Il y a ce qui sonne comme "Lewis" et il y a ce qui sonne comme "Louie". Dans les deux manières, il se reconnaissait.
Parce qu'il y avait 2 Louis Armstrong. L'artiste à la trompette et au chant. Et le noir culturel accessoire de la CIA.
Très peu de gens connaissent cette seconde vie de Louis. Vécue souvent malgré lui.
Le premier nous est familier. C'est la généreux bonhomme au sourire facile et à la voix qui roule qu'on appelait aussi "Satchmo", icône de jazz historique qui nous parlait d'un monde meilleur. Qu'on efface de nos jours. Cet ambassadeur musical et racial, né en Nouvelle-Orléans, était le géant sur lequel toutes les futures stars du jazz allaient se tenir pour inspirer leur carrière. C'est le même homme qui passerait du jazz traditionnel, au big band, au bebop, au jazz modal et au hard bop avant de choisir de peu se mêler à la trame sonore des droits civiques qu'on voulait faire respecter dans les années 60 pour la communauté noire. Toute sa carrière, il est resté le même bougre sympathique capable de faire rire avec sa voix de gros nounours ou de toucher par de hautes notes bien calculées. Mais dans les années 60, quand critiqué par Dizzie Gillespie ou Miles Davis, d'être de la vieille école où les noirs se complaisaient dans des rôles tenant la chandelle pour les blancs, et de ne pas s'impliquer, Louis avait répondu: "Je ne mêle pas de politique, je ne fais que souffler dans ma trompette."C'était une phrase code pour dire "Je ne fais que survivre, comme vous tous".
Louis avait appris très tôt, avec King Oliver, à être noir POUR les blancs. Et à ne jamais porter le visage de la souffrance et de la souffler dans sa trompette. Louis, en 1947, était si bon qu'il était passé d'un très respectable 350$ par représentation à 2500$ par spectacle. Ce qui est l'équivalent de 35 000$ de nos jours, par spectacle. Il était parti de loin le petit gars de New Orleans, fumant ses joints entre les sets, craignant de se faire coincer pour sa marijuana, ou pour peu importe, noir qui a du succès comme Taylor Swift de nos jours. Louis, comme tous les noirs de nos jours, vivait dans une ville raciste et dans un pays raciste. La police ne suivrait pas n'importe qui pour possession de drogues, mais si un doute subsistait autour d'un(e) noir(e), les policiers (tous blancs) feraient l'effort supplémentaire pour faire du zéle. Joe Glazer, le véreux gérant de Louis, avait fait un arrangement avec les policiers qui avaient Armstrong à l'oeil. Il avait trahi son autre cliente, Billie Holiday, en la pistant pour les policiers pour la même chose. Bien entendu, Billie n'était pas chez elle quand on a17 ans avant, Louis s'était fait coincer avec de la drogue et en avait perdu son droit de jouer dans les cabarets. Mais en cour, deux propriétaires du Cotton Club, très liés au gangstérisme, savaient comment regarder les juges pour qu'ils y aillent doucement avec certains accusés. Louis ne ferait que 9 jours de prison. Retrouverait son permis de jouer. Continuerait à être un robinet à argent. Les blancs l'avaient sauvé. Joe Glazer était blanc lui aussi. Protégeait son investissement.
Ses sons étaient formidables. Il jouait avec une embouchure particulière. Qui le faisait jouer de manière unique. Il utilisait ses doigts et sa voix comme personne d'autre. S'était tout appris tout seul, d'orphelinat en orphelinat, plus jeune. En survie depuis si longtemps. À Chicago, on lui avait mis un fusil au visage pour lui demander de jouer à New York le lendemain. Apeuré, Louis s'était plutôt sauvé vers Memphis, mais les gangsters ont des franges un peu partout et on l'attendait sur place avec une limo. Quand ils ont refusé d'entrer dedans, les graines de bandits ont appelés les racistes policiers qu'ils connaissaient qui ont vite arrêtés les noirs qui trainaient autour des blancs. Pour se sortir du pétrin inventé autour de lui, il a fallu qu'il fasse un concert pour les crottés du coin. À qui il a dédié mentalement la chanson "I'll Be Glad When You're Dead, You Rascal, You". À Philadelphie, c'est "une protection" que des italiens lui avaient offerts. Qu'il devrait payer, de ces recettes d'artiste noir. Ou accepter que ses payantes lèvres deviennent ensanglantées. Louis avait alors demandé à la police de l'arrêter, afin de passer la nuit, en sécurité, en cellule. Joe Glazer est arrivé à ce moment. Lui qui avait une ligne directe avec Al Capone, et bossait dans ce milieu avec ces bebittes depuis longtemps. Il savait les dompter. Avec tout aussi vil. Il avait été gérant de boxeurs. Savait qu'on ne devait pas gager sur un blanc. Savait comment un boxeur devait perdre dans un arrangement. Il était pourri lui aussi. Trouvé coupable de relations sexuelles avec une fille de 14 ans, il a évité les 10 ans de prison en la mariant. Trouvé à nouveau coupable d'avoir des relations sexuelles avec une fille de 17 ans, il avait eu besoin de son ami Capone pour acheter la justice. Louis avait besoin de Glazer parce qu'il avait besoin de faire plus que de survivre en cachant ses problèmes dans sa trompette, et c'est lui allait tordre les bras pour que son client payant gagne maintenant une fortune. Sur laquelle il aurait le total contrôle. En janvier 1957, le président Dwight Eisenhower allait commencer son second mandat de 4 ans. Inquiet de ce que le reste du monde pensait des États-Unis. Rosa Parks allait refuser de céder son siège à un(e) blanc(he) dans l'autobus. Martin Luther King se ferait arrêter par la police pour avoir roulé à 30...dans une zone de 25...Le Ku Klux Klan allait forcer un conducteur d'automobile noir à sauter du haut d'un pont vers sa mort. On avait déclaré inconstitutionnel la ségrégation dans les écoles, mais on était revenus sur la décision en lâche en disant que les États pourraient décider d'appliquer ou non. L'image des États-Unis était laide. Moins laide qu'aujourd'hui, mais laide. Son plan était d'envoyer des artistes racisé (e)s à travers le monde afin de publiciser des minorités "heureuses". Louis est une personne âgé. A conquis le monde des blancs en jouant aux côtés de Dean Martin, Frank Sinatra ou Grace Kelly. Il était ambassadeur idéal pour les missions du gouvernement.Il ne portait jamais le malheur sur son visage.
Il serait le premier client noir à avoir une chambre à lui, en septembre 1957, à l'Hôtel Dakota de New York. Il y a seulement 68 ans. Une entrevue, cette année-là, fait dérailler un voyage prévu en Russie. Il confesse en avoir assez du président qui fait semblant d'aider les gens à la peau noire, mais les utilise comme des pions. Ça fait scandale. Un spécial avec Bing Crosby est annulé. Mais Eisenhower fait ce que le président actuel ne ferait jamais et écoute. Force l'Arkansas qui avait refusé 9 étudiants à la peau noire, à les accepter. Louis ré-accepte d'être ambassadeur pour lui. Mais ce sera cette fois en Afrique. Trois ans plus tard.Louis allait se mêler de la seule chose à laquelle il n'avait jamais voulu se mêler, la politique.
En Novembre 1960, pendant que Louis termine son repas en République du Congo, avec sa 4e femme, JFK, aux États-Unis gagne son élection contre Richard Nixon. Louis allait continuer de travailler pour Eisenhower comme ambassadeur. Il mangeait avec ce qu'il pensait être un diplomate des États-Unis mais qui était plutôt, un agent de la CIA qui allait coordonner l'assassinat du premier Premier Ministre élu démocratiquement au Congo, Patrice Lumumba. Et se servirait du passage de Louis pour expliquer la présence Étatsunienne sur les lieux. Comme le gouvernement est "indépendant" les États-Unis craignent un écart socialiste/communiste. Pour le remplacer par un pantin anti communiste de leur choix. Mobutu Sese Soku. Dès janvier 1961, quand Armstrong quitte le Congo, Lumumba serait capturé avec la complicité des Belges, et des indépendantistes, torturé et assassiné. Bien coordonné par le "diplomate" qui accompagnait Louis l'artiste. Qui n'y verra que du feu. À la mort de Louis, d'une crise cardiaque, à 69 ans, en 1971, on apprendra aussi que Sidney Korshak, un important "arrangeur" de la pègre de Chicago, avait aussi beaucoup bossé avec Glazer afin de protéger Armstrong d'être abusé dans ses fortunes. Du moins, moins qu'eux mêmes en abusaient.Louis survivait sans porter ses problèmes, à une entrevue près, sur son visage. Et aussi pion que protégé par les gens mêmes qui essayaient d'en faire ce qu'ils voulaient bien en faire. Mais ne laissant jamais paraitre sur son visage souriant ce qui pouvait le troubler.
Louis Armstrong & Gangsters. Pas le lien qu'on penserait nécessairement faire.En raison du grand président con d'en bas, on entend pas assez parler de l'histoire des humains à la peau noire dans le mois qui leur est réservé. Un mois, croyez-le ou non, dont Google vient de retirer le thème dans son calendrier.
Tristes traitres USA. Toujours racistes et divisifs bien portant.
Au 33e jour de la présidence du dictateur en puissance. Hitler a pris 53 jours pour éteindre la démocratie en Allemagne, en 1933.
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