«They Not Like Us" a chanté Kendrick Lamar. Que je ne connaissais que de nom. Je me dis toujours que si c'est vraiment bon, ça se rendra à mes oreilles et me captera mon attention. Mais Jamais Lamar ne s'était rendu à mes oreilles.
Je ne suis pas d'emblée grand fan de rap ou de hip hop. Enfin, de plus en plus. Quand j'ai écouté le spectacle de la mi-temps, au dernier Super Bowl, en Nouvelle-Orléans, mettant en vedette Lamar & Sza, je m'y suis ennuyé sur le rythme, mais très certainement pas sur le contenu.Qui a, tout comme la brillante cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris, échappé à la plupart. Et qui était à la fois d'une grande intelligence et très très axé au la tourmente politique actuelle, Nord-Américaine.
Dès la première minute 20, oui, il captait mon attention. Faisant une allusion à Gil Heron-Scott et son The Revolution Will Not Be Televised de 1971. Qui lui, faisait allusion aux droits civiques des humains à la peau noire à cette époque. Qui n'étaient pas reconnus par tous les États. Combat ramené au pays de l'Oncle Sam car on recommence à reculer avec l'administration en place. Ne serais-ce que sur la question de l'avortement. "The revolution's about to be televised and you picked the right time but the wrong guy" a été une ligne coup de poing de Kendrick Lamar. C'était trop vrai. 4 ans de feu sont allumés. Les pailles de plastiques ont été hier ramenées. C'est dur de plus reculer.La performance de Lamar n'était pas que de chanter de rapper, c'était de présenter en couches lyriques subtiles une histoire subversive qui allait au delà de la musique, en nous enseignant la pensée critique, pas simplement la pensée consommée/consumée/consommable.
Le pouvoir du sous-texte : Nous sommes tous conditionnés aux pensées pré-mâchées par d'autres. Les plus puissants messages se trouvent souvent dans le sous-texte. Sa performance n'était pas une manifestation ferme et poing levé. Mais elle avait une réelle portée. Il nous apprenait à lire entre les lignes et à trouver du sens pas seulement dans ce qu'il y a de visible.
L'intelligence émotive doit surpasser l'indignation et la rage: Notre monde accéléré compte beaucoup sur la réponse impulsive. L'art et le talent de Lamar se consomment comme un livre. Lentement et petit à petit. Il ne crie aucunement ses messages. Il les verbalisent. Il a gagné un prix Pultizer pour ses textes. Oui, oui, UN PRIX PULITZER. Il livre des couches de vérités qui nous pénètrent davantage, plus elles sont précises. Ne réagissons jamais trop impulsivement. Nourrissons nous d'informations et de communications. Analysons plus profondément les motivations derrière les mots, les actes, les gestes.
Maitriser l'art de la retenue et de la subtilité est un super pouvoir: La culture moderne favorise le spectacle qui en met plein la vue. Lamar choisit l'audace et l'art au détriment des moments qui en ferait des "memes" populaires. Une rejection délibérée de l'attention "cheap". Ce ne sont pas tous les moments de nos vies d'artistes qui doivent devenir influence. NE PAS faire quelque chose est aussi un choix intelligent parfois.Questionnons ce qui nous est présenté: Si quelque chose nous est présentée comme une vérité, Lamar nous demande, "la vérité de qui ?". Son travail défit les trames narratives dominantes. Nous forçant à regarder plus loin que les sources majeures d'informations. Soyons sceptiques de la première information nous posant la question, "à qui sert une telle présentation de cette dite vérité?"
Les meilleurs penseurs laissent de l'espace à l'interprétation: La plupart d'entre nous veulent des réponses propres mais Kendrick est ambiguïté. Son oeuvre invite à se questionner. Et à discuter. Ce que les gens font depuis sa performance de dimanche dernier. C'est très réussi. Si vous chercher "la bonne réponse" vous ne cherchez pas de la bonne manière. Les grands penseurs grappinent, questionnent, sont à l'aise avec l'inconfort.
Le symbolisme est un art perdu, retrouvons-le: Nous perdons notre capacité à reconnaitre les symboles. Un salut Nazi ? Si tous les Néo-Nazis sont ranimés, heureux et fiers du moment, oui c'était un symbole Nazi. Ce gouvernement s'assure d'être le pire des 100 dernières années, aux États-Unis, et on a été conditionné à traiter l'information presque toujours de manière littéraire. Quand les É-U disent que le Canada les roule financièrement, personne ne vérifie. C'est faux. Lamar fait appel à l'image. Que ce soit la chorégraphie et les costumes rappelant complètement Squid Games où les riches tuent les pauvres, (relisez cette ligne) ou le mot Felon (N'ont pas complètement réussi, photo ici) qu'ont fait en corps humain, de manière si subtile que ce ne sont pas tous qui le voient. Samuel L.Jackson en Oncle Sam, un homme noir, qui parle comme un blanc, ou un dominé des blancs, lui reprochant de faire trop "ghetto". Tout peut vouloir dire quelque chose si on reste attentif. Soyons attentifs !Finalement, La culture ne bouge que si elle prend des risques: comme les affaires, l'amour, les amitiés, le travail, le sport, les sociétés. Sans risque, il ne se passe rien. Les choix rassurants ne font pas l'histoire. Kendrick a performé devant une foule de MAGA. Avec son grand représentant sur place, le triste président. Qui très vite à dit ce qu'il avait prédit : "Trop noir". Il se sont tous mis à crier l'acronyme dont je vous parlais hier. "DEI ! DEI!". Diverstié, Équité, Inclusion. Comme si c'était un grave défaut.
Leur définition de DEI est que si vous êtes noir(e)s et qualifié(e)s, tu ne mérites pas la même place que le blanc qui n'aura jamais besoin d'être qualifié pour un même emploi. La NFL est 53% à la peau noire. La population des États-Unis comprend 14% d'humains à la peau noire sur ses 370 millions. Voyez la perspective de mon information ? Tous les rednecks blancs qui regardaient ces noirs jouer au football chaque dimanche, lundi, jeudi, adorent les voir travailler pour leur plaisir. Mais quand l'intellectuel qui leur a montré ce qu'ils auraient dû apprendre à l'école, que le racisme a fait des ravages et continue de le faire davantage avec les marionnettes en place, le miroir les indispose.Sam Jackson en Oncle Sam est un rappel que les États-Unis ont été bâti par l'immigration et par l'esclavage. "Mr Lamar? Too ghetto! Do you know how to play the game ?" dira-t-il à l'artiste. Il ne parle pas football, il parle États-Unis. Lamar rapplique avec 40 acres et une mule. Autre rappel à l'esclavage. Qu'il pense désormais plus important que la musique dans les têtes de certains.
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La présence de Serena Williams sur scène, une fille de Compton, en Californie, d'où est aussi issu Lamar est un signe d'unité. Elle a aussi recréé la danse qu'elle avait faite quand elle avait été couronnée championne du tournoi de Wimbledon, en 2012. Héritage partagé, Compton, succès partagés, Lamar a 22 Grammys, Serena a 23 titres du Grand Chelem. Ils sont immenses dans leurs domaines respectifs.
Ce que Sam Jackson en oncle Sam appelle "la game" ce sont les États-Unis.
Et les États-Unis actuellement présentés, sont si horrifiants, Lamar terminent sur "Game over".
Un drapeau en soutien au Soudan et à Gaza a été brandi sur la scène et l'artiste qui l'a brandi a été arrêté et questionné avant d'être libéré. À Lincoln Park, on brandissait des drapeaux à la croix gammée Nazie, il n'y eu aucune arrestation. Pas de crime selon les autorités. Devinez qui étaient les blancs et qui étaient les noirs ? Ce sont les États-Unis de nos jours.
La révolution ne fait que naître.
Si vous étiez confus du spectacle de la mi-temps, renseignez vous.
De plusieurs sources. On a encore ce luxe.
Au travail, hier, c'est Kendrick Lamar et Sza que j'ai laissé mes oreilles découvrir dans ce mois de l'histoire des humains à la peau noire.
La présidence de Trump fera naître des milliers de nations de résistants et de bagarreurs. Le Canada ne sera jamais son Ukraine.
De toute manière l'Ukraine vaincra le sale Putin. Mais chaque fois que le clown d'en bas dit le mot Canada, une alvéole de son coeur se brûle. Continue, vieux tabarnak.
Lamar Kendrick a été le plus punk des rappeurs.
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