mardi 4 février 2025

Cinema Paradiso************************All the Real Girls de David Gordon Green

 N.H.)

Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une des mes trois immenses passions: Le Cinéma !

Je l'ai surconsommé, le surconsomme toujours, l'ai étudié, en fût universitairement et collègeprivément diplômé, y ai travaillé, en fût récompensé, puis m'en suis retiré. Mais le cinéma ne s'est jamais retiré de moi. 

Je vous parles d'un film qui m'a charmé par son histoire, sa réalisation, ses participants, sa cinématographie, sa musique, son audace, ses thèmes, souvent tout ça à la fois, je vous parles d'un film dont j'ai aimé pratiquement tous les choix. 

Ici, histoire, actrice, réalisation, décor, musique m'ont vivement saisi l'attention.

ALL THE REAL GIRLS de DAVID GORDON GREEN.

2003. Je suis papa pour la dernière fois. Notre fille Punkee est née début juin, et je suis le plus ravi des hommes. On a fait le coup du roi. Monkee, un garçon, il y a 47 mois, et maintenant notre petite amour fille. Je découvre le film vers décembre. 

On aime tomber en amour car ça nous permet de se sentir idéaliste par rapport à soi-même. L'autre nous ennoblit, nous inspire, nous rachètes. Notre partenaire mérite la meilleure personne possible et nous tentons de l'être pour cette personne. Paul (joué par Paul Schneider) a passé sa jeune vie d'adulte à baiser quiconque le voulait, qu'elles aient fait leur idée sur lui ou non, mais quand il rencontre Noel (si belle Zooey Deschanel) il ne veut rien urger car cette fois, c'est plus spécial. 

Elle a 18 ans, revient de plusieurs années scolaires à l'extérieur de la petite ville des États-Unis, jamais identifiée, est vierge et amoureuse de Paul. Elle est à un âge où les hormones de son corps se bousculent contre les remparts des inhibitions adolescentes. Pouvoir en discuter avec quelqu'un n'est pas un "turnoff" et avec Paul, elle arrive à le faire. 

Le second film de David Gordon Green est subtil et fait confiance à ce que le spectateur perçoit. Ne nous prends pas par la main. Les regards et la musique sont parfaitement agencés.  Gordon Green en connait trop sur la nature humaine pour ne pas traiter leur manque de synchronicité sexuelle comme un trame narrative. Un autre film en ferait la trame narrative principale. Mais Green est si tendre envers ses personnages qu'il nous filme leur vulnérabilité. Jamais on ne croira aux prétendus 20 ans de Paul Schneider (il en avait 26) encore moins aux 20 ans du grand frère de Noel, Tip, incarné par un Shea Whigham que je découvrais,  qui en avait 34. Tip et Paul sont prétendus amis d'enfance ayant grandit en même temps sur des bancs d'école désormais trop loin.

Ça pourrait être la Caroline du Nord, d'où est originaire Gordon Green, mais d'où est aussi originaire l'auteur Tom Wolfe, duquel le film a une certaine parenté dans le côté dandy. La complication vient du grand frère, Tip, qui trouve que tomber amoureux de sa petite soeur n'est peut-être pas une bonne idée.

J'ai connu 5 ans très comblés sexuellement entre 1987 et 1992. Mes dernières célibataires avec plusieurs partenaires. Depuis, c'est encore mieux, avec l'amoureuse. Mais à cette époque, des proches pouvaient me présenter comme celui qui ne restait pas tellement longtemps avec sa donzelle depuis 5 ans. C'est elle qui m'a transformé. Paul rencontre celle qui pourrait le transformer. Qu'il connait depuis qu'elle est toute petite. Parce que petite soeur de son buddy. J'ai aussi connu ce territoire, ayant deux soeurs plus jeunes que moi, des amis à moi, fortement attirés par les deux. Et oui, c'est fortement inconfortable. Il est donc facile de voir comment ce film me rejoignait. Et la musique, folk, blues, soul, ambiante, est nettement une de mes trois trames sonores préférées, avec celles de Trainspotting et Inside Llewyn Davis.     

Patricia Clarkson, dans le rôle de la mère de Paul, acceptant des travaux ingrats comme clown pour les enfants afin de joindre les deux bouts, est comme toujours parfaite. Il y a beaucoup de poésie dans cette crise existentielle joliment filmée par la caméra de Tim Orr. Une belle scène dans une allée de quilles amène une discussion qui souligne une autre possibilité narrative. Au dénouement surprenant. C'est le tout premier film de Danny McBride, qui était alors second assistant à la réalisation, mais à qui on a confié un rôle secondaire intéressant. Et qui de nos jours, alterne entre acteur, scénariste et producteur. 

Jean Doumamian, importante productrice, avec Woody Allen entre autre, qui vient tout juste mourir, le 30 janvier dernier, à 88 ans, avait offert un plus grand budget afin de donner le rôle principal à Freddie Pinze Jr. Mais Gordon Green voulait son ami Schneider. Je ne suis pas certain que c'était le bon choix. Schneider est parfois le point faible du film. Qui reste un questionnement très intéressant.

Perdre le vrai amour des "vraies filles" est une chose. 

Mais ne plus croire en l'amour, est-ce pire ? 

Faudrait demander aux célibataires volontaires.  

(oui, toi, Nathalie:) 

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