute manière. Dira qu'elle préfère se faire trancher la gorge que d'accorder une entrevue. 

Elle tourne pour Cecil B.Demille, Mitchell Leisen, Capra, où le film rafle l'Oscar du meilleur film, avec Arthur comme actrice principale. Sa valeur n'a jamais été plus haute. 

Le producteur David O.Selznick avait été lié amoureusement à Arthur dans les années 20, elle devient finaliste pour le rôle de Scarlett O'Hara pour Gone With The Wind. Elle tourne pour Hawks, pour Capra encore, et refuse de jouer la femme de James Stewart, dans It's a Wonderful Life afin de retourner à l'école. Brave geste pour l'époque. Elle tourne pour George Stevens deux fois, et est nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice pour The More The Merrier. Pour The Talk of the Town, elle est en brouille avec le producteur Harry Cohn, qui la punira en la payant 50 000$ alors que ses partenaires Cary Grant et Ronald Colman gagneront le double. 

Quand les années 40 arrivent, et que son contrat se termine, elle choisit de se retirer. Refusant toute offre, qu'elle reçoit encore beaucoup, sauf celles de Billy Wilder et de George Stevens, en 1948 et 1953. Ce dernier film sera celui accumulera le plus de recettes de sa carrière, son unique, en couleurs, et son dernier. 

Atteinte de crises de panique régulièrement, elle était capable de vomir entre les prises et de revenir, fraiche comme une rose, tourner sa scène. À 50 ans, elle joue Peter Pan de Leonard Bernstein, à Broadway, et son idole Jeanne d'Arc au théâtre pour George Bernard Shaw. Elle quittera cette dernière pièce après un effondrement nerveux. 11 ans passeront avant qu'elle ne réapparaisse à la télévision dans un épisode de Gunsmoke.  Elle a son propre show télé, où elle incarne une avocate dans The Jean Arthur Show (un peu d'effort svp, pour les titres), mais ça ne dure que 12


épisodes. (no wonder!)

En 1967, elle essaie un retour sur scène, au théâtre, où elle incarnerait une femme tombant en amour avec des hippies, mais ça se passe si mal, elle refuse de remonter sur scène, apeurée, que la production est annulée. Elle enseignera un peu le jeu dans les écoles. 

Elle vit si privément que des images d'elles se font rares passé les années 40. 

Elle quitte notre planète à 91 ans, aujourd'hui, il y a 31 ans. 

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