Lire, c'est choisir d'habiter un(e) autre. C'est explorer l'univers d'autrui. C'est s'ouvrir sur un nouveau monde, un nouveau modèle de pensées, de réflexion, c'est s'humaniser de l'intérieur. C'est voyager à très peu de frais. Ça, beaucoup ça me plait. C'est accepter de nouvelles idées, confronter des anciennes, investir certains corridors mentaux, découvrir de nouvelles visions, s'émouvoir, c'est apprendre. C'est comprendre et voir autrement. C'est s'ouvrir les sens. C'est accepter de respirer sur le rythme de quelqu'un d'autre.
Et respirer, c'est vivre.
ROOTS d'ALEX HALEY
Au début des années 70, Alex Haley a commencé des recherches sur les racines familiales du côté de sa mère. Haley est alors un respecté journaliste qui a écrit le premier article sérieux pour la magazine Playboy (une entrevue avec Miles Davis) au aussi conduit une entrevue avec le leader du parti Nazi des États-Unis, et avec Muhammed Ali quand il a changé son nom, qui était Cassius Clay. Il avait aussi écrit l'autobiographie de Malcolm X avant qu'il ne meurt. Tout ça, dans les années 60. En 1973, il a scénarisé le second film de la franchise Superfly, au cinéma.
Il n'a donc alors jamais écrit de roman en 1974. Mais ses recherches sur sa famille l'y mèneront. Il existe toute une série d'inutiles controverses autour de la véracité de ses racines familiales, mais c'est de moindre importance. Il nous parle d'une saga familiale qui mènera à lui. Et qui est le trajet de plusieurs milliers d'Africains d'origine. On y découvre en Gambie, un adolescent de 17 ans, piégé par des trafiquants d'esclaves qui le kidnapperont et l'amèneront en Amérique du Nord afin de les vendre aux fermiers ou d'en faire de la chaire à canon dans la guerre de l'indépendance des États-Unis, au 18e siècle. Cet esclave devient Toby pour un fermier de la Virginie. Tentant de s'évader trop souvent, on va l'estropier afin de l'empêcher de le faire à nouveau. Ce qui ne l'empêchera pas de tomber amoureux d'une cuisinière et d'avoir avec elle, une fille, Kizzy, qui sera à son tour vendue à ses 16 ans. Celle-ci aura un fils, qui, lui, aura du succès, 6 fils et 2 filles. Dont la mère d'Haley.
Il y aura abus et émancipation. Jusqu'au professeur d'agriculture qui rencontrera la mère d'Alex Haley, pour qu'il puisse exister.De nos jours, les abus sont encore tout aussi fréquents. Maquillés différemment. Le livre est lancé en 1976. Passera 22 semaines au premier range des meilleurs vendeurs. Sera adapté en série télé dès 1977. Refaites sur scène et encore à la télé. Il concèdera qu'il a plagié quelques passages historiques de la guerre civile dans le livre The African de Margaret Walker Alexander, anthropologiste, livre lancé en 1967. Il lui paiera hors cour ce qui serait de nos jours 3 millions de dollars.
Il gagne un prix Pulitzer pour ce roman qui retrace, suite à des faits documentés qu'il a lu, l'histoire de bien des humains à la peau noire du 18e siècle aux 20e.Le sous-titre propose une subtilité que bien des Républicains ne comprendraient pas de nos jours. Ne reconnaîtrait même pas pour une question de couleurs. The Saga of an American Family.
Une famille Américaine. Parce que depuis 6 générations, tous né(e)s en Amérique du Nord. Haley racontait, pendant que le rues grondaient de Panthères Noires et de gens voulant faire valoir le droit des humains à la peau noire, l'histoire de près de 25 millions d'entre eux. 25 millions d'afro-américains. Sur 7 générations. Des gens dont les noms ont été effacés avec leur dignité. Mais dont le coeur n'a jamais cessé de donner. Ce livre est un témoignage et un vibrant plaidoyer qu'il ne faut jamais violé la dignité d'autrui comme le fait l'administration terroriste en place aux États-Unis.Dans ce mois de l'histoire des humains à la peau noire, il est plus qu'important de nous ouvrir les bras à cette communauté qui a inventé la musique, la danse, le rythme, la résilience et à qui on doit tous beaucoup. Ce livre nous parle des autres. Et nous les présente tout à fait nous. Vous. Eux. Unique et ensemble. Ce livre est acte d'amour. Toutes des choses oubliées par le gouvernement qui se trame en bas.
Les erreurs d'antan refont surface. Les horreurs d'antan aussi. MSNBC a limogé son animatrice bien aimée Joy Reid, qui avait qualifié Trump, à juste titre, d'être la source de l'insurrection du 6 janvier 2021. L'appelant de manière routinière the insurrectionnist ou critiquant si naturellement, à juste titre aussi, l'administration catastrophique en place.
Tous les animateurs et animatrices des émissions pouvant critiquer l'administration fasciste qui se dessine sont sur le point de se faire limoger.
C'est une véritable implosion que les États-Unis vivent.
C'est d'une tristesse abyssale.
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