Je l'ai consommé, surconsommé le fais toujours, l'ai étudié en fût diplômeé, y ai travaillé, en fût récompensé early, m'en suis retiré afin d'élever my family, mais si je suis sorti du cinéma, le cinéma ne sortira jamais de moi.
Je vous parles d'un film qui m'a séduit par son audace, son originalité, ses thèmes, sa musique, son montage, ses interprètes, son histoire, sa réalisation, sa cinématographie, bref souvent tout ça en même temps. Je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix.J'ai adoré Léos. Au moins 3 fois.
J'avais 19 ans. J'étais étudiant universitaire. Je découvrais, en salle, entre étudiants universitaires, sur un site universitaire, deux fabuleux vagabonds comme nous étions, en amour sur un pont. Un En Attendant Godot, amoureux. La belle Juliette jouait d'humilité en ne faisant pas la belle, mais en étant surtout pouilleuse devenant aveugle. Tout en restant adorable. Qui était ce réalisateur qui utilisait du Arvo Part, Benjamin Britten, du Iggy Pop, du David Bowie, du Fred Chichin dans la trame sonore de son film ? Leos Carax marquait de points partout. J'allais ensuite me taper les deux autres films précédents de ce réalisateur, ses deux premiers longs métrages, auteur d'une poésie urbaine qui me touchera droit au coeur et qui ne sera pas étranger à ce que Wong Kar-Wai nous offrira des années plus tard.Je fais une entorse à ma règle habituelle de vous parler d'un seul film, tout en sachant que je l'ai transgressée deux fois déjà. Avec la trilogie de Krysztof Kieslowski Bleu/Blanc/Rouge (qui, ironiquement mettaient aussi en vedette Juliette Binoche et Julie Delpy) et avec Jean de Florette/Manon des Sources.
Une trilogie de films à financement en partie Français et un duo de film totalement Français (Marseillais même, je dirais). Carax, encore la France.Je vous parles d'une trilogie d'errances. Ses trois premiers films. Qui ne font souvent qu'un même poème dans ma tête.
BOY MEETS GIRL/MAUVAIS SANG/LES AMANTS DU PONT-NEUF de Leos Carax.
1984, 1986, 1991.
BOY MEETS GIRL.
La vedette de ce premier film est le directeur photo Jean-Yves Escoffier. Il sera cinéaste de Gummo d'Harmony Korine, Good Will Hunting de Gus Van Sant (dont Carax a beaucoup du style ou est-ce l'inverse?), de Rounders de John Dahl, de Nurse Betty de Neil Labute et du clip de Johnny Cash, Hurt, chanson reprise de Nine Inch Nails. Le film The Human Stain de Robert Benton, filmé par sa caméra, et dont il n'a pas vu le produit fini, décédant d'une crise cardiaque, en 2003, lui est dédié. Il pose ici une caméra amoureuse sur les amours déçues d'un aspirant réalisateur (joué par Denis Lavant), qui vient d'être quitté par son amoureuse, faisant la rencontre d'une suicidaire (interprétée par Mireille Perrier), qui sort aussi d'une relation dont elle n'avait pas choisi la fin. Et qui maintenant, veut la choisir. Le noir et blanc est époustouflant. On sent leurs coeurs gris de brouillard. Ses trames sonores sont tout simplement remarquables. Premier essai croisé entre un jeune Truffaut et un tout aussi jeune Godard. Carax a 24 ans.
Le titre fait référence à un poème d'Artur Rimbaud, tiré d'Une Saison en Enfer. Il ne fait aucun doute que Carax penche vers la poésie. Escoffier sera directeur photo des trois films dont je vous parles. Retrouvant Denis Lavant et Juliette Binoche, maintenant conjointe de Carax, on navigue dans un Paris dystopique, où les gens meurent d'un mystérieux mal appelé STBO (une des premières métaphores du SIDA naissant), tuant ceux et celles qui font l'amour sans réelle passion, sans s'aimer. Un vol dans un laboratoire de vaccin contre le STBO, et qui a pour but de rembourser de vieilles dettes envers des prêteurs sur gages véreux (Michel Piccoli), ne fonctionne pas complètement comme prévu. Serge Reggiani apparait dans ce film. Hugo Pratt, auteur de Corto Maltese, et Leos Carax lui-même, en voyeur, apparaissent dans ce film. La musique de David Bowie aussi. Encore. Ce qui ne pouvait que me plaire d'emblée. Une des premières chansons qui m'a arraché le coeur, pré-ado, en plus. Denis Lavant incarne un autre "Alex", comme dans Boy Meets Girl. Dans Leos Carax, il y a Alex comme le personnage de A Clockwork Orange. Et il y a le mot Oscar. Carax offre un film apparenté à celui de Kubrick d'une certaine manière. Même milieu glauque. Et qui a le talent pour rafler un Oscar. Gagnera le Prix Louis Delluc, le Alfred Bauer et le C.I.C.A.E. au festival de Berlin et sera nommé pour trois Césars. Binoche, Delpy et Escoffier pour ce film là. Leos se voit maintenant accorder un bien meilleur budget pour son nouveau film. Mais Leos voit trop grand, défonce son budget, fait reconstruire le décor à Montpellier, Lansargues plus précisément après avoir dépassé ses jours de tournage sur le vrai pont. Denis joue toujours Alex. Juliette y est encore, mais à la ville n'est plus en couple avec Leos. Juliette y est formidable d'humilité. Deux vagabonds se rencontrent sur le Pont-Neuf et se découvrent. Tous les films de Carax pourraient être muets. Il est un poète de l'image. Les deux vagabonds profitent des rénovations sur le pont en fonction du bi-centenaire de la Révolution Française pour y loger. Il y a un peu de Chaplin dans ce film, mais aussi beaucoup d'imperfections naissent chez ce Alex, de moins en moins aimable. Carax est un réalisateur qui a compris le sens des images et qui sait s'en servir intelligemment et avec poésie. Ces histoires n'ont pas besoin de milliers mots, les images dansent sous nos yeux comme des rêves en plein déploiement. Gainsbourg et les Dead Kennedys au son dans le même film, ça prend un merveilleux fou pour y penser.Carax est ce merveilleux fou.
Les trois films, outre Lavant & Binoche, ont en commun des envies d'aimer maladroites. emballées dans la plus belle pellicule qui soit.
Carax, son oeil, ses complices ont compris, le cinéma.
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