Oh peuchère!
Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: le cinéma.
Je l'ai étudié, y ai travaillé, en suis sorti, mais le cinéma ne me quittera jamais. Il m'habite. Dans mes cadeaux de Noël différés de cartes cadeaux, j'attends encore 5 dvds. Un Spielberg, un Welles, un Fincher, un Truffaut et un Harron.
Je vous parle d'un film qui m'a séduit par sa créativité, son originalité, sa trame sonore, son sujet, son audace, sa réalisation, son impact sur ma personne, ses interprètes, son rythme, son montage, parfois tout ça.
JEAN DE FLORETTE/MANON DES SOURCES de CLAUDE BERRI
1986.
J'ai 14 ans. J'ai une carte pour le cinéma Le Clap, à la pyramide de Ste-Foy qui me donne accès à une dizaine de films par année. Ils ont un magazine mensuel qui parle de leur programme. On choisit ce qui nous attire. Les formidables yeux d'Emmanuelle Béart, qui n'auront d'égaux que ceux de ma belle Twingling, rencontrée 6 ans plus tard, m'attirent. Je ne sais rien de Berri. Je ne sais rien de Pagnol. Je connais Depardieu, Montand et Auteuil qui sont des noms plus vendeurs depuis un certain temps.
Je ne me rappelle pas si les deux films étaient présentés l'un à la suite de l'autre, je ne crois pas que c'était un programme double. Mais les deux films, dont la narration est continue, étaient lancés la même année, et présenté le même mois au Clap. Et j'y ai plongé avec bonheur sans savoir que je jouerais moi-même Pagnol, deux ans plus tard, à l'école secondaire. (Dans Marius et dans Fanny).
Fallait voir dans l'ordre. Jean de Florette d'abord, puis Manon des Sources.
Jean de Florette raconte l'arrivée du personnage titre, un homme honnête, bossu, marié, père d'une fille, Manon, de son épouse, dans un village où, malgré lui, il vient contrecarrer les plans de culture d'oeillets des jaloux voisins, César, dit "Papet" et son neveu Ugolin, que Papet traite comme son propre fils. La jalousie, aidée par la nature, ira loin et sera cruelle.
Je ne connaissais Auteuil que par Les Sous-Doués, donc versé dans l'humour cabotin. Ici, il serait dramatique. Et si formidable qu'il gagnerait à la fois le César du meilleur acteur Français, et à la fois le coeur de la belle Emmanuelle (dans la vraie vie). L'action de cette première partie opposant l'optimiste et passionné Jean de Florette aux jaloux et ripoux Soubeyran se déroule en 1920 dans un village fictif de Provence. Pagnol s'était inspiré des travailleurs qu'il engageait dans ses champs de fleurs afin de les faire éviter la conscription. Gérard Brach, généralement associé aux films de Roman Polanski, adaptera (avec Berri) les écrits de Marcel Pagnol.
Coluche, révélé dans le drame par Berri dans Tchao Pantin, est prévu pour jouer Ugolin, mais non seulement il exige un trop gros cachet, mais il ne croit pas être en mesure de tenir un accent marseillais. Jacques Villeret est alors considéré, ce qui aurait pu être aussi fameux, Montand, aussi conseillé de Simone Signoret, pense qu'un acteur au jeu physique plus vif serait encore mieux et c'est alors Daniel Auteuil qui hérite du rôle. Ce que ne sera pas fâcheux du tout.
Gerard Depardieu et Elisabeth Guignot, couple et parents de la petite Manon, enfant, sont aussi, alors, en 1986, mari et femme, dans la vraie vie.
Dans Manon des Sources, l'actrice incarnant le personnage titre est maintenant Femme. Très jolie femme. Mais elle vit en ermite comme bergère dans les montagnes. Elle évite les contacts avec les villageois. Papet somme son neveu de se marier car il est le dernier des Soubeyran. Et papet veut un petit fils quelque part. Ugolin est charmé par la belle Manon, qui elle, veut venger la famille, comprenant peu à peu le rôle des Soubeyran dans le drame qui a frappé dans le premier film. Manon repoussant les avances d'Ugolin et les révélations d'une aveugle à Papet viendront troubler la lignée Soubeyran.
Comme clin d'oeil à une légende marseillaise, Fernandel, son frère, Fransined, incarne le fleuriste des deux films.
Magnifiques combos de sources cachées et bouchées, délicieusement jouées. Et merveilleux accents duquel on s'inspirera nous-même pour monter nos deux pièces à peine quelques années plus tard.
À l'école secondaire.
Magnifiquement tourné par un directeur photo qui en fait ses deux derniers films avant de lui-même devenir réalisateur, Bruno Nuytten.
La musique de Jean Claude Petit (inspirée de Verdi) est aussi extraordinaire.
Et Montant, Auteuil, Béart, Depardieu sont si bien incarnés, c'est un véritable chef d'oeuvre d'interprétation.
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