dimanche 5 juin 2022

Mon Ami Yssé Michaud

À la petite école primaire, j'ai réussi le rare exploit de me faire expulser de cette école, dès ma 4ème année.

Bon "expulser" est peut-être une expression un peu forte. Mes parents avaient eu peur des influences de Gaston, Réal et Stéphane, sur moi. CHRIST! s'appeler Réal ou Gaston, en 1982, c'était comme appeler son bébé Adjutor ou Elzéar, de nos jours. Ces jeunes-là ne pouvaient pas bien virer. Et Stéphane, de son seul regard éteint, démontrait tout le vide de ses idées. La nôtre avait été, à 4, un week-end, d'entrer dans l'école désertée et d'aller s'y promener et voler ce qui nous intéressait. 

Je n'étais pas particulièrement intéressé. Mais j'étais là. C'était suffisant. On (Stéphane-les bras du groupe) a cassé une fenêtre (rien de moins) Les trois autres sont entrés dans l'école et y sont resté ce qui m'a paru 1 heure. 

J'étais resté dehors, à la fois parce que je ne voulais pas participer, à la fois pour faire la vigile si des adultes d'ailleurs voulaient intervenir. Même si je disais que j'étais contre l'idée et que je ne participais pas, j'étais aussi complice. Mon "innocence" restée dure à prouver, à 10 ans. Je ne me rappelle plus comment ça s'est su, (Stéphane, surement) mais dès la semaine suivante, tout le monde savait que tous les 4, om avait été criminels du week-end. J'étais aussi coupable. On a eu toute notre vie une poinçonneuse chez nous de feuilles pour en faire les trois trous que mes deux parents (enseignants) ont dû penser que c'était l'autre qui l'avait amener de son école, sans lui en parler. J'ai eu un rappel de ma culpabilité jusqu'à ce que je quitte le foyer familial, à mes 18 ans. Tout ça pour dire que les trois autres ont été suspendus et je l'étais aussi, mais mes parents ont aussi choisi de me changer d'école en cours d'année, pour m'envoyer plus près de la maison, dans une école privée, à deux pas de l'école secondaire où j'irais ensuite, une école privée menée par des soeurs catholiques du Manitoba francophone. 

Et c'est LÀ que je croiserais mon ami Michaud, Une amitié qui dure depuis quelques 39 ans. je serais menteur de vous dire que nous étions les meilleurs amis du monde au primaire, mais nous n'étions pas complètement ennemis non plus. Je déplaçais terriblement d'air. Il m'a confessé, beaucoup plus tard qu'au début, il ne m'aimait pas tant que ça. Je sais très bien que je ne me serais pas aimé non plus. J'étais enfant terrible. Encore aujourd'hui, quand on me dit "aimes-toi" je réponds honnêtement, "mais je ne suis pas mon tellement mon genre". 

Un des premiers souvenirs dont je me rappelle avec mon ami Michaud aura été honteux pour moi. 5ème année, j'ai extraordinairement envie de pisser. Nous sommes en classe. Oui, j'ai été assez con pour ne pas y aller avant.  Je demande si je peux être excusé, le temps de m'évacuer la vessie à mon enseignante. Celle-ci croit que je fais du caprice. Elle refuse.  Je reviens deux ou trois fois pour la même requête, cette fois, ça presse de plus en plus, j'ai les yeux très très jaune. Elle ne me croit pas. je n'en peux plus et n'arriverai pas à me retenir. J'ai pissé dans mon pantalon. Elle a pensé que j'ai fait exprès. 

C'est une injustice qui n'a jamais penché en ma faveur. 

  

J'avais réussi à cacher sous mon bureau, avec un long gilet. mais quand est venu le temps de la récréation, où je n'avais plus envie, c'était plus difficile à cacher. Michaud a été le premier à pointer vers mes couilles en hurlant comme un macaque. Les cris de macaques étaient très présents à 11-12 ans. Surtout entre garçons. La directrice, poliment appelé K.Liss de Fol, m'a secoué la tête si fort de frustration contre ma personne que ma tête en a frappé le mur derrière nous. Ce n'était pas la commotion, mais je me rappelle avoir été étourdi. Pourquoi? Pour ne pas avoir été à la salle de bain avant le cours ? Ça valait un beating, monsieur le juge, vous ne trouvez pas?

On a fait les 400 coups ensemble.

On graduerait du primaire, ensemble. Et on irait à la même école secondaire, les deux années suivants notre graduation, dans la même classe. Une classe de parfaits mongols dont souvent, j'étais roi. Quand j'en ai été expulsé (une tendance, à moi), en secondaire 2, je l'ai perdu de vue, un an. Notre secondaire 3.  Puis, dans le corridor scolaire de notre secondaire, j'arrive dans une nouvelle école (après un an dans une autre), je le croise, on se dévisage..."Jo,,,Jones ?"...Je lève la tête, mais non...il était tout petit...il me dépasse maintenant d'une tête..."Mi...Michaud ? Yssé Michaud ? ben non! t'étais un petit bout de cul!". IL AVAIT CHANGÉ D'ÉCOLE LUI AUSSI!  On est devenu inséparables pendant deux ans. Puis on s'est pas lâché même si dans deux CEGEP différents et avec des copines steady  aux belles dans les jambes. Je suis parti pour Montréal (qui m'appelait tout le temps depuis 10 ans), il est aussi parti pour Montréal, habitant un temps seul, un temps avec mon ami Goyette, pas nécessairement dans cet ordre, dans l'ordre et le désordre. 

L'ordre et le désordre résumant bien notre relation avec le temps. On a trouvé amoureuses pour longtemps, on a eu des enfants, même si lui, retourné sur la Rive-Sud de Québec et moi toujours dans les environs de Montréal, on se fréquente toujours. On prends nos vacances ensemble, on le fera encore en juillet et octobre. 

On se lâche difficilement. On se lâchera jamais. Trop de choses vécues ensemble.

Il y a 50 ans, ce bougre de bougre arrivait dernier enfant de sa famille de 5. 

Mais premier dans mes connaissances et fréquentations les plus lointaines. 


On l'a fêté en cinquantenaire chez lui, il y a presqu'un mois. Mais c'est aujourd'hui son vrai jour de fête.

Que Dieu te blesse Wakaluk!

Intensément. 

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