vendredi 10 mars 2023

La Clé (& La Porte)

Après l'infâme "Le Secret", voici, "La Clé".

Dans la compagnie pour laquelle je travaille, le taux de rétention est tout simplement pénible.

Trish (1 semaine)
On nous présente de nouveaux employés depuis facilement l'été passé. Non seulement on ne retient plus les noms de ceux et celles qui nous sont présenté*, mais on ne se donne même plus la peine de nous dire dans quelle tâche ces gens atterrissent chez nous. Décrire ce que je fais à une tête anxieuse est devenu un rituel que je fais deux fois par semaine, depuis 7 mois. On arrive tout simplement pas à garder nos employés. Ils durent quelques fois une seule journée, quelques fois une semaine, souvent deux semaines. Parfois c'est nous qui les mettons à la porte, parfois, ils choisissent de ne pas rester, souvent, ils ne reviennent tout simplement plus. 

Une chose intéressante que j'ai découverte depuis peu, est que le meilleur employeur en province, de loin, est le gouvernement du Québec. Le gouvernement emploie 22,8% de la population du Québec, soit plus de 625 000 personnes. La ville de Québec est presqu'à 80 % fonctionnaire. Pour mettre les choses en perspectives, la compagnie qui se classe seconde en province engage autour de 50 000 personnes. Le gouvernement engage donc plus de 10 fois plus de travailleurs/travailleuses. 

Plus impressionante statistique encore, depuis le début de la pandémie, en 2020, 86,7% des emplois créés depuis le début de la crise, l'ont été au gouvernement. Cette statistique est assez semblable que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral. Ces statitisques viennent de la prestigieuse firme de recherches de l'institut Fraser. 

Un effet d'entonnoir se créé aussi.

Si tout le monde travaille dans le même laboratoire, tout le monde bosse, le niveau de participation est assez élevé. Parmi les raisons de cette employabilité, les baby-boomers prennent de plus en plus leurs retraites. La réalisation de l'effet de gonflage des valeurs immobilières dans certaines régions, (Vancouver, Toronto, Montréal) qui rend l'accès aux achats de maisons quasi impossible,  puisque plusieurs maisons ont doublé, parfois triplé leur valeur, (le banditisme opportuniste y est aussi pour beaucoup) fend aussi certains plus riches. Une combinaison de facteurs, les marges de crédit qui sont agrandies à des niveaux d'irraisonnabilité Trudeauesque. Tour ceci agite les eaux économiques. 

Le plus grand compétiteur au marché du travail est le gouvernement lui-même. 

87% des jobs créés depuis 2020 ont dirigé leurs travailleurs au gouvernement. Ça créé une formidable distortion du marché du travail. Lorsque vous parlez aux employeurs privés, lorsque vous travaillez dans nos bureaux, ici, ils disent d'emblée, et à juste titre qu'ils ne peuvent pas compétitionner avec les salaires gouvernementaux. Aucune pension à vie n'est envisageable dans la plupart des bureaux d'entreprises privées. 

Le gouvernement ne reculera jamais sur la pension à vie, sinon qui voudra alors travailler au gouvernement ?

Notre système de santé fait le chemin inverse tout en gardant le meilleur des deux mondes. Les travailleurs du gouvernement associés aux hôpitaux gouvernementaux sont abusés au niveau des horaires et surutilisés. Il est donc 100% naturel pour eux de penser alors aller travailler dans le privé, où, restant travailleur de la santé, ils ont le cordon ombilical du gouvernement, mais aussi de meilleurs horaires et souvent un meilleur salaire. Qui ne voudrait pas de ça?

Mais revenons au marché du travail, tordu par l'employabilité gouvernementale (encore 150 travailleurs injectés en panique à la SAAQ cette semaine). 

Si 1 personne sur 5 est employée du gouvernement, il y a des avantages et des inconvénients. Les emplois gouvernementaux seront toujours disponibles et nécessaires. Mais le seul moyen qu'un employeur privé puisse s'en sortir est d'engager quelqu'un qui vous coûtera moins cher que ce qu'il vous rapportera. 

Ce ne sera jamais le gouvernement qui vous en parlera parce que eux, ils sont bien, ce n'est même pas leur argent qui est mis en cause, mais bien celui des payeurs de taxes, de vous et moi, qui ne cessent de monter. Mais pour chaque dollar investi, il n'y a pas 1 $ complet qui vous revient. Si le gouvernement continue d'employer aussi massivement, pas surprenant qu'on passe autour de 40 employés dans nos bureaux, en 7 mois. Un bureau qui en comprend entre 15 et 18 (ça bouge trop, je ne sais plus). 

Le manque de productivité n'ajoute rien à l'économie. Voilà pourquoi nos taxes augmentent toujours aussi, continuerons de le faire, que les compagnies privées seront aussi visées par les crédits de taxes gouvernementaux, il y a toute sorte de manière de faire rouler l'argent. 

Voilà en grande partie pourquoi plusieurs entreprises privées ont trouvé la mort avec le virus. La clé à du être mise dans la porte.

Au travail, il y a deux lundis, ont nous as présentés 3 nouveaux chauffeurs. Rico, un hyperactif nerveux agressant. Personnalité trouble. Coupe toujours la parole. Trop prompt. Et sujet à la panique. Pas surprenant qu'il ait besoin de travailler pour nous passé 50 ans.  Mike, un bon gars qui travaille bien et ne nous fait aucun problème. Pourrait partir parce qu'il trouve tout ça, "en dessous" de ce qu'il est en mesure de faire. Et D.J. un nouvel arrivant qui a un nom beaucoup plus compliqué mais on a tous convenu de l'appeler D.J. pour faciliter la communication et il est à l'aise avec ça. 

2 des 3 viennent d'avoir leur clé pour pouvoir entrer tout seul par la porte d'entrée.

1 de ceux-là, non. Il ne sait pas que les 2 autres ont leurs clés, maintenant. 

C'est un peu le rapport de force entre les emplois gouvernementaux et les emplois du domaine privé.

2 emplois sur 3 qui s'y donne. L'autre, qui dérive. 

Dans des eaux économiques agitées. 

*Sauf les 3 excessivement jolies, Manuela, Audrey & Patrica, trop papillon, parmi les insectes

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