mercredi 21 août 2024

Bizarre, Semble L'Insulte

Il y a eu tentative d'assassinat d'un candidat présidentiel, il y a à peine 39 jours aux États-Unis, et pourtant beaucoup de choses plus extraordinaires se sont passées depuis. 

Entre autre, Joe Biden a démissionné, cédant son envie présidentielle et la léguant à Kamala Harris qui la confirme cette semaine. Kamala a choisi son co-listier et le tandem n'a pas passé une seule journée encore, sans faire pâlir le duo adverse, qui semble aimer se caler tout seul. Si bien que la tendance des votes s'inverse et Harris mène dans les sondages. Avec peu d'efforts. Juste une présente honnête. 

Honnête. Un adjectif qui semble échapper facilement au clan républicain qui se préparerait déjà à contester devant des tribunaux (qui leurs sont favorables) une défaite prochaine. 

Tim Waltz, co-listier de Kamala Harris a dit, il y a 15 jours, que These guys are creepy and weird as hell, ce à quoi toute la foule sur place a vivement applaudi comprenant complètement ce à quoi il faisait référence. 

Ce n'est étrangement pas le creepy (glauque, dégoûtant) qui a insulté les républicains, c'est le weird (anormal, bizarre). 

Au Canada, Donald Trump Junior Pierre Poilièvre, a tenté d'associer le terme Wacko à Justin Trudeau, ça n'a pas vraiment collé. Waltz n'essayait pas complètement d'associer le mot weird aux républicains, mais ça a collé. Complètement. Ils ont vivement réagi tous les jours depuis 2 semaines, reprenant un mot qu'on aurait peut-être vite oublié, et se comportant de manière tellement plus étrange, que ça ne finissait que confirmer le tout. Ce sont dans ces 15 jours qu'Harris a dépassé Trump dans les intentions de vote. Ça faisait écho sur le peuple des États-Unis. 

Weird. Ça les as blessé. Je ne pense pas que Tim Waltz avait même pas penser viser aussi juste, mais ça les as blessé. Quand on dit de toi que tu es bizarre, le réflexe naturel est de prouver le contraire en disant "qu'est-ce qu'il y a de bizarre à....blablabla. " À te défendre. Wacko reste vague. Weird est instable. Ne tient pas dans le gros bon sens

Dans les mouvements autoritaire comme le fascisme, l'esthétique compte énormément. Dans l'extraordinairement bon film Jojo Rabbit, il y a cette scène avec le toujours amusant Stephen Merchant, (co-créateur de The Office, au Royaume-Uni, avec Ricky Gervais), où il incarne un Nazi et se présente chez quelqu'un avec quelques acolytes.  On lance quelques 37 fois le salut Hitlérien au point de ridiculiser la chose. Le film entier de Taika Waititi ridiculise le fascisme et les guerres par la satire et le burlesque. Un pari risqué réussi. En fascisme, l'impression de pouvoir est vraiment importante. Le cuir Nazi, les aigles, le noir, le ton brut, les bergers allemands, ça voulait créer des impressions et c'était calculé. L'esthétisme est important en fascisme. On veut donner l'impression d'être dans un groupe de puissantes personnes.  

Mais dès que c'est exposé comme des adultes qui clown, tentant de faire croire des choses, comme un Pierre Poilièvre, hache en main pour parler de Axe the Tax!, l'impression de pouvoir s'amenuise. Ce n'est que bizarre. Weird. Et ça, ça irrite beaucoup ceux et celles qui veulent se faire comprendre par ceux et celles qui se disent plus normaux qu'un(e) transexuel(le). 

Au civil, se faire dire qu'on est bizarre n'est pas toujours péjoratif. "Tes choix de films sont bizarres, la musique que tu écoutes aussi". Ce n'est pas une insulte pour moi. J'en consommes tant, je sais très bien que j'ai des attentes plus larges que du simple divertissement. "Tu ne t'intéresse aucunement aux voitures, tu es bizarre!" Ça ne peut pas m'atteindre, c'est tout simplement vrai. Intérêt nul. Voiture, espadrilles, même intérêt. Me mène du point A au point B. Cherche à vivre sans, un jour. Il y a bon bizarre et mauvais bizarre et les républicains ne semblent pas avoir réussi à mettre le doigt sur le bon bizarre. Ne savent pas comment gérer l'anormal qui les décrirait.

Quand on veut se faire prendre au sérieux, en politique, peu veulent se faire qualifier de bizarre. Quand quelqu'un veut vous insulter et que vous réagissez faché, quelle belle victoire pour la personne qui insulte. Tandis que si vous dites simplement, c'était une très étrange chose à dire, peu importe... et que vous enchainez sur quelque chose, c'est une manière formidable de clouer le bec au couineur. Il ne faut pas se battre avec le cochon dans la bouette, le cochon adore la bouette. 

Ceux qui se pensent bizarres, en sont généralement fiers. Ils embrassent leur diversité. Et quoi de plus révoltant pour un conservateur que la diversité. 

Des fois, trouver quelqu'un de bizarre n'est même pas prononcé et on le comprend. Et ça dérange. 

Quelqu'un vous dit quelque chose d'absurde, vous écoutez et votre visage trahit une envie de répliquer en même temps que vous encaisse l'absurdité dites et vous fixez la personne qui vous parle au point que celle-ci se demande si ils ont quelque chose sur le nez. Vous n'avez pas dit que ce qui se disait était bizarre mais vous avez posé les rails pour le faire. Dans cette valse du weird, les ciblés par le Weird de Waltz sont les conformistes que sont naturellement le conservateurs, et appeler un conformiste bizarre est la pire chose possible. 

Non, ils veulent une certaine normalité.

Et ce n'est une insulte que si vous pensez que bizarre est péjoratif.

L'acteur Crispin Glover est bizarre. Audrey Plaza est formidablement bizarre. Ils sont au bon endroit pour être étranges. Dans le milieu des arts.

Un conservateur traité d'artiste ?

Ooooooooooooooooooouh l'insulte suprême.

Bizarre en politique ça veut aussi dire "ça ne fait pas de sens".
Quoi de pire pour des conformistes ?

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