mercredi 30 novembre 2022

Huey Lewis & The News

À San Francisco, au début des années 70, le joueur d'harmonica et chanteur Huey Lewis et le claviériste Sean Hopper, sont du band Clover. En tournée et le temps de deux albums en 1977, comprend Lewis & Hopper. On se rend même vivre au Royaume-Uni souhaitant vivre la scène musicale british. Sans Lewis, Clover sera le band qui apparait avec Elvis Costello sur son excellent album My Aim Is True

Pendant ce temps, Huey travaille avec Thin Lizzy, sur scène et en studio. 

Un band d'Étatsuniens, de San Francisco,  travaillant aussi pour un irlandais, Van Morisson, contient Bill Gibson à la batterie, au saxophone Johnny Colla mais aussi à la guitare rythmique, Mario Cipolinna à la basse. Le groupe se lie d'amitié avec eux et Hooper,  Lewis, Colla, Gibson, Cipollina deviennnent ensemble American Express avec en rajout, Chris Hayes à la guitare. On revient à San Francisco. Un single est lancé sans trop d'impact, mais un gérant les remarque et les signe. On change le nom sou crainte de poursuites légales de la part de la compagnie de cartes de crédit. Un premier album éponyme est enregistré sous Huey Lewis & The News. Ce n'est ni bien reçu, ni mal reçu. On porte attention. Suffisamment afin de tricoter un second album en 1982 qui éveille davantage les sens. 

Profitant de réorganisation dans leur maison de disque, le band est plus moins sous supervision par l'étiquette et en profite pour créer beaucoup et librement pour leur 3ème effort. Sports sera leur meilleur album à vie, celui qui les propulsera partout sur terre, avec 5 singles et la toute première position dans les palmarès de vente d'album. Lewis charme de sa personnalité, le band est efficace et tout le monde participe, le son est populaire et tout le monde s'y reconnait assez facilement, les gars ayant des egos modestes, laissant place à beaucoup d'humour dans leurs clips, et dans le milieu conservateur de la musique des années 80 que Madonna viendra bientôt révolutionner, chaque album contient très souvent pas plus de 10 chansons. Avec 5 singles, lancé à l'époque en 45 tours, avec Face A et un autre morceau sur la face B, l'album au complet sera achetable en 5x 45 tours, à 2,50$ chacun.  Les gars sont des "average Joe" qui plaisent à tous. 

En 1984, les producteurs du film Ghostbusters (les mêmes qui seront ceux de Back To The Future) demandent au band de composer une chanson thème pour leur film. Le band en est empêché par une tournée en cours, ce qui ne leur donne pas le temps de voir les scènes tournées. On fera jouer I Want a New Drug sur les scènes montrées à Ray Parker Jr afin de l'aider à forger le son souhaité. Mais celui-ci copie trop le morceau et perdra en cours lorsque poursuivi, pour plagiat.

Début 1985, Huey est invité à chanter sur We Are The World dans le concept     . Lewis chante le bout qui était prévu pour Prince qui ne se présente pas. Le band est même prévu pour faire partie de la tournée qui suivrait et dont les fonds seraient versés aux pays africains dans le besoin. Le band choisit de se retirer quand il croit comprendre que les fonds ne se rendent pas en Afrique. Ceci soulève la colère publique d'Harry Belafonte, un des organisateurs. Toutefois, un an plus tard, on donne raison au groupe quand il est maintenant prouvé que des fons ont été détournés. Cette année-là est encore bonne pour les boys alors qu'ils sont choisis pour composer deux morceaux pour la trame sonore d'un film de Robert Zemeckis qui sera un immense succès. Une des chansons de cette trame sonore sera un long #1. Cette chanson sera nommée aux Oscars comme meilleure chanson composée pour un film. Le groupe fait aussi un beau clin d'oeil comique dans le film.

Avec la sortie de leur 4ème album, on fait des tournées d'envergure, faisant du même coup la promotion d'un nouveau groupe d'artistes que le band produit, Bruce Hornsby & The Range. C'est d'ailleurs pour eux qu'on compose un des 6 singles tirés de Fore !, mais Hornsby n'est pas satisfait des arrangements et leur laisse. La chanson sera aussi #1. 

Ce sera la dernière fois que le band flirte avec les sommets populaires.

L'album de 1988 vendra beaucoup moins. On n'abandonne pas les tournées pour autant. Trois ans plus tard, un autre album est lancé. Huey est engagé pour jouer dans un film de Robert Altman, qui lui, tire son récit de personnages de Raymond Carver. Un excellent film. En 1994, on lance un album de reprises des années 50 & 60. la musique qui les as inspirés dans leur jeunesse. 

Huey et ses nouvelles ont fait une belle fortune et peuvent se permettre de vivre d'un confort mérité. Une compilation de 1996 ajoute 4 nouveaux morceaux.

Cipollina et Hayes ne seront pas de retour pour l'album de 2001. Tout juste avant, les producteurs du film American Psycho demandent au band de leur donner le droit d'utiliser la chanson Hip To Be Square qui fait partie de l'intrigue. Mais le groupe refuse devant la violence du script qui ne leur plait pas. 

Hopper 1er à G, Lewis dernier à D

Un autre album d'hommage à leurs idoles est lancé en 2010, mais dès l'année suivante, Huey perd beaucoup de son audition ce qui force le groupe à en perdre son leader. 

Mais en 2020, on amasse assez de chansons, retravaillées sur plusieurs années, pour lancer un nouvel album.

Cette année marque les 50 ans des débuts professionnels musicaux de Lewis & Hopper. 

mardi 29 novembre 2022

L'Obsessivité Autour du Mot Woke

1992, je suis passé de la ville de Sherbrooke à celle de Montréal. Je suis tombé amoureux deux fois. De celle qui partage toujours ma vie et de la ville de Montréal. 

Originaire de Québec (Sillery), je logeais à Boomer City et ne voyait aucunement comment m'y trouver un emploi à ma sortie d'université sinon, un emploi payé par le gouvernement. Ce qui ne m'intéressait pas. De plus, sans complètement le réaliser, je vivais sous un certain clocher. Je le remarquerai plus tard, mais il y a une réelle différence entre la mentalité d'une ville plus petite, plus âgée, et celle d'une ville surpeuplée. À Québec on se voyait nous, pas tellement plus. À Montréal, on goûtait au monde entier. Le choix du buffet était facile. je voulais le plus nourrissant des deux. 

Autour de cette époque, le journal culturel Voir connaissait ses meilleures années. On y parlait musique/films/cinéma et plus encore. C'est tout ce qui m'intéressait. Avec le concurrent journal Ici, plus petit, mais au redoutable caricaturiste Européen dont le nom m'échappe, c'était deux journaux que je consommais avec gourmandise de la première à la dernière page chaque semaine, et étaient 100% gratuits. 

La richesse, c'est gratuit. 

Un jeune Richard Martineau y faisait ses classes. Comme rédacteur en chef et éditorialiste. Il était original et je dirais même que j'ai probablement été influencé par la forme de ses textes. La paragraphisation, très certainement, et le rythme. Je l'aimais alors. J'avais entre 20 et 30 ans. Presqu'au même moment, je découvrais l'animatrice Sophie Durocher qui animait une émission à Télé-Québec. Je la trouvais très jolie. Les yeux légèrement bridés, sans chirurgie plastique, ça me séduit. Elle avait aussi écrit un livre sur une de ses passions, la lingerie, que je n'ai pas lu, mais dont la seule idée, pouvait stimuler l'imagination. 

Sophie et Richard se sont un jour rencontrés et lui aussi, l'a trouvée cute. Et vice-versa. Ils sont un couple. Sans accuser l'un et l'autre de s'être corrompus mutuellement, on l'est tous par l'autre lorsqu'en couple de toute manière, dans une moindre mesure, Richard est devenu complètement autre chose que l'éditorialiste d'antan. Probablement que tout était là et que j'étais trop jeune pour le voir. Mais il est devenu ce qu'il avait souvent décrié. Un réactionnaire versant davantage vers la bourgeoisie. Il est devenu producteur de télé, l'est toujours, je crois, elle a fait le saut inverse, elle est passée de l'animation télé à la chronique d'opinion dans le Journal de Montréal. Martineau a animé ses humeurs sur l'actualité à la télé et sévit aussi, à l'écrit, dans le Journal de Montréal. Où il éditorialise comme il le faisait avant pour le Voir, mais pas uniquement dans la culture, mais dans le coup de gueule social. 

Depuis plus de 20 ans, il n'est plus tellement intéressant. Plus personnage que pertinent. Durocher ne l'a jamais vraiment été, maintenant qu'elle s'exprime ponctuellement, je rejoins rarement ses idées. 

Hier, Martineau a signé une chronique appelée "Le wokisme est une maladie mentale". Le mot "woke" a assassiné la carrière de Martineau et de beaucoup de chroniqueurs du Journal de Montréal. Chaque utilisation du mot "woke" en dit beaucoup plus long sur celui ou celle qui le dit que sur les personnes visées. On croit comprendre qu'on parle de ses gens qui, au nom d'une justice sociale mal calibrée, sont prêts à faire pleins de choses, très souvent ridicules. On parle d'excès. Peu d'excès sont sains. Ce qu'il décriait hier était condamnable. Mais son utlisation du mot "woke" tout autant. C'était sa 667ème fois. 

Mais les obsessions ne sont pas saines non plus. Une obsession est une idée répétitive et menaçante, s'imposant de façon incoercible  à la conscience du sujet, bien que celui-ci en reconnaisse le caractère irrationnel. 

Je ne sais pas si Richard Martineau, et les autres chroniqueurs/chroniqueuses reconnaissent leur propre irrationalité par rapport au mot dénaturé "woke" et ses dérivés. Ce mot parfaitement galvaudé est atrocement mal utilisé par tout le monde. C'est le téléphone sans fil avec cable. Le progressisme-conservateur. Je ne connais pas le poids et l'influence de Martineau au Journal de Montréal, journal qui s'indigne une fois par jour en Une, c'est sa mission, qui entrerait pourtant dans leur définition de "woke", mais ce mot dis-je bien, est surutilisé par leur torchon de journal contrairement à tous les autres quotidiens qui ne l'utilisent presque pas, sinon, pas du tout. Sinon tiré de la bouche de quelques égaré(e)s de la trempe de Martineau, Fournier, Ravary, Facal ou Durocher.

Richard Martineau a signé hier une chronique qui décriait un réel excès qui devrait être repoussé du revers la main par l'Université Concordia. Mais il a surtout confessé sa propre obsession, trahissant du même coup une importante faiblesse mentale de sa part, un état émotif pénible qui a pris le contrôle de sa conscience. 

La vraie maladie mentale loge chez ceux et celle qui pensent avoir tous compris la même chose dans leur utilisation du mot détourné "woke" (qui n'insulte personne, trouvez mieux).

La maladie mentale n'est pas du côté des gens pointés du doigt. Ceux-là restent isolés. Autour de Richard, ils se contaminent entre eux. Comme dans une chambre d'échos. 

Maladie mentale ne devrait jamais être utilisé pour insulter quiconque ayant une vision différente de la nôtre. Ça perpétue la stigmatisation de ceux qui ont un trouble de santé mentale et qui ne l'ont pas choisi. 

Vouloir l'amélioration de la qualité de la vie sur terre, de façon équitable, digne et respectueuse ne sera jamais une tare sociale. 

Remplacez le mot "woke" chaque fois que vous l'entendez par "empathique" vous verrez à quel point ils sont ridicules. 

Évitons les extrêmes du spectre. Richard est à un bout, les excessifs gauchistes sont à l'autre.

La santé mentale, la vie elle-même, est toujours une question d'équilibre.

lundi 28 novembre 2022

Mécanique d'un Certain Normal

Plus jeune, à ma sortie des bancs d'école, de ma nichée école de cinéma, j'ai travaillé pour l'actrice/écrivaine/productrice Francine Ruel. Elle pilotait l'émission matinale L'Été C'est Pêché, à Radio-Canada, en direct d'une terrasse de resto du Vieux Port de Montréal. Je m'y rendais très tôt le matin, en patins à roues alignées, très souvent, jusqu'à la terrasse du Jardin Nelson. Il s'agissait d'une émission de chroniques ayant toujours à la source un des 7 pêchés capital. Plus tard, je travaillerai pour en entrepôt dans ce même Vieux-Port, tout près, et c'est à cette époque que mes contacts avec eux, se développaient. 

Comme j'étais diplômé en scénarisation, j'y faisais de la recherche. 100% bénévolement. Tout l'été. Ruel, elle-même m'avait invité sur le plateau (ou je m'étais proposé, je ne me souviens plus) et m'avait invité tout l'été sur le plateau, afin "de faire mes classes". Apprendre la mécanique du métier. C'était comme une longue audition qui allait ensuite me mener à la recherche, comme pigiste, à la tour de Radio-Canada quelques années. Je m'y étais fait un nom et par la suite, on m'avait engagé. 

Plusieurs fois, on accuse les gouvernements de faire ce qu'on appelle du copinage. Que ce soit le parlement Québécois, le gouvernement Canadien, le monde politique Étatsunien, la République Française, pas mal tous les milieux du pouvoir se sont très régulièrement fait accuser de favoriser des amis, des entreprises, des connaissances.

Qu'est-ce qui est si mal vu de la chose ? Surtout, qu'est-ce qui est si anormal ?

C'est un peu comme cette nouvelle qui circule depuis quelques semaines où on annonce aux actualités, à la télévision, qu'il y a pénuries d'infirmières dans les hôpitaux, car elles préfèrent travailler au privé où le choix de horaires de travail y serait meilleur et où les salaires seraient aussi meilleurs. 

(...)

Est-ce si anormal de leur part de préférer un tel bonheur ? Entre vous et moi, choisir entre travailler comme des fous, à la merci de ton employeur qui t'imposes du Temps Supplémentaire Obligatoire, t'empêchant de planifier comme il se doit autre chose, hors du cadre du travail, et ce, pour moins d'argent que là où on gagnerait plus, et que notre horaire serait taillé pleine mesure pour nous, le choix, s'entends-t-on pour dire qu'il se fait absolument tout seul ? 

Est-ce aussi anormal de se souhaiter être entouré de gens en lesquels vous avez pleinement confiance et que vous connaissez bien, sinon mieux ? 

Quand j'étais étudiant dans mon école de cinéma, nous étions 6 étudiants en scénarisation, et 6 autres en réalisation. (3 en production). L'intimité avec nos enseignants, des gens du milieu, dont Francine Ruel, était réelle. On se connaissait bien entre enseignants et élèves. Et Francine avait aimé ce que j'apportais au point de me faire une place dans son équipe de son émission d'été, impayé, toutefois, mais c'était de bonne guerre. Je suis le bon candidat pour la chose, je ne fais rien strictement pour l'argent. Quand je l'ai fait, je me suis toujours planté. Je fais ce qui me procure du bonheur. J'ai le bonheur modeste et facile. Je me sais privilégié à bien des égards. 

Mon étonnement a donc été de mise quand j'ai entendu parler du "scandale" Macron/McKinsey. Si on parle de scandale, n'est-ce pas aussi par simple jalousie ? D'accord, il faut voir si tous ces ex-employés de McKinsey n'ont pas eu de traitement de préférence claire et injuste par rapport aux autres candidats dans la Macronie actuelle, pour les postes qu'ils ont hérités au cabinet, mais JUSTEMENT, ils ont été préférés comme on préfère choisir nos amis dans la vie. Comme on bloque les indésirables sur Twitter. Comme on ne fait pas exprès pour faire les choix qui nous embêtent dans la vie. 

Pas scandale sinon parfaitement normal. 

Mon parallèle avec ma longue "audition" tout un été avant de travailler pour Radio-Canada n'est pas parfait. McKinsey a aussi travaillé bénévolement sur la campagne d'Emmanuel Macron avant que plusieurs des employés bénévoles eût ensuite, oui, été engagés et payés au sein du gouvernement français et le sont toujours. Est-ce que ça avait été promis avant ? 

Est-ce si pertinent de le savoir ? En anglais, c'est "scratch my back, I'll scratch yours". C'est immensément fréquent. Surtout en affaires. Mon parallèle n'est pas parfait parce que la firme de conseil américaine, pourrait être en potentiel conflit d'intérêt. Mais encore, c'est dans son intérêt d'appliquer sa profession, qui est de conseiller. Est-ce que je pêche par trop de candeur de penser ainsi ? 

Le mot "scandale" ne semble pas s'appliquer adéquatement. Quand Marc Bergevin, ancien directeur général du Canadien de Montréal, a été remercié de ses services, on disait déjà, 4 mois plus tôt, qu'il n'avait rien à craindre si ça arrivait bientôt, tous ses amis étaient dans l'organisation des Kings de Los Angeles. Personne n'a été surpris d'apprendre, lorsque libéré de ses fonctions, que Los Angeles lui fasse une place presqu'aussitôt. On a choisi un ami. Il n'est pas interdit de croire que ses amis de L.A. lui aient dit dès décembre qu'au mois d'avril suivant, si il était sans emploi, qu'il ailler cogner à leur porte et son sort sera vite réglé. ET ALORS ? Personne n'en a même fait une manchette à potentiel scandaleuse. Parce qu'il n'y avait rien d'anormal.

Qu'est-ce qui empêche de croire que Macron et sa bande n'ont pas choisi quelques amis dans la firme de conseil, qu'ils ont appris à respecter avec le temps ?

C'est ce que j'ai appris sur les bancs d'école. Créer des liens afin d'être engagé quelque part. C'est ce qui m'a engagé presque partout. Tout le temps. Un lien avec quelqu'un(e). 

Scandale ?

How about normal ? 

On est pas dans le népotisme où là, le talent reste à prouver. 

Bande de jaloux. 

dimanche 27 novembre 2022

À La Recherche Du Temps Perdu*************Tortilla Flat de John Steinbeck

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parles de l'une de mes trois immenses passions: La littérature.

Lire, c'est accepter d'apprendre, de découvrir, s'est s'ouvrir les sens, se confronter à de nouvelles, idées, différentes personnalités, différentes visions, différents choix, c'est s'immerger dans un milieu, dans une tête, c'est accepter de calibrer pendant un certain temps sur le rythme d'un(e) autre. C'est voyager, être accompagné(e), c'est respirer aidé(e) de quelqu'un d'autre.

Et respirer, c'est vivre. 

Lire, c'est vivre. 

TORTILLA FLAT de JOHN STEINBECK

John est né dans la très majestueuse (et fertile) Salinas Valley, en Californie, en 1902. Son père (John aussi) était trésorier du comté et sa mère Olivia était enseignante. Le grand père de John Steinbeck est aussi John Steinbeck. Steinbeck est donc légalement Steinbeck III. Mais pour le bien de cette chronique, je me contenterai du simple Steinbeck. Dès ses 14 ans, Steinbeck savait qu'il voulait devenir écrivain. À l'université, il prendra donc uniquement des cours qui se rapporteraient de près où de loin à son travail futur d'écrivain, ce qui ne lui fera pas un diplôme précis. Terminant l'école en 1925, il quittera pour New York pour y vivre comme journaliste et pigiste. Il y connait du succès, mais est aussi limogé. Afin de subsister à l'aube des années noires, il sera apprenti apprenti peintre, gérant d'immeuble, surveillant et cueilleur de fruits. Son premier roman sera lancé en 1929, année du Krash Boursier. 

Marié il est concierge et son épouse enseignante. Ils se relocalisent à Salinas, en Calfornie et c'est le salaire de madame qui les fait subsister et lui permet d'écrire. Ils connaissent la précarité et la mécanique de la précarité habitera John Steinbeck. Il écrira là-dessus toute sa vie. Dans 10 ans, Steinbeck lancera le livre qui lui vaudra le prix Pulitzer. Dans 7, il écrira la pièce Of Mice & Men. Dans 22, East of Eden

Dans sa jeunesse, John avait été ébloui par l'humanité dans The Acts of King Arthur & His Noble Knights de Thomas Malory. Il dira que sa compréhension du mal et du bien en est née, que sa vision des oppresseurs et des opprimés y était forgée, et vers la fin de sa vie, 1966-67-68, il travaillait justement sur un livre parlant de celui-ci, afin de boucler la boucle de sa personne. Tortilla Flat, lancé en 1935, est une première tentative d'adaptation Arthurienne de la légende. 

Un groupe d'amis, des paisanos, nous rappelle-t-il souvent, mené par Danny habite tous la même maison, ce qui n'est pas sans rappeler Les Chevaliers de la Table Ronde. Il évoque la principauté dès le début de son livre. Bien que l'essentiel du livre tourne autour de leur envie de se trouver du vin, l'histoire, construite avec humour , parle d'amitié et de solidarité. La couleur des personnalité de chacun de ses personnages est assez habile pour qu'on les trouve tous attachants. 

L'action se déroule tout juste après la Première Guerre Mondiale, en Californie, et Steinbeck y va de court chapitre racontant leur épopée nomade. Comme une mission de chevaliers le documenterait. L'équipée de se battra pas contre un dragon, mais dans un passage hilarant, se battra contre une balayeuse. Un incendie unit le groupe à jamais. 

La vie de pauvreté parait nettement plus riche et intéressante que celle des gens fortunés. Plus tard, dans son oeuvre Cannery Row, principalement, la pauvreté sera toujours démontrée plus pure que la richesse, parce que forcée à l'efffort pour s'en sortir, donc faisant appel à toujours de meilleures qualités humaines. Bien que parfois, maladroites. Steinbeck est très drôle et ce roman sera son premier gros succès critique et public. 

Steinbeck n'avait pas été pleinement satisfait du succès de son livre puisqu'il critiquait l'élite même qui trouvait son livre si bon. Il trouvait leur regard sur le propos folklorique, voire zoologique. Il voulait qu'on se rappelle de se livre de par ses qualités humaines et de par sa solidarité entre Hommes. 

Si on lit le livre avec cette antenne allumée (ça se fait tout seul quand on lit bien), la solidarité, valeur autant glorifiée que vilipendée de nos jours, saute aux yeux. 

Il y a un air de film d'ado dans ce livre. Avec thèmes adultes. 

Steinbeck sera toujours intéressé par les dépourvus, nous offrant beaucoup de richesse dans ses personnages, qu'il connaissait trop bien. 

Ces personnages, dans ce livre, n'ont rien, et pourtant leurs objectifs en frais de vin et de femmes visent le raffinement. C'est amené de manière très amusante. L'orgueil du pauvre. Certains décriront les stéréotypes de personnalités Mexicano-Étatsunienne, mais il faut se replacer dans le contexte peu éduquée des années 30. Ce livre est d'emblée très drôle et met en scène du sous scolarisé de manière amusante. 

Pour le même type d'univers et de narration, Cannery Row (1945) est aussi un excellent choix, plus maitrisé encore. Et aussi situé, à Monterrey, en Californie. 

La solidarité est un thème qui a marqué les quelques dernière années de pandémie, dans le monde.

La pauvreté intellectuelle aussi. 


samedi 26 novembre 2022

Vendredis Fous & Mous

"J'vais aller le dire au boss, ça n'a plus d'allure!"

"J'y vais moi aussi, je veux savoir!"

"Moi aussi, j'y vais!"

(...)

Le premier, c'est un des trois potes avec lequel je travaille le plus. Celui qui recoit ce que je conformise et télécharge et qui en fera des routes distribuées entre chauffeurs. Le second, c'est le pire rapporteur sur terre et celui qui traite les tâches faites, les rapportant, justement, aux villes. Le dernier, c'est le gars qui prépare les pièces et c'est vrai que ça le touchait un peu, sa présence pouvait être utile.

MAIS PAS LE SECOND. Appelons-le, Capon Linotte. Sur l'aile droite du trio (avec le premier) avec lequel je compose tous les jours, très souvent. Capon n'a aucun jugement. Mais AUCUN. Je le connais maintenant depuis plus de 5 ans et je suis en mesure d'anticiper quand il prends la pire des décisions et souvent, humblement, je lui suis très utile dans ses raisonnements. Entre autre par rapport à la Covid. Sans insister, ce lourd fumeur, qui disait qu'il ne voulait pas se mettre le poison du vaccin dans le corps (!), a fini par cesser de se faire laver le cerveau par sa blonde (déclarée cliniquement folle pour vrai, depuis) qui était tout ce que vous lisez sur les complotistes (et plus) et s'est fait au moins vacciner deux fois. En tout cas, il a pris deux congés "pour se remettre du vaccin de la veille". Dont un, trois semaines avant de prendre le vaccin... Aucun jugement je vous dis. 

C'est aussi le pire rapporteur que j'ai jamais rencontré dans le monde adulte. La dernière fois que j'ai vu aussi pire c'était l'actuel directeur des communications chez CDPQ Infra, avec lequel j'ai fait mon école primaire, qui nous attendait tous le matin, débarquant des voitures de nos parents, à l'entrée de la cour de récréation, quand nous étions en 6ème année, afin d'être le premier à nous dire que la mère de Sebastien Normand, un élève de notre classe, était morte la veille. Je me souviens déjà alors de m'être aussitôt demandé quelle était l'urgence de savoir une telle chose de la part d'un collègue scolaire ? 

Capon Linotte est pénible par moments. Il nous as souvent mis dans le trouble parce qu'il rapporte tout croche ce qu'il entend. Même que notre patron, à nous trois, a été forcé de le placer plus loin de son bureau car il avait, une fois, entendu des choses, qu'il avait si mal rapportées à d'autres qu'une commotion avait eu lieue parmi les employés et une révolte a dû être freinée. C'est dire à quel point, il peut parfois être terrible. Il a très peu d'éducation. C'est un décrocheur de l'école secondaire. Y a déséquilibre léger dans ce qu'on se jase des fois. Il me parle de Mike Ward dans mon indifférence, je lui parles de problèmes de coordination avec nos autos et nos enfants me rendant compte que c'est un problème de fucking riche par rapport à lui. 

Ce que je ne suis pas, riche, mais ma blonde beaucoup, oui. Je tais de plus en plus de choses au boulot, premièrement parce qu'il rapporte absolument tout.

"Jones, tu disais tantôt que cette ville était terrible, je l'ai dis à Garfield (notre boss), y'es là justement si tu veux..."

NON CALISSE! Occupe toi des tes affaires ! Si j'ai un problème, un vrai, j'en parlerai moi même à Garfield! J'ai du lui dire avec aplomb. 

Mais je tais aussi beaucoup de choses là où je sens qu'il erre. J'arrive à prévoir, du bureau voisin, quand il n'arrivera pas à la fin de la semaine car il n'a pas le jugement de bien gérer son temps. Il a la distraction extraordinairement facile. Il est prêt à être distrait de tout. 

Les vendredis, pas mal partout sur terre, les lieux de travail sont à 90% plus détendus. Les milieux les plus conservateurs et sans imagination permettrons à leurs employé(e)s de porter le Jeans, comme ultime folie. C'est dire la prison mentale qui les habite. Au bureau, pour moi, je l'ai souvent dit, c'est ma pire journée de la semaine. Je la commence à 6 AM, mange (mal) en travaillant, sur le coin du bureau, et je ne prends aucune pause jusqu'à 14h57, quittant trois minutes plus tard, pour foncer dans un trafic immonde jusqu'à la maison où j'atterris, crevé. Au grand dam de ma conjointe qui elle, vit des vendredis comme 90% de la planète.

Nos bureaux sont partagés entre Montréal et Québec. La maison-mère, c'est dans le 418. Avec le rythme du 418. Nos bureaux du 514 sont très actifs, très occupés, comme le tempérament Montréalais souvent l'oblige. À Québec, on travaille sur un autre rythme. Et le ryhtme du vendredi est même souvent commencé le jeudi. On termine d'ailleurs souvent à midi, là-bas, tellement le rythme y est différent. Donc, souvent, le matin, on essaie de planifier des réunions. Ce qui n'entre nulle part dans mon emploi du temps, du jour. Quand on fait des diners payés par le boss, c'est toujours le vendredi, me faisant manger comme plus sauvage qu'à la normale, à mon bureau encore. Mais le plat payé des boss. 

Les autres membres du bureau n'ont pas la même lourdeur que nous, le vendredi. Le trio mentionné plus haut, très (trop) occupé. Je ne leur en veut pas, nous sommes le 10% c'est tout. L'envie ne m'habite assez jamais. Mais je les entends vivre des vendredis comme tout le monde, errant sur leurs téléphones, jasant de la dernière série télé, prenant le jour à la légère. Bien entendu, Capon Linotte, qui serait distrait par un pet du fond de l'entrepôt, tombe dans le piège, prends toute les mauvaises décisions, vit un vendredi "lousse". Se mettant dans le trouble pour le lundi suivant, même parfois jusqu'au mardi. 

Afin de rester focus, et de couper tous les sons autour (cubicule oblige) j'ai mes air pods en tête pas mal toute cette journée là. (Leonard Cohen (1h57), Vanessa Paradis (1h04), Cat Power (1h25), un ballado (1h47), Bowie, hier). Capon Linotte brillait par son absence. Il est déjà dans le trouble jusqu'à mercredi prochain. Mercredi qui est notre seconde plus grosse journée de la semaine. 

Mais la veille, il était bien là. Vivant un jeudi comme un vendredi "lousse". Me forçant ainsi à finir 24 minutes plus tard que prévu. (Avec une certaine colère.) 

Dans nos conversations du jour, au travers des cubicules, on erre de sujets en sujets. Parlant existentiellement, j'avais quand même mes air pods en tête, pouvant suggérer que j'écoutes autre chose. Mais aucune musique n'y jouait. Il m'a dit à un certain moment:

"Y a un livre que je lis qui m'ouvre les yeux..." a-t-il commencé.

Dis-moi pas Le SecretDis-moi pas Le SecretDis-moi pas Le Secret,, Dis-moi pas Le Secret,,Dis-moi pas Le Secret, Ai-je pensé.

"...Le Secret

(...)

J'ai laissé le sujet mourir. Fait semblant d'écouter ce qui aurait pu me jouer dans les oreilles. 

J'aurais pu lui dire "Ne mange pas la neige jaune"...ça aurait été dans le même ton.

(soupir!)

Fini mon vendredi à 15h09. Sans pause. Pas vu la journée passer. Arrivé crevé chez nous. Dormi l'épisode d'Handmaid's Tale qu'on écoutait. 

Mes vendredis sont TOUJOURS fous. Alors ne me dit jamais "Au moins c'est vendredi!"

Impact nul chez moi. Rappel de lourdeur. 

vendredi 25 novembre 2022

Funambulisme Sans Protection

Le mot garde-fou a été créé il y a des lunes afin de décrire la rambarde qui allait empêcher le fou/la folle de se tirer du haut d'un toit. 

Apparemment, le "peuple" a parlé. Il ne faut jamais penser un réseau social, reflet du peuple. À suivre Twitter, les Conservateurs, aux dernière élections, au Québec, allaient faire table rase sur le Québec. Non. Les raisins sont toujours non représentés à l'Assemblée avec 0 élu. Elon Musk a sondé les usagers de Twitter pour leur demander si Donald J. Trump devait revenir sur le réseau dont il est banni. Sur plus de 115 millions de votes sur le globe, le score final a été de 51,8 % en faveur, contre 49,2, contre. "Vox Populi" a dit Elon. Les bots ont parlé. Probablement des deux côtés. Exactement ce que Musk voulait enrayer. 

Depuis qu'il a acheté le réseau, à la vitesse de l'éclair, impulsif, et avec très peu d'intérêt pour les conséquences de ses gestes, celui qui s'est auto-déclaré Chef Twit, a cuisiné son responsable de la confiance et de la sécurité en le limogeant. Puis, il a fait la même chose avec plus de 35 000 autres employés qui mettaient les pratiques de protection en place. C'était ceux qui filtraient les harcèlements, les discours haineux, les menaces, les transferts d'images intimes non consensuelles, les spam, et toute violations des codes de conduite civile de Twitter. En somme c'était une pelletée dans le ravin de pas mal toute l'équipe de modération. Équipe éviscérée. 

Avant de vous parler de l'impact d'un retour de mégaphone désinformatif, il était important de parler du ménage fait dans la maison mère. 

Au travers des années, Twitter a beaucoup investi dans les ressources significatives venant contrer le mal sur internet. Mais avec une lenteur frustrante. À son ouverture, en 2009, on ne bannissait que les spams, les personnifications erronées et les droits d'auteurs. Il y avait alors un seul et unique employé pour faire ça. Il a recruté une équipe (Citron est leur étrange nom). On a alors visé aussi, sur le tard, les menaces, les propos haineux, les cyber harcèlements, le mal réel et anticipé issu du réseau. Mais rapidement, la bride était lousse et on se plaçait sous le parapluie de la liberté d'expression. C'est resté ainsi au moins jusqu'en 2014, où les Femmes étaient soudainement lourdement visées par de la haine disproportionnée et extrêmement déplacée. Ça venait du milieu des joueurs et joueuses de jeux vidéos, et l'argent a fait réagir. Les publicitaires ont souhaité se retirer du réseau si le ton restait le même. Ils ne voulaient pas leurs noms associés à la misogynie, au viol et au meutre promis et souhaité ici et là. Les "cybermobs" aujourd'hui devenus "bots" y sont nés. Le partage non consensuel d'images de nudité y est aussi devenue une plaie. 

2015, on a triplé l'équipe de sécurité et on a mis le paquet. harcèlement, menaces de toutes sortes, pornographie non consensuelle, haine étaient filtrés et bannis. Des milliers d'employés ne faisaient que ça. Modérer. Le fondateur Jack Dorsey revenait comme chef exécutif et en faisait une priorité, très efficace. C'est devenue particulièrement évident lors de la saison des élections Étatsunienne et toute la désinformation qui y a circulé. On voulait encourager le discours public pas la manipulation. Ça n'a pas été suffisant, l'ignorance a placé Trump au pouvoir. Le discours public allait peu à peu se désintégrer.

Le "deepfake" est venu s'installer et jamais cette grosse équipe n'a tavaillé autant afin de décrypter le vrai du faux. Si tout ceci a été habile au niveau civil, il y a eu un important angle mort chez les personnalités publiques. Trump en tête. Personne n'avait prévu cette horreur au micro mondial. Le discours haineux, la désinformation, le harcèlement, ont vogué à souhait déjouant tout le monde. On se rangeait naturellement avec la pensée qu'avec de grands pouvoirs vient de grandes responsabilités, mais étonnamment, l'irresponsabilité se taillait un foyer.

Quand l'horreur du 6 janvier 2021 est survenue, l'irresponsabilité a atteint des sommets causant la mort. Il a fallu bannir l'ancien président des États-Unis qui se disait encore président dans le délire meurtrier. On l'a d'abord suspendu. Puis, banni. Le mégaphone de la haine devait cesser. 

Maintenant Musk veut le ramener. Mais Trump, qui depuis a lancé son propre réseau social appelé erronément Truth, où les règles sont construites pour qu'il puisse tricher à peu près tout, à sa guise, ne fait pas des affaires d'or avec ses moins que 2 millions d'utilisateurs. En abonnés seulement, sur Twitter, Trump en avait 86 millions. Trump refuse pour le moment de revenir. 


Sur un twitter décimé par l'absence de tonnes de garde-fous. C'est très certain qu'il est très tenté par un retour là-dessus, mais ce serait aussi avouer l'échec de Truth. Un échec ne s'avoue pas souvent chez lui. 

Musk découvrira que ce ne sera pas si facile de reconstruire une équipe de modérateur qui a pris plus de 10 ans à mettre sur pied. 

Dire "Vox Populi, Vox Dei" sous-entend que le peuple a toujours raison. Mais l'origine de cette phrase (Charlemagne, 798) est une référence dans une lettre qui disait aussi " ...ces gens ne doivent pas être écoutés si ils sont convaincus qu'ils ont entendu la voix de Dieu, puisque la pensée d'une foule est le pas le plus près à faire de la folie. "

Cette nuance n'a jamais été plus vraie. 

Ajout: l'ironie veut que the real Donald Trump a fait son premier gazouillis tard gier soir disant existentiellement: Give me freedom or give me death. Risible comme toujours.