Ça aurait pu être dans une ville des États-Unis où allaient naitre des casquettes rouges, mais non, le directeur de l'école m'avait donné un ruban bleu de fierté scientifique sans même l'ombre d'une attitude par rapport à ce que j'exposais. Ni lui, ni moi ne pensions alors, ni n'anticipions qu'une telle démonstration serait des années "de recul plus tard" une position politique. Presqu'une opinion. La science n'avait pas encore été catégorisée comme de la propagande gauchiste extrême. Le président des États-Unis n'avait alors pas de réseau social privé d'innombrable et inébranlables faits réels. Les milliardaires n'étaient pas des idoles.
J'ai passé cet été de 1984 au Lac St-Joseph, où mes parents se magasinaient un chalet, en nous prenant une tente sur le site du camping du lac, et passant la majorité de leurs journées à faire du porte-à-porte effrontément en demandant aux gens si ils pensaient vendre. Ça marcherait en 1986. Au bon endroit au bon moment, ils sont tombés un dimanche matin sur un homme seul au bout du quai, justement en train de penser aux belles années passées, et se demandant si ça intéressait encore ses enfants ce chalet. Mes parents lui ont acheté le plus beau des chalets du lac, au plus beau spot, pour des années sensationnelles de 1986 à 2009. L'ancien chalet de la belle famille de Jean Béliveau. J'y passais beaucoup de temps dans les bois dans lesquels je courais, mangeait les petits fruits et embrassait la nature dans son plus pur, faisant ressortir l'autochtone en moi. En nous. Il y avait un Nous, solide. Les épines et les chardons étaient mes premiers héros car leur fonction étaient de protéger ce qui était beau et chéri.Enfant, en jouant à la cachette, on comptait jusqu'à 100 avant de chercher ceux qui se cachaient. Dans nos petites têtes, on ne pouvait pas compter plus loin que 100. C'était, ils nous semblait le plus gros des chiffres. Jusqu'au jour où notre maman a dit 101.
100 quoi ?
101.
Les milliardaires vieillissent sans arrêt avec cette découverte. Après 101, c'est quoi ?, Et après 1001 ? Après 100 0001 ? Après 100 000 001 et ainsi de suite. C'est un genre douteux que de vouloir escalader les plus hautes montagnes. Pourquoi notre monde aujourd'hui est-il entre les mains de ces milliardaires, dont la tête est bien relié au coeur, mais à un coeur plein de smog, qu'on appelle avarice ? Nous empêchant de voir notre propre nature et sa beauté, qu'on devrait naturellement protéger ?
Parfois, en récoltant le nectar dans les fleurs, les abeilles s'y endorme. Parfois, les poissons sont si sensibles auditivement que les flocons de neige, quand ils atteignent l'eau, sonnent comme le feraient de probables feux d'artifices. Les loutres de mer dorment en se touchant les uns les autres afin de s'assurer que personne ne s'éloigne jamais de l'autre. Les baleines accompagneront la baleine blessée jusqu'à la rive, parfois mettant en péril leur propre vie, pour être certaines que celle-ci ne meurt jamais seule. Pourquoi l'animal est parfois meilleur que l'homme ?
Rien de tout ça n'est poésie ou fiction. C'est naturel. C'est la terre être ce qu'elle est, malgré les codes barres qu'on place sur les mers, malgré qu'on se fasse croire que Thomas Edison aurait inventé la lumière. L'aube presse son visage contre mes fenêtres afin de me demander si je sais que l'intérieur de mes livres et de mes pochettes de 33 tours ressemble à l'intérieur des arbres. Je lui réponds que oui, il n'y a rien que la nature n'aura fait pousser qui ne soit pas musique de nos jours. Nature, tu es le bambou dans le saxophone de John Coltrane dans le mois de l'histoire des noirs, tu es le mûrier qui a nourri le ver à soie qui a tissé la pantoufle de la ballerine, le pin qui a bâti le métier à tisser qui a tressé le chanvre pour les canevas de Frida Khalo, tu es les roses qui ont coloré ses peintures espérant que ses pinceaux saignent sur ses toiles. Frida, qui avait oublié de mourir à 18 ans dans un grave accident, qui a saigné plus que quiconque toute sa courte vie, éteinte à seulement 47 ans, mais allumée, inspirée et colorée jusqu'à nos jours. Comme la terre. Aux États-Unis, puisque Mexicaine "Chez elle" on l'aurait peut-être renvoyée.Pourquoi ne moulons nous pas nos coeurs comme le premier épinette qui a levé la main afin de devenir notes de piano, une fois abattu? Afin que l'ivoire des éléphants reste aux éléphants. La terre est le toujours le bon côté de l'histoire. C'est le canyon où mes amis ont couru afin d'entendre leur nom qu'on ne reconnaissait nulle part, parce que X, femme, gay ou métissé, mais que l'écho et le vent leur répétait.
Un vent que Rosa, Malcolm, le docteur King et Jackie ont soufflé pour une vraie égalité. Wangari, Ada, Malala, Indira. Bayard, Barbara, Harvey, Simon. Vent qu'on veut tant de nos jours supprimer. Le volcan qui produit le mercure des thermomètres qui mesure la température de nos âmes, de nos coeurs, de nos langues, n'est pas aussi fatal que ce climat qui transforme les forêts de Los Angeles en feu de foyer. Et il se trouvera encore du laid qui dira que ce n'est pas le climat qui fait tout ça.Ânes d'en bas, vous êtes les dents de l'apocalypse. Signaux de fumée au sommet de la pyramide du capital. Vous êtes feux de forêts. Ironiquement les cendres tombent partout en Californie, et toujours elles avaient l'air de tomber car les papillons monarques y surpeuplaient leurs ailes. Ces papillons migrent près de 5000 kilomètres avec ce qu'ils génèrent en eux dans le cocon, au passage du statut de chenille à bijou ailé.
On a besoin de tellement moins que ce qu'on prend. On est tellement plus que ce que nous donnons. Les écureuils font pousser des tonnes d'arbres en oubliant tout simplement où ils y ont enterré leur noix.
Si on s'applique, ne serais-ce qu'un peu, à devenir une de ces erreurs naturelles de la terre, on pourrait réaliser tant de choses. Faire pousser tant de choses. Nos vies seraient semences. Nos futurs auraient de vraies racines.
Et on ferait pousser, NOUS, nos propres épines protégeant le beau.
On est beau, mais ça ne parait aucunement. Aucunement si on regarde nos leaders.
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